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Adjudant de manège

Rigaud, 1881 : Garde manège, par ironie, dans le jargon des soldats de cavalerie.

Ane

Rigaud, 1881 : Terme de relieur, boîte où tombent les rognures. Est-ce une allusion aux livres, qui, la plupart, contiennent tant d’âneries ?

Âne

d’Hautel, 1808 : Quand il n’y a pas de foin au ratelier les ânes se battent. Locution proverbiale qui signifie que la mésintelligence et la discorde se mettent bientôt dans un ménage où l’indigence se fait sentir.
Un roussin d’Arcadie. Pour dire un baudet ; un âne.
Faire l’âne pour avoir du son. Feindre d’ignorer une chose dont on est parfaitement instruit, à dessein de se moquer ensuite de celui à qui on veut la faire raconter.
Méchant comme un âne rouge. Proverbe qui se dit d’un enfant espiègle et mutin, capable de toutes sortes de malices.
Il y a plus d’un âne à la foire qui s’appelle Martin. Se dit à celui qui, par la ressemblance des noms de deux personnes, a commis quelqu’équivoque.
Brider l’âne par la queue. Faire une chose à rebours ; la commencer par où elle doit finir.
Faute d’un point, Martin perdit son âne. Signifie qu’il s’en est fallu de bien peu de chose, que l’on ne gagnât la partie au jeu.
Chercher son âne quand on est dessus. Chercher une chose que l’on tient sans y prendre garde, comme il arrive quelquefois que l’on cherche son chapeau lorsqu’on le tient à la main ou qu’on l’a sur la tête.
Tenir son âne par la queue. Prendre ses mesures, se précautionner pour ne pas perdre ce que l’on ne possède que d’une manière incertaine.
Un âne bâté. Mot injurieux qui signifie sot, stupide, ignorant.
Sangler quelqu’un comme un âne. Au propre, le serrer dans ses habits à l’étouffer ; au figuré, le traiter avec la dernière rigueur.
C’est le pont ou la poste aux ânes. Pour dire qu’une chose est très-facile à faire lorsqu’on y est habitué ; que ce n’est qu’une routine.
Des contes de peau d’âne. Des discours dénués de vraisemblance : vieilles histoires dont on berce les enfans.
Il est bien âne de nature, celui qui ne peut lire son écriture. Dicton usité en parlant d’un homme excessivement ignorant ; ou de celui qui écrit tellement mal, qu’il ne peut lui-même se déchiffrer.
Elle ne vaut pas le pet d’un âne mort. Se dit d’une personne que l’on méprise extrêmement, et d’une chose à laquelle on n’accorde aucune espèce de valeur.
Monter sur l’âne. Pour dire, faillir, faire banqueroute, mettre la clef sous la porte.
Avoir des oreilles d’âne. Au propre, avoir de grandes oreilles ; et métaphoriquement, être d’une lourde ignorance.
L’âne du commun est toujours le plus mal bâté. Signifie qu’on s’inquiète peu de tout bien qui n’est pas particulier.
Boire en âne. Locution bachique qui équivaut à faire du vieux vin ; ne pas vider son verre tout d’un trait.
Têtu comme un âne, comme un mulet. Extrêmement opiniâtre.
On ne sauroit faire boire un âne, s’il n’a soif. Façon de parler incivile, pour dire qu’il n’est pas aisé de contraindre un obstiné à faire quelque chose contre sa volonté.

Ane Camin

Clémens, 1840 : Terme de voleur pour nommer leur femme.

Ânerie

d’Hautel, 1808 : Faute des plus grossières ; ignorance, bévue impardonnable.

Ânes de Beaune

France, 1907 : Ce sobriquet donné aux habitants de Beaune date du XIIIe siècle et viendrait d’une riche famille de marchands, originaire de cette ville et dont le nom était Asne. D’un autre côté, le Glossaire des Noëls bourguignons de Lamonnoye prétend que ce surnom a été donné par les habitants de Dijon qui avaient coutume de ridiculiser ceux de Beaune, et disaient, en parlant d’un ignorant ou d’un niais, qu’il était de Beaune ou qu’il fallait l’y envoyer.

