Rigaud, 1881 : Apprenti commis dans un magasin de bonneterie.
Merlin, 1888 : Bonnet de nuit. Expression usitée dans le langage familier ordinaire, mais qui a évidemment pour lieu d’origine la caserne.
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Casque-à-mèche
Rigaud, 1881 : Apprenti commis dans un magasin de bonneterie.
Merlin, 1888 : Bonnet de nuit. Expression usitée dans le langage familier ordinaire, mais qui a évidemment pour lieu d’origine la caserne.
Charriage à la mécanique
Larchey, 1865 : Un voleur jette son mouchoir au cou d’un passant et le porte à demi-étranglé sur ses épaules pendant qu’un complice le dévalise.
Virmaître, 1894 : Ce genre de vol est l’enfance de l’art ; un mouchoir suffît. Le voleur le jette au cou d’un passant, il l’étrangle à moitié, le charge sur son épaule pendant qu’un complice le dévalise. C’est exactement le coup du père François, toutefois pour exécuter celui-ci les voleurs se servent d’une courroie flexible ou d’un foulard de soie (Argot des voleurs).
France, 1907 : Ce genre de vol exige deux complices. Le premier jette son mouchoir au cou d’un passant, et, tenant les deux bouts, se retourne vivement de façon à appuyer la victime sur son dos : tandis qu’il la tient soulevée et à moitié étranglée, le second la fouille et la dévalise. On l’appelle aussi le coup du Père François. Il était, il y a quelques années, fort commun à Londres, et les bandits qui le pratiquaient étaient désignés sous le nom d’étrangleurs. Mais, à la suite de nombreux forfaits de ce genre, les magistrats, indépendamment des travaux forcés, condamnèrent les étrangleurs à recevoir un certain nombre de coups d’un fouet appelé « chat à neufs queues », peine si terrible et si redoutée que l’industrie des étrangleurs cessa presque aussitôt les premières applications.
Pour se rendre compte de la cruauté du châtiment, il est bon de savoir que le fouet, instrument du supplice, se compose de neuf lanières de cuir fixées à un manche, une sorte de martinet, enfin. L’exécuteur doit manœuvrer de façon que chaque lanière laisse une trace, c’est-à-dire que chaque coup de fouet fasse neuf coupures sur la peau. Ces coups impriment des stigmates indélébiles, comme le fer avec lequel on marquait autrefois les forçats, et le condamné eu porte toute sa vie les cicatrices.
(Hector France, L’Armée de John Bull)
Charrier à la mécanique
Rigaud, 1881 : Avoir la précaution d’étrangler un peu et même tout à fait le patient, tandis qu’un camarade le dépouille.
Charrieur a la mécanique
Vidocq, 1837 : Voleur qui, avec le mouchoir, attrape un passant par le col, le porte ainsi sur les épaules pendant qu’un camarade s’occupe à le dévaliser de manière à le laisser quelquefois nu et sans vie sur la route.
Lorsque le pantre est mort, ce qui arrive quelquefois, les Charrieurs à la mécanique jettent le cadavre dans le canal ; car c’est ordinairement dans ce quartier désert qu’ils exercent leur horrible industrie.
Claque (mec de la)
Rigaud, 1881 : Claqueur, — dans le jargon des voyous.
Couper la mèche (se)
Delvau, 1864 : S’émasculer volontairement, — pour ne plus prendre feu auprès des femmes.
Puisque aimer offense Dieu,
Qu’un sûr moyen nous empêche :
Dès qu’on redoute le feu,
Que ne coupe-t-on la mèche ?
(Altaroche)
Daronne du mec des mecs
France, 1907 : La mère de Dieu.
Si tu consens à vous laisser rebâtir le ratichon et sa larbine, nous irons pioncer dans le sabri du rupin de ton villois, à cinquante paturons de la chique de la daronne du mec des mecs.
(Mémoires de Vidocq)
On dit aussi : daronne du grand Aure.
