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Au bonjour

Halbert, 1849 : Voler le matin pendant le sommeil.

Aujourd’hui

d’Hautel, 1808 : Au jour d’aujourd’hui. Pléonasme très-fréquent, qui signifie au temps actuel ; au temps qui court.

Aujourd’hui, demain

France, 1907 : Ces deux adverbes se trouvent ensemble dans une série de dictons du XVe siècle d’une haute portée philosophique. J’en donne quelques-uns ici :

Aujourd’hui ami, demain ennemi.
— marié, — marri.
— en fleur, — en pleur.
— en chère, — en bière.
— roy, — rien.
— grand, — petit.
— maistre, — valet.
— trompeur, — trompé.
— chaud, — froid.
— en terre. — enterré.
— en verdure, — en pourriture.
— devant, — derrière.
— à moy, — à toy.
— en haut, — en bas.
— créditeur, — débiteur.

Avoir toujours des boyaux vides

Delvau, 1866 : v. a. Avoir toujours faim, — dans l’argot du peuple.

Avoir toujours l’anneau ou la bague au doigt

Delvau, 1864 : Passer sa vie à branler les femmes, le con étant pris pour un anneau — depuis celui de la femme d’Hans Carvel.

Batiau (jour du)

France, 1907 : Jour où le compositeur arrête son compte du travail de la semaine ou de la quinzaine. (Lorédan Larchey.)
Parler batiau, parler de son métier.

Beau du jour

France, 1907 : « Élégant, homme à la mode. Le beau du jour reçoit d’autres nom qui varient avec le temps. Depuis Louis XVI, on l’a successivement appelé petit-maître, incroyable, merveilleux, fashionable, dandy, mirliflor, gant jaune, lion, gandin, petit crevé, gommeux, etc. » (Lorédan Larchey)

Bonjour

d’Hautel, 1808 : Uni comme bonjour. C’est-à-dire sans façon : franc, ouvert et naturel, plein de candeur et de bonne foi.

Rigaud, 1881 : Sacrifice matinal à Vénus, — dans le jargon des bourgeois. — Dire bonjour à sa moitié.Bonsoir, sacrifice nocturne à la même Vénus. — Un bon mari doit le bonjour et le bonsoir à sa femme.

Bonjour (vol au)

Vidocq, 1837 : (Voir ci-dessous Bonjourier, ou chevalier grimpant.).

Delvau, 1866 : s. m. Espèce de vol que son nom désigne clairement. Le chevalier d’industrie, dont c’est la spécialité, monte de bonne heure dans un hôtel garni, où on laisse volontiers les clés sur les portes, frappe au hasard à l’une de celles-ci, entre s’il n’entend pas de réponse, et, profitant du sommeil du locataire, fait main basse sur tout ce qui est à sa portée, — quitte à lui dire, s’il se réveille : « Bonjour, Monsieur ; est-ce ici que demeure M. *** ? »

France, 1907 : Vol appelé ainsi à cause de l’heure matinale choisie par le voleur, qui s’introduit de grand matin dans les hôtels garnis où l’on laisse d’ordinaire les clés sur les portes, frappe au hasard et, ne recevant pas de réponse, entre. En cas d’absence ou de sommeil du locataire, il fait main basse sur tout ce qui est à sa convenance.

Bonjour (voleur au), bonjourier

Larchey, 1865 : « Voleur s’introduisant de grand matin dans les maisons où les bonnes laissent les portes entr’ouvertes et dans les hôtels garnis dont les locataires ne ferment pas leurs chambres. » — Canler. — Allusion ironique à l’heure matinale choisie par le voleur ; il vous souhaite en quelque sorte le bonjour.

Bonjourien ou bonjourier

France, 1907 : Celui qui pratique le vol au bonjour. On les appelle aussi chevaliers grimpants : ils grimpent les étages. Le bonjourier exploite également les loges de concierges, tandis qu’un copain fait le guet.