Anesthésieurs

France, 1907 :

Les vols, dits au narcotique, sont l’œuvre d’individus connus sous le nom « d’anesthésieurs » ; ils se mettent en quête de personnes disposées à boire avec le premier venu, et dans les grands centres, ces sujets-là foisonnent.
Après s’être assuré que le buveur choisi possède de l’argent, ou l’endort en lui faisant fumer du tabac mélangé avec de l’opium, ou bien en lui versant dans son verre un liquide dont l’effet procure un assoupissement assez long permettant de le dévaliser en toute sécurité.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Aneton

France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants du village protestant d’Asnières, près de Bourges, dérivé du nom de ce village.

Arganeau

France, 1907 : Anneau qui unit deux forçats.

Arrangemaner

Rigaud, 1881 : Tromper, duper. Le grec arrangemane sa dupe en la dépouillant de tout son argent. Arrangemaner aux petits oignons, duper d’une manière tout à fait hors ligne. — Arrangemaner un aminche, trahir un camarade.

La Rue, 1894 : Tromper, duper.

France, 1907 : Tricher ; argot des voleurs.

Avoir organe

M.D., 1844 : Avoir faim.

Avoir une crane giberne

Delvau, 1864 : Se dit d’une femme qui a de belles fesses, une Parisienne callipyge, — naturellement ou artificiellement.

Elle a une crane giberne, ton adorée, faut lui rendre justice : tout est à elle, dis ?

Charles Monselet.

Basane

Delvau, 1866 : s. f. Peau du corps humain, — dans l’argot des faubouriens. Tanner la basane. Battre quelqu’un.

Delvau, 1866 : s. f. Amadou, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Peau du corps humain. Amadou. Faire une basane. Défier du geste.

Virmaître, 1894 : Peau. Les tabliers des forgerons se nomment basane (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Taper sa cuisse en faisant avec la main un geste significatif et dire : « Tiens, voilà pour toi, ou va porter ça à ton capitaine », est tailler une basane.

France, 1907 : La peau. Tanner la basane à quelqu’un, le battre ; tailler une basane, « Geste grossier qu’explique d’une manière assez pittoresque le libellé de punition suivant, dont on nous garantit l’authenticité : Untel, quatre jours de salle de police, ordre du sous-officier X…, a répondu à ce sous-officier en lui taillant une basane : la main appliquée sur la braguette du pantalon, et lui faisant décrire une conversion à gauche, avec le pouce pour pivot et le petit doigt pour aile marchante. » (Léon Merlin, La langue verte du troupier)

On dit aussi basane pour amadou.

Basane (tailler une)

Merlin, 1888 : Geste grossier qu’explique d’une manière assez pittoresque le libellé de punition suivant, dont on nous garantit l’authenticité : Untel, quatre jours de salle de police, ordre du sous-officier X…, a répondu à ce sous-officier en lui taillant une basane : la main appliquée sur la braguette du pantalon, et lui faisant décrire une conversion à gauche, avec le pouce pour pivot et le petit doigt pour aile marchante.

Bater l’âne

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien. — L’expression date probablement du conte de La Fontaine, le Bât, — imité de Béroalde de Verville.

Bâter l’âne

France, 1907 : Accomplir l’acte qui perpétue les espèces ; vieille expression.

Depuis, pour parler en paroles couvertes, on a dit bâter l’âne.

(Béroalde de Verville.)

Battre une basane

Virmaître, 1894 : Geste familier aux gamins qui se frappent la cuisse du revers de la main droite. Ce geste veux dire : Merde (Argot du peuple).

Bécane

Rigaud, 1881 : Machine à vapeur. Locomotive, — dans le jargon des ouvriers du fer.

La Rue, 1894 : Machine. Locomotive. Bicycle.

Virmaître, 1894 : Mauvaise machine à vapeur rafistolée par les Auvergnats de la rue de Lappe, qui marche comme une montre réparée par un charron (Argot du peuple). V. Seringue.

Rossignol, 1901 : Bicyclette.

Hayard, 1907 : Machine.