Éméché
Larchey, 1865 : Ivre. — Allusion à l’air échevelé des ivrognes.
Quand je rentre un peu éméché après minuit, elle me dit : La cruche est dans le coin.
(Monselet)
Rossignol, 1901 : Légèrement pris de boisson.
Eméché (être)
Rigaud, 1881 : Éprouver les premiers effets de l’ivresse.
Hayard, 1907 : Avoir bu un petit coup de trop.
Éméché (être)
Virmaître, 1894 : N’avoir pas assez bu pour être pochard mais suffisamment pour avoir une légère pointe ; être allumé. Allusion à la rougeur du visage (Argot du peuple).
France, 1907 : Être gris.
L’artiste voulant croquer sur le vif un de ces types qu’il a rendus célèbres, alla au Vieux-Chêne, mais auparavant, après un diner largement arrosé, il fit de nombreuses stations dans différents cafés et, comme il adorait le champagne et que La rue Mouffetard est loin du boulevard Clichy, il arriva absolument éméché.
(Ch. Virmaître, Paris oublié)
Zinque, joliment éméché aussi, avait roupillé à midi pendant une demi-heure. Puis on avait rigolé à dire des blagues, et comme elle insistait pour savoir quelles blagues, il eut une pudeur. Pour ça non, c’était des choses qui se disent entre hommes, mais que les femmes ne doivent pas entendre.
(Camille Lemonnier, Happe-Chair)
Quand je rentrais le soir un peu… éméchée, il arrivait, il me flairait avec ses moustaches hérissées, et comme il n’aimait pas l’odeur de la boisson, je ne le voyais plus pendant deux jours… sans doute que je lui avais collé une beigne un soir d’absinthe, mais quand il me sentait à jeun… Ah ! alors c’était la grande rigolade !… il était si content qu’il grimpait dans les rideaux. Et qu’il dégringolait en cassant des cuvettes !… M’en a-t-il coûté de la vaisselle !
(Louise France, Gil Blas)
Émécher (s’)
Delvau, 1866 : v. réfl. Se griser, être sur la pente de l’ivresse, — dans l’argot des faubouriens.
France, 1907 : Se griser.
Émécheur de parties
Fustier, 1889 : Certains fondateurs de cercles ou maisons de jeux réunissent un capital qui leur sert à spéculer sur les petits pontes qu’ils gagnent presque toujours. En argot des joueurs, on nomme ceux qui se livrent à des opérations de ce genre des voraces ou des émécheurs de parties.
France, 1907 : Grec qui fonde un cercle pour spéculer sur les petits joueurs. On dit aussi dans le même sens : vorace.
Emmécher (s’)
France, 1907 : S’enivrer. Du mot émécher.
Et mèche
France, 1907 : Interjection employée par les ouvriers comme un augmentatif. « Combien te reste-t-il de picaillons dans ta profonde, cinq balles ? Cinq balles et mèche. »
Et mèche !
Delvau, 1866 : Formule de l’argot des faubouriens, employée ordinairement pour exagérer un récit : « Combien cette montre a-t-elle coûté ? soixante francs ? — Soixante francs, et mèche ! » c’est-à-dire beaucoup plus de soixante francs.
Être de mèche
Rossignol, 1901 : Être de moitié dans une affaire, c’est être de mèche. Deux associés sont de mèche.
Grand mec
France, 1907 : Président.
Grand-mecque
Halbert, 1849 : Président.
Hameçon
d’Hautel, 1808 : Mordre à l’hameçon. Pour, se laisser prendre dans un piège ; être dupe sans le savoir.
Humecter (s’)
Larchey, 1865 : Boire.
Il me demande si je veux m’humecter. Je lui réponds : J’ai mon casque.
(Monselet)
Delvau, 1866 : v. réfl. Boire, — dans l’argot des ouvriers qui avaient assez de poussières malsaines pour avoir le droit de se mouiller un peu le palais.
