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Chien de Jean de Nivelle

France, 1907 :

Comme le chien de Jean de Nivelle,
Il s’enfuit quand on l’appelle,

dit le refrain d’une vieille chanson comique.
Jean de Montmorency, seigneur de Nivelle, s’emporta dans une discussion, jusqu’à souffloter son père. Cité devant la cour des pairs, il se sauva en Flandres. On annonça alors par trois fois, à son de trompe, dans les carrefours de Paris, son crime en même temps qu’on le sommait de venir rendre compte. Il se garda de comparaître, bien entendu, et le peuple ne l’appela plus que félon et chien. Au commencement du XVe siècle, il était l’objet d’une chanson populaire, car une farce des clercs de la basoche, dite : Les deux Savetiers, commence ainsi :

Hay avant Jehan de Nivelle !
Jehan de Nivelle a deux housseaux,
Le roy n’en a pas de si beaux ;
Mais il n’y a point de semelle,
Hay avant Jehan de Nivelle !

La Fontaine, dans une de ses fables, semble tomber dans l’erreur populaire et croire qu’il s’agit d’un véritable chien, en donnant ce sage conseil :

Une traitresse voix bien souvent vous appelle,
Ne vous pressez donc nullement
Ce n’était pas un sot, non, non, et croyez-m’en,
Que le chien de Jean de Nivelle.

Cierge est éteint à Saint-Jean de Belleville (le)

Rigaud, 1881 : Les ouvriers qui habitent Belleville se servent de cette expression lorsqu’en jouant aux cartes ils n’ont pas d’as dans leur jeu. — Pour en avoir, il faut faire brûler un cierge à saint Jean-Baptiste. (Le Sublime.)

Dame-Jeanne

d’Hautel, 1808 : Nom que l’on donne à une grande bouteille remplie ordinairement de liqueur.

Être de la paroisse de saint Jean le rond

France, 1907 : Être ivre.

Être de la paroisse de Saint-Jean-le-Rond

Delvau, 1866 : Être ivre, — dans l’argot des ouvriers irrévérencieux sans le savoir envers d’Alembert.

Faire le saint Jean

France, 1907 : Tousser et cracher pour donner un signal convenu. Se dit aussi pour jouer à l’imbécile.

L’invitation acceptée, l’amorceur fait le saint Jean, c’est-à-dire qu’atteint d’une toux subite, il se détourne pour expectorer bruyamment. À ce signal, deux complices se hâtent de se rendre à l’endroit convenu d’avance.

(Pierre Delcourt, Paris voleur)

Gros-Jean

France, 1907 : Rustre, lourdaud, d’où le proverbe : « Il ressemble à Gros-Jean qui en remontre à son curé. »
Gros-Jean, Gros-Claude, Gros-René se trouvent souvent dans les comédies du XVIIIe siècle, où ils représentaient des paysans ignorants et ridicules.

Gros-Jean comme devant (revenir)

France, 1907 : Rentrer chez soi après une absence aussi bête que quand on en est parti ; revenir bredouille.

Entre Jean-qui-pleure et Jean-qui-rit, le principal est de ne jamais être Jean-foutre, et de rester Jean-bon, quitte à passer pour Jean-Jean, puisque aussi bien on finira toujours par se trouver Gros-Jean comme devant.

(Pensées de Petit-Jean)

On m’élit roi, mon peuple m’aime,
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant.
Quelque accident faut-il que je rentre en moi-même,
Je suis Gros-Jean comme devant.

(La Fontaine)

Herbes de la Saint-Jean

Delvau, 1866 : s. f. pl. Moyens extraordinaires employés pour faire réussir une affaire, soins excessifs donnés à une chose, — dans l’argot du peuple, qui a une Flore à lui, comme il a sa Faune.

France, 1907 : Procédés et moyens extraordinaires pour faire réussir une entreprise. Allusion aux vertus magiques de l’hypericum et de la racine de fougère que l’on cueillait le jour de la Saint-Jean pour en joncher les planchers et porter bonheur à la maison.
L’armoise commune est aussi appelée herbe de la Saint-Jean.

Houssine (Jean de l’)

Rigaud, 1881 : Bâton. — Morceau de bois dont se servent les voleurs avec effraction.