France, 1907 : Machine à vapeur.

Boubane

Larchey, 1865 : Perruque. — Vidocq. — Du vieux mot bouban : luxe, étalage. V. Roquefort.

Delvau, 1866 : s. f. Perruque, — dans l’argot des voleurs.

France, 1907 : Perruque ; de l’ancien mot bouban, étalage, à cause de l’ampleur des perruques d’autrefois qui s’étalaient sur les épaules. Argot des voleurs.

Boubane, brigante

La Rue, 1894 : Perruque.

Boucaner

d’Hautel, 1808 : Faire tapage ; réprimander ; gronder ; vespériser.

Delvau, 1866 : v. n. Sentir mauvais, sentir le bouc, — dans l’argot des ouvriers.

Delvau, 1866 : v. n. Faire du bruit, du boucan.

Rigaud, 1881 : Sentir mauvais, faire concurrence au bouc comme odeur.

Rigaud, 1881 : Faire du bruit. Dérivé de boucan. Boucaner la pièce, siffler une pièce de théâtre, empêcher qu’on entende les acteurs, — dans le jargon du théâtre.

On m’assure que toutes vos pièces vont être désormais boucanées.

(L’Étrille, 1879.)

France, 1907 : Faire du boucan ou bien puer comme un bouc.

Boucaneur

Delvau, 1866 : s. et adj. Qui se débauche et hante les mauvais lieux.

Rigaud, 1881 : Pilier de lieux de débauche, celui qui se plaît au milieu du vacarme. Boucanière, au féminin.

France, 1907 : Coureur de femmes, le bouc étant l’emblème de la luxure.

Bourreau des cranes

France, 1907 : Matador, fier-à-bras.

Canage, cane

Larchey, 1865 : Mort. — V. Caner.

Cancaner

Delvau, 1866 : v. n. Danser le cancan ; — Faire des cancans.

Rigaud, 1881 : Danser le cancan.

France, 1907 : Danser le cancan ou faire des cancans.

C’était là le perpétuel inconvénient, le pire danger de toute la bureaucratie féminine. Elles ne faisaient, ces dames et demoiselles, toutes ou presque toutes, que rôder dans les couloirs, se faufiler auprès des chefs, essayer de flirter avec eux, et, en tout cas, cancaner de leur mieux, médire, avec la plus féline perfidie, de leurs collègues et leurs supérieures, les noircir à plaisir et les déchirer à belles dents.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Cane

d’Hautel, 1808 : Être peureux comme une cane ; ou faire la cane. Manquer de cœur, de courage dans une affaire d’honneur.
Quand les canes vont aux champs, les premières vont devant. Se dit à ceux qui font des demandes importunes : quand viendra-t-il ? quand sera-ce ? quand ? etc.
Mouillé comme une cane. Se dit de quel qu’un qui a été surpris par une grande pluie.

France, 1907 : Mort ; de caner, mourir.

Cané

Hayard, 1907 : Paysan riche.

Cané, cramsé

anon., 1907 : Mort.

Canelle

Rigaud, 1881 : Chaîne de gilet, — dans le jargon des voleurs.

Tu d’vrais bien m’ donner ton petit dada qu’ t’as au bout de la canelle de ton bogue.

(Canler.)

La Rue, 1894 : Caen.

Virmaître, 1894 : La ville de Caen.
— Il y a un bath chopin à faire à Canelle, en es-tu ? (Argot des voleurs).

France, 1907 : Caen ; argot des voleurs.

Caner

Larchey, 1865 : Mourir (Vidocq). — Les approches de la mort vous font peur, vous font caner. — V. Rengracier.

Larchey, 1865 : Avoir peur, reculer au lieu d’agir, faire le plongeon comme le canard ou la cane.

Par Dieu ! Qui fera la canne de vous aultres, je me donne au diable si je ne le fais moyne.

Rabelais.

Oui, vous êtes vraiment français, vous n’avez cané ni l’un ni l’autre.

Marco Saint-Hilaire.

Delvau, 1866 : v. n. Mourir, — dans l’argot des voyous.

