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À la bonne (prendre une chose)

France, 1907 : La prendre de bonne humeur ; faire contre fortune bon cœur. Avoir quelqu’un à la bonne se dit pour aimer.

Adroit comme un prêtre normand

France, 1907 : Maladroit, gaucher. Cette ironie proverbiale vient de ce que saint Gaucher était prêtre en Normandie. Elle porte simplement sur l’équivoque de gaucher avec le nom du saint.

Agacer le sous-préfet

Delvau, 1864 : Se masturber. — L’expression est tout à fait moderne, et fréquemment employée, quoique d’une étymologie difficile.

Aller au pré

Halbert, 1849 : Condamné au bagne.

Apprendre

d’Hautel, 1808 : Il fait bon vivre et ne rien savoir, on apprend toujours. Se dit malignement et pour tourner en dérision les leçons qu’on reçoit quelquefois de gens fort ignorans.
Il veut apprendre à son père à faire des enfans. Se dit par raillerie d’un jeune inconscient qui veut remontrer à un homme plus savant et plus expérimenté que lui.

Apprenti

d’Hautel, 1808 : et vulgairement Apprend rien. Sobriquet que l’on donne à un enfant dénué de capacité et de goût, qui ne fait aucun progrès dans son métier, et dont on désespère de faire un sujet.

Delvau, 1866 : s. m. Premier grade de la maçonnerie symbolique.

Apprentif

Delvau, 1866 : s. m. Jeune garçon qui apprend un métier, — dans l’argot du peuple, fidèle à l’étymologie (Apprehendivus) et à la tradition : « Aprentif jugleor et escrivain marri, » dit le Roman de Berte.

France, 1907 : Apprenti. En ce cas, l’argot populaire est fidèle à l’étymologie.

Après

d’Hautel, 1808 : Après lui, il faut tirer l’échelle. Pour dire il a atteint le plus haut degré de perfection ; il n’y a plus rien à faire après lui.
Après la pluie vient le beau temps. Signifie que le mauvais temps, les circonstances malheureuses, ne peuvent pas toujours durer ; et qu’un temps orageux présage assez ordinairement des jours calmes et sereins.
Après la pause vient la danse. C’est-à-dire qu’après avoir fait honneur à la table, il cst naturel de rechercher les agrémens que procure la danse.
Il va trop de chiens après cet os. Se dit bassement en parlant d’une succession où il y a beaucoup d’héritiers, pour exprimer que la part de chacun sera fort petite ; d’un emploi brigué par un grand nombre de concurrens ; d’une femme qui, comme Pénélope, est obsédée de galans et d’adorateurs.

Après la panse, vient la danse

Delvau, 1864 : Vieux proverbe : Après la mangeaille, la fouterie.

Pour se mettre en humeur, il faut emplir la panse ;
Sans Cérès et Bacchus, Vénus est sans pouvoir ;
Un ventre bien guédé est plus prompt au devoir :
Après la panse, aussi, ce dit-on, vient la danse.

(Proverbes d’amour.)

Auprès

d’Hautel, 1808 : S’il n’en veut pas, qu’il se couche auprès. C’est-à-dire, qu’il aille se promener, qu’il aille au diable ; se dit de quelqu’un qui refuse ce qu’on lui présente, et pour affirmer qu’on n’est pas disposé à satisfaire ses caprices.

Avoir une belle presse

Fustier, 1889 : Être complimenté par tous les journaux.

Madame est en train de lire ses journaux… Madame, à ce qu’il paraît, n’a jamais eu une si belle presse !

(De Goncourt, La Faustin)

Bain (prendre un)

Rigaud, 1881 : Boire beaucoup, — dans le jargon des ivrognes. C’est un amarre que j’attends pour aller prendre un bain. Nous avons pris un fameux bain.

