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Aujourd’hui, demain

France, 1907 : Ces deux adverbes se trouvent ensemble dans une série de dictons du XVe siècle d’une haute portée philosophique. J’en donne quelques-uns ici :

Aujourd’hui ami, demain ennemi.
— marié, — marri.
— en fleur, — en pleur.
— en chère, — en bière.
— roy, — rien.
— grand, — petit.
— maistre, — valet.
— trompeur, — trompé.
— chaud, — froid.
— en terre. — enterré.
— en verdure, — en pourriture.
— devant, — derrière.
— à moy, — à toy.
— en haut, — en bas.
— créditeur, — débiteur.

Avoir la main occupée

Delvau, 1864 : Se branler d’une main en lisant de l’autre un roman libertin ; ou pincer le cul à sa voisine en trinquant avec son voisin.

Souvent entre deux draps
Rêvant à ses appas,
Et d’une voix entrecoupée,
Je me dis, la main occupée,
Ah ! comme on tirait
Chez ell’ du vin clairet !

(E. De Pradel)

Avoir un poil dans la main

Larchey, 1865 : Voir main.

Rossignol, 1901 : Celui qui est paresseux et qui ne veut travailler a un poil dans la main.

Baise-mains

d’Hautel, 1808 : Faire quelque chose à belles baise-mains. C’est-à-dire, avec facilité, avec aisance.
Prendre quelque choses à belles baise-mains. C’est recevoir avec empressement et soumission ce que l’on nous donne.

Brigadier de semaine

Merlin, 1888 : Carafon de cognac accompagnant le café.

Chair humaine (vendeur de)

Larchey, 1865 : Agent de remplacement militaire. — Au dix-huitième siècle, on donnait déjà ce nom aux sergents recruteurs.

Cheveux (passer la main dans les)

Merlin, 1888 : C’est le rôle du perruquier de la compagnie que de passer la main dans les cheveux de ses camarades, c’est-à-dire de les tondre suivant l’ordonnance.

Chiasse du genre humain

France, 1907 : Homme ou femme digne de tous les mépris.

Chier dans la main

Rigaud, 1881 : Se montrer très familier.

Demain

Larchey, 1865 : Jamais. — Terme ironique. — Demain ne sera jamais aujourd’hui.

France, 1907 : Jamais.

Elle est enceinte d’un pet elle accouchera d’une merde demain

Virmaître, 1894 : Se dit d’une femme qui a un gros ventre sans pour cela être enceinte (Argot du peuple). N.

En venir aux mains

Delvau, 1864 : Peloter une femme et se faire patiner par elle.

L’un dévorait une salade aux harengs, et l’autre s’entretenait avec la servante au cuir jaune, Fusia Caninia… Il lui dit quelques gracieusetés, et tous deux en venaient aux mains.

(Henri Heine)

Étui de mains courantes

France, 1907 : Bottes. Dans l’argot militaire, les mains courantes sont les pieds.

Faire à la main

Rigaud, 1881 : Pratiquer l’onanisme. Terme de métier des filles de joie.

Faire la main (se)

France, 1907 : S’exercer, s’entraîner.

La jeunesse d’alors était autrement turbulente que celle d’aujourd’hui, malgré de régime impérial. Au quartier Latin, c’était comme une sorte de Renaissance. Dans les faubourgs, les jeunes s’agitaient sourdement. Nous, pour nous faire la main, nous préludions aux luttes civiles attendues, par des pugilats violents, dans tous les mauvais lieux de Montmartre.

(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)

Faubourg Saint-Germain (être)

France, 1907 : Être aristocratique, avoir de belles manières.

Garçon à deux mains

Rigaud, 1881 : Garçon boucher qui travaille tantôt à l’abattoir, tantôt à l’étal. (Vinçard)

Genre humain

d’Hautel, 1808 : Les hommes pris ensemble.
C’est l’horreur du genre humain. Se dit de quelqu’un qui inspire de l’aversion, pour lequel on a le plus grand mépris ; ou de quelque chose que l’on veut décréditer.

Grande main (avoir une)

France, 1907 : Être généreux,

Gratter dans la main

Delvau, 1864 : Déclaration muette. Sorte de pantomime, qui se joue discrètement dans le monde des filles. — Qu’un homme désire une femme ou… vice-versa, il lui suffit, profitant de la poignée de main d’adieu, de gratter légèrement du médium la paume de la main qu’il presse. Si la réponse a lieu de la même manière, l’affaire est dans le sac, — demande et réponse affranchie.