Delvau, 1866 : v. n. Avoir peur, s’enfuir, faire la cane ou le chien.

Delvau, 1866 : v. a. Ne pas faire, par impuissance ou par paresse. Argot des gens de lettres. Caner son article. Ne pas envoyer l’article qu’on s’était engagé à écrire.

Rigaud, 1881 : Agoniser, mourir, tomber. — Sacrifier à Richer. — Reculer, avoir peur, par altération, du vieux mot caler qui avait la même signification. Dans le supplément à son dictionnaire, M. Littré donne caler pour reculer, comme ayant cours dans le langage populaire. Pour ma part, je ne l’ai jamais entendu prononcer dans aucun atelier.

C’est un art que les canes possèdent d’instinct… Cette expression se rencontre souvent dans les écrivains des seizième et dix-septième siècles, principalement dans les poètes comiques et burlesques.

(Ch. Nisard, Curiosités de l’Étymologie française.)

Déjà dans Rabelais, nous relevons l’expression de : faire la cane, expression équivalente à notre caner :

Parbleu qui fera la cane de vous autres, je le fais moine en mon lieu.

(L. L.)

Virmaître, 1894 : Avoir peur, reculer. Caner : synonyme de lâcheté (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Avoir peur ou ne pas oser faire une chose. Un gamin cane l’école, lorsqu’il ne s’y rend pas.

Hayard, 1907 : Avoir peur.

France, 1907 : Avoir peur, reculer, vieux mot qu’on trouve dans Rabelais et Montaigne ; argot populaire. Du latin canis, chien, qui recule et fuit quand on lui montre le bâton.

À la sortie de ses bals, des rixes terribles avaient lieu fréquemment ; les habitués se disputaient la possession d’une fille publique, à coups de poings et souvent à coups de couteau. Ils se battaient dans les rues… le suprême du genre, le comble de la force, consistait à manger le nez de l’adversaire ; les camarades faisaient cercle autour des combattants… C’était une grosse affaire que de posséder une fille en vogue qui ne renâclait pas sur le turbin, et qui régnait en souveraine au bon coin du trottoir ; l’existence du souteneur en dépendait : luxueuse si la fille rendait, médiocre ou décharde si elle canait.

(Ch. Virmaître, Paris oublié)

Mourir. Caner la pégrenne, mourir de faim.

— Que veux-tu, mon bonhomme, quand on cane la pégrenne, on ne rigole pas.
— Caner la pégrenne ! C’est un peu fort, toi qui passe pour un ami (voleur).
— C’est pourtant comme ça.

(Marc Mario et Louis Launay, Vidocq)

Mettre bas culotte.

Caner la pégrenne

Delvau, 1866 : v. a. Mourir de faim, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Mourir de faim.

Virmaître, 1894 : Mourir de faim (Argot des voleurs).

Caneson

France, 1907 : Terme d’amitié. Mon vieux caneson, mon vieil ami.

Caneter

France, 1907 : Marcher d’une façon lasse, en appuyant sur l’une et l’autre hanche, à la façon des canes.

Magdelon, je suis bien malade,
J’ai les yeux caves et battus,
La face terreuse et maussade,
Les genoux maigres et pointus ;
Ceux qui me voient par la rue
Jaune comme une vieille morue,
Caneter en avant fourbu,
Estiment que c’est la vérole
Qui me fait aller en bricole
Et m’enivre sans avoir bu.

(Cyrano de Bergerac, Le Pauvre malade)

Caneton

Boutmy, 1883 : s. m. Petit canard, journal de peu d’importance. V. Feuille de chou.

France, 1907 : Journal insignifiant, autrement dit : feuille de chou. Se dit aussi pour journal de petit format.

Ah ! Mais, foutre, le numéro n’était pas grandelet ! à peine s’il était large comme la main. Depuis, le caneton s’est emplumé, il a ouvert ses ailes, bec et ongles lui ont poussé.

(Le Père Peinard)

Caneur

Rigaud, 1881 : Poltron.

France, 1907 : Poltron.