Barbe (en prendre une)

Virmaître, 1894 : Se pocharder. Dans les imprimeries quand un camarade a pris une barbe, on dit aussi qu’il était chargé à cul. Allusion au cheval qui ne peut pas avancer quand sa charge est trop lourde (Argot d’imprimerie).

Barbe (prendre la)

Larchey, 1865 : S’enivrer.

La Saint-Jean d’hiver, la Saint-Jean d’été, la Saint-Jean-Porte-Latine, le moment qui commence les veillées, celui qui les voit finir, sont autant d’époques où (pour les compositeurs d’imprimerie) il est indispensable de prendre là barbe.

Ladimir.

Bon premier

Fustier, 1889 : Argot de courses. Un cheval arrive bon premier quand il a fourni la course bien avant ses concurrents. Il est bon dernier quand il arrive non seulement le dernier, mais encore avec un retard considérable sur les autres chevaux.

Bon premier (arriver)

France, 1907 : Se montrer supérieur ; terme emprunté au jargon des courses.

Bonne (prendre à la)

Larchey, 1865 : Prendre en bonne amitié. — Être à la bonne : Être aimé.

Je ne rembroque que tézigue, et si tu ne me prends à la bonne, tu m’allumeras bientôt caner.

(Vidocq)

Bonne : Bonne histoire.

Ah ! par exemple, en v’là une bonne.

Cormon.

Bonne-grâce : Toile dans laquelle les tailleurs enveloppent les habits.

Le concierge de l’hôtel dépose qu’il a vu Crozard traverser la cour avec une bonne grâce sous son bras.

La Correctionnelle.

Bouchon (prendre, remporter un)

Hayard, 1907 : Échec (ramasser un) tomber.

Branlotter le prépuce

Delvau, 1864 : Ôter et remettre le petit chapeau de chair qui le protège et le rend si tendre au moindre contact.

Te souviens-tu de ta sœur Luce
Qui me branlottai le prépuce ?

(Parnasse satyrique.)

Café (prendre son)

Rigaud, 1881 : S’amuser aux dépens de quelqu’un. — Fort de café, très fort, peu supportable. Misérable jeu de mots comme on en commettait tant, il y a quelques années ; de la même famille que : « Elle est bonne d’enfants », pour dire qu’une chose est amusante. Fort de café est pour fort eu café, trop chargé en café, expression empruntée aux amateurs de café au lait.

Calèche du Préfet

Virmaître, 1894 : Le panier à salade qui transporte les voleurs des postes de police au Dépôt de la préfecture (Argot des voleurs).

France, 1907 : Voiture cellulaire.

Câpre

Rigaud, 1881 : Chèvre. — Câpres, crottes de chèvre.

Chapelle (préparer sa petite)

Rigaud, 1881 : Ranger dans le sac tous les objets d’équipement, — dans le jargon des troupiers.

Chausser le pied droit le premier

France, 1907 : Vieille coutume qui consiste à tout commenter et à tout faire du côté droit. La droite portait bonheur, la gauche malheur, d’où sinistre, de sinistra, gauche. Les parents, au lieu de nous habituer à nous servir également de nos membres, stérilisent le gauche en faveur du droit, et l’instinct de la routine est tel qu’a l’égard de nos enfants nous agissons comme eux. Chausser le pied droit le premier est encore, dans maintes campagnes, un présage de réussite, de bonheur pour la journée.

Quand aucune femme porte des chappons à la bonne ville, pour les vendre, où autres choses, s’elle, d’aventure, chausse au matin son pied droit le premier, elle aura bonheur de bien vendre.

(Les Évangiles des quenouilles)

Chèvre (prendre la, gober la)

Rigaud, 1881 : Être en colère. Vieille expression remise dans la circulation par les typographes et que l’on rencontre déjà dans Régnier.

Et n’est Job, de despit, qui n’en eust pris la chèvre.

(Sat. X.)

Chien coiffé (s’éprendre du premier)

Rigaud, 1881 : S’éprendre de la première femme venue. On disait autrefois pour exprimer la même idée : Cet homme aimerait une chèvre coiffée. (Le Roux, Dict. comique.)