Bonjourier

Delvau, 1866 : s. m. Voleur au Bonjour. On dit aussi : Chevalier grimpant, — par allusion aux escaliers que ce malfaiteur doit grimper.

La Rue, 1894 : Voleur dans les chambres d’hôtel.

Virmaître, 1894 : Vol au bonjour. Ce vol se pratique dans les chambres d’hôtels. Le bonjourier monte lestement les escaliers comme s’il allait faire une visite, généralement le matin à l’heure à laquelle les gens dorment encore ; il voit une clé sur la porte, il entre doucement. Si le dormeur s’éveille, il lui souhaite le bonjour et s’excuse de s’être trompé de porte ; au cas contraire, il vole rapidement ce qui lui tombe sous la main et s’esquive. Il y a six mois, on arrêta une bande de bonjouriers qui avaient la spécialité de voler les souliers des locataires. Ils avaient sous le bras une serviette d’avocat gonflée de vieux journaux ; ils les jetaient dans un coin du couloir et les remplaçaient par les bottines et les souliers (Argot des voleurs).

Bonjourier, ou chevalier grimpant

Vidocq, 1837 : s. m. — Voleur au bonjour. La Gazette des Tribunaux a souvent entretenu ses lecteurs des Bonjouriers ou Chevaliers Grimpans ; les vols au bonjour, à la tire, à la détourne, qui peuvent être classés dans la catégorie des délits simples, justiciables seulement de l’article 401 du Code Pénal, sont ordinairement les premiers exploits de ceux qui débutent dans la carrière ; aussi la physionomie des Bonjouriers, des Tireurs, des Détourneurs n’a-t-elle rien de bien caractéristique. Le costume du Bonjourier est propre, élégant même ; il est toujours chaussé comme s’il était prêt à partir pour le bal, et un sourire qui ressemble plus à une grimace qu’à toute autre chose, est continuellement stéréotypé sur son visage.
Rien n’est plus simple que sa manière de procéder. Il s’introduit dans une maison à l’insu du portier, ou en lui demandant une personne qu’il sait devoir y demeurer ; cela fait, il monte jusqu’à ce qu’il trouve une porte à laquelle il y ait une clé, il ne cherche pas long-temps, car beaucoup de personnes ont la détestable habitude de ne jamais retirer leur clé de la serrure ; le Bonjourier frappe d’abord doucement, puis plus fort, puis encore plus fort ; si personne n’a répondu, bien certain alors que sa victime est absente ou profondément endormie, il tourne la clé, entre et s’empare de tous les objets à sa convenance ; si la personne qu’il vole se réveille pendant qu’il est encore dans l’appartement, le Bonjourier lui demande le premier nom venu, et se retire après avoir prié d’agréer ses excuses ; le vol est quelquefois déjà consommé lorsque cela arrive.
Il se commet tous les jours à Paris un grand nombre de vols au bonjour ; les Bonjouriers, pour procéder plus facilement, puisent leurs élémens dans l’Almanach du Commerce ; ils peuvent donc au besoin citer un nom connu, et, autant que possible, ils ne s’introduisent dans la maison où ils veulent voler, que lorsque le portier est absent ; quelquefois ils procèdent avec une audace vraiment remarquable ; à ce propos on me permettra de rapporter un fait qui s’est passé il y a quelques années. Un Bonjourier était entré dans un appartement après avoir frappé plusieurs fois ; et, contre son attente, le propriétaire était présent, mais il était à la fenêtre, et paraissait contempler avec beaucoup d’attention un régiment qui passait dans la rue, enseignes déployées et musique en tête, il venait probablement de se faire la barbe, car un plat d’argent encore plein d’eau était sur le lavabo placé près de lui ; les obstacles ne découragent pas le Bonjourier, il s’approche, prend le plat, le vide et sort : le domicile du receleur n’était pas éloigné, et il est à présumer que le plat à barbe était déjà vendu lorsque son propriétaire vit qu’il avait été volé. L’auteur de ce vol, qui s’est illustré depuis dans une autre carrière, rira bien sans doute si ce livre tombe entre ses mains.
Rien ne serait plus facile que de mettre les Bonjouriers dans l’impossibilité de nuire ; qu’il y ait dans la loge de chaque concierge un cordon correspondant à une sonnette placée dans chaque appartement, et qu’ils devront tirer lorsqu’un inconnu viendra leur demander un des habitans de la maison. Qu’on ne permette plus aux domestiques de cacher la clé du buffet qui renferme l’argenterie, quelque bien choisie que soit la cachette, les voleurs sauront facilement la découvrir, cette mesure est donc une précaution pour ainsi dire inutile : il faut autant que possible garder ses clés sur soi.
Lorsqu’un Bonjourier a volé une assiette d’argent ou toute autre pièce plate, il la cache sous son gilet ; si ce sont des couverts, des timbales, un huilier, son chapeau couvert d’un mouchoir lui sert à céler le larcin. Ainsi, si l’on rencontre dans un escalier un homme à la tournure embarrassée, tournant le dos à la rampe, et portant sous le bras un chapeau couvert d’un mouchoir, il est permis de présumer que cet homme est un voleur. Il serait donc prudent de le suivre jusque chez le portier, et de ne le laisser aller que lorsqu’on aurait acquis la certitude qu’il n’est point ce qu’il paraît être.
Les Grinchisseurs à la desserte sont une variété de Bonjouriers, dont il sera parlé ci-après. (Voir Grinchir à la desserte.)