France, 1907 : Boire. On dit généralement s’humecter les amygdales, la dalle du cou on le pavillon.
Humecter les amygdales (s’)
Rigaud, 1881 : Boire un coup, se rafraîchir d’un coup de vin.
Lantimèche
Delvau, 1866 : s. m. Imbécile ; jocrisse, — dans l’argot des faubouriens.
Rigaud, 1881 : Nom d’amitié, sobriquet tout intime. — Père Lantimèche, mère Lantimèche. — Les concierges des deux sexes se donnent volontiers entre eux « du Lantimèche ».
France, 1907 : Imbécile, jocrisse. Allumeur de bec de gaz. Jeu de mot. C’est l’antimèche qu’il faudrait écrire. Se dit aussi pour appeler quelqu’un : « Eh ! Lantimèche ! »
Lieue de méchants chemins en tous pays (il y a une)
France, 1907 : En toute affaire, il y a des difficultés ; chaque médaille a son revers.
Mec
anon., 1827 : Bon Dieu.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Dieu.
Bras-de-Fer, 1829 : Bon dieu.
Vidocq, 1837 : s. m. — Maître.
Fustier, 1889 : Souteneur.
C’est tout d’même chouette pour (une pierreuse)
D’avoir un mec comme celui-là ?
(De Gramont, La Femme à Polyte)
La Rue, 1894 : Souteneur. Individu méprisable.
Virmaître, 1894 : (pour meg) Chef, patron, Dieu, le mec plus ultra (Argot des voleurs).
France, 1907 : Maître, chef. La véritable orthographe de ce mot est meg.
Quelle femme n’a frémi d’aise une fois, à la pensée d’aller se promener dans Paris, son derrière posé sur ses mains, devant elle, bien en évidence, à la libre disposition de l’amateur ? Douces et charitables âmes !… Race féminine, cent fois chère ; exquise aumône jetée par le Maître de tout à la détresse des pauvres déshérités !… Hélas ! le Mec infâme est là, qui crie à l’ange consolateur : « Reste ici !… Reste ici, te dis-je ! Ne va pas où ton cœur t’appelle ! » — « Marche ! » criait la voix formidable à Ahasvere, le Juif errant. — « Marche ! crie-t-il lui aussi. Marche !… Mais ne marche que pour la galette, ou je t’envoie mon pied quelque part ! »
(Georges Courteline)
anon., 1907 : Type homme.
Mec (grand)
Vidocq, 1837 : s. m. — Roi.
Mec à la colle forte
Rigaud, 1881 : Gredin redoutable, homme des plus dangereux, — dans le jargon des voleurs.
Virmaître, 1894 : Se dit d’un voleur redoutable, par opposition au mec à la mie de pain. Voleur de rien (Argot des voleurs).
France, 1907 : Voleur ou souteneur à poigne, redoutable coquin.
Mec à la manque
Rigaud, 1881 : Méchant homme, — dans le jargon des voyous.
Mec à la mie de pain
France, 1907 : Voleur maladroit et craintif.
C’était un môme assez costeau,
Mais il ’tait avec eun’ cathau
Qu’était blèche :
I’ la r’levait à la mi’ d’pain,
Il était, au lieu d’êt’ rupin,
Dans la dèche.
(Aristide Bruant)
Vous m’direz : Mon vieux cochon,
Quand on veut qu’eun’ marmott’ turbine,
Faut pas qu’alle ay’ l’air d’un torchon
Ni qu’a soy’ trop dans la débine,
— Oui… mais ça m’fait r’naquer du fla
D’avoir l’air d’un mec à la mie,
Quand on s’paye eun’ anatomie
Et eun’ gueul’ comm’ la cell’ que v’là.
(Aristide Bruant, Dans la rue)
Mec à la redresse
Rigaud, 1881 : Bon garçon, honnête homme.