Jean

d’Hautel, 1808 : Il n’est que de la saint Jean. Se dit pour abaisser le mérite de quelqu’un et pour faire entendre qu’un autre lui est bien supérieur.
Un Saint Jean bouche d’or. Homme qui ne peut garder un secret ; bélitre, dissipateur.
On y a appliqué toutes les herbes de la Saint Jean. Voyez Herbe.
Jean fesse. Mot injurieux que l’on adresse à quelqu’un dans un mouvement de colère, et qui équivaut à poltron, homme sans honneur.
Jean de Nivelle. Voyez Chien.

Delvau, 1866 : s. m. Imbécile ; mari que sa femme trompe sans qu’il s’en aperçoive. On disait autrefois Janin.

France, 1907 : Niais, imbécile, mari dupé.

Jean ? Que dire sur Jean ? C’est un terrible nom
Que jamais n’accompagne une épithète honnête.
Jean des Vignes, Jean Lorgne…. Ou vais-je ? Trouvez bon
Qu’en si beau chemin je m’arrête.

(Mme Desroulières)

— Pourquoi nommer Catin votre charmante fille ?
Appelez-la Catau, disait-on à Lubin.
— Non pas, dit-il ; en vain on en babille ;
Chez nous le mâle est Jean, la femelle Catin ;
C’est l’usage dans la famille.

(Pons de Verdun)

Jean (faire le Saint)

Rigaud, 1881 : Se décoiffer. C’est un signal convenu entre voleurs. Lorsqu’ils sont censés ne pas se connaître, soit dans la rue, soit dans un lieu public, l’un d’eux fait le Saint-Jean. Traduction : Ne nous perdons pas de vue ; au travail, l’affaire est prête.

Jean (nu comme un petit Saint)

Rigaud, 1881 : À peine vêtu de mauvaises guenilles, tout nu ; se dit surtout des enfants. — Faire son petit Saint-Jean, faire l’innocent, le niais.

Jean bête

France, 1907 : Sot.

« Quand Jean bête est mort, il laissa des héritiers », dit un vieux proverbe indiquant ainsi que les sots ont beau mourir, il en pousse toujours et la race ne se perd jamais.

Jean chouart

Delvau, 1864 : Le membre viril : appelé le pénil selon Lignac, la braguette selon Rabelais, Marot et autres poètes anciens ; la verge, dans l’idiôme des nourrices et des parleurs timbrés ; le braquemart dans Robbé, Rousseau et Grécourt. ; Jean Chouart dans d’autres, etc., etc.

Jean crapaud

France, 1907 : Sobriquet que les Anglais donnent aux Français.

Jean de la suie

Delvau, 1866 : s. m. Savoyard, ramoneur, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Petit ramoneur.

France, 1907 : Savoyard. C’est la Savoie qui fournissait autrefois tous les petits ramoneurs de cheminées.

Jean de la vigne

Delvau, 1866 : s. m. Crucifix, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Crucifix. C’était le nom d’un des acteurs de bois (Jean des Vignes) du théâtre de marionnettes à l’époque des représentations de la Passion. (Fr. Michel).

France, 1907 : Crucifix.

Jean de Lagny

France, 1907 : Lambin, retardataire, individu qui ne se presse pas. « Tu es de Lagny, tu n’as pas hâte », disait-on autrefois. On fait remonter l’origine de ce dicton à Jean sans Peur, duc de Bourgogne, qui, dans son expédition de 1417 contre les Parisiens, s’attarda deux mois à Lagny.

Jean des Vignes (faire comme)

France, 1907 : Commettre des étourderies et des imprudences dont on est soi-même la première victime.
Jean des Vignes est le surnom que le peuple donna, après la bataille de Poitiers (1356), au roi Jean qui, en lançant maladroitement sa cavalerie dans les terrains coupés de palissades et plantés de vignes où le prince Noir avait placé ses archers, fut une des causes du désastre.
De même à Pavie, François Ier en mettant en branle sa gendarmerie au-devant de ses propres canons, et les rendant ainsi inutiles, entraîna la perte de la bataille.

Jean foutre

Rigaud, 1881 : Homme vil, gredin fieffé.

Jean Guêtré

Delvau, 1866 : Le peuple des paysans. L’expression est de Pierre Dupont.

France, 1907 : Le paysan.

Jean Jean

Delvau, 1866 : s. et adj. Homme par trop simple, qui se laisse mener par le bout du nez, — dans l’argot du peuple.

Jean le blanc

France, 1907 : Nom vulgaire d’une espèce de faucon.