Bonjourier, voleur au bonjour

Rigaud, 1881 : Voleur qui exerce dans les chambres dont on a négligé d’enlever les clés. Il est matinal et peu bruyant parce qu’il sait qu’il ne faut pas réveiller le chat qui dort. Si on lui demande où il va, ce qu’il veut, il en est quitte pour donner un prétexte ; il s’excuse, souhaite le bonjour, s’esquive et va voir à l’étage au-dessus s’il sera plus heureux.

Bonjourière

Rigaud, 1881 : La femelle du bonjourier. C’est une drôlesse qui, au bal, à la promenade, incendie une dupe de ses regards, se fait conduire au domicile de la dupe et la dévalise pendant la nuit. Combien de niais, croyant à une bonne fortune, se sont réveillés, le lendemain, allégés de leur montre, de leur argent et quelquefois de leurs vêtements !

Botte de neuf jours

Larchey, 1865 : Botte percée. — Vidocq. — Calembour. Jour est pris pour trou, et une botte trouée ne passe guère la huitaine.
Botter : Convenir. — Mot à mot : aller comme une botte qui chausse bien.

J’aurai l’honneur de vous envoyer ma voiture à onze heures. — Ça me botte.

(Gavarni)

Bottes de neuf jours

Vidocq, 1837 : s. f. — Bottes percées.

Delvau, 1866 : s. f. pl. Bottes percées, — dans l’argot des faubouriens, — qui disent aussi Bottes en gaieté.

Rigaud, 1881 : Souliers dont les semelles se disjoignent.

Caque (la) sent toujours le hareng

France, 1907 : La mauvaise éducation perce toujours, quel que soit le rang ou la fortune. En dépit de ses efforts, un parvenu fait sentir à un moment donné qu’il est un parvenu, le bout de l’oreille passe et décèle la crasse originelle.
On disait aussi dans le même sens : Le mortier sent toujours les aulx.

Proverbe propre, dit Jean Masset, à celui qui estant une fois entaché de quelque vice, en retient toujours les marques et ne peut dissimuler ni cacher son inclination à iceluy ; tout ainsi qu’un mortier dans lequel on a pilé les aulx, ne le peut tant laver qu’il n’en retienne toujours l’odeur.

