Blanc-vilain
Delvau, 1866 : s. m. Distributeur de boulettes municipales destinées aux chiens errants, — dans l’argot des faubouriens, qui, d’un nom propre probablement, ont fait une qualification applicable à une profession.
France, 1907 : Homme dont les fonctions consistaient jadis à jeter des boulettes empoisonnées aux chiens errants.
Brancards de laine (avoir des)
France, 1907 : Être boiteux on mal assis sur ses jambes.
Calain
Halbert, 1849 : Vigneron.
Delvau, 1866 : s. m. Vigneron, — dans le même argot [des voleurs].
Chapelain
Boutmy, 1883 : s. m. Celui des ouvriers qui tient les copies de chapelle. (B. Vinçard.) Inusité depuis que la chapelle n’existe plus.
Cul de vilain
France, 1907 : Bourse de cuir où d’étoffe dont on se servait autrefois et qui se fermait par une coulisse. Dans son Glossaire français du moyen âge, M. de Laborde donne l’explication du mot en deux lignes :
La culotte du pauvre est souvent percée et laisse voir le contenu,
Une bourse de satanin à cul de vilain.
(Inventaire de Charles V)
Faire un poulain
Rigaud, 1881 : Tomber de cheval, — dans le jargon des régiments de cavalerie ; jeu de mot hippique ; c’est-à-dire : mettre bas son cavalier.
Fille au vilain
France, 1907 : Objet qui se donne à celui qui en offre le plus, comme la fille d’un vilain ou paysan qui choisit pour mari celui qui a le plus d’argent sans s’inquiéter du reste. « Avoir le sac », pour la fille au vilain, remplace toutes les qualités.
Graisse (se plaindre de trop de)
Rigaud, 1881 : Se plaindre mal à propos, se plaindre quand on ne manque de rien. Encore un qui se plaint de trop de graisse.
Jambes de coton, de laine
France, 1907 : Personne qui flageole en marchant.
Jambes de laine
Virmaître, 1894 : Individu peu solide sur ses jambes. Quand un homme sort de l’hôpital, il a généralement des jambes de laine : il flageole. Autrefois on disait, pour exprimer la même image : jambes de coton (Argot du peuple). N.
Jeux de mains, jeux de vilains
France, 1907 : Les jeux de mains sont brutaux et se terminent généralement par des horions. Cette expression vient de l’ancien régime où les nobles portaient l’épée et s’en servaient pour régler leurs différends, tandis que les vilains ou gens du peuple n’avaient que leurs poings dont ils se servent d’ailleurs encore.
Lain
France, 1907 : Liqueur très piquante que les Siamois composent avec du riz et de la chaux. Les Européens y ajoutent du sucre et de la cannelle. Cette liqueur, qu’on laisse fermenter au soleil, est plus capiteuse que le vin. On l’appelle aussi vaque.
Laine
d’Hautel, 1808 : Des tireurs de laine. Voleurs qui détroussent les passans la nuit dans les rues.
Vidocq, 1837 : s. m. — Mouton.
Larchey, 1865 : Mouton (Vidocq).
Delvau, 1866 : s. f. Ouvrage, — dans l’argot des tailleurs.
Rigaud, 1881 : Drap, — dans le jargon des tailleurs. Avoir de la laine, avoir de l’ouvrage.
La Rue, 1894 : Ouvrage.
France, 1907 : Ouvrage ; argot des tailleurs. On appelait autrefois laine tout vêtement en général, d’où tire-laine, voleur d’habit.
Lainé
Delvau, 1866 : s. m. Mouton, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 / La Rue, 1894 / France, 1907 : Mouton.
Manger la laine sur le dos de quelqu’un
Delvau, 1866 : v. a. Le tromper, et même le voler, sans qu’il proteste ou s’en aperçoive. Même argot [du peuple].
Marchand de tirelaine
France, 1907 : Voleur de nuit.