L’ignoble gommeux dépravé
Qui séduit un’ fill’ puis la flanque
Avec un goss’ sur le pavé,
C’est un mec à la manque !
Mais l’bougre qui — quand il a r’çu
D’un’ jeunesse des preuv’s de tendresse,
L’épous’ carrément par là d’ssu,
C’est un mec à la r’dresse.
(La Petite Lune, 1879)
Fustier, 1889 : Tout individu qui en impose par ses qualités ou ses vices.
Seules, quelques individualités hors pair, des mecs à la redresse, parviennent à se faire dans l’opinion une haute place.
(Humbert, Mon bagne)
Aujourd’hui le mot mec a pris une très grande extension. Il s’emploie pour désigner avec mépris un individu quelconque.
France, 1907 : Homme fort et courageux.
Mec à sonnettes
Rigaud, 1881 : Homme riche, — dans le jargon des rôdeurs de barrière. En argot, sonnettes signifient « argent », ce qui sonne dans la poche.
Mec de la guiche
France, 1907 : Souteneur.
Paraît qu’dans l’temps, chez Charles dix,
L’oncle d’son oncle était cocher.
Ça fait qu’il est légitimisse,
La République all’ le fait chier,
J’lui dis quéqu’fois : t’as donc z’un titre ?
Tu m’l’as jamais dit, mais pourquoi ?
Y m’répond toujours : Paye un litre
En attendant l’retour du roi.
Lui seul peut rendr’ la France heureuse,
Mais t’es trop bêt’ pour parler d’ça.
C’est tout d’mêm’ chouett’ pour un’ pierreuse
D’avoir un mec comm’ celui-là !
(André Gill)
Mec de la rousse
Vidocq, 1837 : s. m. — Préfet de police.
France, 1907 : Préfet de police.
Mec des gerbiers
France, 1907 : Exécuteur des hautes œuvres.
Mec des mecs
Vidocq, 1837 : s. m. — Dieu.
Mec ou meg des megs
Halbert, 1849 : Dieu.
Mec, meck, meg
Rigaud, 1881 : Maître, monsieur ; de magnus, grand. — Le meg des megs, Dieu, le maître des maîtres. — Mec des gerbiers, bourreau.
Méca
France, 1907 : Abréviation de mécanique ; argot des polytechniciens.
Mécanicien
Rigaud, 1881 : C’est sous le pseudonyme de « mécanicien » que les aides exécuteurs désignent volontiers leur état. (Figaro du 27 avril 1879)
Rigaud, 1881 : Taquin ; mot à mot celui qui mécanise, — dans le jargon des voyous. — M’en parle pas, un mécanicien qui me scie le dos tout le jour.
France, 1907 : Aide de l’exécuteur des hautes œuvres.
Mécanique
France, 1907 : Guillotine.
Mécanique (la)
Rigaud, 1881 : La guillotine. C’est le nom officiel que lui donnent le bourreau et ses aides.
Mécaniser
Larchey, 1865 : Ennuyer. — Mot à mot : réduire à un rôle passif, mécanique.
Malgré qu’ça vous mécanise, Ça vous demande encore crédit.
(Chansons, Clermont, 1837)
Et… Canalis regarda fixement Dumay qui se trouva, selon l’expression soldatesque, entièrement mécanisé.
(Balzac)
Delvau, 1866 : v. a. Vexer quelqu’un, le tourmenter, se moquer de lui, et même en médire un peu, — dans l’argot des faubouriens. Francisque Michel « trouve le germe de cette locution dans un passage des Vies des dames illustres de Brantôme », et ce germe, c’est mœquaniqueté… Le malheur est que jamais « locution ne fut plus moderne ». Quant a son « germe », le premier mécanicien venu le trouverait en conduisant sa machine.
France, 1907 : Ennuyer quelqu’un, le vexer, le tourmenter.