Cinquième quart de journée (faire son)

France, 1907 : « À Reims, on voit de très jeunes filles employées dans les manufactures, et qui n’ont guère plus de douze à treize ans, s’adonner le soir à la prostitution. Il y a même dans les ateliers une expression particulière qui désigne celte action : lorsqu’une jeune fille quitte son travail avant l’heure ordinaire, on dit qu’elle va faire son cinquième quart de journée. Le terme est consacré, et devient le sujet des plaisanteries de l’atelier… À Sedan, où les ouvriers sont cependant plus heureux et plus éclairés que partout ailleurs, on remarque également parmi les jeunes ouvrières un certain nombre de prostituées qui font aussi, le soir, leur cinquième quart de journée. »

(Arnould Frémy, L’Enfant de fabrique)

Connaître le journal

Delvau, 1866 : Être au courant d’une chose ; savoir à quoi s’en tenir sur quelqu’un. Argot des bourgeois. Signifie aussi : Savoir de quoi se compose le dîner auquel on est invité.

France, 1907 : Être bien informé et de première main.

Courent toujours (les)

Merlin, 1888 : Voyez Vitriers.

Cuisine d’un journal

France, 1907 : Dans l’argot des journalistes, se dit de tout ce qui concerne les détails, la routine et l’arrangement matériel d’un journal, sa composition, la distribution et l’ordre des articles, la correction des épreuves, la surveillance de la mise en pages.
De ceux-là, nous en connaissons des tas dans les journaux, dans la littérature. Pour vivre, ils acceptent les plus pénibles besognes, s’astreignent aux plus terribles engagements.

Cuisine de journal

Larchey, 1865 : Tout ce qui regarde les petits détails et l’ordonnance matérielle d’un journal. — Le rédacteur chargé de cette mission est un Cuisinier.

C’est lui qui fait la cuisine du journal.

(L. de Neuville)

Cuisine, cuisine de Journal

Rigaud, 1881 : Classement des articles, surveillance de la mise en page, en un mot tout ce qui comprend l’art d’accommoder un journal tant au point de vue littéraire qu’au point de vue typographique. — Cuisine d’art, explications précises d’un art.

Rapin aussi celui qui parle sans cesse cuisine d’art, qui explique comme quoi il obtient tel ton, en appliquant telle couleur, en frottant, en grattant, en étalant, en empâtant, etc.

(Paris-Rapin.)

Donneur de bonjour

France, 1907 : Voir Bonjourier.

Grinchir au bonjour

Ansiaume, 1821 : Voler le matin pendant qu’on dort.

J’ai fait hier deux bogues d’orient au bonjour.

Jamais maris, toujours amants

France, 1907 : Il ne faut pas se marier si l’on veut aimer longtemps, puisque, au dire de beaucoup, le mariage est le tombeau de l’amour : car, ainsi que le disait Balzac : « Il est plus facile d’être amant que mari, pour la raison qu’il est plus difficile d’avoir de l’esprit tous les jours que de dire de jolies choses de temps en temps. »

C’est ainsi que, voyant une jeune pucelle,
Damis croit qu’il serait au comble des plaisirs
S’il pouvait se lier d’une chaîne éternelle
Avec ce doux objet de ses tendres désirs ;
Mais la cage et le mariage
Ne font sentir les maux que quand on est dedans,
Pour devise, prenez cette leçon du sage :
Jamais maris, toujours amants.