Huile de mains

Delvau, 1866 : s. f. L’argent, qui vous glisse toujours entre les doigts, — dans l’argot du peuple, plagiaire involontaire des voyous anglais : Oil of palms disent ces derniers.

France, 1907 : Argent.

Jeudis (la semaine des quatre)

Larchey, 1865 : La semaine qui n’arrivera jamais, puisqu’elle n’existe pas.

C’est comme la robe que vous m’avez promise. — Tu l’auras. — La semaine des quatre jeudis.

(H. Monnier)

Jeudis (semaine des quatre)

France, 1907 : Semaine qui ne vient jamais. « Je te donnerai cela la semaine les quatre jeudis », autrement dit : Je ne te le donnerai jamais.

Pourquoi : des quatre jeudis ? Parce que jamais elle ne fait rien en son temps, se hâte de tout promettre, se hâte bien plus de ne rien tenir, et, en effet, se montre la plus étourdie des petites personnes qui manquent rarement, les matins, de mettre à leur pied droit leur soulier du pied gauche, et, voulant se mirer, tournent vers le miroir, au lieu de leur petite face, leur petite fesse. Ce n’est pas moins joli.

(Catulle Mendès, Le Journal)

Jeux de mains, jeux de vilains

France, 1907 : Les jeux de mains sont brutaux et se terminent généralement par des horions. Cette expression vient de l’ancien régime où les nobles portaient l’épée et s’en servaient pour régler leurs différends, tandis que les vilains ou gens du peuple n’avaient que leurs poings dont ils se servent d’ailleurs encore.

Jouer à la main chaude

Delvau, 1866 : v. n. Être guillotiné, — dans l’argot des voleurs, qui font allusion à l’attitude du supplicié, agenouillé devant la machine, la tête basse, les mains liées derrière le dos.

Virmaître, 1894 : Être guillotiné. Cette expression n’est plus juste, car, comme autrefois, le condamné ne s’agenouille plus pour recevoir le coup fatal, il est couché sur la planche. On dit : Il fait la planche (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : Être guillotiné. Allusion à la posture du supplicié dont les mains sont attachées derrière le dos.

Jouer des mains

Delvau, 1864 : Peloter les tétons et le cul d’une femme — qui ne hait pas ce jeu, même lorsqu’elle en a le plus l’air offensé.

Je me souviens… qu’il hasarda sur cela des manières et des tons de polissonneries, qu’il s’exposait déjà à jouer des mains.

(La Popelinière)

La semaine des quatre jeudis

Virmaître, 1894 : On dit d’une personne sale et crasseuse qu’elle se débarbouille la semaine des quatre jeudis, c’est-à-dire jamais. Un paresseux ne travaille jamais que cette semaine-là.
— Quand allez-vous me payer mon terme ? demande un propriétaire à son locataire.
— La semaine des quatre jeudis.
Cette expression est synonyme de remettre aux calendes grecques (Argot du peuple). N.