Alors la donzelle, fatiguée de cet incessant pelotage qui ne menait à rien, se tourna soudain, furieuse, vers le bélitre :
— Avez-vous bientôt fini de me mécaniser ? dit-elle.
(Les Propos du Commandeur)
France, 1907 : Guillotiner.
Mécaniseur
Delvau, 1866 : s. m. Railleur, médisant.
Méchant
d’Hautel, 1808 : Faire le méchant. Faire le mutin, le mauvais sujet ; menacer, faire le fanfaron.
Les bons pâtissent pour les méchans. V. Bon.
Méchant (pas)
Larchey, 1865 : Encore une expression éminemment parisienne, dont la portée est plus grande qu’on ne pense. On dit d’une toilette mesquine, d’un homme inepte, d’un livre sans valeur : Ça n’est pas méchant ; ça ne mord pas ! — comme on dit d’un homme zélé : C’est un féroce.
Achetez un caloquet plus méchant, votre tuyau de poêle n’est pas trop rup.
(Lem. de Neuville)
France, 1907 : Inférieur, de peu de valeur, anodin. « Un livre pas méchant, une poésie pas méchante, » Cette expression tendrait à prouvé qu’il faut être méchant pour être apprécié.
Méche
anon., 1907 : Cinquante centimes.
Mèche
d’Hautel, 1808 : Découvrir la mèche. Éventer un complot, un dessein, une entreprise, que l’on tenoit secrète.
En terme typographique, lorsque les ouvriers viennent proposer leurs services au prote de l’imprimerie, ils demandent, s’il y a mèche, c’est-à-dire, si on peut les occuper. Les compositeurs demandent s’il y a mèche pour la casse ; et les pressiers, s’il y a mèche pour la presse.
Bras-de-Fer, 1829 : Demi-heure.
Halbert, 1849 : Moitié, demi-heure.
Larchey, 1865 : Moitié. — À six plombes et mèche : À six heures et demie. V. Momir. — Être de mèche : Être de moitié (Vidocq).
Delvau, 1866 : s. f. Intrigue, secret. Découvrir la mèche. Tenir les fils d’une intrigue, connaître à temps un dessein fâcheux.
Delvau, 1866 : s. f. Moitié, demi, — dans l’argot des voleurs. Être de mèche. Partager un butin avec celui qui l’a fait. Signifie aussi Demi-heure. D’où, sans doute, l’expression des faubouriens : Et mèche.
Delvau, 1866 : s. f. Possibilité de faire une chose. Il y a mèche. Il y a moyen. Il n’y a pas mèche. Cela n’est pas possible. On dit aussi elliptiquement : Mèche !
Delvau, 1866 : s. m. Travail, ouvrage à faire, — dans l’argot des typographes. Chercher mèche. Chercher de l’ouvrage.
Rigaud, 1881 : Complicité ; de moitié. Être de mèche, être complice, partager, — dans le jargon des voleurs.
Rigaud, 1881 : Moyen. — Y a-t-il mèche, y a-t-il moyen ? — Il n’y a pas mèche. Beaucoup d’ouvriers, quand ils demandent à un patron s’il a de l’ouvrage à leur donner, disent :
Y a-t-il mèche ?
J’ n’ai plus un rond de c’ que j’avais d’ pécune,
Tu vois, ma fille, n’y a plus mèch’ de lamper.
(Sénéchal, Le Retour de Croquignet, chans.)
Rigaud, 1881 : Plus, davantage. — Combien avez-vous perdu, au moins vingt francs ? — Et mèche. Par allusion à la mèche d’un fouet.
La Rue, 1894 : Plus, davantage. Moyen, possibilité de faire : Y a-t-il mèche ? Intrigue, secret : Découvrir la mèche. Travail : Chercher mèche. Complicité, de moitié : Être de mèche. Signifie aussi un quart d’heure.
Virmaître, 1894 : Les mauvais ouvriers qui voyagent sans cesse demandent mèche dans les ateliers qu’ils rencontrent sur leur route :
— Y a-t-il mèche de travailler ?