(Mlle de Scudéri)

Jour

d’Hautel, 1808 : Tous les jours que Dieu fasse. Espèce d’exclamation qui signifie journellement, perpétuellement, continuellement.
Ce n’est pas tous les jours fête. Signifie que l’on ne peut pas se divertir tous les jours ; qu’après avoir pris du plaisir, il faut retourner à l’ouvrage.
Il est beau comme le jour qu’il pleuvoit tant. Manière ironique de dire que quelqu’un n’est rien moins que beau.
Long comme un jour sans pain. Se dit d’une chose ennuyeuse, qui assomme par sa longueur.
Cet habit est pour à tous les jours. Locution vicieuse qui se dit d’un habit consacré aux jours ouvrables, au lieu de dire, est pour mettre tous jours, ou les jours ouvrables.
Il y a de la différence comme du jour à la nuit.
Pour dire que deux choses sont tout-à-fait dissemblables.
Vivre au jour le jour. Ne rien économiser de son salaire ; dépenser chaque jour ce que l’on gagne.
Il fait du jour la nuit, et de la nuit le jour. Se dit d’un homme du monde qui passe le jour à dormir et la nuit à se divertir.
Demain, il sera jour. Se dit lorsqu’on remet une chose au lendemain.
Faire quatorze lieues en quinze jours. Être nonchalant, paresseux.
Jour de Dieu ! Espèce de jurement très-usité parmi le peuple de Paris.
Il y a beau jour ! Se dit pour exprimer qu’une affaire est terminée depuis long-temps.

Jour (bonheur du)

France, 1907 : « Un peu trop souvent, pendant que le mai parlait, elle rencontrait les yeux du jeune homme… L’étudiant en droit se rappelait que c’était ordinairement au moyen d’un miroir, porté devant elle par un meuble destiné à contenir son ouvrage, et qu’on appelait alors bonheur du jour, qu’elle opérait la fascination. Retranchée derrière ce frêle rempart, elle avait si bien combiné les lignes de réflexion du cristal, que les regards furtifs se rencontraient là obliquement. »

(H. de Latouche, Grangeneuve)

Jour de la Saint-Jean-Baptiste

France, 1907 : C’est, dans l’argot des voleurs lettrés, le jour de l’exécution. Allusion à la décollation du précurseur de Jésus que la belle Hérodiade fit violemment passer de vie à trépas. Les Anglais disent le jour du torticolis.

À la prison de la Roquette, le jour d’une exécution, les prisonniers ne descendent pas à l’atelier à l’heure réglementaire, ils savent ce que cela veut dire : C’est le jour de la Saint-Jean-Baptiste ; on décolle un copain.

(Charles Virmaître)

Jour de la Saint-Jean-Baptiste (le)

Delvau, 1866 : Le jour de l’exécution, — dans l’argot des prisons. C’est une allusion, comprise même des plus ignorants et des plus païens, à la décollation du Précurseur, dont la belle et cruelle Hérodiade ne pouvait digérer les mercuriales. Les voleurs anglais ont aussi leur allusion à ce jour fatal, qu’ils appellent le Jour du torticolis (wry-neck day).

Virmaître, 1894 : Le jour de l’exécution d’un condamné. À la prison de la Roquette, le jour d’une exécution, les prisonniers ne descendent pas à l’atelier à l’heure réglementaire, ils savent ce que cela veut dire : c’est le jour de la Saint-Jean-Baptiste : on décolle un copain (Argot des voleurs).

Journade, journal

France, 1907 : Ancienne mesure de terre d’à peu près un arpent, représentant la journée de travail d’un homme.

Journaille

Virmaître, 1894 : La journée. On dit d’un paresseux qu’il trouve la journaille plus longue que la queue au pain (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 / Hayard, 1907 : Journée.

France, 1907 : La journée de travail ; argot des faubouriens.

Journaleux

France, 1907 : Journaliste d’occasion, méchant plumitif. C’est aussi la désignation méprisante dont les bourgeois et les ouvriers se servent à l’égard des journalistes.

Les journaleux prennent leur mot d’ordre à la Préfectance ; leurs boîtes ne sont d’ailleurs qu’une succursale de la Tour pointue. De sorte, nom de Dieu ! que quand la rousse veut étouffer une saloperie, elle cligne de l’œil aux journaleux, et ça suffit ! De marloupiers à putains on se comprend.

