d’Hautel, 1808 : Je t’entends bien, mais je ne l’écoute guères. Trivialité, pour faire comprendre à quelqu’un que l’on n’est pas sa dupe, qu’il perd son temps à vouloir vous enjôler.
Entendre corne. Se méprendre sur ce que l’on dit ; jouer sans le vouloir au propos interrompu.
Il n’y a point de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Signifie que l’on ne peut jamais faire entendre un homme qui détourne à dessein les paroles qu’on lui adresse.
Ils s’entendent comme larrons en foire. Se dit toujours en mauvaise part de gens qui forment une coterie, une clique.
N’entendre ni rime ni raison. Ne pas se rendre aux discours raisonnables, ne rien vouloir entendre.
Chacun fait comme il l’entend. Pour dire suivant ses volontés.
Cela s’entend : c’est entendu. Cela doit être ainsi ; c’est bien compris.
Entendre dur. Avoir l’ouïe épaisse et obstruée ne point entendre ce que l’on dit à voix basse.
Entendre
Entendre comme larrons en foire (s’)
France, 1907 : Être de complicité pour duper quelqu’un ; les foires et les marchés étant d’ordinaire, à cause du mouvement et de la foule le rendez-vous des voleurs et des vide-goussets. Le dicton est fort ancien, comme du reste la chose. Les Romains disaient : « s’entendre comme les marchands d’huile du quai de Velabre. » Le Velabre était le lieu de rendez-vous des marchands d’huile, qui s’y concertaient sur les prix et les faisaient, si possible, monter. « Pour se distribuer les grasses sinécures et partager l’assiette au beurre, les opportunistes s’entendent comme larrons en foire. »
Entendre de corne
Delvau, 1866 : v. n. Entendre autre chose que ce qu’on dit, — dans l’argot des bourgeois.
France, 1907 : Prendre un mot pour un autre. Allusion à la corne des marchands campagnards au moyen de laquelle ils annoncent leur présence à leurs clients. Il arrive souvent que ceux-ci se trompent et prennent la corne du boulanger pour celle du boucher et vice versa.
Entendre le « tu autem »
France, 1907 : Être prompt à saisir une affaire. Vieux dicton qui nous vient des moines, et dont on trouve l’explication dans le Moyen de parvenir : « Quand les moines dînent, il y en a un qui est en chaire, qui leur fait lecture des actions des satrapes, et ainsi légendant, il barbillonne les oreilles de ses confrères, qui cassent la bribe, sans songer à ce que dit ce pauvre lamponier, qui est là-haut perché… bien loin de ce qu’il dit, d’autant qu’il a l’oreille attentive vers le prieur, qui est sous le dais, ou en la belle place, à mouler des intelligences de tripes : durant quoi, il se souvient parfois de ce pauvre diable qui s’égueule à faute de s’écouter, et dit, en touchant du doigt sur table, tu autem, qui et à dire qu’il finisse, parce qu’à chaque bout de leçon, on dit cette fin. Si de fortune ce lecteur est si sot d’avoir plus d’attention à sa lecture qu’au dîner, absit, et qu’il veuille achever jusques au sens parfait, et qu’ainsi il perde le temps, les autres disent en concluant chapitrament contre lui, qu’il n’entend pas le tu autem. Le tu autem était suivi de Domine, miserere nobis, et chacun se levait. » Entendre le « tu autem » était si fort répandu à cause du nombre des couvents, qu’on emploie encore cette expression en beaucoup de provinces.
Entendre le jeu, entendre cela
Delvau, 1864 : Savoir faire l’amour.
J’entends cela peut-être mieux qu’elle.
(La Popelinière)
Il arrive bien souvent que le premier soir qu’une jeune pucelle couche avec un garçon qui entend le jeu dont elle est entièrement ignorante…
(Mililot)
Entendre que du vent (n’)
France, 1907 : Ne rien entendre, ni comprendre.
Entendre que du vent (n’y)
Delvau, 1866 : N’y rien entendre, — dans l’argot du peuple.
Perdrix (entendre la)
France, 1907 : Entendre siffler les balles.
Les pièces de canon crachent la mitraille, les balles sifflent par milliers, déchirant l’air de ce trrouit sinistre, qui fait dire au troupier, insouciant et gouailleur, même au plus fort du feu : « Entends-tu la perdrix ? »
(Dick de Lonlay, Français et Allemands)
Sonner la cloche de Margon (entendre)
France, 1907 : Le dicton, encore en usage dans quelques coins de l’ancienne province du Perche, fait allusion à une ancienne coutume de Margon, village d’Eure-et-Loir, où l’on brûlait jadis, au son de la cloche de l’église, un mannequin représentant une femme du pays qui avait été condamnée pour faux. Dire de quelqu’un qu’il entendait sonner la cloche de Margon, c’était faire comprendre qu’il était dans une mauvaise passe, qu’il allait avoir maille à partir avec la justice.
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