France, 1907 : S’accroupir, s’asseoir sur les talons. Vieux français conservé dans le Centre et l’Ouest.
Accrouer (s’)
Brouée
anon., 1827 / Halbert, 1849 : Des coups.
Delvau, 1866 : s. f. Coups donnés ou reçus, — dans l’argot des faubouriens, qui parfois se décousent ainsi les brouailles.
France, 1907 : Correction.
Un jour, le vieux soiffard, tourmenté, sans doute, par la bile ou excité par le whiskey, s’irrita plus que de coutume et se mit, dès le commencement de la classe, à fesser la gamine… L’après-midi, y prenant goût sans doute, il recommença la brouée.
(Hector France, Chez les Indiens)
Brouette
d’Hautel, 1808 : Nom que l’on donne par ironie à un mauvais carrosse, à un cabas, à un fiacre.
Pousser à la brouette. Contribuer au succès d’une affaire ; y donner la main.
Brouetter
d’Hautel, 1808 : Se faire brouetter. Au propre, c’est se faire transporter dans une petite chaise à deux roues, nommée brouette, qui est traînée par un seul homme ; on ne se sert plus aujourd’hui de brouette que pour transporter les malades. Au figuré, prendre une voiture ; se faire conduire en voiture où l’on a affaire.
Casser une roue de derrière
France, 1907 : Entamer une pièce de cinq francs.
Confessionnal à deux roues de Chariot Casse-Bras
Rigaud, 1881 : Surnom que le peuple de Paris avait donné à la charrette du bourreau (1750).
Corbillard à deux roues
Rigaud, 1881 : Personne triste.
Dis donc, ma fille, quitte donc ce corbillard à deux roues et viens avec nous, qui sommes de francs loupeurs !
(Philibert Audebrand)
Cuir de brouette
Delvau, 1866 : s. m. Bois, — dans l’argot du peuple. Avoir le dessous des arpions doublé en cuir de brouette. Avoir le dessous des pieds aussi dur que du bois.
France, 1907 : Bois. Escarpins en cuir de brouette, sabots. Arpions doublés en cuir de brouette, pieds dont la plante est dure comme du bois.
Cuir de brouette (escarpin en)
Rigaud, 1881 : Sabot.
Écrouelleux
France, 1907 : Sobriquet que les Jacobins donnaient à la jeunesse doré du Directoire à cause de l’immense cravate où s’engloutissait leur menton et qui semblait cacher des écrouelles.
On aura peine croire qu’au milieu des victoires de Ney, de Championnet et du général Bonaparte, on n’observait dans la capitale, sur nos boulevards et places publiques, aucun enthousiasme, aucun mouvement de joie. S’il faut ajouter créance aux journaux contemporains, on passait froidement, avec la plus complète indifférence, à côté des crieurs qui annonçaient les plus grands succès de nos généraux… L’agiotage avait gagné toutes les classes, la griserie de la mascarade anéantissait les idées nobles dans tous ces cerveaux. Les Écrouelleux, les Inconcevables, des Merveilleux, le menton caché dans leurs cravates démesurées, maudissaient le gouvernement des Directeurs, méconnaissaient le mérite de nos soldats, disant d’un air affadé : Pa’ole victimée, cela ne peut pas du’er !
(Octave Uzanne, La Française du siècle)
Escarpin en cuir de brouette
Halbert, 1849 : Sabot.
Girouette
d’Hautel, 1808 : C’est une vraie girouette. Se dit par mépris d’une personne légère, que l’on fait tourner à tout vent.
Larchey, 1865 : Homme politique dont les opinions changent selon le vent de la fortune. — On a publié depuis 1815 quatre ou cinq Dictionnaires de Girouettes.
Delvau, 1866 : s. f. Homme sans conscience et sans moralité, mais non sans habileté et sans esprit, qui tourne à tous les vents sociaux et politiques : royaliste avec les Bourbons, républicain avec la République, napoléonien avec l’Empire, mouton avec les gens qui bêlent, dogue avec les gens qui mordent, roquet avec les gens qui aboient, enclume avec le peuple et marteau avec le Pouvoir. Argot du peuple.
France, 1907 : Homme sans consistance, qui change à chaque instant d’opinion, dont les idées tournent comme une girouette à tous les vents. C’est en politique surtout que pullulent les girouettes.
Graisser les roues
Rigaud, 1881 : Boire, — dans le jargon du peuple. Quand on graisse les roues, ça accélère le mouvement… des ivrognes.
France, 1907 : Boire ; se dit de quelqu’un qui boit avant de se mettre en route.
Hussard à quatre roues
Larchey, 1865 : Conducteur d’artillerie, soldat du train des équipages.
Aussi partagent-ils avec le train des équipages militaires le sobriquet de hussards à quatre roues.
(La Bédollière)
Delvau, 1866 : s. m. Soldat du train, — dans l’argot des troupiers.
Rigaud, 1881 : Cantinier militaire. — Soldat du train des équipages.
Rossignol, 1901 : Soldat du train.
France, 1907 : Soldat du train des équipages militaires, allusion aux fourgons qu’il conduit. On donne le même sobriquet aux conducteurs d’artillerie.
Hussards à 4 roues
Merlin, 1888 : Soldats du train, par allusion à leurs fourgons.
Il tombera une roue de votre voiture !
Delvau, 1866 : Phrase souvent employée, — dans l’argot du peuple — à propos des gens trop gais ou d’une gaieté intempestive.
Imbécile à deux roues
Rigaud, 1881 : Vélocipédiste, — dans le jargon des voyous.
Malle à quatre roues
Merlin, 1888 : Fourgon de cavalerie.
Pirouette
d’Hautel, 1808 : Un faiseur de pirouettes. Un homme léger, inconstant, qui ne s’amuse qu’à des futilités ; un débiteur qui échappe à ses créanciers, par subterfuge.
Pirouette sur le nombril (faire une)
Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.
Quand j’ rencontre un’ gourgande,
J’ brave encor le péril,
Et j’ lui fais faire, si j’bande,
La pirouett’ sur l’ nombril.
(Chanton d’étudiant)
Cette expression, très ancienne, serait plus juste, si elle donnait à penser que la femme fait le dessus. Exemple :
Jusqu’à ce que Vénus passe sur le disque du soleil, ou que la sultane Moscha fasse une pirouette sur le nombril de Sa Hautesse ; ce qui revient au même.
(Compère Mathieu)
Pirouetter
d’Hautel, 1808 : On l’a fait pirouetter d’une rude manière. Se dit d’un homme que les poursuites ont obligé de s’échapper, de fuir.
Il ne fait que pirouetter. Se dit de celui qui répète à chaque instant les mêmes discours, les mêmes propos.
Proue
Delvau, 1866 : s. f. L’arrière du navire-homme, — dans l’argot des marins. Filer le câble de proue. Alvum deponere.
Prouesse
Delvau, 1864 : L’acte vénérien.
Surtout, quelque ardeur qui vous presse,
Ne faites point trop de prouesses.
(Voiture)
Rabrouer
d’Hautel, 1808 : Brusquer, brutaliser, parler rudement à quelqu’un, le maltraiter en parole.
Delvau, 1866 : v. a. Gronder, brutaliser, parler rudement, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Rembarrer.
Roue
d’Hautel, 1808 : Pousser à la roue. Exciter, porter quelqu’un à une action hardie ; ou l’aider, le secourir dans une entreprise difficile.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Écu. Roue de derrière, écu de six francs ; roue de devant, écu de trois francs.
Vidocq, 1837 : s. m. — Juge d’instruction.
Delvau, 1866 : s. f. Juge d’instruction, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 / La Rue, 1894 : Juge d’instruction.
Roué
d’Hautel, 1808 : Un roué. Au propre, celui qui a subi le supplice de la roue ; figurément, Lovelace, libertin rusé et adroit qui fait la terreur des mères et le déshonneur des filles qui ont la foiblesse de se laisser entraîner à ses perfides discours.
Larchey, 1865 : Juge d’instruction (Vidocq) — Il doit l’être.
France, 1907 : Juge d’instruction ; argot des voleurs.
France, 1907 : Libertin, homme sans principes, sans mœurs, en un mot digne du supplice de la roue.
Cette expression, tombée en désuétude, prit naissance sous la régence du duc d’Orléans, et ce fut lui-même qui gratifia de ce nom ses compagnons de débauche. Telles étaient la corruption et la fanfaronnade de dépravation de l’époque que ce sobriquet, au lieu d’être infamant, était fort prisé et c’est à qui, dans l’entourage du régent, s’efforcerait de s’en rendre digne par les plus odieux stupres et les plus infâmes séductions. Les roués avaient baptisé leurs laquais du nom de pendards.
« Le roué, dit Laharpe, dans son Cours de littérature, est un débauché, et les plaisanteries sur la roue pouvaient fort bien convenir à ces gens-là ; mais comment les femmes ont-elles pu prendre l’habitude de répéter à tout propos : « C’est un roué ; vous êtes un roué. » C’était apparemment pour ne pas dire un fat, un libertin, un vaurien, toutes expressions communes, tandis que roué venait de la cour. » Sous François Ier, on appelait les grands seigneurs libertins trinquants.
Roue (être à la)
Virmaître, 1894 : Malin, roublard (Argot du peuple). N.
Hayard, 1907 : Être à la coule.
Roue de derrière
M.D., 1844 : Pièce de cinq fr.
Delvau, 1866 : s. f. Pièce de cinq francs en argent, — dans l’argot des cochers, qui emploient cette expression depuis longtemps, puisqu’on la trouve dans les Œuvres badines du comte de Caylus. Les Anglais ont la même expression : A hind-coach-wheel, disent-ils à propos d’une pièce de cinq shillings (une couronne).
Rigaud, 1881 : Pièce de cinq francs en argent.
Mets tes lunettes, mon vieux, c’est une roue de derrière.
(X. de Montépin, Le Fiacre no 13.)
La Rue, 1894 : Pièce de cinq francs. Roue de devant, pièce de deux francs.
Virmaître, 1894 : Pièce de cinq francs en argent. Quand on n’en possède qu’une, la voilure va cahin-caha, mais, quand il y en a plusieurs, on roule vivement (Argot du peuple).
Hayard, 1907 : Pièce de cinq francs.
France, 1907 : Pièce de cinq francs. Elle est, comme les roues de derrière des voitures, plus grande que les autres pièces ; argot des voleurs. La roue de devant est la pièce de deux francs.
Au cidre ! au cidre ! il fait chaud,
Verse dru, la mère,
Au cidre ! au cidre ! il fait chaud,
J’ons cin’ rou’ d’derrière.
Du cidre il faut
À grand verre,
Du cidre il faut
À grand pot.
(J. Richepin, La Chanson des gueux)
anon., 1907 : Pièce de cinq francs.
Roue de derrière, de devant
Vidocq, 1837 : s. m. — Pièce de 5 fr., de 2 fr.
Larchey, 1865 : « Pièces de cinq, deux francs. » — Vidocq, 1837. — Allusion au diamètre respectif des roues de voiture.
Roues de derrière… expression des cochers pour dire pièces de cinq francs.
(Cabarets de Paris, 1821)
Je peux solir pour une roue de derrière ce qui m’a coûté cinquante ronds, c’est-à-dire vendre pour six francs ce qui m’a coûté cinquante sous.
(Avent. de J. Sharp, 1789)
Roue de devant
M.D., 1844 : Pièce de deux.
Delvau, 1866 : s. f. Pièce de deux francs. Les Anglais disent A fore-coach-wheel pour une demi-couronne.
Rigaud, 1881 : Pièce de quarante sous.
Roue de vielle
France, 1907 : Personne bavarde et ennuyeuse qui répète toujours la même chose, comme une vielle le même air.
Rouen
Halbert, 1849 : Officier de gendarmerie.
La Rue, 1894 : Officier de gendarmerie. Aller à Rouen, aller à sa perte.
France, 1907 : Officier de gendarmerie ; argot des voleurs, du vieux mot rouin, prévot.
Rouen (aller à)
Vidocq, 1837 : Se ruiner.
Rigaud, 1881 : Être sifflé, — dans le jargon des comédiens. — Courir à sa ruine. — Manquer une vente, — dans le jargon des commis de la nouveauté.
France, 1907 : Se ruiner. Jeu de mot. Faire un Rouen, manquer une vente. Argot des employés de commerce. Ces jeux de mots sont fréquents dans le peuple ; nous en avons donné quelques-uns dans aller à Niort, voici d’autres qui complètent la série :
Avoir été élevé à Asnières, être un ignorant, un âne.
Aller à Cachan, se cacher.
Voyager en Cornouailles, être trompé par sa femme, jeu de mot sur cornes.
Aller à Dourdan, être battu, du vieux mot dourder, battre.
Être de Lunel, être lunatique.
Envoyer à Mortaigne, envoyer à la mort, tuer.
Aller à Patras, mourir, jeu de mot sur ad patres.
Envoyer à l’abbaye de Vatan, congédier.
Rouen (faire un)
Fustier, 1889 : Argot des commis de nouveauté. Id est faire l’article à un client qui part sans acheter ; le Rouen c’est le client.
Ça paraît vouloir s’allumer un peu, dit Hutin à Favier ; je n’ai pas de chance, il y a des jours de guignon, ma parole. Je viens encore de faire un Rouen ; cette tuile ne m’a rien acheté.
(Zola, Au bonheur des Dames)
Rouen (garçaillers de)
France, 1907 : Sobriquet donné aux Rouennais, qui passaient à tort ou à raison pour des coureurs de mauvais lieux, des guersilleurs on garçaillers. Le proverbe est vieux ; on le trouve dans les fabliaux : « Li garsilleor de Roam. » Chapelet remarque, dans ses Proverbes et dictons, qu’on dit encore en beaucoup d’endroits en Normandie, notamment à Louviers et Pont-de-l’Arche, les garçaillers, pour coureurs de garces.
Rouer
d’Hautel, 1808 : Rouer quelqu’un de coups. Le battre excessivement ; le maltraiter d’une manière affreuse.
France, 1907 : Faire la roue, étaler ses races, imiter le paon.
— Machin… dis-moi, ce vieux forban
Doit porter un ruban énorme !
Je le vois rouant comme un paon,
Machin, dis-moi, ce vieux forban ?
— Du tout, il porte son ruban
Démesurément filiforme.
(Raoul Ponchon)
Rouet
d’Hautel, 1808 : Mettre quelqu’un au rouet. Le déconcerter ; le réduire à ne savoir plus que dire.
Rouler la brouette à Biribi
Fustier, 1889 : Être envoyé dans un régiment de discipline. Argot de caserne.
Il amassa un nombre incalculable de jours de consigne et de salle de police, et vint enfin, comme disent les troupiers, rouler la brouette à biribi, c’est-à-dire qu’il fut envoyé aux compagnies de discipline.
(Triboulet, mars 1884)
France, 1907 : Achever son temps de service aux compagnies de discipline.
Sérouel
Rossignol, 1901 : Pantalon.
Tabac à deux sous la brouette
Merlin, 1888 : Tabac de cantine, à prix réduit et de qualité inférieure.
Tabac à trois sous la brouette
Rigaud, 1881 : Tabac de cantine, — dans le jargon des soldats.
Trouée
Vidocq, 1837 : s. f. — Dentelle.
Larchey, 1865 : Dentelle (Vidocq). La broderie fait trou.
Delvau, 1866 : s. f. Dentelle, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Dentelle, — dans le jargon des voleurs.
La Rue, 1894 : Dentelle.
France, 1907 : Dentelle ; argot des voleurs.
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