Comprendre (la)

Rigaud, 1881 : Voler. Mot à mot : comprendre la vie de voleur.

La Rue, 1894 : Voler.

France, 1907 : Voler ; augmentatif de prendre.

Courrier de la préfecture

Fustier, 1889 : Voiture cellulaire.

France, 1907 : Voiture cellulaire, vulgairement appelée panier à salade.

Croire le premier moutardier du pape (se)

Delvau, 1866 : Se donner des airs d’importance, faire le suffisant, l’entendu, — dans l’argot du peuple, qui a ouï parler du cas que les papes, notamment Clément VII, faisaient de leurs fabricants de moutarde, justement enorgueillis.

France, 1907 : Se donner et se croire beaucoup d’importance ; montrer une suffisance que rien ne justifie. Ce dicton populaire vient de ce que le pape Clément VIII éleva a des postes importants dans ses cuisines trois marmitons qui excellaient à préparer la moutarde.

Cuite (en prendre une)

Virmaître, 1894 : Se saouler royalement (Argot du peuple). V. Culotte.

Culotte (en prendre une)

Virmaître, 1894 : Être abominablement pochard. On dit également : il est cuit, il a trop chauffé le four (Argot du peuple).

Culotte (prendre ou attraper une)

France, 1907 : Perdre une grosse somme au jeu. Jouer la culotte, fermer le jeu, aux dominos.

Culotte (prendre une)

Boutmy, 1883 : v. S’enivrer. Avoir une culotte, Être ivre. Expression commune à d’autres argots. V. Poivreau.

Virmaître, 1894 : Perdre une grosse somme au jeu (Argot des joueurs).

Dahoméen (prendre du)

France, 1907 : Se livrer à des actes hors nature.
Il paraît que les Dahoméens sont sujets à ce vice qui faisait les délices de Henri III et de Frédéric le Grand ; mais combien de Parisiens du grand et du petit monde imitent les Dahoméens !

Derrière le premier (se lever le)

Rigaud, 1881 : Se lever de mauvaise humeur. — Être de mauvaise humeur dès le matin.

France, 1907 : Se réveiller de mauvaise humeur.

Diable en prendra les armes (le)

France, 1907 : Expression de l’argot populaire, signifiant qu’une chose est si étonnante ou si effrayante qu’elle surprendrait le diable même.

Diable en prendrait les armes ! (le)

Delvau, 1866 : Expression de l’argot du peuple, qui l’emploie pour renforcer une menace, pour donner plus de poids à un ultimatum. Se dit aussi à propos d’un grand vacarme « où l’on n’entendrait pas Dieu tonner ». Quand on n’entend pas Dieu tonner, c’est qu’en effet le « diable en a pris les armes ».

Diable en prendrait les armes (que le)

Rigaud, 1881 : Exorbitant. Dire, faire une chose étonnante, tenir un propos tellement extravagant, donner de telles preuves de courage… en paroles, que le diable, effrayé, en prendrait les armes, s’il les entendait.

École préparatoire

Fustier, 1889 : Prison.

France, 1907 : Prison. Elle prépare en effet à tous les vices et à tous les crimes.

Enterrement de première classe

Rigaud, 1881 : Critique empreinte d’un faux attendrissement. Elle procure en moyenne cent cinquante lignes de copie à son auteur et le plaisir de conduire une œuvre — le plus souvent l’œuvre d’un ami — à sa dernière demeure, l’oubli éternel.

Epprener

Virmaître, 1894 : Appeler quelqu’un. L’anseignot vient d’éprener bancalo pour aller au rastue (greffe) (Argot des voleurs). N.

Hayard, 1907 : Appeler.

