AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Entrez le mot à rechercher :
  Mots-clés Rechercher partout 


Aller où le roi ne va qu’à pied

Larchey, 1865 : Ce rappel à l’égalité est de tous les temps. On disait au dix-septième siècle :

C’est à mots couverts le lieu où l’on va se décharger du superflu de la mangeaille…

Scarron, qui n’a pas dédaigné de donner l’hospitalité à cette métaphore éminemment philosophique, ajoute :

C’est ce qu’on nomme à Paris, chez les personnes de qualité, la chaise percée ; car depuis environ vingt ans la mode est venue de faire ses nécessités sans sortir de sa chambre, et cela par un pur excès de propreté.

Aller où le roi va à pied

Delvau, 1866 : V. Aller à ses affaires dans l’argot du peuple.
C’est précisément pour y avoir été que Henri III fut blessé mortellement par Jacques Clément, qui le frappa sur sa chaise d’affaires.

Virmaître, 1894 : Satisfaire un besoin dans le silence d’un cabinet qui n’a rien de ministériel. L’allusion est juste ; malgré sa grandeur, le roi ne pourrait y aller en voiture (Argot du peuple).

Arrache-pied

d’Hautel, 1808 : Travailler d’arrache-pied. Phrase idiotique qui signifie travailler avec ardeur et sans intermission ; ne pas désemparer qu’on n’ait terminé son ouvrage.

Avoir les pieds dans l’dos

Rossignol, 1901 : Être recherché par la police.

Avoir mangé ses pieds

Delvau, 1866 : Puer de la bouche, — dans l’argot des faubouriens.

Virmaître, 1894 : Puer de la bouche (Argot du peuple).

Bain de pied

Larchey, 1865 : Excédent de liquide versé à dessein dans une tasse ou dans un verre ; il déborde et fait prendre au récipient un bain de pied dans la soucoupe.

Delvau, 1866 : s. m. Excédent de café ou d’eau-de-vie retenu par la soucoupe ou dans le plateau qu’on place par précaution sous chaque demi-tasse ou sous chaque petit verre. Il y a des gens qui boivent cela.

France, 1907 : « Excédent de liquide versé pour faire bonne mesure ; il déborde et fait prendre à la tasse ou au verre un bain de pied dans la soucoupe. De là le mot. » (Lorédan Larchey). — « Il y a des gens qui boivent cela », ajoute Delvau.
Prendre un bain de pied se dit, dans l’argot des voleurs, pour condamné à la déportation.

Bain-de-pied

Rigaud, 1881 : Excédant qui tombe d’un petit verre de liqueur dans la soucoupe. — Excédent de café qui inonde la soucoupe. — Une demi-tasse, sans bain-de-pied.

Banc (pied de)

Rigaud, 1881 : Sergent, — dans le jargon des troupiers.

Bénir des pieds

Delvau, 1864 : Se dit des spasmes amoureux, pendant lesquels l’homme et la femme gigotent des jambes, comme s’ils voulaient envoyer leur bénédiction urbi et orbi.

France, 1907 : Être pendu ; allusion aux saccades des pendus.

Bénir ses pieds

Delvau, 1866 : v. a. Être pendu, — dans l’argot impitoyable du peuple, qui fait allusion aux derniers gigottements d’un homme accroché volontairement à un arbre ou involontairement à une potence.

Bête comme ses pieds

Delvau, 1866 : Se dit, — dans l’argot populaire, — de tout individu extrêmement bête.

Bouton de sous-pied

Merlin, 1888 : Pièce de vingt francs.

Bureau des pieds

Virmaître, 1894 : Salle du Dépôt de la Préfecture de Police où M. Bertillon fait passer les détenus à la mensuration pour reconnaître leur identité (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : « Salle du Dépôt de la Préfecture de police où M. Bertillon fait passer les détenus à la mensuration pour reconnaître leur identité ; argot des voleurs. » (Ch. Virmaître.)

C’est plus fort que de jouer au bouchon avec des pains à cacheter dans six pieds de neige

Virmaître, 1894 : Expression employée pour marquer le comble de l’étonnement. On dit aussi c’est fort de café (Argot du peuple). N.