Morceau (beau ou vilain)
Delvau, 1864 : Belle ou vilaine fille.
Nous allons voir si l’état d’miché vaut l’mien, et si je s’ra assez chançard pour tomber sur un bon morceau…
(Lemercier de Neuville)
Oignez vilain, il vous poindra
France, 1907 : Vieux dicton populaire auquel on ajoute : « Poignez vilain, il vous oindra. » Obliger au voyou, c’est s’exposer à recevoir en échange des désagréments et des injures ; rien de plus vrai que ce dicton confirmé chez tous les peuples. Un proverbe du temps de Richard II, roi d’Angleterre, dit : We have no worse enemy than he whom we save from the gallows (Nous n’avons pas de plus grand ennemi que celui que nous avons sauvé de la potence).
Perdre son temps et sa lessive (à dégraisser un vilain c’est)
France, 1907 : On a tort de se donner du mal pour essayer d’éduquer un sot ou un rustre ; non seulement on sème sur le sable, mais on ne récolte que désagréments.
Mais ma candeur est excessive ;
Je perds mon temps et ma lessive
Avec toi, Rommel. Dors en paix.
Je perds également des rimes
Excellentes, et pour des frimes :
Chante à l’âne, il te fait des pets.
(Raoul Ponchon)
Plaindre
d’Hautel, 1808 : Se plaindre que la mariée est trop belle. Se plaindre sans sujet, sans fondement ; se récrier sur l’excellence de quelque chose.
Plaîne
France, 1907 : Couteau a deux poignées dont on se sert pour planer les douves.
Plaine rouge
France, 1907 : Place de la Roquette.
Porcelaine (noces de)
France, 1907 : Nom donné au 20e anniversaire du mariage. Voici les différentes autres appellations de ces anniversaires : 1re année, noces de coton ; 2e année, noces de papier ; 3e année, noces de cuir ; 4e année, noces de bois ; 7e année, noces de laine ; 10e année, noces d’étain ; 12e année, noces de soie ; 15e année, noces de cristal ; 20e année, noces de porcelaine ; 25e année, noces d’argent ; 30e année, noces de perles ; 40e année, noces de rubis ; 50e année, noces d’or ; 75e année, noces de diamant.
Poulain
Delvau, 1864 : Tumeur vénérienne qui vient dans les aines, et qu’on appelle ainsi probablement par antiphrase — puisqu’elle vous empêche de marcher.
Des deux côtés du con tu nourris deux poulains,
Et de pus malfaisants tous tes vaisseaux sont pleins.
(Un troupier au dou)
Poulain (faire un)
France, 1907 : Tomber de cheval ; argot militaire.
Poulaine
Fustier, 1889 : Cabinets d’aisance. Argot du bagne.
On s’entassait à la poulaine (lieux d’aisance) où une pompe, installée tout exprès, fournissait en grande abondance l’eau nécessaire à ces ablutions.
(Humbert, Mon bagne)
La Rue, 1894 : Lieux d’aisances.
France, 1907 : Lieux d’aisances ; argot des marins passé dans celui du bagne. Cet endroit est appelé ainsi parce que, sur les navires, il se trouve à l’avant du vaisseau, appelé poulaine.
Poulainte
Vidocq, 1837 : s. — Vol par échange. (Voir Graisse, Soulasse, Charrieurs.)
Delvau, 1866 : s. f. Vol par échange.
Rigaud, 1881 : Vol par échange. (Fr. Michel)
La Rue, 1894 : Vol par échange.
France, 1907 : Tricherie sur un échange de marchandises ; argot des voleurs.
Savonnette à vilains
France, 1907 : On appelait ainsi par dérision certaines charges qui, sous l’ancien régime, octroyaient la noblesse à celui qui les achetait et qui, de cette façon peu glorieuse, se décrassait de la roture.