Jean le cul

France, 1907 : Imbécile.

Jean Lorgne

France, 1907 : Homme sans malice.

Jean Misère

France, 1907 : Le pauvre, le prolétaire.

Décharné, de haillons vêtu,
Fou de fièvre, au coin d’une impasse
Jean Misère s’est abattu.
— Douleur, dit-il, n’es-tu pas lasse ?

Malheur ! ils nous font la leçon,
Ils prêchent l’ordre et la famille ;
Leur guerre a tué mon garçon,
Leur luxe a débauché ma fille !
Ah ! mais…
Ça ne finira donc jamais ?…

(Eugène Pottier, Chants révolutionnaires)

Jean Raisin

France, 1907 : Vigneron : c’est aussi la vigne.

Dans une vieille écorce grise
Jean Raisin a passé l’hiver,
Il est en fleurs, le voilà vert ;
Jean Raisin ne craint plus la bise ;
Il est joufflu, blanc et vermeil,
Le voilà vin ; toute sa force
Ruisselant de sa fine écorce
S’échappe en rayons de soleil.

(Gustave Mathieu, Parfums, chants et couleurs)

Jean-bête

Delvau, 1866 : s. m. Imbécile. C’est le cas ou jamais de citer les vers de madame Deshoulières :

Jean ? Que dire sur Jean ? C’est un terrible nom
Que jamais n’accompagne une épithète honnête :
Jean Des Vignes, Jean Lorgne… Où vais-je ? Trouvez bon
Qu’en si beau chemin je m’arrête.

Jean-fesse

Rigaud, 1881 : Avare, malhonnête homme. — Le frère jumeau de Jean foutre.

Jean-foutre

France, 1907 : Homme sans cœur et sans honnêteté. Se conduire en Jean-foutre, commettre des vilenies.

Le médiocre sera toujours l’animal le plus à redouter : car sa faiblesse est à la merci de toutes les forces. Il fait le mal avec la tranquillité de l’innocence.
C’est le médiocre qui a répandu à travers la ville le je-m’en-foutisme inventé par un sot. Garons-nous-en. Entre le je-m’en-foutiste et le Jean-foutre, il n’y a que l’épaisseur d’un imbécile.

(Louis Davyl)

La marquise de Z… interroge son nouveau valet de chambre.
— Et on vous appelle ?
— Madame : en temps ordinaire, on m’appelle Jean, tout court. Mais quand on est en colère, où m’appelle Jean-foutre.

Jean-Jean

Larchey, 1865 : « On qualifie de Jean-Jean en France le jeune indigène que la conscription a arraché à l’âge de vingt ans d’un atelier du faubourg, de la queue d’une charrue, etc. Le Jean-Jean est reconnaissable à sa tournure indécise, à sa physionomie placide. » — M. Saint-Hilaire.

Delvau, 1866 : s. m. Conscrit, — dans l’argot des vieux troupiers, pour qui tout soldat novice est un imbécile qui ne peut se dégourdir qu’au feu.

Rigaud, 1881 : Niais. — Conscrit.

France, 1907 : Surnom donné autrefois aux conscrits.

On qualifie de Jean-Jean le jeune indigène que la conscription a arraché, à l’âge de vingt ans, d’un atelier ou d’une charrue.

(Émile Marco de Saint-Hilaire)

France, 1907 : Homme simple, naïf, facile duper.

Vraiment, quand on songe au grouillement de misère, à l’inondation de dèche qui attige le populo, on est à se demander comment il se fait que les Jean-Jean aient le cœur à la rigolade.

(Le Père Peinard)

Jean-Raisin

Delvau, 1866 : Le peuple des vignerons. L’expression est de Gustave Mathieu.

Jean, Jeannot, Janin

Delvau, 1864 : Expressions désignant un mari trompé

Chez nous le mâle est Jean, la femelle Catin
C’est l’usage de la famille.

Daillant De La Touche.

Il est Janin sans qu’il le sache…

Ch. Sorel.

Janot est le vrai nom d’un sot.

(Ancien Théâtre français.)

Jeanfesse

Delvau, 1866 : s. f. Malhonnête homme, bon à fouetter, — dans l’argot des bourgeois.

France, 1907 : Avare, vilain personnage.

Ce pleutre âgé, ce jeanfesse
Qui s’affaisse
Dans le troisième dessous !