Caravane

d’Hautel, 1808 : Faire ses caravanes. C’est-à dire des tours de jeunesse ; mener une vie libertine et débauchée, donner dans les plus grands excès.

France, 1907 : Voiture ambulante de saltimbanque.

Caravanes

La Rue, 1894 : Aventures galantes : raconter ses caravanes.

France, 1907 : Aventures d’une femme galante ; argot populaire.

Carner, caner

La Rue, 1894 : Mourir.

Casser la hane

anon., 1827 : Couper la bourse.

Bras-de-Fer, 1829 : Couper la bourse.

Halbert, 1849 : Couper la bourse.

Delvau, 1866 : v. a. Couper la bourse, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Couper la bourse (Argot des voleurs).

France, 1907 : Voler une bourse.

Casser sa cane

Rigaud, 1881 : Dormir. Quand elle dort, le cou reployé sous l’aile, la cane paraît être cassée en deux.

Castapiane

France, 1907 : Blennorrhée. Ce que nos pères appelaient le mal Saint-Antoine, sans doute à cause du cochon, fidèle compagnon de ce saint.

— Paye-moi, où je gueule !
— Si tu gueules, j’envoie chercher un agent, et Saint-Lazare est au bout de ta promenade.
— Je suis contente tout de même.
— De quoi ?
— De t’avoir f… la castapiane, mufle !

(Dubut de Laforêt, La Femme d’affaires)

Chantez à l’âne, il vous fera des pets

France, 1907 : Faites des amabilités à un rustre, il répondra par des injures.

Oignez vilain, il vous poindra.

Charlataner

d’Hautel, 1808 : Éblouir par de belles paroles ; tâcher d’entraîner par des discours flatteurs et artificieux, comme le font les hâbleurs et les charlatans.

Chaudière à peau d’âne

Merlin, 1888 : Grosse caisse.

Chevaux courent les bénéfices et les ânes les attrapent (les)

France, 1907 : Ce ne sont pas ceux qui méritent les emplois qui le plus souvent les obtiennent, mais des intrigants qui n’y ont nul droit. Ce dicton, assez ancien, était dirigé spécialement contre les gros bonnets du clergé. « L’avidité de plusieurs ecclésiastiques ignorants, dit Fleurv de Bellingen, a donné lieu à ce proverbe. La pluspart se donnent des mouvements extraordinaires pour obtenir des bénéfices quand ils sont vacans, et des gens que l’on nomme asnes à cause de leur ignorance, montent à cheval et courent en poste pour les avoir. »

Chicane (grinchir à la)

Larchey, 1865 : Prendre la bourse ou la montre d’une personne en lui tournant le dos. Ce genre de vol exige une grande dextérité (Vidocq). — De là le mot de chicane qui a le sens de finesse.

Virmaître, 1894 : Variété du vol à la rencontre. Chicaner un individu pour le battre, pendant qu’un complice le dévalise (Argot des voleurs). V. Aquigeurs.

France, 1907 : Voler la bourse ou la montre de quelqu’un en se tenant le dos appuyé coutre la poitrine de la personne. Vol commun dans les foules.

Chicaner

d’Hautel, 1808 : Cela me chicane. Pour cela me contrarie, me fâche, me tourmente.

Chier dans la vanette

Fustier, 1889 : Argot militaire. Être sans gêne.

Colophane

d’Hautel, 1808 : Sorte de résine dont se servent les joueurs d’instrumens pour graisser leur archet, et non colaphane, comme beaucoup le disent continuellement.

Courtisane

Delvau, 1864 : Professeur femelle de philosophie horizontale.

Aussi, j’aime tes courtisanes
Et tes nymphes, ô Titien,
Roi des tons chauds et diaphanes,
Soleil du ciel vénitien.

Th. Gautier.

Les petites paysannes
Qu’on patine au coin d’un mur,
Ont, plus que les courtisanes,
Fesse ferme et téton dur.

La Fizelière.

Crâne

d’Hautel, 1808 : Tapageur, mauvaise tête, vaurien, qui ne cherche que dispute et querelle.
Mettre son chapeau en crâne. C’est-à-dire, sens-devant-derrière, à la façon des tapageurs et des mauvais sujets ; à la sacrée mon ame.