Mèche pour moyen (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Moyen, possibilité.
Y a-t-il mèche d’aller au théâtre a l’œil. — Non, il n’y a pas mèche.
Hayard, 1907 : Moyen (pas mèche : pas moyen); de mèche, de connivence.
Hayard, 1907 : Quart, être de moitié.
France, 1907 : Cordage embrasé suspendu au plafond dans un récipient en cuivre, qui sert à allumer les pipes et les cigares ; argot de l’École navale.
France, 1907 : Possibilité de faire une chose. Il y a mèche, c’est possible ; il n’y a pas mèche, c’est impossible.
Toutes les vieilles étiquettes, c’est de la gnolerie : boulangistes, badinguistes, royalistes, républicains… fumisterie que tout ça. Y a qu’une chose, c’est que nous sommes tous des richards et des patrons : conséquemment, nous tenons l’assiette au beurre et nous voulons la garder. Faut être à l’œil pour que le populo ne la casse pas… Donc y a mèche de s’entendre !…
(Le Père Peinard)
Quoi ! j’verrais les mecs d’la finance
S’engraisser avec not’ argent,
Quand y’en a d’aut qu’ont pas d’pitance
Et s’cal’nt des briqu’s de longs mois d’temps !
J’verrais passer dans leurs calèches
Tous ces salauds, ces abrutis,
Quand el’ purotin y a pas mèche
Qu’i’ fass’ boustifailler ses petits…
France, 1907 : Travail. Chercher mèche, chercher de l’ouvrage.
Mêche
M.D., 1844 : Moitié de quelque chose.
Mèche (demander)
Boutmy, 1883 : v. Offrir ses services dans une imprimerie.
France, 1907 : Offrir ses services dans une imprimerie.
Mèche (et)
France, 1907 : Et davantage. « Combien avez-vous payé cette fille ? Un louis ?— Et mèches. » Six plombes et mèche, six heures et demie.
Mèche (être de)
Bras-de-Fer, 1829 : Être de complicité.
Vidocq, 1837 : v. a. — Partager, être de moitié.
France, 1907 : Être d’accord.
Thévenet est parti ce matin pour Bordeaux, où il plaide ; mais, soyez sans crainte, lui et moi ne faisons qu’un. Quand j’ai besoin de lui, je n’ai qu’à le siffler par téléphone. Nous sommes de mèche.
(Jacques Mayer)
Mèche (il y a mèche, il n’y a pas)
Larchey, 1865 : Il y a moyen il n’y a pas le plus petit moyen d’aboutir. Le mot fait image. Quand on a la mèche, on a bientôt fait de tirer la corde à soi.
En termes typographiques, lorsque les ouvriers proposent leurs services au prote de l’imprimerie, ils demandent s’il y a mèche, c’est-à-dire : si on peut les occuper.
(1808, d’Hautel)
Mais il te fera pincer. — Pas si bête ! il n’y a pas mèche.
(E. Sue)
Mèche (roulement de)
France, 1907 : Roulement de tambour qui annonce la reprise du travail ; argot de l’École navale.
Mèche (vendre la)
France, 1907 : Trahir. C’est éventer et non vendre qu’il faudrait dire ; mais le populaire n’y regarde pas de si près.
On se chamaillait, entre concurrents groupés autour du même os ; mais on savait bien, au fond, que ce n’était pas « arrivé », qu’il y avait, sous cet étalage de haine, bien moins de différences de doctrines que d’antagonismes de personnalités — et surtout d’intérêts.
Tandis que celui-là, soit rigolo, soit féroce, il va mettre les pieds dans le plat, débiner le truc, vendre la mèche, devant les journalistes « bourgeois » qui écoutent, blagueurs et amusés, en mordillant leur plume, et qui reproduiront tout au long, le lendemain, l’intervention tragique ou cocasse du malavisé.
Aussi les orthodoxes du socialisme ont inventé une arme de guerre contre ces gêneurs. Pour tout bon marxiste, qui dit anarchiste dit mouchard. Et parmi ceux qui l’affirment, il en est qui le croient — à force de l’avoir répété !
Les vieux anarchos s’en moquent ; les novices, moins habitués aux luttes courtoises de la politique, s’emballent et donnent dans le panneau.
(Jacqueline, Gil Blas)
Méchef
d’Hautel, 1808 : Mésaventure, malheur, disgrace, infortune, désastre.
Méchi
Vidocq, 1837 : s. m. — Malheur.
Larchey, 1865 : Malheur (id.). — Abrév. du vieux mot méchief. V. Roquefort.
Delvau, 1866 : s. m. Malheur, — dans le même argot [des voleurs]. C’est assurément le meschief de notre vieille langue.
France, 1907 : Malheur, misère : corruption du vieux français meschief.
Mechillon
Hayard, 1907 : Quart.
Méchillon
Delvau, 1866 : s. m. Quart d’heure.
France, 1907 : Quart d’heure.
Mecque
Ansiaume, 1821 : Le roi.
Ma daronne a fait broder pour moi au mecque.
Rossignol, 1901 : Lui, individu.
Connais-tu ce mecque-là. — Qu’est-ce qu’il nous embête, ce mecque-la.
Meg, mec
Larchey, 1865 : Maître. V. Chique. — Du vieux mot Mège : chef, souverain. V. Roquefort, au mot megedux. — Mec des mec : Dieu. V. Rebâtir.
Nique de mèche
Virmaître, 1894 : N’avoir pas de complice.
— J’ai fait mon coup de cogne sans nique de mèche (Argot des voleurs).
Virmaître, 1894 : Refus d’un complice de partager le produit d’un vol.
— Nique de mèche, je ne fade pas le pognon (Argot des voleurs).
France, 1907 : N’avoir nulle part dans un vol.
Nique de mèche (être)
Delvau, 1866 : Sans aucune complicité, — dans le même argot [des voleurs].
Omnia mecum porto
France, 1907 : « Je porte tous mes biens avec moi. » Locution latine faisant allusion à la réponse du philosophe Bias, l’un des sept sages de la Grèce, qui, fuyant avec ses concitoyens sa ville menacée par les Perses et n’emportant aucune richesse avec lui, répliqua à ceux qui s’en étonnaient que son savoir lui suffisait. De nos jours, il n’irait pas loin avec ce seul bagage.
Pas méchant
Delvau, 1866 : adj. Laid, pauvre, sans la moindre valeur, — dans l’argot des faubouriens et des filles, qui emploient cette expression à propos des gens comme à propos des choses. Ainsi, un chapeau qui n’est pas méchant est un chapeau ridicule — parce qu’il est passé de mode ; un livre qui n’est pas méchant est un livre ennuyeux, — parce qu’il ne parle pas assez de Cocottes et de Cocodès, etc.
Pas mèche
Virmaître, 1894 : Impossible de réussir. Mèche pour moyen.
— J’ai beau la chauffer, pas mèche d’y arriver (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Impossible, pas moyen. « Prête-moi un louis ? — Il n’y a pas mèche, je n’ai pas le sou. » — « Peux-tu me faire travailler chez toi ? — Il n’y a pas mèche, il n’y a pas d’ouvrage. »
Pectoral (s’humecter le)
Rigaud, 1881 : Boire. (Dict. comique)
Robe et belle fille trouve toujours qui l’accroche (méchante)
France, 1907 : Vieux dicton qui s’explique de lui-même,
Vendre la mèche
France, 1907 : Trahir, livrer un secret.
Vergne mec
Vidocq, 1837 : s. f. — Ville capitale.
Visuel (s’en humecter le)
France, 1907 : Regarder attentivement ; argot populaire.
Argot classique, le livre • Telegram