Main

d’Hautel, 1808 : Il ne sait où mettre ses mains. Pour, il a l’air gauche et décontenancé ; il est dans un extrême embarras : se dit aussi pour exprimer que quelqu’un est dans l’ivresse du succès.
Faire quelque chose à deux mains trois cœurs. Pour dire, avec zèle et empressement ; de tout cœur.
Passez cela de main en main jusqu’au plus vilain. Se dit à dessein de plaisanter une personne dans les mains de laquelle doit rester l’objet que l’on fait passer.
Il a la main chaude. Pour dire que quelqu’un est en train de gagner au jeu.
Il est à deux mains. Se dit d’un homme propre à plusieurs emplois, ou que l’on occupe à différentes choses.
Il le surpasse haut la main. Pour, il le passe de beaucoup, il lui est bien supérieur.
Jeu de mains, jeu de vilains. Signifie qu’il n’y a que les gens mal élevés qui jouent à se frapper.
Fermez la main, et dites que vous ne tenez rien. Manière de dire à quelqu’un qu’on ne veut pas lui accorder ce qu’il demande.
Est-ce que tu as des mains de beurre. Se dit à une personne maladroite, qui laisse tomber tout ce qu’elle porte à la main.
Donner de la main à la main. C’est-à-dire mutuellement.
Il a toujours ses mains dans ses poches. Se dit d’un fainéant, d’un homme qui vit dans l’oisiveté.
Il a une belle main pour chanter et une belle voix pour écrire. Voyez Chanter et Écrire.
Il vaut mieux tendre la main que le coup. Pour il est moins déshonorant de demander l’aumône, que de s’exposer à être pendu en exerçant des vols et des brigandages.
Un homme de main. Pour dire, auquel on peut se fier pour l’exécution d’une chose difficile.
Faire la main. Pour faire des gains illicites et déshonnêtes.
L’argent lui fond dans les mains. Se dit d’un prodigue, d’un dissipateur.
Ils sont comme les deux doigts de la main. C’est-à-dire, inséparables ; ils vivent dans une grande familiarité.
Tous les doigts de la main ne se ressemblent pas. Signifie que dans la société, on rencontre des humeurs et des caractères différens.
Il faut regarder à ses mains plutôt qu’à ses pieds. Se dit d’un homme dont la probité est suspecte.
Il est Normand, il a les mains crochues. Parce qu’on prête beaucoup de finesse et d’habileté aux habitans de cette province, surtout dans leur manière de traiter. Il est certain que, quelque peu fondé que soit leur droit dans une affaire, ils ont l’adresse de la faire tourner toujours à leur avantage.
Il ne va jamais sans ses mains. Se dit d’un escroc, d’un fripon, d’un homme qui vit d’une industrie infâme.
De marchand à marchand, il n’y a que la main. Pour dire, qu’il suffit de toucher dans la main entre marchand, pour conclure un marché. Signifie aussi que le commerce égalise toutes les conditions.
Mettre le pain à la main de quelqu’un. L’assister dans la nécessité, ou lui ouvrir le chemin de la fortune.
Les mains lui démangent. Pour, il a envie de se battre ; il y a long-temps qu’il s’est battu.
Il a la main à la pâte. Pour, il est dans un emploi lucratif où il fait de bons profits.
Il faut aller bride en main dans cette affaire. Pour dire, prudemment, avec retenue.
Il a des mains de laine et des dents de fer. Se dit d’un homme nonchalant et paresseux, qui ne sait rien faire que boire et manger.
C’est un homme de sa main. Pour une de ses créatures.
Prenez cela de ma main. Pour, ayez confiance dans ce que je vous donne. Locution marchande, pour engager les chalands à acheter.
Jouer à la main chaude. Au propre, jouer au jeu de la main chaude ; au figuré, avoir les mains liées derrière le dos, comme le sont ordinairement les patiens que l’on conduit au supplice, et par allusion avec ce jeu. Voy. Chaude.
Mettre la main à la pâte. Se mêler des travaux les plus difficiles, des plus petits détails d’une affaire ; prendre part aux services domestiques ; se servir soi-même.
Il n’y va pas de main morte. Pour, il touche ferme ; il travaille avec ardeur.

Rigaud, 1881 : La totalité des cartes constituant une partie, soit au baccarat, soit au lansquenet. La main réglementaire est de quatre jeux de cinquante-deux cartes.

Rigaud, 1881 : Série de coups gagnés, — dans le jargon des joueurs de baccarat et de lansquenet. — Avoir la main, tenir les cartes à son tour. — Prendre la main, prendre les cartes qu’un joueur quitte après un ou plusieurs coups de gain. — Passer sa main, ne pas prendre les cartes à son tour. — Passer la main, passer les cartes après un ou plusieurs coups gagnés. — Brûler la main, jeter au panier les cartes du talon, après avoir gagné, en banque, un certain nombre de coups.

Main (acheter à la)

Fustier, 1889 : Acheter comptant.

Il joignait à ce commerce connu… les prêts usuraires à la petite semaine et la vente au bazar avec de gros bénéfices, d’objets fabriqués en salle et qu’il achetait à la main, bien au-dessous de leur valeur.

(Humbert, Mon bagne)

Main chaude (jouer à la)

Larchey, 1865 : Être guillotiné. V. Raccourcir.

Rigaud, 1881 : Être guillotiné. Allusion à la position du patient.

France, 1907 : Être guillotiné. Allusion à la posture du condamné mis sur la bascule et dont les mains sont liées derrière le dos. Acheter à la main chaude, payer comptant.

Main experte (avoir la)

Delvau, 1864 : Savoir bien branler les hommes, chose difficile, en effet, et pour laquelle toute femme galante doit faire un apprentissage fort long et très minutieux, — manutieux, dirait Commerson.

J’ai les deux mains expertes,
Entrez dans mon boudoir.

(A. Montémont)

Main légère (avoir la)

Delvau, 1864 : Se dit d’une femme versée dans l’art de la volupté, qui branle un homme avec une telle dextérité qu’il jouit sans savoir à quoi attribuer sa jouissance, à une bouche ou à une main.

Main me démange (la)

France, 1907 : Cette expression se met dans la bouche d’une personne qui a une violente démangeaison de corriger quelqu’un.

Mainesse

Rossignol, 1901 : Femme.

Mains courantes

Merlin, 1888 : Se dit plaisamment pour pieds ou souliers.

Rossignol, 1901 : Pieds. Des souliers sont aussi des mains courantes.

France, 1907 : Pieds, souliers, bottes. Étuis de mains courantes, chaussures.

Mains croches

Rossignol, 1901 : On désigne ainsi un voleur.

Mains de beurre

Delvau, 1866 : s. f. pl. Mains maladroites, qui laissent glisser ce qu’elles tiennent. Argot du peuple.

Mains nickelées

France, 1907 : Mains fermées, mains d’avare qui ne s’ouvrent pas facilement.

Les ladres invoquent encore un prétexte pour s’excuser d’avoir, comme on dit au faubourg, les mains nickelées. « Nous avons peur d’offenser, disent-ils, nous craignons qu’on ne nous refuse. » Qu’ils se rassurent !

(François Coppée)

Mains-courantes

Rigaud, 1881 : Souliers, — dans le jargon des ouvriers.

Males semaines

France, 1907 : Incommodités sexuelles, expression des départements du Centre.

La petite lui refusa malgré ses vives instances. Il crut que c’était par vertu ; rien de cela : elle avait ses males semaines.

(Les Cent Curés)

Manger dans la main

Delvau, 1866 : v. n. Prendre des familiarités excessives, abuser des bontés de quelqu’un.

Marchand de chair humaine

France, 1907 : Proxénète, propriétaire de maison à gros numéro.

Marchande de chair humaine

Rigaud, 1881 : Nom que donnent, entre elles, les filles de maison à la propriétaire de l’établissement. Un philosophe attardé dans un de ces antres entendit un mot bien profond. Comme il s’étonnait devant une des pensionnaires du luxe de la maison :

Et dire que c’est nous qui gagnons tout ça… ! soupira la malheureuse.

Mettre la main à la pâte

Delvau, 1866 : Aider à un vol et participer à ses bénéfices.

Mettre la main au feu (en)

France, 1907 : Avancer une chose dont on est certain, ou dont on croit être certain.
Vieux souvenir de la barbarie de nos pères. Du VIe au XIIIe siècle, où un concile de Latran mit fin à cette superstition, les gens accusés ou simplement soupçonnés d’un crime étaient obligés, pour se justifier, soit de saisir un fer rouge, soit de placer leur main dans les flammes. Si la main sortait intacte de l’épreuve, l’accusé était déclaré innocent.
On essayait l’innocence par trois manières : le duel ou jugement de Dieu, l’eau ou l’huile bouillante, ou le feu ardent, dans la confiance que Dieu protégeait l’innocent et le préservait de tout mal. À quelques-uns on présentait un gantelet de fer rougi à blanc et l’accusé devait y plonger son bras jusqu’au coude. Un chroniqueur du XIIIe siècle raconte comment un pauvre diable, accusé de je ne sais quel délit, sut se dispenser de cette redoutable épreuve. Il répondit qu’il était prêt à ganter le terrible engin si l’archevêque revêtu de son étole voulait le lui remettre en main. Le prélat déclina de remplir cet office et convint, avec l’accusé, que l’usage venait des barbares et qu’il ne fallait pas tenter Dieu.
En dit que Cunégonde, femme de l’empereur Henri de Bavière, ayant été accusée l’adultère, offrit de se disculper en marchant pieds nus sur des socs de charrue ardents. L’empereur en fit disposer douze et la vertueuse princesse ayant marché sur onze s’arrêta sur le douzième et, là, fit un petit discours affirmant que jamais homme n’avait attenté à sa vertu !
On dit aussi : Je n’en voudrais pas pour tenir un fer chaud, pour : je n’en voudrais pas répondre.

Mois de cinq semaines

France, 1907 : On appelle ainsi, dans certaines usines, les mois où la paye se fait sur le pied de cinq semaines, parce qu’on y reporte quelques jours du mois précédent ou du suivant.

Nouvelle à la main

Delvau, 1866 : s. f. Phrase plus ou moins spirituelle, où il doit toujours y avoir un mot, et que le public blasé lit de préférence à n’importe quel bon article, — parce que cela se retient facilement comme les centons et peut se citer dans la conversation.

Panser de la main

Delvau, 1866 : v. a. Battre, donner des coups, — dans le même argot [du peuple].

Passer la main sur le dos de quelqu’un

Delvau, 1866 : v. a. Le flatter, lui dire des choses qu’on sait devoir lui être agréables. Argot du peuple. On dit aussi Passer la main sur le ventre.

Passer par les mains d’un homme ou d’une femme

Delvau, 1864 : Coucher ensemble.

Est-ce qu’ils ne font pas tous des listes vraies ou fausses des femmes qui leur ont passé par les mains ?

(La Popelinière)

L’Opéra n’eut jamais de danseuse on d’actrice
Qui ne lui passât par les mains.

(Sénecé)

Toute la jeunesse de la cour lui passa par les mains.

(La France galante)

Péter dans la main

Larchey, 1865 : Pousser trop loin la familiarité. Faire défaut au moment nécessaire. — Dans ce dernier sens, allusion au levier qui éclate entre les mains. (V. d’Hautel, 1808.)

Delvau, 1866 : v. n. Être plus familier qu’il ne convient. Argot du peuple. Signifie aussi : Manquer de parole ; faire défaut au moment nécessaire.

Rigaud, 1881 : Laisser échapper une bonne occasion, rater une affaire au dernier moment, voir une place qui vous était promise donnée à un autre.

France, 1907 : Manquer à sa promesse, être d’une familiarité excessive.

Petite main

France, 1907 : Apprentie fleuriste.

Il raffolait des trottins et principalement des fleuristes. Toutes ces petites mains frétillantes l’émoustillaient à tel point qu’il passait des heures, au coin de la rue, à attendre la sortie des ateliers. Alors il s’attachait aux pas de l’une d’elles, la suivait jusqu’à sa demeure parfois, lui murmurant à l’oreille : « Petite main, petite main, veux-tu gagner vingt francs et un bon souper. »

(Les Propos du Commandeur)

Petite-main

Rigaud, 1881 : Ouvrière fleuriste qui fait les pétales et commence à gaufrer, — dans le jargon des fleuristes.

Fustier, 1889 : Il est assez difficile de définir exactement ce que, dans l’argot des ateliers, on entend par cette expression. L’exemple suivant le fera comprendre :

Ils n’étaient que sept pour suffire à cela : un homme, un contre-maître, une femme, la monteuse et sept enfants, les petites-mains. On appelle petites-mains des jeunes gens, filles et garçons qui ne sont plus des apprentis et ne sont pas encore des ouvriers. Il y en a beaucoup même qui n’ont jamais été des apprentis et ne seront jamais des ouvriers. On les reconnaît à ceci : qu’ils reçoivent un salaire d’apprenti pour un travail d’ouvrier.

(Fournière, Sans métier)

Pogne-main (à)

Delvau, 1866 : adv. Lourdement, brutalement, à la main pleine.

France, 1907 : À pleine main, brutalement ; expression populaire.

Poil dans la main (avoir un)

Rigaud, 1881 : Être paresseux, Allusion à un poil imaginaire qui empêche de travailler celui qui en est détenteur. — Avoir un fameux poil dans la main, être très paresseux.

France, 1907 : Être fainéant ; image populaire indiquant que l’absence de poils à la face palmaire tient aux frottements de l’instrument de travail.

— Eh ! ce fichu poil dans la main, pardi ! l’horreur du travail, la flemme, la paresse. La tête va bien, les jambes sont bonnes ; l’estomac — il est admirable : j’absorbe tout ce que je veux. Nul embarras dans le verbe : je puis, deux heures d’affilée, débiner les camarades au café. Mais dès que j’essaie de travailler, je sens que je vais mourir, je meurs, je m’éteins.

(Émile Goudeau)

Quand il a fait un joli gain,
Victoria n’est pas sa marraine,
Mais si, deux jours de la semaine,
Il possède un poil dans la main,
L’horloger, au mois de décembre,
N’en a pas toujours dans sa chambre.

(Alfred Marquiset, Rasures et Ramandons)

Poil dans la main (en avoir un)

Virmaître, 1894 : Paresseux qui ne veut pas travailler, qui fête tous les jours la Sainte-Flemme.
— Il faudrait une rude paire de ciseaux pour lui couper le poil qu’il a dans la main (Argot du peuple).

Rasoir (main, banque)

Rigaud, 1881 : Main qui, à la faveur d’une interminable série de coups heureux, enlève l’argent des pontes ou celui du banquier comme un bon rasoir enlève le poil.

Les banques rasoirs, comme il les appelait, tombaient toujours entre les mêmes mains.

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

Romain

Larchey, 1865 : Claqueur. — Allusion aux Romains qui applaudissaient Néron.

Sous le lustre avec les romains du parterre.

(P. Borel, 1833)

Romain : fantassin. — Allusion à la forme romaine du poignard d’infanterie.

Delvau, 1866 : s. m. Applaudisseur gagé, — dans l’argot des coulisses, sans doute par allusion aux claqueurs de Néron.

Delvau, 1866 : s. m. Soldat d’infanterie.

Rigaud, 1881 : Acteur de la Comédie-Française, — dans le jargon des acteurs forains du XVIIIe siècle.

Ils déclamaient… en imitant la diction emphatique et monotone des Romains.

(Ch. Magnin, Hist. des Marionnettes en France, 1862)

Depuis, le nom de Romain a été spécialement appliqué aux claqueurs ; c’était, primitivement, mot à mot : les gens chargés d’applaudir les Romains et, par abréviation, les Romains.

La Rue, 1894 : Applaudisseur gagé.

France, 1907 : Claqueur. L’origine de la claque au théâtre remonte à Rome au temps de Néron.

Romaine

Rigaud, 1881 : Breuvage composé d’un mélange de rhum et d’orgeat.

Rigaud, 1881 : Semonce ; c’est la variante de chicorée. — Aller à Rome, passer à Rome, recevoir une semonce.

France, 1907 : Claque.

France, 1907 : Mélange de rhum, d’orgeat et d’eau.

Romains

Virmaître, 1894 : Individus qui, moyennant un faible salaire, applaudissent les acteurs (Argot des coulisses).

Rossignol, 1901 : Groupe d’individus qui dans les théâtres et concerts payent leur place meilleur marché pour, sous la direction d’un chef dit de claque, faire le succès des artistes. Voir Claque.

Hayard, 1907 : Claqueurs au théâtre.

Saint-Main (demoiselle de)

France, 1907 : Galeuse.

Salue femme barbue, bâton à la main

France, 1907 : Vieux dicton indiquait la terreur qu’avaient nos pères pour les femmes ayant poil aux lèvres ou au menton et qu’ils considéraient comme des sorcières.

Semaine

Fustier, 1889 : Expression empruntée au service des caporaux et des sous-officiers. Ex. ; C’est à moi que tu contes cela ? je ne suis pas de semaine. — Moyen expéditif de faire rompre un fâcheux.

(Ginisty, Manuel du parfait réserviste)

Semaine (n’être pas de)

Merlin, 1888 : Ne pas avoir à se mêler d’une affaire. — Chaque caporal ou sous-officier doit assurer le service pendant une semaine, cela à tour de rôle ; en temps ordinaire, il est libre et n’est soumis qu’aux obligations générales du service.

Semaine des quatre jeudis

Delvau, 1866 : s. f. Semaine fantastique, dans laquelle les mauvais débiteurs promettent de payer leurs dettes, les femmes coquettes d’être fidèles, les gens avares d’être généreux, etc. C’est la Venue des Coquecigrues de Rabelais. On dit aussi : La semaine des quatre jeudis, trois jours après jamais.

France, 1907 : Jamais.

Semaines

Delvau, 1866 : s. f. pl. Sous de poche distribués le samedi et le dimanche. — dans l’argot des collégiens.

Semainier

France, 1907 : Artiste du Théâtre-Français chargé de l’office de régisseur pendant une semaine.

Servir de sa main (se)

Delvau, 1864 : Se masturber, faute de maîtresse, ou par amour pour la veuve Poignet, — cette veuve que foutent tous les collégiens.

La volupté me pénètre soudain.
Mon trêpignoir trépignait dans ta cage :
Pour l’apaiser, je n’avais que ma main.
Je m’en servis pour écumer sa bile.

(Anonyme)

Thomain

Delvau, 1866 : s. m. Mauvais rôle, — dans l’argot des coulisses, où l’on a trouvé sans doute panne bien usée.

Rigaud, 1881 : Rôle effacé, bout de rôle, — dans le jargon des comédiens.

France, 1907 : Rôle insignifiant ; argot des théâtres.

Vendeur de chair humaine

Delvau, 1866 : s. m. Agent de remplacement militaire, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Nom donné autrefois aux agents de remplacement militaire.


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