(A. Glatigny, Joyeusetés galantes)

Jeanfesse, foutre

Larchey, 1865 : Coquin, misérable.

Ça, c’est un jeanfesse.

Ricard.

Grande colère du père Duchesne contre les jeanfoutres de chasseurs qui ont voulu faire une contre-révolution.

1793, Hébert.

Jeanfoutre

Delvau, 1866 : s. m. Homme sans délicatesse, sans honnêteté, sans courage, sans rien de ce qui constitue un homme, — dans l’argot du peuple, dont cette expression résume tout le mépris.

Jeanin, Jeannot

France, 1907 : Même sens que Jean.

— Te ferait-elle point Jeanin, ta femme ?

(Ancien Théâtre françois)

Le pourceau que je fais Jeanin.

(Farces et moralités)

Jeannot est le vrai nom d’un sot.

(Ancien Théâtre françois)

Jeanlorgne

Delvau, 1866 : s. m. Innocent, et même niais.

Jeanne d’Arc pour le courage

Rigaud, 1881 : Demoiselle à qui il manque précisément ce qui a valu à Jeanne d’Arc son surnom.

Jeanneton

Delvau, 1864 : Synonyme de Goton. Fille de la petite vertu, servante ou grisette, qui se laisse prendre volontiers le cul par les rouliers ou par les étudiants.

Partout on vous rencontre avec des Jeannetons.

V. Hugo. (Ruy-Blas)

Larchey, 1865 : « Servante d’auberge, fille de moyenne vertu. » — 1808, d’Hautel.

Delvau, 1866 : s. f. Fille de moyenne vertu, — dans l’argot des bourgeois, qui connaissent leur La Fontaine.

Car il défend les jeannetons,
Chose très nécessaire à Rome.

France, 1907 : Paysanne, fille vulgaire et de mauvaises mœurs. Même sens que Gothon.

Sans vous brouiller avec les roses,
Évadez-vous des Jeannetons.
Enfuyez-vous de ces drôlesses,
Derrière ces bonheurs changeants
Se dressent de pâles vieillesses
Qui menacent les jeunes gens.

(Victor Hugo, La Légende des siècles)

Pourquoi ce diminutif de Jeanne est-il devenu terme méprisant ? Sans doute parce qu’il était commun dans les campagnes et porté par nombre de servantes. Une vielle bourrée limousine le rehaussait jadis :

Baissez-vous, montagnes !
Levez-vous, vallons !
M’empêchez de voir,
Ma mie Jeanneton…

Jeannette

Rigaud, 1881 : Rouet muni de plusieurs fuseaux, — dans le jargon des fileuses. Dans les filatures anglaises, ce rouet se nomme une Jenny, nom que lui a donné l’inventeur Thomas Highs.

Jeannot

d’Hautel, 1808 : Un Jeannot, un grand Jeannot. Terme d’injure et de mépris qui se dit d’un homme simple, borné et innocent. On donne aussi ce nom à un mari trop complaisant, ou qui se mêle des plus petits détails du ménage.

France, 1907 : Lapin.

Un sien cousin possédait des connaissances spéciales si développées, qu’il avait retenu toute la généalogie des lapins, dans la région qu’il habitait. Il savait, par exemple, que tel Jeannot était le propre neveu de tel autre, qui se trouvait parent par alliance de celui-ci ou de celui-là. Et comme il n’était pas de première force à la chasse, il exploitait à son profit cette érudition généalogique.

(Maxime Boucheron)

Jour de la Saint-Jean-Baptiste

France, 1907 : C’est, dans l’argot des voleurs lettrés, le jour de l’exécution. Allusion à la décollation du précurseur de Jésus que la belle Hérodiade fit violemment passer de vie à trépas. Les Anglais disent le jour du torticolis.

À la prison de la Roquette, le jour d’une exécution, les prisonniers ne descendent pas à l’atelier à l’heure réglementaire, ils savent ce que cela veut dire : C’est le jour de la Saint-Jean-Baptiste ; on décolle un copain.

(Charles Virmaître)

Jour de la Saint-Jean-Baptiste (le)

Delvau, 1866 : Le jour de l’exécution, — dans l’argot des prisons. C’est une allusion, comprise même des plus ignorants et des plus païens, à la décollation du Précurseur, dont la belle et cruelle Hérodiade ne pouvait digérer les mercuriales. Les voleurs anglais ont aussi leur allusion à ce jour fatal, qu’ils appellent le Jour du torticolis (wry-neck day).