(Le Père Peinard)

Le journaleux dit quelquefois ce qu’il pense, mais il pense rarement ce qu’il dit.

(Dr Grégoire)

Journalistes à richer

Virmaître, 1894 : Les vidangeurs. Cette expression vient d’un mauvais calembour. Les journalistes publient souvent des fausses nouvelles. Les vidangeurs recherchent les fosses nouvelles (Argot du peuple). N.

Journée

d’Hautel, 1808 : Il a bien gagné sa journée. Se dit par raillerie de quelqu’un qui a cassé ou brisé une chose de prix.

Journée (avoir fait sa)

Rigaud, 1881 : Avoir gagné l’argent nécessaire aux dépenses de la journée, — dans le jargon des filles.

Journoyer

Delvau, 1866 : v. n. Ne rien faire de la journée, flâner. Argot du peuple.

France, 1907 : Passer la journée à ne rien faire ; flâner.

Jours (les 28 ou 13)

Merlin, 1888 : Réservistes ou territoriaux.

Jusqu’au boutien (journal)

Rigaud, 1881 : Journal qui a soutenu la politique du maréchal de Mac-Mahon après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 1877. — Allusion à la phrase qui figurait dans l’ordre du jour adressé par le Maréchal à l’armée, le 9 juillet suivant : « J’irai jusqu’au bout. »

Les journaux jusqu’au boutiens affirment avec ensemble que, etc.

(La France du 10 août 1877)

Les vingt-huit jours

Virmaître, 1894 : Quand les réservistes partent, ils emportent généralement dans un mouchoir quelques menus objets de toilette. Quand les agents arrêtent un individu, on le conduit au poste de police où on le fouille très minutieusement ; les objets qu’il possède sont enveloppés dans un mouchoir. Quand le lendemain, à 9 heures du matin, on le conduit au bureau du commissaire de police, l’agent qui le tient porte le petit paquet ; comme généralement ils sont huit ou dix à la file, quand ils passent, le peuple dit par allusion : Tiens ! les vingt-huit jours ! (Argot du peuple). N.

Lire le journal

France, 1907 : Partir sans dîner.

Long comme un jour sans pine

Delvau, 1864 : Phrase ad usum prostibuli, parce que dans un bordel, où l’amour est la seule occupation des femmes, la journée paraît longue lorsqu’il ne vient pas de michés.

Mal pensants (journaux)

France, 1907 : Feuilles publiques qui ne pensent pas comme vous. Les cléricaux emploient surtout cette expression pour les journaux républicains, quand ceux-ci racontent quelque fredaine des membres du clergé.

Les journaux mal pensants ne manquent jamais de relater ces esclandres. Aussi, pour que la quantité ne puisse en être connue, l’archevêque a autorisé les prêtres du diocèse à ne pas porter la soutane.

Mauvaise herbe croît toujours

France, 1907 : Ce dicton fort ancien désigne ces enfants têtus, malfaisants et d’un caractère insupportable, qui croissent et poussent mieux que leurs camarades d’une nature plus tranquille.

Male herbe croist tantost, ce dit t’on en proverbe.

(Jean de Meun, XIIIe siècle)

N’est si long jour qui ne vienne à vêpres

France, 1907 : Il n’est si long jour qui ne finisse : vêpres a ici le sens de soir (vesper). « La journée sera longue mais elle finira », dit Damiens avant de subir son effroyable supplice, honte de l’humanité.

Nage toujours et ne t’y fie pas

France, 1907 : Sois toujours prudent dans tes entreprises. Va quand même, mais veille au grain. Les Anglais ont le même dicton : No safe wading in unknown waters. « Rien de sûr dans des eaux inconnues. » Les Espagnols plus prudents encore disent : Chi non vede il fondo, non passa l’acqua. « Qui ne voit pas le fond, ne doit pas passer l’eau. » C’est pousser la prudence à ses dernières limites.