Dans les pays d’aristocratie, le lit est la meilleure savonnette à vilains. Partager le sommeil d’un fils d’empereur équivaut à la plus haute action d’éclat et Blanche des Tilleuls, à son tour, aurait pu écarteler son blason récent d’accessoires de toilette rivaux du pal et de l’écu de ceux-là qui opposèrent la croix de leurs épées au cimeterre des compagnons de Saladin.
(Ed. Lepelletier)
On dit aussi quelque fois que la femme est une savonnette à vilains, en ce sens qu’en nombre de cas elle décrasse son mari, le dégrossit, lui enlève ses manières de rustre.
Vilain
d’Hautel, 1808 : Il n’est chère que de vilain. Signifie que quand un avare se met en dépense de traiter quelqu’un, il le fait souvent avec une grande profusion.
d’Hautel, 1808 : Vilain comme lard jaune. Lâdre, intéressé à l’excès, d’une avarice sordide.
Content comme un vilain. Voyez Content.
À vilain, vilain et demi. Imitation du proverbe, à trompeur, trompeur et demi, pour dire qu’il faut être lâdre avec ceux qui le sont.
Un vilain rhume. Pour dire un gros rhume, un rhume dangereux.
Une vilaine. Pour, dire une courtisane, une femme de mauvaise vie, une prostituée.
Vilain (oignez), il vous poindra
France, 1907 : Rendez service à un rustre, il vous paiera d’ingratitude. Il est quantité de vieux dictons contre les vilains, c’est-à-dire les natures grossières, ingrates et incultes, car c’est l’éducation qui atténue les défauts naturels de l’homme. Tous les peuples s’accordent sur ce point qu’obliger de méchantes gens, c’est s’en faire des ennemis. Outre le vieux dicton de nos pères :
Oignez vilain, il vous poindra,
Poignez vilain, il vous oindra.
en voici d’autres exprimant la même pensée :
Graissez les bottes d’un vilain, il dira qu’on les lui brûle.
Ôtez un vilain du gibet, il vous y mettra.
Dépends le pendart, il te pendra.
En obligeant un vilain,
On ne recueille que chagrin
car, oncques vilain n’aima noble homme, c’est-à-dire les natures basses haïssent les nobles et les généreuses.
Citons un dicton anglais qui fait pendant aux nôtres :
Save a thief from the gallows, and he will be the first to cut your throat.
(Sauve un voleur de la potence at il sera le premier à te couper la gorge.)
Vilain merle
Virmaître, 1894 : Homme laid.
— Tu vas te marier avec ce vilain merle-là ; tu pourras chanter au roi des oiseaux : tu auras un beau merle au cul.
Vilain merle : méchant homme, bilieux, fielleux, qui veut du mal à tout le monde (Argot du peuple).
Vilainement
d’Hautel, 1808 : Pour beaucoup, en quantité. Le peuple se sert fréquemment de cet adverbe par exagération, pour donner plus de poids à son discours.
Vilains de Beauvaisis
France, 1907 : C’est le nom que l’on donna d’abord aux jacques, car c’est en Beauvaisis que commença la Jacquerie, après la bataille de Poitiers. Tous les châteaux des rives de l’Oise furent mis au pillage, puis incendiés. Ce fut un des plus effroyables drames de l’histoire de France. Les Jacques n’épargnaient ni l’âge ni le sexe, torturant les prisonniers avant de les mettre à mort, violant les filles et les femmes, brûlant jusqu’aux petits enfants, ne laissant sur leur passage que cendres et ruines. Dans la Champagne et la Picardie, ils étaient plus de cent mille. Les nobles, un instant surpris, s’assemblèrent et, usant de représailles, commencèrent une guerre atroce, sans merci. En quelques semaines, les Jacques, traqués, furent tous massacrés. Le lugubre souvenir de ces abominations a traversé les siècles, et le nom de vilains de Beauvaisis fut longtemps une grave injure. Un poète du XIVe siècle, Eustache Deschamps, bailli de Senlis, a conservé le souvenir de cette guerre dans ses poésies historiques.
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