Virmaître, 1894 : Le jour de l’exécution d’un condamné. À la prison de la Roquette, le jour d’une exécution, les prisonniers ne descendent pas à l’atelier à l’heure réglementaire, ils savent ce que cela veut dire : c’est le jour de la Saint-Jean-Baptiste : on décolle un copain (Argot des voleurs).

Moquer comme de Jean de Vert (s’en)

France, 1907 : Ne pas s’en soucier, ne pas s’en inquiéter. Cette expression, encore en usage dans certaines provinces, date de 1636, où les Espagnols, commandés par Jean de Werth, s’avancèrent jusqu’à Pontoise dans une marche sur Paris. Les Parisiens ne s’inquiétèrent que peu de cette marche, levèrent promptement des troupes et repoussèrent victorieusement l’ennemi.

N’avoir ni cul ni tétons, comme la poupée de Jeanneton

Delvau, 1864 : Se dit d’une femme maigre, qui n’a ni gorge ni fesses, — l’envers de la Vénus Callipyge.

Nivelles (le chien de Jean de)

France, 1907 : Voici, comme supplément au paragraphe sur ce dicton, une autre version racontée par Arnould de Raisse dans son livre Auctarium ad natales sanctorum Belgii et qui tendrait à démontrer que le chien en question était véritablement un chien.
« Jean de Nivelles, chanoine de l’ordre de Saint-Augustin, vivait au XIIe siècle an couvent d’Oignies. Il était docteur en théologie et très bon prédicateur. La goutte lui ayant paralysé les jambes, le médecin lui ordonna un repos absolu auquel le brave homme refusa de s’astreindre ; mais bientôt le mal s’aggrava, et il fut bien obligé de rester au lit, cloué par la douleur. Ce cruel état durait depuis huit jours, lorsqu’on se décida d’écarter de lui un chien qu’il aimait beaucoup, mais qui, par sa vivacité et ses jappements, lui causait de fâcheux saisissements. Mais, l’animal était très attaché à son maître et il fallut le mettre hors de la maison et le battre de verges à toutes les heures du jour et de la nuit pour le tenir éloigné. La première journée, le saint vieillard ne dit rien, mais le lendemain il demanda son chien. On lui fit comprendre que son chien lui était nuisible, mais le troisième jour il le réclama de nouveau. On lui fit la même réponse, il se tut tristement encore. Cependant la maladie faisant de rapides progrès, on vit bien que Jean allait mourir. Le matin du quatrième jour, il ne parla plus, mais il étendit la main pour caresser une dernière fois son chien fidèle. Un des frères fut touché de compassion, on alla appeler le chien. Mais on avait battu tant de fois la pauvre bête pendant trois jours, que, bien qu’il rôdait encore autour de la maison il n’osa plus approcher et s’enfuit au contraire à mesure qu’on l’appelait. Ce manège dura deux jours, autant que la dernière agonie de Jean de Nivelles. À l’heure où le maître trépassa, le chien, s’élançant au loin, s’enfuit et ne reparut jamais, »

Nu comme un petit saint-Jean

France, 1907 : Allusion au petit enfant habillé seulement d’une peau de mouton que l’on voyait aux processions de la Fête-Dieu et qui était censé représenter saint Jean dans le désert.

Si on apporte des cartes pour ceux qui aiment à faire une petite partie, qu’ils regardent bien si elles ne viennent pas du Café-Divan, dont Constans était l’heureux tenancier, parce qu’alors ils sortiraient nus comme des petits Saint Jean.

(Henri Rochefort)

Petit saint Jean (nu comme un)

France, 1907 : Cette expression vient de l’usage que l’on avait autrefois de faire figurer dans la procession un petit enfant presque nu, simplement revêtu d’une peau de mouton, à l’instar de saint Jean-Baptiste, dont le costume était des plus primitifs.

Le gendarme, il ôte ses hottes,
Et sa tunique et ses culottes,
Même sa chemise, en songeant
Qu’il en doit couvrir l’indigent.
Aux mains, il se met les menottes,
Puis, nu comme un petit saint Jean,
Dans l’aire du soir il va nageant ;
Et son sabre pour tout insigne,
Son parfum pour feuille de vigne,
En prison, selon la consigne,
Il se conduit lui-même, digne.

(Jean Richepin)

Saint Jean (être de la)

France, 1907 : Être de mauvaise qualité. C’est de la saint Jean, ça ne vaut rien ; allusion à l’état lamentable dans lequel se trouvait saint Jean-Baptiste.

Saint Jean Bouche-d’or

Delvau, 1866 : s. m. Bavard qui, pour le plaisir de parler, ne craint pas de commettre des indiscrétions.

Saint Jean le Rond

Delvau, 1866 : s. m. Un des nombreux pseudonymes de messire Luc.

Saint Jean-Baptiste

Delvau, 1866 : s. m. Cabaretier, — dans l’argot du peuple, qui fait allusion à l’eau baptismale que l’on ajoute au vin pour le rendre digne d’être bu par des chrétiens.

Saint Jean-bouche d’or

France, 1907 : Homme éloquent, insinuant, flatteur, doreur de pilules ; allusion à saint Jean Chrysostome, en grec Bouche d’or.

Saint-Jean

Delvau, 1866 : s. m. Signal, — dans l’argot des voleurs. Faire le Saint-Jean. Lever l’index et le médium pour avertir un complice.

Delvau, 1866 : s. m. Outils, vêtements, affaires, — dans l’argot des typographes. Emporter son Saint-Jean. S’en aller d’une imprimerie en emportant composteur, pinces, etc.

Rigaud, 1881 : Effets. — Outils ; c’est un synonyme de Saint-Frusquin.

Boutmy, 1883 : s. m. Ensemble des outils d’un compositeur. Ces outils, d’ailleurs peu nombreux, sont : le composteur de fer et le composteur de bois, les pinces, la pointe, aujourd’hui presque abandonnée, le visorium et la boîte à corrections. Prendre son saint-jean, quitter l’atelier.

Virmaître, 1894 : Signal convenu entre les voleurs pour avertir un complice. Ce signal consiste à lever l’index et le médium. On dit aussi d’un individu qui n’est pas à la hauteur pour faire quelque chose :
— Il est de la Saint-Jean (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Voir Duce ou Envoyer le duce.

France, 1907 : Nom que les ouvriers typographes donnent à l’ensemble de leurs outils. Prendre son saint-jean, s’en aller, demander son compte, quitter l’atelier.

Saint-Jean (faire son petit)

France, 1907 : Faire l’innocent. Allusion au petit enfant qui figurait et figure encore en certains pays catholiques dans les processions de la Fête-Dieu. Faire le saint Jean,

Saint-Jean (mal)

France, 1907 : Mal caduc. Voir Mal Saint-François.

Saint-Jean porte-latine

France, 1907 : Fête des typographes. Elle n’est plus guère chômée, étant généralement et hebdomadairement remplacée par la Saint-Lundi.

Saint-Jean-Baptiste

France, 1907 : Marchand de vin qui baptise ses liquides.

Saint-Jean-le-Rond

France, 1907 : Le derrière.

— Je parie que tu ne me fouetteras pas, dit ma petite cousine, et, se tournant, elle troussa ses jupes et m’étala Saint-Jean-le-Rond.

(Les Propos du Commandeur)

Saint-Jean-Porte-Latine

Boutmy, 1883 : s. f. Fête des typographes. Elle tombe le 6 mai ; mais elle n’est plus guère chômée.

Suie (Jean de la)

France, 1907 : Ramoneur.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean

France, 1907 : Sous le titre les Raretés, Lamothe-Houdard a mis en chanson en une douzaine de couplets ce vieux dicton qui indique le scepticisme de nos pères.

Une fille de quinze ans,
D’Agnès la pareille,
Qui pense que les enfants
Se font par l’oreille.
Va t’en voir s’ils viennent, Jean,
Va-t’en voir s’ils viennent.

En 1816, le chevalier Lablée a fait une chanson sur le même thème et le même air :

Nul intrigant n’entrera
À l’Académie.
Pour en être, il suffira
D’avoir du génie.
Va-t’en voir, etc.
 
Fille qui sincèrement
Se fâche et murmure
Du désordre qu’un amant
Cause à sa parure.
Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,
Va-t’en voir s’ils viennent.

Vignes (mariages de Jean des)

France, 1907 : Conjonction matrimoniale où n’ont passé ni le maire ni le curé. Allusion aux accouplements qui se font au temps des vendanges entre gens des vignes dont Jean des vignes est une altération. On dit mariage de Jean des vignes, tant tenu, tant payé.


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