Camelotte dans le pied

Larchey, 1865 : En flagrant délit de vol.

J’ai été pris, la camelotte dans le pied.

La Correctionnelle, journal.

Cent pieds de merde (je voudrais te voir dans)

Virmaître, 1894 : Souhait d’un gendre à sa belle-mere féroce ou à une femme crampon (Argot du peuple). N.

France, 1907 : « C’est, dit Ch. Virmaître, le souhait d’un gendre à sa belle-mère ou d’un mari à une femme crampon. »

Chausser le pied droit le premier

France, 1907 : Vieille coutume qui consiste à tout commenter et à tout faire du côté droit. La droite portait bonheur, la gauche malheur, d’où sinistre, de sinistra, gauche. Les parents, au lieu de nous habituer à nous servir également de nos membres, stérilisent le gauche en faveur du droit, et l’instinct de la routine est tel qu’a l’égard de nos enfants nous agissons comme eux. Chausser le pied droit le premier est encore, dans maintes campagnes, un présage de réussite, de bonheur pour la journée.

Quand aucune femme porte des chappons à la bonne ville, pour les vendre, où autres choses, s’elle, d’aventure, chausse au matin son pied droit le premier, elle aura bonheur de bien vendre.

(Les Évangiles des quenouilles)

Chaussure à son pied

Virmaître, 1894 : Femme laide et défectueuse qui trouve quand même un amant on à se marier. Elle a trouvé chaussure à son pied (Argot du peuple). N.

Cheminer autrement que de pieds

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien, dans lequel, en effet, on fait beaucoup marcher la pine, — cette troisième jambe qui se fatigue si vite.

Lycaste pourrait bien l’avoir fait cheminer
Autrement que des pieds ; ce sexe est si fragile
Que, prenant bien son temps, vertement on l’enfile.

Trotterel.

Cible à coups de pied

Delvau, 1866 : s. f. Le derrière. Argot du peuple.

France, 1907 : Le derrière.

Clarinette de cinq pieds

Delvau, 1866 : s. f. Fusil, — dans l’argot des soldats.

Merlin, 1888 : Fusil.

Clarinette, clarinette de six pieds

Rigaud, 1881 : Fusil d’infanterie. — Jouer de la clarinette, se battre à coups de fusil, — dans le jargon des troupiers.

Nous allons être obligés de jouer un trio de clarinette.

(A. Camus.)

Cloche-pied

d’Hautel, 1808 : On dit vulgairement et par corruption à croche pied.

Comme un pied (faire quelque chose)

France, 1907 : Le faire mal, comme si l’on se servait de son pied au lieu de sa main.

— Eh bien ! Sébastien, la bourriche de gibier pour ma tante n’est donc pas prête ?
— Non, monsieur le comte, c’est que…
— Quoi ?
— Je préférerais, avec votre permission, y mettre les pièces que j’ai tuées moi-même à l’ouverture.
— Pour quelle raison ?
— Les vôtres sont trop saccagées ; nous avons été ensemble au 28e, et monsieur le comte sait bien qu’il tire comme un pied !

(Le Masque de fer)

Coup de pied

Rigaud, 1881 : Avance d’argent, — dans le jargon des tailleurs. Donner un coup de pied au grêle, demander une avance au patron.

Coup de pied (donner un)

France, 1907 : Demander à son patron une avance d’argent, demande qui lui produit généralement l’effet d’un coup de pied.

Coup de pied (ne pas se donner de)

France, 1907 : Se vanter, faire son propre éloge.

Coup de pied de jument

Delvau, 1866 : s. m. Maladie désagréable, — dans l’argot du peuple.

Coup de pied de jument où de Vénus

France, 1907 : Syphilis ou blennorrhée. Un des accidents divers auxquels Priape est exposé.

Coup de pied de vache

France, 1907 : Ruade demi-circulaire fort en usage chez les voyous de barrières et qui casse net un tibia quand elle est bien appliquée.

Coup de pied de Vénus

Delvau, 1866 : s. m. « Trait empoisonné lancé par le fils de Cythérée au nom de sa mère », — dans l’argot des bourgeois, qui connaissent leur mythologie.

Rigaud, 1881 : Maladie que l’on traite comme on traite les glaces de Saint-Gobain. Ce qui a fait dire à un de nos plus célèbres spécialistes, en estropiant un hémistiche bien connu de Virgile : Mercurium agitat molem.

La Rue, 1894 : Syphilis.

Coup de pied de zouave

France, 1907 : Coup de pied appliqué au creux de l’estomac. Les régiments de zouaves étant autrefois composés en grande partie de Parisiens habiles à la savate, on a donné ce nom à ce moyen de défense des voyous de barrières.

Coups de pied (ne pas se donner de)

Rigaud, 1881 : Se faire valoir. — Et encore : Ne pas se donner de coups de pied au derrière.

Tu ne te donnes pas de coups de pied au derrière.

(Hennique, La Dévouée.)

Danser (ne pas savoir sur quel pied)

France, 1907 : Être embarrassé, ne savoir que faire.

Chaque préfet de police apporte des idées nouvelles, un caractère différent, des plans qui anéantissent tout ce qu’a créé son prédécesseur, et que son successeur mettra de côté comme absurdes. Que d’innovations n’avons-nous pas vu annoncer comme des merveilles, et que ont été reconnues comme impraticables, dès les premiers essais : les commissaires de nuit, les visites de postes, etc. ! Tous les deux ans, cette malheureuse administration est obligée de se métamorphoser de fond en comble… On ne sait jamais, comme on dit, sur quel pied danser.

(Hogier-Grison, Le Monde où l’on flibuste)

Donner de coups de pied (ne pas se)

Delvau, 1866 : Faire son propre éloge, se dire des choses aimables, s’avantager dans un récit. Argot du peuple.

Donner un coup de pied jusque…

Delvau, 1866 : Aller jusqu’à tel endroit désigné, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Aller à un endroit désigné.

Dormir debout (pied à)

Larchey, 1865 : Pied démesurément large et long.

Votre général qui a des pieds à dormir debout.

Gavarni.

Édredon de trois pieds

Delvau, 1866 : s. m. Botte de paille.

Rigaud, 1881 : Paille.

France, 1907 : Botte de paille.

Encre (tremper son pied dans l’)

Larchey, 1865 : Être consigné. Les soldats consignés portaient autrefois une guêtre blanche et une guêtre noire. — V. Criblage.

Il ne sait pas ce que c’est que de tremper son pied dans l’encre, et jamais n’a entrevu la porte de la salle de police.

Vidal, 1833.

Faire du genou, faire du pied

Rigaud, 1881 : Frotter son genou, frotter son pied, contre le genou, contre le pied d’une femme. Petite polissonnerie innocente, quelque chose comme les bagatelles de la porte en espérant le lever du rideau.

Faire le pied de grue

France, 1907 : Attendre longtemps, à l’instar des grues qui restent des journées entières postes sur un pied.

Elle ne se rendait pas compte, dans sa naïveté, de l’impossibilité où se trouve un homme du monde, comme celui dont elle rêvait la conquête, de se lever à sept heures du matin pour aller faire le pied de grue, dans un faubourg, sous les fenêtres d’une petite modiste, rencontrée par hasard la veille en flânant dans les rues.

(Edmond Lepelletier)

Pour être policier, on n’en est pas moins homme et on a soif comme le commun des mortels. Souvent on est entraîné loin de son domicile, on ne peut pas abandonner un poursuite pour rentrer chez soi. Il faut dîner dehors. Si « le gibier » s’installe dans un café, on ne peut pas rester à faire de pied de grue à la porte.

(Mémoires d’un inspecteur de la Sûreté)

Faire pieds neufs

Delvau, 1866 : v. a. Accoucher d’un enfant, — dans l’argot du peuple, qui se souvient, sans l’avoir lu, du livre Ier, chap. VI, de Gargantua.

France, 1907 : Accoucher.
L’expression est vieille, on la trouve dans Rabelais :

Eulx tenants ces menus propos de buverie, Gargamelle commença se porter mal du bas, d’ond Grandgousier se leva de sus l’herbe, et la reconfortoit honestement, pensant que ce fust mal d’enfant, et lui disant qu’elle s’estoit là herbée soubs la saulsaie, et qu’en bref elle feroit pieds neufs : par ce lui convenoit prendre courage nouveau au nouvel advénement de son poupon.