Épreuve

Boutmy, 1883 : s. f. Première feuille imprimée destinée aux correcteurs ou aux auteurs, pour qu’ils y indiquent les fautes commises par les compositeurs. On distingue l’épreuve en première, la première d’auteur, le bon, la tierce et la révision.

Étourdi comme le premier coup de matines

France, 1907 : Ce dicton, qui n’est plus guère en usage, faisait allusion aux moines et aux nonnes que le premier coup de matines réveillait en sursaut, et qui se rendaient à la chapelle faire leurs patenôtres encore tout étourdis de ce brusque réveil.

Être près de ses pièces

Delvau, 1866 : N’avoir pas d’argent ou en avoir peu. Argot du peuple.

France, 1907 : Voir le fond de sa bourse.

Être prêt

Delvau, 1864 : Bander suffisamment pour faire le voyage à Cythère.

À quoi bon, puisque tu n’es pas prêt ! — Oh ! tes caresses vont me ranimer !

Lemercier de Neuville.

Extra avec une femme (prendre de l’)

France, 1907 : Manière de faire l’amour fort appréciée des Orientaux ; ce que les Romains appelaient sacrifier à Venus aversa.

Faucher le grand pré

France, 1907 : Subir sa peine au bagne. Cette expression vient des anciens forçats qui ramaient sur les galères de l’État ; leurs rames étaient comparées à une faux et la mer à un pré.
On trouve dans le Gil Blas de Lesage : « émoucher la mer avec un éventail de vingt pieds ».

Fête le fou reste (après la)

France, 1907 : On emploie cette expression au sujet des gens qui, ayant été invités à une soirée, une fête, une noce, ne se décident pas à partir.
« Le premier qui a dit qu’après la fête le fou reste devait être un rude astrologue », s’écrie Jean-l’ont-pris, héros d’un conte languedocien du XVIIIe siècle.

(Histoire de Jean-l’ont-pris, par l’abbé Favre)

Feu (prendre)

France, 1907 : S’emmouracher.

— Tu perds ton temps, tu sais, mon bonhomme ; j’suis un peu comme les nouvelles allumettes, j’prends pas feu comme ça.

(Almanach des Parisiennes)

Fil (prendre un)

Rigaud, 1881 : Prendre un verre d’eau-de-vie. Mot à mot : un verre de fil-en-quatre.

Grand pré

Hayard, 1907 : Le bagne.

Grand pré (le)

Virmaître, 1894 : Bagne. Les voleurs, autrefois, appelaient ainsi Toulon et Brest ; depuis ils disent la Nouvelle (Argot des voleurs).

Grand-pré

France, 1907 : Le bagne.

Grève (prendre un ouvrier à la)

Rigaud, 1881 : Prendre le premier venu.

Il faut tirer l’échelle (après lui)

France, 1907 : Se dit de quelqu’un qu’on ne peut surpasser, qui est le premier dans sa profession, qui mérite le prix. Cette expression vient du temps où la potence se dressait en maints carrefours. L’échelle en question est celle de la plate-forme patibulaire. L’usage était, quand il y avait plusieurs condamnés, de pendre le plus coupable le dernier, comme on le pratique encore pour la guillotine. Après le dernier pendu, on retirait l’échelle, dont on n’avait plus besoin. Ce dicton, désignant d’abord le plus criminel, s’appliqua à quiconque surpassait les autres, soit en mal, soit en bien. « C’est un maître paillard que le curé de Saint-Marlou : après lui, il faut tirer l’échelle ! » ou bien : « M. le sénateur Bérenger est un homme d’une haute vertu ; après lui, il faut tirer l’échelle ! »

De retour à Paris, las de tant de combats,
Je régale mes gens d’un splendide repas,
Lesquels me font présent d’une très riche épée,
Où tout au long ma vie étoit développée ;
L’art y brilloit partout du haut jusques en bas ;
Surprise, guerre ouverte, embuscades, combats,
Ruse, fuite, retour, mariage, amourettes,
Délibérations, tentatives, retraites,
Quel chef-d’œuvre ! Il falloit tirer l’échelle après,
Le bouclier d’Achille étoit guenille auprès.