Parler comme le diable toujours en l’Évangile

France, 1907 : Se dit des escrocs et des filous qui parlent sans cesse de leur probité.

Peine (à chaque jour suffit sa)

France, 1907 : Se contenter de ses fatigues et chagrins journaliers, sans se préoccuper ou s’affliger d’avance de ceux qui pourront arriver dans la suite. Ce proverbe se trouve au chapitre VI de l’Évangile selon saint Matthieu : «  Ne soyez pas en souci pour le lendemain ; car le lendemain aura soin de ce qui le regarde. À chaque jour suffit sa peine. »

Père Coupe-toujours

Rigaud, 1881 : Le bourreau, — dans le jargon des voyous.

France, 1907 : Le bourreau.

Philippine (bonjour)

France, 1907 : Expression dont on se sert dans le Nord pour réclamer de quelqu’un de connaissance un petit présent, après qu’à table on a partagé une amande double. À la première rencontre, la personne qui dit de suite : Bonjour, Philippine ! gagne un cadeau à la discrétion du perdant. Cet usage vient d’Allemagne. Philippine est une altération de l’allemand Philippchen, qui est lui-même une altération de viel liebchen, bien aimé ; c’est dire qu’est Allemagne ce petit jeu ne se fait qu’entre personnes de sexe différent.

Philosophes de neuf-jours

Delvau, 1866 : Souliers percés.

Plat du jour

Rigaud, 1881 : « Il n’est pas de cabaret où il ne se confectionne chaque jour ce que le restaurateur appelle dans son argot un plat du jour, c’est-à-dire un plat humain, possible, semblable à la nourriture que les hommes mariés trouvent chez eux ; un plat, enfin, que l’on peut manger sans en mourir. » (Th. de Banville, La Cuisinière poétique)

Virmaître, 1894 : Femme nouvelle servie aux habitués des maisons de rendez-vous avant qu’elle ne serve au public (Argot des filles). N.

France, 1907 : Nouvelle arrivée dans une maison de tolérance que la matrone offre aux clients habituels, aux gros bonnets de la localité avant de l’exposer au salon ; argot des filles.

Pré au dab court toujours

Virmaître, 1894 : Prison de Mazas (Argot des voleurs).

Rigodon (jour du)

France, 1907 : Temps de la révolution sociale ou anarchiste, littéralement : jour de la danse.

Aux policiers, aux renégats,
Leur compte sera bon
Aux jours du rigodon !
Dansons la Communarde,
Et tenons bon (bis).
Dansons la Communarde,
Et tenons bon,
Nom d’un nom !

(La Communarde)

Robe et belle fille trouve toujours qui l’accroche (méchante)

France, 1907 : Vieux dicton qui s’explique de lui-même,

Rouge au soir, blanc au matin, journée de pèlerin

France, 1907 : Le soir, le pèlerin est ivre, et, le matin, il revêt le surplis pour recevoir la sainte communion.

Sainte-Touche (le jour de la)

Virmaître, 1894 : La paye de chaque semaine ou de fin du mois. La Sainte Espérance est la veille de la Sainte-Touche. C’est une sainte bien fêtée par les ouvriers (Argot du peuple).

Taper toujours sur le cheval qui tire

France, 1907 : Aux bons et patients les coups. Vérité universelle reconnue chez tous les peuples, ce qui n’est pas en faveur de l’humanité. Toute la charge pèse sur le cheval de bonne volonté, disent les Anglais. Les Russes : Fais-toi mouton, le loup est prêt. Les Allemands : Fais-toi âne et chacun te chargera de son sac. Les Italiens : si vous laissez mettre le veau sur votre dos, on ne tardera pas à y mettre la vache. Les Latins exprimaient la même idée. L’on trouve dans Publius Synes : Patiendo multa veniunt quæ neques pati.