Foutre un coup de pied à quelqu’un

Delvau, 1866 : Lui faire un emprunt, — le taper d’une somme quelconque. On dit aussi Lui foutre un coup de pied dans les jambes, — mais seulement lorsqu’il s’agit d’un emprunt plus important. Une nuance !

Foutre un coup de pied dans les jambes

France, 1907 : Emprunter de l’argent.

Grand pied (être sur un)

France, 1907 : Mener un grand train de maison.
Au XIVe siècle, la chaussure d’un prince n’avait pas moins de deux pieds et demi de long, celle d’un baron deux pieds ; un chevalier n’avait droit qu’à un pied et demi et le soulier du bourgeois était réduit à un pied, c’est-à-dire à peu près la forme du sien. Les grands seigneurs, princes et barons et même les chevaliers étaient obligés, pour pouvoir marcher, de relever la pointe de leur chaussure au moyen d’une chaînette attachée au genou. Le soulier allait ainsi se rétrécissant peu à peu, bourré de foin dans la partie du soulier que le pied ne remplissait pas, ce qui sans doute a donné naissance à cet autre dicton : « avoir du foin dans ses bottes ». Ces chaussures étaient appelées à la poulaine, soit parce qu’elles se dressaient comme le cou d’une poule, soit parce qu’elles offraient quelque analogie avec la partie antérieure d’un vaisseau, nommé poulaine. C’est de cette ridicule coutume que vient l’expression être sur un grand pied dans le monde. Cette mode grotesque, comme la plupart des modes, vient, dit-on, d’une excroissance fort laide que le comte d’Anjou, Geoffroy Plantagenet, avait sur l’un de ses pieds, et c’est pour la dissimuler qu’il imagina les souliers à la poulaine. Comme c’était un grand seigneur, tout le monde eut à cœur de l’imiter.

J’en ai mon pied

Virmaître, 1894 : J’en ai assez. J’en ai soupé signifie la même chose. J’ai soupe de ta fiole, de même. Donne-moi mon pied veut dire : Donnez-moi ma part. Ça fait le pied, synonyme de ça fait le joint (l’affaire) (Argot des voleurs). N.

Jouer un pied de cochon

Larchey, 1865 : Tromper, décamper.

Vous avez donc voulu nous jouer un pied de cochon.

Canler.

Virmaître, 1894 : Jouer un bon tour à quelqu’un ; s’en aller, le laisser en plan au moment de payer son écot, sachant qu’il est sans le sou (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Faire une méchanceté, ou une mauvaise farce à quelqu’un, c’est lui jouer un pied de cochon.

France, 1907 : Jouer un mauvais tour.

Après nous avoir bien fait poser, manger la botte et notre prêt, faire l’œil en coulisse et le pied de grue, la mâtine disparut avec un gendarme, nous jouant ainsi un pied de cochon.

(Les joyeusetés du régiment)

Laver les pieds (se)

Rigaud, 1881 : Aller à Cayenne aux frais de l’État. Les voleurs disaient, dans le même sens, il y a quelques années : Prendre un bain de pieds.

France, 1907 : Faire la traversée pour aller à la Nouvelle-Calédonie ; argot des forçats.

Le vieux avait déjà payé, alors on l’a envoyé se laver les pieds.

(Hugues Le Roux, Les Larrons)

Lève-pieds

Larchey, 1865 : Escaliers, échelle (Vidocq). — Effet pris pour la cause.

Delvau, 1866 : s. m. Échelle, escalier, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Échelle ; escalier.

Virmaître, 1894 : V. Montante.

France, 1907 : Escalier. Embarder sur le lève-pieds, descendre rapidement les escaliers.

Lever le pied

Delvau, 1866 : v. a. Fuir en emportant la caisse.

Virmaître, 1894 : V. Mettre la clé sous la porte.

Rossignol, 1901 : Fuir. Un caissier lève le pied lorsqu’il a levé la caisse de son patron.

Hayard, 1907 : Filer sans payer ses créanciers.

France, 1907 : S’en aller, partir.