(Nicolas Racot de Grandval, Cartouche)

Il ne faut pas se marier pour la première nuit de ses noces

France, 1907 : Lorsqu’on prend femme, il ne faut pas seulement songer au plaisir de la concupiscence, mais consulter la raison. L’amour passe et la femme reste. Si une femme n’a d’autre qualité que sa beauté, en vieillissant elle devient haïssable. Locution qui a son équivalent en celle-ci : Il ne faut pas se marier pour les yeux.

Impressionnisme

Rigaud, 1881 : École de peinture ultra-réaliste qui, sans nul souci du dessin et de la composition, prétend produire des impressions, et ne produit que de mauvaises impressions sur le public.

Impressionniste

Rigaud, 1881 : Peintre ultra-réaliste. Les impressionnistes ou impressionnalistes ne peignent que l’impression. Ils jettent quelques tons sur la toile sans s’occuper ni de l’harmonie des couleurs, ni du dessin, ni du reste. Leurs œuvres ressemblent à des esquisses informes. C’est l’indication, ce n’est pas le tableau.

Chose singulière ! Duranty qui tient à ce qu’on a appelé, depuis Champfleury, l’école du réalisme, ne comprend pas toujours la peinture de Manet. Faut-il en conclure que, malgré ce qu’on pourrait penser, réalistes et impressionnistes ne regardent pas avec les mêmes yeux ?

(Maxime Rude.)

France, 1907 : Peintre qui se contente de jeter sur la toile l’impression qu’il ressent, sans se soucier de celle qu’il donne. Nombre d’impressionnistes sont des fumistes qui cachent sous des paquets de couleurs leur ignorance du dessin. Ingres eût dit, s’il avait connu ce genre nouveau de jeter non de la poudre, mais des couleurs aux yeux : « C’est la déshonnêteté de la peinture. »

Quelques-uns, les plus roublards, se servent d’un procédé presque enfantin.
Comme le pitre sur ses tréteaux, ils annoncent leur présence au publie en tirant des coups de pistolet pour l’amener devant leur baraque. Dans la nécessité, pour percer, de faire original, ils font étrange, voire même grotesque. Pour ne citer qu’un seul exemple typique : Manet, le père de l’impressionnisme, se faisait refuser exprès au Salon de 1863. Tels tous ses imitateurs.

(Max Brœmer, La Petite République)

Inexpressible

Larchey, 1865 : Pantalon.

Au sortir des bancs du collège, où nous avions usé, tous deux, pendant huit mortelles années, ce que la pruderie anglaise exprime par inexpressible.

Mornand.

Delvau, 1866 : s. m. Pantalon, — dans l’argot des Anglaises pudiques, qui est devenu celui des gouailleurs parisiens.

France, 1907 : Pantalon. Ce mot nous vient en droite ligne de l’autre côté de la Manche. Les pudibondes Anglaises n’osent prononcer le mot pantalon, mais elles contemplent sans vergogne l’homme in naturalibus.

Jambes à son cou (prendre ses)

France, 1907 : S’enfuir, courir de toutes ses forces.

Manière de courir,
Pas commode du tout.

dit la chanson. C’était cependant la meilleure façon de se sauver pour ceux qui l’employaient, si l’on songe que les jambes dont il s’agit étaient des béquilles. Cette singulière locution vient, en effet, du temps de la fameuse Cour des miracles, réunion de tous les mendiants et malandrins de Paris. Dès que l’alerte était donnée, qu’on annonçait l’arrivée du guet ou de la maréchaussée, faux estropiés, faux culs-de-jatte, faux boiteux jetaient leurs béquilles sur leurs épaules, et faisant reprendre à leurs vraies jambes leur rôle naturel, couraient avec les fausses, pendues à leur cou.