Larchey, 1865 : Hardi.

Est-il crâne cet enragé-là !

P. Lacroix, 1832.

Larchey, 1865 : Bon.

Quand j’étais sur la route de Valenciennes, c’est là que j’en avais du crâne du tabac !

H. Monnier.

Vient de l’ancien terme : mettre son chapeau en crâne. C’était le mettre sens devant derrière, à la façon des tapageurs qui prétendaient faire partout la loi sous le premier Empire. V. d’Hautel.

Larchey, 1865 : Beau.

C’est ça qui donne une crâne idée de l’homme !

Gavarni.

Delvau, 1866 : s. m. Homme audacieux, — dans l’argot du peuple. Faire son crâne. Faire le fanfaron.

Delvau, 1866 : adj. Superlatif de Beau, de Fort, d’Éminent, de Bon. Avoir un crâne talent. Avoir beaucoup de talent.

France, 1907 : Beau, hardi, fort. Homme crâne, homme audacieux. Un crâne talent, un grand talent. Faire son crâne, faire le fanfaron.

Et le capitaine Marius Courtebaisse ne s’en portait pas plus mal, avait l’air crâne et heureux, se livrait à son innocente manie avec le calme d’un philosophe qui a beaucoup vu, beaucoup retenu, et trouve qu’après tout rien ne vaut de belles lèvres rouges et charnues et une croupe de femme éblouissante, rose et blanche aux fraicheurs de marbre, et une petite vigne où, à pointe d’aube, l’on ramasse des escargots, l’on cueille des grappes tout humides de rosée et une maison où nul importun ne vous gêne, où l’on mange sur du linge qui fleure la bonne lessive, ou l’on dort dans de beaux draps, souvent avec, à côté de soi, une passagère maîtresse qu’on ne reverra plus le lendemain…
N’est-ce pas là le bonheur — le vrai bonheur qui ne laisse pas de désillusions et de nostalgiques regrets ?

(Mora, Gil Blas)

Crânement

Larchey, 1865 : Supérieurement.

J’ai été maître d’armes… et je puis dire que je tirais crânement.

Méry.

Elle prenait la brosse chez un peintre, la maniait par raillerie, et faisait une tête assez crânement.

(Balzac)

Je suis crânement contente de vous voir.

E. Sue.

Delvau, 1866 : adv. Beaucoup, supérieurement, fortement. Avoir crânement de talent. En avoir beaucoup.

France, 1907 : Supérieurement.

Crâner

Rigaud, 1881 : Faire le rodomont.

Rossignol, 1901 : Faire le malin.

Tu n’as pas besoin de crâner, parce que tu as quatre sous dans ta poche.

France, 1907 : Faire le fanfaron, le poseur.

Crâneur

Delvau, 1866 : s. m. Homme audacieux, ou plutôt fanfaron d’audace. Faire son crâneur. Parler ou marcher avec aplomb, comme un homme qui ne craint rien.

Rossignol, 1901 : Celui qui crâne. Avoir l’air indifférent d’une chose qui fait de la peine, s’en moquer, c’est crâner.

Tu fais le malin parce vue vous êtes deux contre moi ; si tu étais seul, tu ne serais pas si crâneur.

Hayard, 1907 : Vantard.

France, 1907 : Fanfaron.

Crâneur (faire le)

Virmaître, 1894 : Homme qui se fait plus fort qu’il ne l’est, au physique connue au moral. Un souteneur qui veut tenir le haut du pavé, est un crâneur (Argot du peuple).

Crassane

d’Hautel, 1808 : Espèce de poire fort estimée, que l’on appelle communément par corruption, creusane.

Cul d’âne

France, 1907 : Lourdaud.

Démorganer

Larchey, 1865 : Se rendre à une observation. — Mot à mot : perdre de sa morgue.

Delvau, 1866 : v. n. Se ranger à un avis, se rendre à une observation, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Accepter une observation. Comprendre que la morgue est inutile (Argot du peuple).

France, 1907 : S’humilier, perdre de sa morgue ; accepter une réprimande ou une observation.

