d’Hautel, 1808 : Terme de jeu, dont les écoliers, les enfans se servent, dans les cas douteux, et qui signifie, disputer, contester entre soi l’avantage de la partie, prétendre être le plus près du but, vouloir l’emporter sur son adversaire.
J’en pige. Pour dire je gagne, je l’emporte, je fais des points dans cette partie.
un détenu, 1846 : Prendre quelqu’un sur le fait.
Larchey, 1865 : Considérer, mesurer de l’œil.
Pige-moi ça, regarde-moi un peu ce chique !
(La Bédollière)
Larchey, 1865 : Mesurer. — La pige est chez les ouvriers un morceau de bois donnant la longueur indiquée par le plan. — Au moyen âge on appelait pigours les fabricants de certaines mesures de capacité ?
Larchey, 1865 : Saisir. V. d’Hautel, 1808.
Delvau, 1866 : v. a. et n. Considérer, contempler, admirer. Piges-tu que c’est beau ? C’est-à-dire : Vois-tu comme c’est beau ?
Delvau, 1866 : v. a. Prendre ; appréhender au collet, — dans l’argot du peuple. Se faire piger. Se faire arrêter, se faire battre. Signifie aussi S’emparer de… Piger une chaise. Piger un emploi.
Delvau, 1866 : v. n. Mesurer, — dans l’argot des écoliers lorsqu’ils débutent. On dit aussi Faire la pige.
Rigaud, 1881 : Dépasser, — dans le jargon des canotiers de la Seine. Avec sa périssoire il pige tous les canots.
Rigaud, 1881 : Prendre en flagrant délit, — dans le jargon des collégiens. — Le pion m’a pigé à cramer une sèche et m’a collé pour dimanche.
Rigaud, 1881 : Prendre, filouter. — Regarder. — Mesurer. — On m’a pigé mon porte-plume. — Je te pige, va ! — Il faut que je pige pour la justification, — en terme de typographe.
Fustier, 1889 : Lutter. Se mesurer avec quelqu’un. « Je ne vois guère que le Président de la République qui pourra piger avec lui, et encore ! »
(Figaro, 1882)
— Battre.
La Rue, 1894 : Prendre, filouter. Regarder. Mesurer. Aller plus vite ou faire mieux. Frapper.
France, 1907 : Attraper, prendre, obtenir.
Après une demi-douzaine de visites au ministre, visites pendant lesquelles celui-ci défendait sa porte, elle pigea le ruban rouge pour son mari. Ce n’est pas plus malin que ça.
(Les Propos du Commandeur)
Comme, en le voyant entrer sans crier gare, les gens s’étaient dressés ébahis, interrompaient leur partie, le peintre très aimablement les pria de ne pas se déranger, leur expliqua à peu près la cause de cette indiscrète interruption.
— J’ai toujours dit à Madame qu’elle était trop imprudente, qu’elle finirait par se faire piger, s’exclama la femme de chambre d’un ton grave.
(René Maizeroy)
France, 1907 : Comprendre ; argot de voleurs.
— Piges-tu, pas de braise ; ceux qu’ont du poignon dans les finettes peuvent décaniller.
(Louise Michel)
France, 1907 : Concourir, rivaliser.
Je vous jure bien que dans cette foule de fillettes de magasin qui descendent en capeline… petites gueules fraîches toussotant à la brune, toujours talonnées de quelque galant, aucune n’aurait pu piger avec elle.
(Alphonse Daudet)
France, 1907 : Mesurer.
France, 1907 : Tromper.
France, 1907 : Voir, trouver.
— Tiens, c’est ta femme, cette colombe-là͇? Où as-tu pigé ce canasson-là ? C’est bon pour le Muséum, mon cher.
(Baumaine et Blondelet, Les Locutions vicieuses)
Ils vont, revolver au poing
Et le regard rouge,
Guettant s’ils ne pigent point
Un homme qui bouge.
Ils explorent l’atelier
En quête d’alerte,
Tout prêts à tout mitrailler.
La Chasse est ouverte.
(Le Patronnet, La Petite République)