L’absinthe ne vaut rien après déjeuner

Boutmy, 1883 : Locution peu usitée, que l’on peut traduire : Il est désagréable, en revenant de prendre son repas, de trouver sur sa casse de la correction à exécuter. Dans cette locution, on joue sur l’absinthe, considérée comme breuvage et comme plante. La plante possède une saveur amère. Avec quelle amertume le compagnon restauré, bien dispos, se voit obligé de se coller sur le marbre pour faire un travail non payé, au moment où il se proposait de pomper avec acharnement. Déjà, comme Perrette, il avait escompté cet après-dîner productif.

Lancier du préfet

Delvau, 1866 : s. m. Balayeur, — dans l’argot des faubouriens.

Virmaître, 1894 : Balayeur. Allusion au long manche du balai qui ressemble à celui de la lance des lanciers (Argot du peuple).

France, 1907 : Balayeur des rues.

Après la cérémonie bondieusarde, au lieu d’aller prendre les instruments qui leur ont fait donner le surnom de lanciers du préfet et de se mettre à faire la toilette de la voie, les insatiables cantonniers allèrent continuer la fête religieuse au siège de leur société, sans négliger toutefois d’y mélanger quelques distraction profanes.
À chaque signe de croix, il paraît que l’on buvait un coup.

(L. Sourdillon)

Dans l’argot de l’École de cavalerie, le lancier du préfet est le commissionnaire.

Les maîtres d’hôtel défilèrent d’abord. Puis les cafetiers, les loueurs de voitures, les bijoutiers, les libraires, les artistes capillaires ; enfin la noble corporation des commissionnaires et que nous appelions les lanciers du préfet. Ce sont eux qui portent les billets doux à ces dames, et vous donnent toutes les indications nécessaires ; de plus, ils sont électeurs.

(Théo-Critt, Nos Farces à Saumur)

Limonade de linspré

Rigaud, 1881 : Champagne, — dans le jargon des voleurs. C’est mot à mot : limonade de prince.

France, 1907 : Vin de Champagne. Linspré est l’argot largonji de prince.

Linspré

Delvau, 1866 : s. m. Prince, — dans l’argot des voleurs, qui cultivent l’anagramme comme le grand Condé les œillets.

Rigaud, 1881 : Prince, — dans le jargon des voleurs. — Mot retourné.

La Rue, 1894 : Prince.

France, 1907 : Prince ; argot des voleurs, d’après les règles de largonji.

Linspre ou l’insapré

Virmaître, 1894 : C’est plutôt cette dernière expression qui est la vraie, car elle signifie inspecteur et non prince (Argot des bouchers).

Manche (avoir la première)

France, 1907 : « Chez nous, l’émeute, sous toutes ses formes, a toujours la première manche et ne cède que devant les forces organisées de la police ou de l’armée. »

(Nestor, Gil Blas)

Manger du prêtre

France, 1907 : Dénoncer en paroles ou en écrits les méfaits du clergé. C’était, il y a quelques années, l’habitude de certains journalistes de manger tous des matins du prêtre. Ils en ont tant donné à manger au public qu’il en a eu une indigestion. Le malaise passé, on y reviendra, car ces Messieurs du clergé nous confectionnent de temps à autre des plats remplis de condiments.

Manger du prêtre doit être évidemment une nourriture aussi répugnante que malsaine. Certains tempéraments cependant en prennent l’habitude et ne s’en trouvent pas plus mal, témoin Voltaire, qui passa le plus clair de son existence à mordre la gent ensoutanée et ne vécut pas moins jusqu’à quatre-vingt-quatre ans.
Il est vrai que le dénommé Mithridate avait longtemps avant lui tellement pris l’habitude des poisons violents, qu’il les absorbait impunément.

(Ch. Perinelle)

Manger son pain blanc le premier

Delvau, 1866 : v. a. De deux choses faire d’abord la plus aisée ; s’amuser avant de travailler, au lieu de s’amuser après avoir travaillé. Cette expression, — de l’argot du peuple, signifie aussi : Se donner du bon temps dans sa jeunesse et vivre misérablement dans sa vieillesse.

France, 1907 : On dit d’un homme qui, après avoir été dans l’aisance, se trouve dans la gêne, qu’il a mangé son pain blanc le premier. Cette locution nous reporte au temps où l’on mettait le pain blanc an rang des comestibles les plus délicats. Dans le XIVe siècle, le pain blanc le plus renommé était celui de Chailli, village près de Longjumeau. Le pain de Gonesse acquit de la réputation au XVIe siècle. À cette époque même, la vente du pan blanc n’était que tolérée, le gouvernement craignait qu’on en mangeât trop ! Les pains ordinaires étaient le pain bourgeois, nommé depuis pain de ménage, le pain bis-blanc et le pain bis. Il ne faut pas compter le pain de chapitre, pain inventé par un boulanger du chapitre de Notre-Dame de Paris : il ne différait du pain bourgeois que parce qu’il était moins plat. — Il est fils de prêtre, dit un adage du XVIe siècle, il mange son pain blanc le premier.

Marie-mange-mon-prêt

Fustier, 1889 : Argot militaire. Maîtresse du soldat.

France, 1907 : Fille à soldat, avec laquelle celui-ci dépense son argent. On dit quelquefois simplement Mange-mon-prêt.

… Dans la famille, toutes les filles aînées étaient fatalement d’incorrigibles gouges, de la chair à soldats et à matelots, des Mange-mon-prêt finies, inévitablement condamnées au parquage infamant des filles soumises.

(Paul Bonnetain, Argot de la caserne)

Mettre sous presse

Delvau, 1866 : v. a. Mettre en gage.

Mitaines (prendre des)

France, 1907 : Agir on parler avec circonspection.

… Notre état,
C’est de fouetter au sang, comme Croquemitaine,
Tous les petits vauriens, sans prendre de mitaines.

« On en met trop », dit le docteur Grégoire, et il a raison. Pourquoi tant de mitaines pour parler à des fumistes !

Mouche (prendre la)

France, 1907 : Se fâcher, se piquer, se formaliser pour peu de chose. On dit d’une personne trop susceptible qu’elle prend souvent la mouche. Les Français passent pour être dans ce cas. Un psychologue allemand s’est demandé quelle était l’attitude d’un homme découvrant qu’on lui a servi une mouche dans son verre de bière. Il a obtenu, à la suite d’observations réitérées, les résultats suivants :
« L’Espagnol paie et sort. Le Français prend d’abord la mouche du bout des doigts et l’écrase puis il prend la mouche — au figuré — et couvre le personnel d’invectives ! L’Anglais répand la bière sur le plancher, s’écrie : « Garçon, encore un bock ! » et parle aussitôt d’autre chose. L’Allemand retire la mouche, puis boit la bière. Le Russe ne s’inquiète pas pour si peu : il avale la mouche et la bière. Enfin de Chinois savoure d’abord la mouche en gourmet, puis hume lentement le bock. »

Je fis un soir la connaissance
D’un aimable petit tendron,
Qu’avait une tell’ redondance
Qu’on aurait dit deux p’tits bidons !…
Ell’ ne fut pas du tout farouche,
Et quand… dans l’cou je l’embrassai,
La belle, au lieu de prendr’ la mouche,
En se pâmant me répétait :
Au temps !…
R’commencez-moi c’mouvement !
Tâchez d’aller plus viv’ment !

(Griolet)

Moutarde après dîner

Rigaud, 1881 : Trop tard, chose inutile, qui n’est pas venue au moment opportun.

France, 1907 : Chose désirée qui arrive quand on n’en a plus besoin.

Moutardier du pape (premier)

Rigaud, 1881 : Sot orgueilleux.

Muffée (prendre une)

anon., 1907 : Se griser.


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