Donjuanesque

France, 1907 : Se rapportant à la conduite du fameux séducteur don Juan.

Alexandre Dumas, qui sera toujours un grand moqueur, die aujourd’hui qu’il n’a pas reçu de lettres de « belles inconnues », ces insatiables qui veulent tourmenter tous les esprits, faute d’avoir tourmenté tous les cœurs. Dumas joue ainsi au « donjuanesque » qui ne daigne pas se souvenir de ses victoires féminines d’antan.

(Arsène Houssaye)

Dos d’âne (faire le)

France, 1907 : Se courber sur des paperasses. Devenir bossu à force d’écrire.

— Qu’elle apprenne à cuisiner, à coudre, ravauder, nettoyer, blanchir, repasser, et qu’elle prenne goût à ces indispensables, très appréciables et très nobles tâches. Il y en a bien assez sans elle qui faut le dos d’âne sur des paperasses et se croient pour cela supérieures à celles qui tirent l’aiguille ou écument le pot.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Dumanet

Delvau, 1866 : s. m. Soldat crédule à l’excès, — dans l’argot du peuple, qui a conservé le souvenir de ce type de vaudeville, né le jour de la prise d’Alger.

France, 1907 : Ce nom, qui sert à désigner un soldat naïf et crédule, est un type du même vaudeville des frères Cogniard : La Cocarde tricolore, qui nous a fourni le type de Chauvin. Cette pièce, qui date du mois de mars 1831 et qui est un épisode de la prise d’Alger, eut un succès extraordinaire, et Dumanet comme Chauvin sont passés dans la langue.

Emboucaner

Rigaud, 1881 : Sentir mauvais.

La Rue, 1894 : Puer. Agacer, irriter. S’emboucaner, s’ennuyer.

Rossignol, 1901 : Puer, sentir mauvais.

France, 1907 : Sentir mauvais, puer le bouc.

Elle (Jeanne d’Arc) devait avoir, non le roseau que les sculptures nous montrent, mais une épée pesante, de trente livres, suspendue à son poing paysan. Aucune étoffe de soie : la bure des moines. Rien des parfums qui amollissent ; emportée à grand galops fous, l’aisselle ruisselante sous ses rouges bras tournoyants, elle devait emboucaner, puer l’action, rouler autour d’elle l’épaisse odeur enivrante d’un sexe vierge et des militaires fatigués.

(Georges d’Esparbès)

France, 1907 : Ennuyer, agacer.

Emboucaner (s’)

Fustier, 1889 : S’ennuyer. Argot des voyous.

Enflanellener (s’)

France, 1907 : Se mettre sur l’estomac un grog en guise de gilet de flanelle. Les Anglais disent : mettre un bonnet de nuit.

Enflaneller (s’)

Rigaud, 1881 : Absorber une boisson chaude. Mot à mot : une boisson qui remplace le gilet de flanelle.

Une nuit de mardi gras, je m’assis à une table, — dans la galerie en face de l’orchestre, — sur laquelle le Temps et Cybèle venaient de s’enflaneller de deux grogs américains.

(P. Mahalin, Au Bal masqué.)

Entêté comme un âne rouge

France, 1907 : Le mot âne est mis ici pour ignorant et rouge pour cardinal.

Pour dire opiniâtre comme le peut estre un cardinal ignorant lequel s’obstine ordinairement en son opinion, sans fondement ni raison, et veut tout gaigner en vertu de son autorité et s’offense si on ne luy cède. Non pas que son avis soit juste et raisonnable, mais parce qu’il est cardinal et prince de l’Église. Or on le nomme asne parce qu’il est ignorant et ronge parce qu’il porte la calotte et le bonnet rouge.

On voit que déjà du temps de Fleury de Bellingen, auteur de cette explication, cardinaux n’étaient pas en odeur de sainteté.

Escane (à l’)

La Rue, 1894 : Fuyons !

France, 1907 : Sauvons-nous ! Argot des voleurs.

— Comme j’vas pas à la retape et que j’ai pas d’aminche parmi les aiglefins, j’avais levé une brocante dans une boutanche, pour faire cascader une casinette ; v’là-t’y pas une affaire ! Mais y avait un arnache qui m’reluquait, et comme je sortais de la cambuse parce que la camoufle s’estourbait, v’là-t’y pas qu’y m’dévisage… J’crie à l’escane, et je veux baudrouiller, mais j’avais un caillou et j’m’affale.

(Félix Remo, La Tombeuse)

Escaner

Halbert, 1849 : Ôter.

Rigaud, 1881 : Ôter, — dans l’ancien argot.

La Rue, 1894 : Ôter. Fuir.

France, 1907 : Ôter.

France, 1907 : Fuir ou, simplement, s’en aller.

Quand j’aperçois ma Fanchonnette,
J’quitt’ mon bonnet, j’prends ma casquette,
J’m’escane sur la port’ d’allé
Pour avoir l’air mieux endrôlé !

(Le Canut amoureux)

Faire flanelle

Rossignol, 1901 : Rester des heures dans un débit, devant la même consommation, c’est faire flanelle.

France, 1907 : Aller dans une maison de filles sans consommer la marchandise. Jeu de mot sur flâner.

La maquerelle a généralement en réserve, dans une pièce retirée, deux ou trois gros bouledogues aux crocs puissants pour imposer, au besoin, aux clients par trop tapageurs ou à ceux qui, ayant passé un quart d’heure à faire flanelle, c’est-à-dire à flâner dans les salons sans consommer ni monter avec une femme, refusent de s’en aller et s’entêtent à ne pas vouloir faire marcher le commerce de la maison.

(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)

L’expression s’emploie au figuré pour aller au hasard, errer dans les rues.

Un coin d’chambe, eun’ soupente, eun’ niche,
Eun’ machine oùs qu’on est chez soi,
Ousque quand i’ pleut, on s’en fiche,
Ousqu’on a chaud quand i’ fait froid ;
Quand j’étais p’tit ej’ me rappelle
Que c’était comm’ ça chez moman…
Aujord’hui, forcé d’faire flanelle…
V’là porquoi que j’cherche un log’ment.

(Aristide Bruant)

Faire l’âne pour avoir du son

France, 1907 : Faire le niais ou le fou pour attraper de l’argent ou de bons morceaux. « C’est, dit Philibert Le Roux, le proverbe de bien des gens, l’un élève jusqu’aux cieux les actions de tel seigneur qui n’en fit jamais, l’autre fait le plaisant et le diseur de bons mots, qui dans le fond n’est qu’un âne ; celui-ci ne promet pas moins dans ses vers que l’immortalité à son roi, celui-là loue les richesses, l’esprit et la dépense d’un tel prince ; et mille âneries de cette nature, dont le ridicule tombe moins sur ceux qui les commettent que sur ceux qui sont assez simples que de donner du son, c’est-à-dire des récompenses pour des sottises qu’on leur débite, et qui ne servent d’ordinaire qu’à mettre au jour leur peu de mérite.
On disait aussi : faire l’âne pour avoir du chardon.

Faire la cane

France, 1907 : Se dérober, disparaître au moment du danger.

Faire la tire à la chicane

France, 1907 : Voler en tournant le dos à la personne qu’on dépouille.

Faiseur de flanelle

France, 1907 : Amateur qui fréquente les débits de chair humaine sans toucher à la marchandise.

Tous les voyous, tous les faiseurs de flanelle, contre lesquels la maquerelle dépitée lâchait autrefois ses souteneurs, sont maintenant choyés et bien reçus, on leur paye à boire ; on les excite à aller faire du charivari chez la voisine triomphante ; on leur sert même des huitres, à la condition qu’ils iront lancer les coquilles contre les carreaux du lupanar possesseur de la beauté ravie.

(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)

Fane (le verre se)

Rigaud, 1881 : Le verre est vide ; et, par abréviation, il se fane, en désignant un verre vide. Les ivrognes poétiques comparent le verre à une fleur que la sécheresse fane.

Faner

France, 1907 : Vider. Mon verre est fané, mon verre est vide.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique