Coquer le taf ou le taffe
France, 1907 : Faire peur.
Un jour, vers la brune, vêtu en ouvrier des ports, Vidocq était assis sur le parapet du quai de Gesvres, lorsqu’il vit venir à lui un individu qu’il reconnut pour être un des habitués de la Petite Chaise et du Bon Puits, deux cabarets fort renommés parmi les voleurs.
— Ah ! bonsoir, Jean-Louis, dit cet individu en l’accostant.
— Bonsoir, mon garçon.
— Que diable fais-tu là ? t’as l’air triste à coquer le taffe.
(Marc Mario et Louis Lansay, Vidocq)
Détaffer
Vidocq, 1837 : v. a. — Aguerrir, rendre quelqu’un hardi, audacieux, entreprenant.
Larchey, 1865 : Aguerrir. V. Taffe.
Delvau, 1866 : v. a. Aguerrir quelqu’un, l’assurer contre le taf, — dans l’argot des voyous.
Rigaud, 1881 : Remonter le moral ; donner du courage. Mot à mot : enlever le taf, enlever la peur.
France, 1907 : Aguerrir, ne plus avoir le taffe.
Estaffe
d’Hautel, 1808 : Pour caloche, mornifle, mauvais coup.
Il a reçu son estaffe. Se dit de quelqu’un à qui l’on a donné une volée de coups de bâton, au moment où il ne s’y attendoit pas ; d’un bretteur qui a trouvé son maître ; d’un mauvais garnement qui s’est fait tuer dans une affaire.
Taf, taffetas
La Rue, 1894 : Peur. Frisson.
Tafe, taffe, taftaf, taftas
Rigaud, 1881 : Peur ; fuite.
Le taf est cette impression étrange qu’éprouve le lièvre devant le chasseur, le soldat au premier coup de canon, et l’acteur au moment d’entrer en scène… Un soir qu’Harel le voyait (Frédérick Lemaître) vider une bouteille dans la coulisse : — Que diable faites-vous ? lui demanda-t-il ? — Je noie le taf, répondit Frédérick.
(Paris-Comédien)
Un exemple de ce mot a été relevé par M. Fr. Michel dans les bigarrures et touches du seigneur des Accords, 1008. — À la Cour des Miracles (XIIe siècle), on appelait thafurs, les vagabonds. Les vagabonds n’ont jamais précisément brillé par le courage. Pourquoi thafur n’aurait-il pas fait taf, peur, et taffeur, poltron ?
Taffe ou tracque
Vidocq, 1837 : s. — Crainte, peur, épouvante, frayeur.
Taffer
Delvau, 1866 : v. n. Avoir peur, — dans l’argot des faubouriens.
Rigaud, 1881 : Avoir peur. — Taffeur, tafeuse, poltron, poltronne.
France, 1907 : Avoir peur. On dit aussi coquer le taf. Argot des voleurs.
Taffer ou tracquer
Vidocq, 1837 : v. a. — Craindre, épouvanter, effrayer.
Tafferie
Vidocq, 1837 : s. f. — Crainte, peur, épouvante, frayeur.
Taffetas
France, 1907 : Peur. Voir Taf.
Le taffetas les fera dévider et tortiller la planque où est le carme.
(Vidocq)
Taffetas (avoir le)
Vidocq, 1837 : v. a. — Craindre, avoir peur.
Taffeur
Delvau, 1866 : s. m. Poltron. Le Royal Taffeur. Régiment aux cadres élastiques, où l’on incorpore à leur insu tous les gens qui ont donné des preuves de couardise.
Virmaître, 1894 : Poltron.
— Il est tellement taffeur que l’on ne lui fourrerait pas une feuille de papier à cigarette entre les fesses (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Poltron.
Eh ! oui, mille tonnerres, c’est surtout quand il s’agit de grèves que les bons bougres doivent être marioles.
Quand des prolos se foutent en grève s’ils sont patraques, routiniers, gnan-gnan, méticuleux et taffeurs, y a pas d’illusion à se faire sur leur sort : ce qui leur pend au nez, — mieux qu’une aune de boudin, — c’est la défaite !
Pour décrocher la victoire, il faut avoir du sang dans les veines, — et non du pissat de richard : il faut être finauds, roublards, malicieux et audacieux.
(Le Père Peinard)
On appelle Royal-taffeur un régiment imaginaire dans lequel on incorpore tous les poltrons.
Taffeur ou tracqueur
Vidocq, 1837 : s. — Poltron.
Argot classique, le livre • Telegram