Toujours loup est loup

France, 1907 : On ne change jamais de nature.
« Si l’on vient vous affirmer, disait Mahomet, qu’une montagne a changé de place, permis à vous de le croire, mais si l’on vous affirme qu’un homme a changé de caractère, n’en croyez rien » ; ce que Boileau a traduit par ce vers resté proverbial :

Chassez le naturel, il revient au galop.

Toujours on tape sur le cheval qui tire

France, 1907 : Aux bons et aux patients les coups. Vérité universelle reconnue chez tous les peuples ; ce qui ne prouve pas en faveur de l’humanité. En voici quelques exemples tirés des dictons populaires de diverses nations :
Anglais : All lay load on the wiling horse ; toute la charge pèse sur le cheval de bonne volonté.
Allemands : Wer sich zum Esel macht, dem will jeder seinen Sack auflegen ; fais-toi âne et chacun te chargera de son sac.
Italiens : Se ti lasci metter in spalla il vitello, quindi a poco ti mitteran la vacca ; si tu laisses mettre le veau sur ton dos, on y mettra bientôt la vache.

Tous-les-jours

France, 1907 : Vêtement ordinaire, que l’on porte tous les jours.

Elle parait, au contraire, enchantée de vivre, et s’amuser prodigieusement d’aller et de venir parmi les groupes endimanchés, très à l’aise en son tous-les-jours.

(Jean Richepin)

Trente et un (le), jour sans pain, misère en Prusse

France, 1907 : Cette expression vient d’un système imaginé par Frédéric II, roi de Prusse, qui, d’une avarice sordide, inventa le moyen économique de ne pas payer ses troupes le trente et unième jour du mois. Il y avait de cette façon sept jours par an où l’armée prussienne travaillait pour rien.

Vingt-cinq franco-jourien

Delvau, 1866 : s. m. Représentant du peuple, — parce que payé vingt-cinq francs par jour. Le mot date de 1848 et de Théophile Gautier.

Vingt-huit jours

Fustier, 1889 : Soldat faisant la période d’exercice exigée de ceux qui font partie de la réserve de l’armée active, parce que cette période dure vingt-huit jours. On dit aussi réservoir.

France, 1907 : Soldat de réserve appelé ainsi à cause de la période de 28 jours à laquelle il est obligé. Il fera, nous n’en doutons pas, un fort bel effet en campagne, mais il en fait un très vilain en garnison. « Octobre et novembre, dit Auguste Germain, sont deux mois pendant lesquels s’agite le dieu des batailles. En octobre, on voit des gentlemen qui, vêtus de capotes trop petites, coiffés de képis trop larges, déambulent par les rues, avec une allure non dénuée d’un laisser-aller qui rappelle celui des gardes nationaux d’antan ; ce sont les vingt-huit jours. »

Chassé par les sous-officiers, le troupeau de vingt-huit jours remonta la cour du quartier ruisselante de soleil et se vint adosser aux murs des écuries en lignée interminable et bariolée : méli-mélo de toutes les castes et de toutes les armes, salade de jaquettes crasseuses et de blouses pâlies au lavage, faisant ressortir l’azur délicat d’un dolman, l’éclat d’une haute ceinture de spahi égarée là-dedans, sans que l’on sût pourquoi. Ces gens se poussaient du coude, ricanaient, — d’un rire niais de pauvres diables qui font contre fortune bon cœur et affectent de se trouver drôles, — tandis qu’aux fenêtres de la caserne, des centaines d’autres figures riaient aussi, des têtes que coiffaient la tache brune d’un képi ou le gris souris bordé bleu du léger calot d’intérieur.

(Georges Courteline)

Un vingt-huit jours se plaint d’avoir beaucoup trimé, dans la section où il était.
— Qu’est-ce à dire ! gronde le sergent. Peut-être que vous eussiez subséquemment préféré servir dans une autre compagnie ?
— Fectivement, sergent… Comme chasseur, j’aurais préféré une compagnie de perdreaux.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique