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Anastasie

Rigaud, 1881 : Nom donné par les journalistes au bureau de la censure littéraire. Les dessinateurs la représentent toujours une paire de ciseaux menaçants à la main, fer aussi cruel pour les œuvres de l’esprit que le rasoir du chanoine Fulbert pour l’amant infortuné de l’infortunée Héloise. — Un dessin de la Revue parisienne du 9 août 1877 représente une soirée chez Anastasie, avec cette légende :

Le domestique annonçant : MM. X., Y., Z., journalistes, dessinateurs. — Madame Anastasie (à un invité) : Soyez donc assez aimable pour voir si on a servi les glaces aux amendes et aux suspensions ?

France, 1907 : La censure ; argot des gens de lettres. Voici l’origine de ce nom donnée par l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux : « Un petit journal illustré, qui avait souvent des difficultés avec la censure des dessins, voulut la personnifier et il choisit le prénom d’Anastasie, uniquement parce que ce prénom a cours dans les vaudevilles et qu’on est accoutumé à en rire. Telle est l’origine d’Anastasie, qui, depuis, a désigné, parmi les journalistes, non seulement la censure des dessins, mais encore la censure de toute publication périodique imprimée. »
« Même dans les sphères officielles, il n’y a pas bien longtemps encore, tout ce qui rappelait la propagation de l’espèce humaine était tenu pour éminemment pornographique. Et il me souvient qu’Anastasie, cette vieille prude qui donne si facilement son visa aux ordures débitées dans tous nos beuglants, interdit une ravissante chanson d’Henry Rubois, dont voici le premier couplet et le refrain :

Vous qui par vos grâces exquises
Gouvernez le monde au total,
Ô femmes ! premières assises
De l’édifice social.
Dans les temps troublés où nous sommes,
Mes belles croqueuses de pommes,

Faites des enfants,
On a besoin d’hommes !
Faites des enfants
Roses, bien portants ! »

(Georges Nazim, Estafette)

Bêtasse

Virmaître, 1894 : Mou, flasque (Argot du peuple).

Boire à la grande tasse

Virmaître, 1894 : Se jeter dans la Seine. En effet, l’homme qui se noie peut boire à son aise, la tasse est assez large et assez profonde (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Se jeter à l’eau pour se suicider.

Boire dans la grande tasse

Rigaud, 1881 : Se noyer, être noyé. (L. Larchey)

France, 1907 : Se noyer. Boire de l’encre, se trouver en compagnie et s’apercevoir que l’amphitryon a laissé votre verre vide ; — du lait, être applaudi, argot des coulisses ; — un bouillon, perdre de l’argent dans une entreprise ; se noyer ; — une goutte, être sifflé, argot des théâtres, « opposition à boire du lait, dit Lorédan Larchey ; le lait est doux, mais la goutte est raide. » Boire au-dessus de l’œil jard, comprendre l’argot. « Boire au-dessus de l’œil fait allusion au verre levé en signe de reconnaissance. » (Ibid.)

Crier famine sur un tas de blé

France, 1907 : Se plaindre de la misère des temps, bien qu’on ait la huche garnie de viande et de miches. « C’est l’habitude des bourgeoises de crier famine sur un tas de blé. »

Cuiller dans la tasse (l’avoir laissée)

Virmaître, 1894 : Femme enceinte (Argot du peuple). V. Avaler le pépin.

Cuillère dans la tasse (avoir laissé la)

France, 1907 : Être enceinte, s’être fait remplir l’écuelle.

Débarbouiller à la potasse

Rigaud, 1881 : Frapper au visage. — Avoir l’avantage sur son adversaire, soit dans une scène de pugilat, soit à un jeu quelconque.

La Rue, 1894 : Frapper au visage.

France, 1907 : Frapper quelqu’un au visage. On sait que la potasse est un corrosif.

Estasi

Rigaud, 1881 : Ivre, — dans le jargon du peuple. C’est-à-dire extasié, qui est en extase, que le peuple prononce estase. L’homme estasi est celui qui a l’ivresse contemplative, portée à la rêverie.

Faire un tassement

Delvau, 1866 : v. a. Boire un verre de cognac ou de madère au milieu d’un repas, — dans l’argot des bohèmes. On dit aussi Faire un trou.

France, 1907 : Voir Faire un trou.

Fantabosse, fantasboche

France, 1907 : Fantassin.

Fantasboche

Fustier, 1889 : Fantassin.

Fantasia

Delvau, 1866 : s. f. Caprice, lubie, fantaisie, — dans l’argot du peuple.

Fantasia (faire la)

France, 1907 : Faire du bruit avec grand déploiement de costumes, à la façon des Arabes qui, dans les noces et à certaines fêtes, tirent des coups de fusil et déploient leurs brillants oripeaux. C’est faire, en un mot, plus de bruit que de besogne.
La fantasia est une course de chevaux particulière aux Arabes, une fête à cheval en guerre comme en paix.
La course se fait soit en ligne, soit par groupes de cavaliers, soit un à un. Au signal donné, on s’élance au galop en poussant le cri de guerre, chacun décharge son arme, et, debout sur les étriers, lance son fusil en l’air et le rattrape, toujours chargeant avec une merveilleuse dextérité. Aux noces, aux fêtes de la tribu, la fantasia s’exécute près des tentes devant les femmes réunies qui acclament les cavaliers par des you you prolongés.

Fantasia ! Fantasia ! les coups de feu se précipitent. Les cavaliers s’ébranlent ; les longs chelils de soie aux franges d’or flottent sur les croupes ; les fusils jetés en l’air retombent dans les mains habiles ; jeunes et vieux, courbés sur les encolures, sont lancés au galop et, suivis des éclats stridents des femmes, disparaissent dans les tourbillons de sable jaune. Et dans les grandes lignes dorées de la plaine on voit fuir les couples d’autruches et bondir les troupeaux d’antilopes et de gazelles.

(Hector France, L’Amour au pays bleu)

Fantasia (faire)

Merlin, 1888 : Porter des effets de fantaisie et contraires à l’ordonnance.

Fantasque

d’Hautel, 1808 : Il est fantasque comme une mule. Pour il a l’humeur inconstante, volage et capricieuse.

Fantassin

Rigaud, 1881 : Traversin, — dans le jargon des soldats de cavalerie ; par allusion à la petite taille des fantassins.

France, 1907 : Traversin.

Fantassin (faire le)

Merlin, 1888 : Expression familière aux cavaliers pour désigner un camarade qui simule l’ivresse.

Fermé son vasistas (avoir)

Virmaître, 1894 : Mourir (Argot du peuple).

Fouille-au-tas

France, 1907 : Chiffonnier.

Galetas

d’Hautel, 1808 : C’est un vrai galetas. Se dit par mépris d’une chambre mal en ordre, d’une maison mal tenue d’un tripot.

In medio stat imbecillitas

France, 1907 : Les imbéciles se tiennent dans les milieux. Locution latine qui contredit cette autre : In medio stat virtus, la vertu se tient dans un juste milieu ; autrement dit, la raison est éloignée des extrêmes.

Personnellement, je ne saurais trop approuver que l’on traite d’apothicaires les gens modérés, prudents, aimables d’ailleurs, qui n’osent se ruer ni à droite ni à gauche, — in medio stat imbecillitas — et mon amour de l’excessif, dans la beauté, jusqu’au sublime, dans la grandeur, jusqu’au colossal, dans l’amour, jusqu’à la passion, dans la grâce, jusqu’à l’afféterie, dans le comique, jusqu’a la farce, mon amour, bref, de l’excès en tout ne m’incline que fort peu à m’enchanter d’un ouvrage si dépourvu de toute espèce d’exubérance, si continent, si discret, où rien ne choque !

(Catulle Mendès)

In vino veritas

France, 1907 : Dans le vin la vérité. Locution latine.

Matassin

Delvau, 1866 : s. m. Personnage ridicule, en parole ou en action, — dans l’argot des gens de lettres, qui se souviennent de leur Molière.

Neque mittatis margaritas vestras ante porcos

France, 1907 : « Ne jetez pas vos perles devant les pourceaux. » Locution tirée de saint Matthieu. Ne perdez pas votre savoir et votre peine à essayer d’instruire des imbéciles.

Nolite mittere margaritas ante porcos

France, 1907 : « Ne jetez pas de perles aux porcs. » Ne perdez pas votre temps à vouloir instruire des imbéciles. On dit plus simplement : margaritas ante porcos.

Nulla est sincera voluptas

France, 1907 : Nul plaisir n’est sans mélange ; locution latine.

Pelletas

France, 1907 : Pauvre diable ; argot populaire.

Pour huit mois de grande pêche
Passé février ;
Laissant là charrue et bêche
Sans se faire prier ;
À bord d’une goélette
Ou d’un grand transport,
Quand fleurit la violette,
Joyeux je quittons le port,
Oui, nous sommes les pell’tas,
Les pell’tas, fils de pell’tas,
Oui, nous sommes les pell’tas
Qui n’ont pas peur de couler en tas.

(Jules Heurtel)

Pétase

Delvau, 1866 : s. m. Chapeau ridicule, — dans l’argot des romantiques, qui connaissent leur latin (petasus). Employé pour la première fois en littérature par Bonnardot (Perruque et Noblesse, 1837).

Virmaître, 1894 : Chapeau ridicule comme en portent les paysans les jours de fête. Ce chapeau se transmet de père en fils, tant pis si la tête est plus ou moins forte. Il en est qui datent du siècle dernier (Argot du peuple).

Pétasse

Rigaud, 1881 : Fille publique, pour putasse.

Virmaître, 1894 : Vieille femme avachie qui perd ses vestiges en marchant. Putain et soularde (Argot des souteneurs).

Hayard, 1907 : Sale femme.

France, 1907 : Chapeau ridicule, hors de mode, comme on en porte encore dans les campagnes éloignées des centres.

France, 1907 : Prostituée.

T’es pas dessalée que j’te dis,
T’as trimardé tout’ la soirée
Et te v’là ’cor sans un radis,
C’est toujours el’ dix ed’ purée,
Vrai, j’en ai les trip’ à l’envers !
Ça m’fait flasquer d’voir eun’ pétasse
Qui pass’ tous les soirs à travers !
Bon Dieu ! faut-i’ qu’tu soy’s conasse !

(Aristide Bruant, Dans la Rue)

France, 1907 : Vieille femme.

— C’est dégoûtant, ça aussi, d’être insulté par une pétasse qui vous traite de vieille ordure et qui dit comme ça que je suis saoul.

(Georges Courteline)

Pipé sur le tas

France, 1907 : Pris en flagrant délit ; argot des voleurs.

Piquer dans le tas

France, 1907 : Choisir ; argot populaire.

Piquer le tasseau (se)

Fustier, 1889 : V. Delvau : Se piquer le nez.

France, 1907 : S’enivrer.

Poissé sur le tas

Virmaître, 1894 : Être pris en flagrant délit de vol. Poissé de poisse, agent ; tas, terrain (Argot des voleurs). N.

Potasse, potasseur

Larchey, 1865 : « Élève de Saint-Cyr, très-bien coté à son cours et très-mal quant aux aptitudes militaires. »

(De la Barre)

Ce mot désigne aussi un piocheur malheureux, candidat très-laborieux, mais échouant aux examens.

(De Vauvineux)

Potasser : Travailler assidûment. — Faire de la potasse : Attendre.

Voilà une heure que vous nous faites faire de la potasse.

(La Correctionnelle)

Rigaud, 1881 : Élève studieux mais inintelligent ; élève qui se donne beaucoup de mal sans profit.

Potasser

Delvau, 1866 : v. n. S’impatienter, bouillir de colère ou d’ennui, — dans le même argot [des faubouriens].

Delvau, 1866 : v. n. Travailler beaucoup, — dans l’argot des Saint-Cyriens et des lycéens.

Rigaud, 1881 : Préparer, étudier. Potasser sa colle, préparer son examen.

Rigaud, 1881 : Travailler avec assiduité.

La Rue, 1894 : S’impatienter. Travailler, étudier.

Rossignol, 1901 : Causer. Faire des potins, des cancans.

France, 1907 : Bavarder.

C’est pas qu’j’y défend’ qu’a jacasse,
Alle a eun’ langue… alle a besoin
D’s’en servir… J’veux ben qu’a potasse
Ed’temps en temps… ed’loin en loin…

(Aristide Bruant)

France, 1907 : Travailler ; argot des écoles militaires. Dans la devise des Brutions, il entre la formule chimique S+KO (soufre et potasse).

Étendus voluptueusement sur leur couchette, ils placent leur cahier sur leur tête, s’endorment du sommeil du juste et se réveillent en affirmant qu’ils ont potassé leur cours d’une façon remarquable.

(Théo-Critt, Nos farces à Saumur)

Le cahier sur lequel on travaille est appelé le potasse.

Un homme d’esprit a pu dire, presque sans exagération, que la moitié de la France est occupée à faire passer des examens à l’autre. Nous marchons vers cet avenir peu folâtre : le concours à jet continu et à tous les degrés de l’échelle. Un jour, il faudra subir des épreuves écrites et orales pour obtenir un emploi de cantonnier, et l’on verra de vieux fonctionnaires — car il n’y aura plus bientôt en France que des fonctionnaires — potasser encore sous leurs cheveux gris les matières d’un programme.

(François Coppée)

Potasseur

Delvau, 1866 : s. m. Élève très bien coté à son cours et très mal quant aux aptitudes militaires.

Putasser

France, 1907 : Fréquenter les putains. On dit aussi putiner.

Putasserie

d’Hautel, 1808 : Terme déshonnête. Vie scandaleuse et libertine ; fréquentation des femmes de mauvaise vie.

Putassier

d’Hautel, 1808 : Qui fréquente les filles de joie, homme adonné au libertinage.

Delvau, 1864 : Coureur de bordels ; anciennement on disait putier.

Sy est pour vrai ; car je le tais,
Que ce n’est qu’un vilain putier.

(Farces et Moralités)

Delvau, 1866 : s. et adj. Libertin.

France, 1907 : Coureur de jupes.

L’avocat bêcheur était bougrement content ! Le soir, après avoir gueuletonné ferme, il sortit courir le guilledou, et fut encore plus putassier que d’habitude.

(Le Père Peinard)

Rapetasser

d’Hautel, 1808 : Des souliers rapetassés ; des habits rapetassés. Pour dire, raccommodés grossièrement.

France, 1907 : Refaire.

Cette saloperie d’impôts indirects qui, quoique pas visibles à l’œil nu des aveugles, se sentent bougrement, avait déjà subi pas mal d’anathèmes avant le grand coup de chien d’il y a cent ans. Tellement qu’au début, la Constituante dut les biffer du programme des nouveaux impôts, aussi bien que les dîmes.
Cet impôt d’origine féodale, qu’on appelait alors les aides, ne tarda pas à rappliquer, comme toutes les cochonneries dut « bon vieux temps » que les bourgeois rapetassaient en les débaptisant à peine ; la loi du 5 ventôse au XII le remit sur pattes.
Et ainsi pour tout ! Les corvées se muaient et prestations, la gabelle en impôt du sel, les douanes intérieures en octroi, la dime en budget des cultes, etc., etc.
Si bien que, petit à petit, la kyrielle des impôts devenait aussi longue que sous la défunte royauté.
Les impôts indirects — ceux qu’on ne voit pas — comme le disait dans un de ses moments de lucidité l’écrivassier bourgeois Bastiat, sont une chose d’une traitrise carabinée.
On les paies s’en apercevoir, au coin du feu, au plumard, à table, au café… à tous les instants de notre vie.

(Le Père Peinard)

Rappliquer, repiquer au tas

France, 1907 : Recommencer.

Mais pourquoi qu’a m’fait des ch’veux gris ?
Faudrait qu’j’y fout’ l’argent d’mes s’maines.
J’ai beau y coller des châtai’nes.
A r’pique au tas tous les sam’dis.

(André Gill, La Muse à Bibi)

Rentasser

France, 1907 : Répondre ; argot des voleurs.

J’ai trouvé lago un poteau qui m’a bonni qu’il conobrait un pante happé qui douillerait du carme si on le faisait chanter. Je lui rentasse : Gy, ca fait mon blot.

(Autobiographie d’un malfaiteur)

Rester en tas

France, 1907 : Fainéanter.

Sancta simplicitas (ô) !

France, 1907 : Ô sainte simplicité !

Et vous vous figurez que le mâle ira se passer de… Ô sancta simplicitas ! Il saura bien en trouver, des femmes… quitte à aller les chercher au centre de l’Afrique ou au fin fond de l’Australie, quitte à prendre de force celles qu’il auras sous la griffe et qui feront leurs mijaurées…

(Albert Cim, Émancipées)

Sit pro ratione voluntas

France, 1907 : Que ma volonté serve de raison. Locution tirée de Juvénal et qu’on applique au despotisme, où a une impérieuse volonté.

Sur le tas

Rossignol, 1901 : Une fille publique est sur le tas lorsqu’elle est dans la rue à chercher un michet.

Sur le tas (prendre)

France, 1907 : Prendre en flagrant délit.

Comme il nous prenait sur le tas, je lui ai refilé un coup de surin dans le colas, j’ai dit à non poteau de cromper et mézigue s’est fait la paire.

(Delesalle, Autobiographie d’un malfaiteur)

Sur lege libertas

France, 1907 : Liberté sous la loi. Locution latine.

Taf, taffetas

La Rue, 1894 : Peur. Frisson.

Tafe, taffe, taftaf, taftas

Rigaud, 1881 : Peur ; fuite.

Le taf est cette impression étrange qu’éprouve le lièvre devant le chasseur, le soldat au premier coup de canon, et l’acteur au moment d’entrer en scène… Un soir qu’Harel le voyait (Frédérick Lemaître) vider une bouteille dans la coulisse : — Que diable faites-vous ? lui demanda-t-il ? — Je noie le taf, répondit Frédérick.

(Paris-Comédien)

Un exemple de ce mot a été relevé par M. Fr. Michel dans les bigarrures et touches du seigneur des Accords, 1008. — À la Cour des Miracles (XIIe siècle), on appelait thafurs, les vagabonds. Les vagabonds n’ont jamais précisément brillé par le courage. Pourquoi thafur n’aurait-il pas fait taf, peur, et taffeur, poltron ?

Taffetas

France, 1907 : Peur. Voir Taf.

Le taffetas les fera dévider et tortiller la planque où est le carme.

(Vidocq)

Taffetas (avoir le)

Vidocq, 1837 : v. a. — Craindre, avoir peur.

Taper dans le tas

Delvau, 1864 : Étant donné que : — le théâtre représente un atelier de brocheuses, de modistes ou de couturières. En vrai bandeur, vous faites votre choix ; mais ne voulant pas faire four, vous tapez d’abord la plus facile, qui a bientôt une confidente que vous tapez aussi. La deuxième excite la curiosité d’une troisième, d’une quatrième, et… vous arrivez a réaliser le proverbe : Qui en a vu une, les connaît toutes.

Delvau, 1866 : Avoir de la rondeur dans les allures, de la franchise dans le caractère.

Rigaud, 1881 : Prendre au hasard. — Frapper au hasard.

Virmaître, 1894 : Prendre une femme au hasard. Taper dans le tas : attaquer un ouvrage avec vigueur. Taper dans le tas : frapper dans le tas d’une bande de rôdeurs qui vous attaquent (Argot du peuple).

France, 1907 : Prendre ou frapper au hasard, à tort et à travers.

Non, Monsieur, je n’vous écout’ pas ;
Si vous continuez, j’vous flanque un’ calotte,
Non, Monsieur, je n’vous écout’ pas ;;
Si vous continuez, j’vas taper dans l’tas.

(Jules Jouy)

Tas

d’Hautel, 1808 : Il feroit rire un tas de pierres. Se dit exagérément d’un homme dont l’humeur est joviale, bouffonne, agréable et plaisante.

Rigaud, 1881 / La Rue, 1894 : Personne sans énergie.

France, 1907 : Billet de cent francs.

France, 1907 : Coups. Coller des tas, donner des coups.

Tu dois ben ça à ton p’tit homme
Qu’a p’têt’ été méchant pour toi,
Mais qui t’aimait ben, car, en somme,
Si j’te flaupais, tu sais pourquoi.
À présent qu’me v’là dans les planques
Et qu’je n’peux pus t’coller des tas,
Tu n’te figur’s pas c’ que tu m’manques
À Mazas.

(Aristide Bruant, Dans la Rue)

France, 1907 : Personne molle, sans énergie, qui s’affaisse comme un tas.

Il s’était collé avec un gros tas qui passait sa vie à roupiller.

(Les Joyeusetés du régiment)

Tas (aller sur le)

France, 1907 : Aller travailler.

Quand la marmite est à la tour
El’marle il est dans la débine…
Pour boulotter tant qu’i’ turbine,
I’s’en va su’l’tas à son tour ;
À coups d’lingue, au coin d’eune impasse…
Qu’i’ soy’ jeune ou qu’i’ soy’ barbon !Tant pis pour el’ premier qui passe…

(Aristide Bruant)

Tas (dans le)

France, 1907 : En prison ; sous-entendu de pierres, tas de pierres ; argot des voleurs.

C’est de d’la prison que j’t’écris,
Mon pauv’ Polyte,
Hier je n’sais pas c’qui m’a pris,
À la visite ;
C’est des maladi’s qui s’voient pas
Quand ça s’déclare,
N’empêch’ qu’aujourd’hui j’suis dans l’tas,
À Saint-Lazare.

(Aristide Bruant, Dans la rue)

On dit aussi tas de pierres.

Tas (des)

France, 1907 : Beaucoup.

Plus que le livre, la chronique fait un sort aux termes inédits jetés sur les snobs et les pschutteux aux échos du boulevard. C’est elle qui recueille sur son tremplin les propos que tiennent les cercleux, les gommeux, les soireux et les théâtreuses des music-halls.
Quand elle reste sérieuse, elle condescend à discuter les titres des locutions nouvelles offertes à la curiosité des masses, et disserte savamment sur l’origine de poser un lapin ou avoir des pieds nickelés.
Est-elle mondaine ou demi-mondaine, elle devient le plus bizarre réceptacle des gallicismes de ceux qui la lisent et s’en font leur habituel régal. On y trouve des bouts de phrases comme ceux-ci :
—Tu n’as donc pas confiance ?
— Pas des tas !

(Pontarmé, Le Petit Journal)

Tas (être sur le)

Virmaître, 1894 : Être à l’ouvrage.
— Nous avons un tas de besogne pour beaucoup.
— J’ai un tas de choses à vous écrire, pour quantité.
— Ma marmite est sur le tas.
Pour indiquer qu’elle est couchée avec un miché (Argot du peuple et des souteneurs). N.

France, 1907 : Être à l’ouvrage.
Les souteneurs disent d’une fille qui s’occupe de raccrocher qu’elle est sur le tas.

Quand la marmite alle est su’l’tas,
C’est pour son marlou qu’a trimarde ;
Qu’a soye lirond’gème ou toquarde,
Faut qu’elle étrenne ou gare aux tas.

(Aristide Bruant)

Tas (faire un)

Rigaud, 1881 : Aller copieusement à la selle.

Tas (le)

France, 1907 : Le Dépôt.

En prison, au tas, il se corrompt par la contagion de l’exemple : il apprend la théorie du vol, et une fois en liberté, il passe à la pratique. C’est un être perdu, il roulera de prison en centrale pendant le restant de ses jours. Et il échouera finalement à la Nouvelle ou à l’abbaye de Cinq-Pierres dit Monte-à-Regret.

(Aristide Bruant, Les Bas-Fonds de Paris)

Tas (mettre sur le)

France, 1907 : Lancer dans la prostitution.

Nous deux fripouilles allumées par cette chair fraîche se communiquent avec des moues ignobles leurs préférences et, motivant leurs choix, supputent mentalement les gros gains qu’ils réaliseraient en dressant ces petits anges et les mettant sur le tas.

(Jean Lorrain)

Tas (prendre sur le)

Rigaud, 1881 : Prendre en flagrant délit de vol.

Tas (pris sur le)

France, 1907 : Pris sur le fait, en flagrant délit ; argot policier.

Tas de pierres

Vidocq, 1837 : s. f. — Prison.

Delvau, 1866 : s. m. Prison, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Boîte aux cailloux.

Rigaud, 1881 : Prison.

France, 1907 : Prison.

Tous ceux qui rigolent encore à Pantin viennent d’être fourrés dans le tas de pierres.

(Vidocq)

Tas de pointus

France, 1907 : Brosse.

Tas-de-pierres

La Rue, 1894 : Prison.

Tasse

d’Hautel, 1808 : Boire un coup à la grande tasse. Pour, se noyer ; se jeter à l’eau.

Rigaud, 1881 : Pot-de-chambre, — dans le jargon du peuple.

Passez-leur-z’y une tasse !

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

Rigaud, 1881 : Verre de vin, — dans le jargon des typographes. — Le temps d’aller boire une tasse.

Boutmy, 1883 : s. f. Verre, demi-setier. Allons prendre une tasse, allons boire un verre.

Hayard, 1907 : Nez.

Tasse (grande)

France, 1907 : La mer. Boire à la grande tasse, se noyer.

Tasse (la grande)

Larchey, 1865 : La mer.

C’est vrai qu’un peu plus vous buviez à la grande tasse.

(Ricard)

Rigaud, 1881 : La mer. — Boire à la grande tasse, faire naufrage, se noyer.

La Rue, 1894 : La rivière. La mer.

Tasseau

Hayard, 1907 : Nez.

France, 1907 : Nez. On écrit aussi et on doit écrire tasso, de l’italien, signifiant blaireau, dont l’argot blair est l’apocope.

À cette question indiscrète
Serrant le frein presque aussitôt
Le beau jeun’ homm’ fit un’ pirouette,
Et s’escrabouilla le tasseau.

(A. Poupay)

Se piquer le tasseau, se saouler.

Qu’il pleuve ou bien qu’il fasse beau,
Tralalalala, tralalalala,
Moi je me pique le tasseau
Tralalala ;
Donc, je suis tous les jours sous l’eau !

(Réal)

Se sécher le tasseau, éternuer.

anon., 1907 : Nez.

Tasseau, tube

Rigaud, 1881 : Nez, — dans le jargon des voyous. — Se sécher le tasseau, se vider le tube, se moucher. — Se piquer le tasseau, se coiffer le tube, se soûler.

Tassement

France, 1907 : Absorption d’un verre d’eau-de-vie pendant le repas, ce qu’on appelle aussi le coup du Normand.

Tasso

Virmaître, 1894 : Nez.
— Je vais te bouffer le tasso (Argot du peuple). V. Blaire.

Rossignol, 1901 : Nez.

France, 1907 : Voir Tasseau.

Taste

France, 1907 : Dégustation ; échantillon de vin. Testadou, dégustateur.


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