Une fille de Bordeaux, qui avait envie de lever de pied, pria tout simplement la maquerelle de l’accompagner pour aller faire un achat quelconque. À peine dans la rue : « Adieu, Madame, lui dit-elle, je file ; maintenant, si vous avez des jambes, faites-le voir. » Et elle se sauva à la course, au grand désespoir de la matrone.

(Dr Jeannel, La Prostitution au XIXe siècle)

— Se laisser battre par un homme !… Est-ce possible ? Moi, ma chère, si mon mari se permettait seulement de lever la main…
— Eh bien ?
— Je lèverais le pied.

À la Bourse.
— C’est singulier, on ne voit plus Gondremark.
— D’autant plus singulier, en effet, qu’il devait justement lever ses titres hier.
— Il aura préféré lever… le pied.

Mal aux pieds (avoir)

Merlin, 1888 : Être chaussé de guêtres de toile. Celles-ci mal ajustées, ont, en effet, l’apparence de linges, de bandages entourant les pieds.

Marché des pieds humides

Fustier, 1889 : La petite Bourse qui pendant longtemps s’est tenue en plein air ; les spéculateurs étaient ainsi exposés à toutes les intempéries, et, quand il pleuvait, pataugeaient dans les flaques d’eau.

Le marché des pieds humides qu’on est venu plaisanter, est bien plus loyal qu’on ne le pense. Là, pas d’affaires à terme ; argent contre titres ; titres contre argent.

(Le Mercure, journal, 1882.)

France, 1907 : La petite bourse où se réunissent les spéculateurs après la fermeture de la grande ; appelé ainsi parce que ce marché se tenait en certains coins en plein air.

Marcher sur le pied

Delvau, 1866 : v. n. Chercher querelle à quelqu’un, — une querelle d’Allemand ; saisir le moindre prétexte pour se fâcher, — dans l’argot des bourgeois. N’aimer pas qu’on vous marche sur le pied. Être très chatouilleux, très susceptible.

Marquis du tire-pied

Merlin, 1888 : Le maître bottier.

Mettre à pied

Delvau, 1866 : v. a. Suspendre un employé de ses fonctions pendant plus ou moins de temps. Argot des bourgeois.

France, 1907 : Suspendre quelqu’un de son emploi, pour un temps déterminé. Cette locution nous vient des Romains, où le censeur retirait son cheval au chevalier qui tenait une conduite indigne de son rang. Cet usage fut conservé au moyen âge, mais il offrait un caractère ignominieux, car le chevalier dégradé ainsi publiquement était censé avoir vécu et l’on récitait sur lui l’office des morts. Dans les régiments de cavalerie, l’on punit en route les cavaliers qui blessent leurs chevaux ou les indisciplinés en les obligeant à suivre à pied la colonne.

Qui met-on à pied aujourd’hui ? Les cochers de fiacre qui ont été insolents, les employés qui sont inexacts, et généralement tous les pauvres diables qui ont trop de promptitude à faire valoir leurs droits et pas assez à remplir leurs devoirs. Cette mise à pied n’est que temporaire ; elle devient définitive en certaines circonstances et c’est alors une destitution. »

(Charles Nisard)

Mettre au pied du mur

France, 1907 : Pousser quelqu’un dans ses derniers retranchements, le mettre dans l’impossibilité de répondre, comme quelqu’un qui, placé entre un mur et son ennemi. doit s’avouer vaincu.

Mettre les pieds dans le plat

Delvau, 1866 : Ne conserver aucun ménagement, ne prendre aucune précaution, ni garder aucune mesure en parlant ou en agissant. Argot du peuple.

France, 1907 : Parler ou agir sans retenue, sans ménagement.
M. John Lemoine, l’académicien, dans un parallèle entre Jonathan et John Bull, a écrit du premier : « Il est un peu casseur d’assiettes, il met les pieds dans de plat. »

Mise à pied

Larchey, 1865 : Mise en non activité.

Une mise à pied enseigna à notre inspecteur à faire plus exactement son service.

Canler.

Delvau, 1866 : s. f. Privation de fonctions et d’appointements. Argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Suppression momentanée de paye pour un cocher, un agent de police. — Interdiction momentanée de jouer faite à un acteur par son directeur, sans suppression d’appointements.

France, 1907 : Privation temporaire de fonctions, et par conséquent d’appointements. Voir Mettre à pied.

Montante, lève-pieds

La Rue, 1894 : Échelle.

Moucher du pied (ne pas se)

Delvau, 1866 : Avoir le geste prompt et le soufflet facile. Signifie aussi Avoir des allures de bourgeois, et même de grand seigneur. On dit dans le même sens : Ne pas se moucher du coude.

France, 1907 : Expression populaire employée à l’égard de quelqu’un qui a de la fortune, des rentes, qui se donne du genre, ou qui a simplement une bonne éducation. « Il ne se mouche pas du pied », dit-on.
Elle viendrait de ce qu’autrefois l’un des tours les plus familiers aux paillasses et aux pitres était de se passer rapidement le pied sous le nez. Les polissons et les voyous s’amusaient à imiter ce tour grotesque et ridicule, le contraire des bonnes manières et de la gravité.
On emploie aussi cette expression pour désigner un homme instruit et habile, et c’est dans ce sens qu’on trouve au premier acte de Tartuffe :

Certes, Monsieur, Tartuffe, à bien prendre la chose,
N’est pas ou homme, non, qui se mouche du pied.

Les Grecs disaient : se moucher du coude, allusion à un mouvement bien connu des pauvres gens qui, n’ayant pas de mouchoir, se servent de leur avant-bras pour s’essuyer le nez. « Je suis fils d’un homme qui se mouchait du coude », répondit Antisthènes le cynique à quelqu’un qui le questionnait sur sa famille.
Dans son Dictionnaire des Curieux, Ch. Ferrand donne une autre explication de cette expression : « Le verbe réfléchi se moucher n’a rien à voir dans cette locution… Le texte primitif était : ne pas s’émoucher du pied.
« Émoucher veut dire encore chasser les mouches, abigere muscas.
« Émouchette, émouchoir désignent des objets, des instruments qui servent à chasser les mouches, et émoucheur désigne une personne dont la fonction consiste à empêcher les mouches d’approcher d’une autre personne…
« Du temps de Rabelais, on disait émoucheteur. À Rome, il y avait des émoucheurs de profession, ou plutôt des esclaves uniquement chargés de chasser les mouches des maisons… Soit parce que les mouches sont chez nous moins importunes et moins nombreuses qu’à Rome, soit parce que nous sommes moins sybarites, chacun se charge de faire soi-même la police sur son visage. Donc, l’homme s’émouche avec la main… toutes les bêtes, même celles pourvues d’un appendice, s’émouchent avec le pied. Voilà pourquoi nos pères disaient ne pas s’émoucher du pied, en parlant d’un homme qui n’était pas une bête.

— Deux ans, rien que deux ans et vous serez convaincues l’une et l’autre, que si je ne me mouche pas du pied, ainsi que vous me l’avez quelquefois reproché, je n’ai pas besoin de mes pouces ni d’aucun de mes doigts pour m’essuyer les narines.

(Léon Cladel, Juive errante)

Mouches (envoyer des coups de pied aux)

Rigaud, 1881 : Mener une conduite déréglée, — dans le jargon des coulisses. C’est ce que le peuple appelle : Jeter son bonnet par-dessus les moulins.

Mouiller les pieds (se)

Fustier, 1889 : Aller à Nouméa.

Interrogé, il s’écria : Vous me ferez faucher le pré, mais je ne veux pas que les camarades se mouillent les pieds.

(Événement, 1882.)

Ne pas se donner de coups de pied

Larchey, 1865 : Se vanter.

Ne pas se moucher du pied

Larchey, 1865 : Voir Moucher. — En 1808, on disait dans le même sens : Ne pas se moucher sur sa manche.

Larchey, 1865 : Agir grandement. — Mot à mot : en personne qui sait vivre et non comme le voyou qui se mouche dans ses doigts, pour effacer avec le pied la trace de la déjection qu’il a rejetée a terre.

Mais c’est des artistes… qui ne se mouchent pas du pied.

Désaugiers.

Ce petit vin colorié Ne se mouche pas du pié.

J. Moineaux.

Quoi ! ton amour contrefait déjà l’estropié. Crois-tu que je sois femme à me moucher du pié.

Le Rapatriage, parade, dix-huitième siècle.

Nez en pied de marmite

Rigaud, 1881 : Nez court et gros du bout.

Rossignol, 1901 : Nez retroussé.

France, 1907 : Nez court et gros.

Partir du pied droit

Delvau, 1866 : Bien commencer une affaire, l’engager gaiement et résolument. Argot du peuple. Quand on veut décider quelqu’un on dit : « Allons, partons du pied droit ! » C’est un ressouvenir des superstitions païennes. Quand Encolpe et Ascylte se disposent à entrer dans la salle du banquet, un des nombreux esclaves de Trimalcion leur crie : Dextro pede ! Dextro pede !

France, 1907 : S’engager gaiement et franchement dans une affaire. Cette expression vient, sans doute, de ce que les soldats, dans les mouvements militaires, partent toujours du pied droit. Cependant A. Delvau prétend que c’est un ressouvenir des superstitions païennes. « Quand Encolpe et Ascylte se disposent à entrer dans la salle du banquet, un des nombreux esclaves de Trimalcion leur crie : Dextro pede ! Dextro pede ! « Pied droit ! Pied droit ! »

Persil dans les pieds (avoir du)

Delvau, 1866 : Se dit d’une femme qui a les pieds sales — à force d’avoir marché.

Petit pied, petit con

Delvau, 1864 : Proverbe qui forme pendant avec cet autre : Long nez, longue pine.

Regarde au nez et tu verras combien
Grand est celui qui aux femmes fait bien ;
Regarde su pied pour au rebours connaître
Quel le vaisseau d’une femme doit être.

(Moyen de parvenir.)

Petits pieds sales

France, 1907 : Petites figurantes à l’Opéra qui n’ont pas encore trouvé de protecteurs riches pour leur payer une voiture.

— Alors, marquis, lui disait la Salvia, vous donnez dans les petits pieds sales ? On m’a parlé de cela à l’Opéra. Il paraît qu’elle est très jolie de corps et qu’elle a une jambe parfaite… Soyez francs, dans combien de temps allez-vous me lâcher tout à fait et jusqu’à quel âge laissez-vous mûrir ce petit abricot ?…

Les petits pieds sales couraient se regarder dans une large glace qui était au fond de la loge ; elles se plantaient devant, se tournaient, se retournaient, appelaient l’habilleuse ou leur mère si quelque chose n’allait pas bien, sortaient pour descendre au foyer, et, dès qu’elles avaient fini, elles remontaient en sautant, en gambadant, se déshabillaient hâtivement, jetaient leur costume à l’habilleuse, passaient leurs robes, et se dispersaient.

(Edgar Monteil, La Jambe)

Pied

d’Hautel, 1808 : Donnez un coup de pied jusqu’à cet endroit. Manière de parler métaphorique, pour engager quelqu’un à se transporter dans un lieu.
Il a un petit pied, mais les grands souliers lui vont bien. Se dit par raillerie d’une personne qui a le pied gros et mal fait, et qui a la prétention de se chausser en pied mignon.
Mettre les pieds dans le plat. Pour, ne plus garder de mesure ; casser les vitres.
J’en ai cent pieds par-dessus la tête. Pour, je suis dégoûté de cette affaire ; je donnerois volontiers tout au diable.
Il a trouvé chaussure à son pied. Pour dire, il a rencontré ce qu’il lui falloit ; et, dans un sens contraire, il a trouvé à qui parler ; quelqu’un qui lui a résisté.
Déferré des quatre pieds. Battu à plattes coutures.
Il se trouvera toujours sur ses pieds. Signifie qu’un homme industrieux et laborieux, quelque chose qui arrive, trouvera toujours de quoi subsister.
Il croit tenir Dieu par les pieds. Se dit pour exagérer le contentement de quelqu’un.
Il a eu un pied de nez. Se dit d’un homme qui a été trompé dans ses espérances ; qui a reçu quelque mortification.
La vache a bon pied. Pour dire qu’un plaideur est riche ; qu’il peut satisfaire aux frais d’un procès.
Elle n’a point de pieds. Se dit d’une chose que l’on attend, et qui n’arrive pas comme on le désire.
Tenir le pied sur la gorge à quelqu’un. Lui faire des propositions déraisonnables ; le tenir avec beaucoup de sévérité.
Il fait cela haut le pied. Pour, d’une manière supérieure, avec habileté, perfection.
Elle sèche sur pied. Se dit d’une personne consumée par le chagrin et la tristesse.
Il voudroit être à cent pieds sous terre. Se dit d’un homme qui est dégoûté de la vie ; qui mène une vie malheureuse.
C’est un pied d’Escaut, un pied plat, un pied poudreux. Se dit d’un misérable, d’un chevalier d’industrie, d’un homme obscur, sans moyens, sans fortune, et qui ne jouit d’aucune considération.
Chercher quelqu’un à pied et à cheval. Le chercher partout.
Faire rage de ses pieds tortus. Intriguer ; se donner beaucoup de mouvement pour la négociation d’une affaire.
Les petits pieds font mal aux grands. Se dit d’une femme qui se trouve souvent mal dans sa grossesse.
Quand on lui donne un pied, il en prend quatre. Se dit d’un homme entreprenant, qui abuse de la liberté qu’on lui a donnée.
Faire le pied de derrière. Saluer avec le pied ; faire des révérences à n’en plus finir.
Faire le pied de grue. C’est-à-dire, le soumis, l’hypocrite, le tartuffe ; s’humilier devant quelqu’un dont on veut tirer parti.
Faire le pied de veau. Flatter, caresser, cajoler quelqu’un qui est puissant ; lui marquer de l’obéissance, de la soumission.
Il ne faut pas lui marcher sur le pied. Se dit d’une personne susceptible qui se pique de la moindre des choses, et que l’on n’offense pas impunément.
Être en pied. Pour dire, être sur ses gardes ; être en mesure ; être en fonds ; être bien dans ses affaires.
Faire pieds neufs. Mettre un enfant au monde ; accoucher.
Mettre quelqu’un au pied du mur. Le réduire au silence ; le confondre ; le mettre hors d’état de répondre.
Au pied de la lettre. Pour dire, à proprement parler.
Des pieds de mouches. On appelle ainsi une écriture mal formée, difficile à lire.
Disputer sur des pieds de mouches. C’est-à dire, sur des bagatelles.
Mettre quelqu’un sur le bon pied. Le contraindre à faire son devoir.
Aller de son pied gaillard. Voyager lestement et sans frais.
Vous êtes encore sur vos pieds. Pour dire, vous êtes encore en état de faire ce qu’il vous plaira.

Halbert, 1849 : Sol.

Fustier, 1889 : Part. Ce à quoi on a droit.

Mon pied ! ou je casse ! Ma part ou je te dénonce.

(Humbert, Mon bagne)

La Rue, 1894 : Part. En avoir son pied. En avoir suffisamment.

Hayard, 1907 : Partage.

France, 1907 : Part, affaire ; argot faubourien. En avoir son pied, en avoir assez ; ça fait le pied, ça fait l’affaire ; il y a pied, il y a moyen. Mon pied, ou je casse, ma part ou ça va se gâter.

Pied (avoir son)

Rossignol, 1901 : Part, compte.

J’ai quatre atouts dans mon jeu, j’ai mon pied.

Pied (donner un coup de)

Larchey, 1865 : Marcher vivement. — V. d’Hautel, 1808.

Je vais donner un coup de pied jusque dans les salons.

About.

Pied (en avoir son)

Rigaud, 1881 : En avoir assez.

France, 1907 : En avoir assez.

Pied (être)

Rigaud, 1881 : Étaler sa bêtise, — dans le jargon des collégiens.

La Rue, 1894 : Être bête (comme ses pieds).

Pied (lever le)

France, 1907 : Partir, se sauver.

La petite baronne a quitté le baron. Il paraît qu’il la battait comme plâtre. « Puisqu’il levait la main sur moi, j’ai levé le pied, dit-elle. »

Au pied levé, rapidement.

Un inconnu se précipite chez l’avocat :
— Pardonnez-moi mon indiscrétion… C’est une affaire à plaider au pied levé.
L’avocat, se disposant à prendre des notes :
— Très bien… Chez qui étiez-vous caissier ?

(Le Journal)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique