Rigaud, 1881 : Eau-de-vie débitée par un marchand de vin de dernier ordre.
L’eau-de-vie servie dans les assommoirs est du… oui vitriol. Il est incroyable que l’estomac puisse supporter ce liquide.
(Le Sublime)
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Assommoir (poivre d’)
Rigaud, 1881 : Eau-de-vie débitée par un marchand de vin de dernier ordre.
L’eau-de-vie servie dans les assommoirs est du… oui vitriol. Il est incroyable que l’estomac puisse supporter ce liquide.
(Le Sublime)
Cher comme poivre
France, 1907 : Ce dicton n’est plus guère usité, et a perdu toute signification. Napoléon Landais en donne une explication singulière : « Il ne peut se comprendre, dit-il, que pour signifier que le poivre est peu de chose en lui-même, et vaut toujours trop cher. » Si l’auteur du Dictionnaire des Dictionnaires eût consulté Voltaire, il eût trouvé une raison plus satisfaisante : « Cet ancien proverbe est trop bien fondé sur ce qu’en effet une livre de poivre valait au moins deux marcs d’argent avant les voyages des Portugais. »
Cette épice était donc autrefois d’une extrême cherté. Les seigneurs, et principalement les seigneurs ecclésiastiques, qui en faisaient une grande consommation, l’avaient compris dans l’un des tributs imposés à leurs vassaux.
Geoffroy, prieur du Vigeois, voulant exulter la magnificence de Guillaume, comte de Limoges, raconte qu’il en avait chez lui des tas énormes amoncelés comme si c’eût été du gland pour les porcs !
Les juifs de Provence étaient obligés d’en payer deux livres par an et par tête à l’archevêque d’Aix ! Quand Clotaire III fonda le monastère de Corbie, il imposa ses domaines de trente livres de poivre aux religieux. C’était déjà une véritable passion pour le clergé, et de là est venu le surnom donné depuis au poivre : avoine de curé, poudre qui excite à l’amour ceux et celles qui en font usage.
Chier du poivre
Delvau, 1866 : v. n. Manquer à une promesse, à un rendez-vous ; disparaître au moment où il faudrait le plus rester.
Rigaud, 1881 : Rester sourd à la demande d’un service ; quitter un ami lorsqu’il a besoin de vous.
Virmaître, 1894 : Se sauver des mains des agents. S’en aller sans tambour ni trompette. Synonyme de pisser à l’anglaise (Argot du peuple). N.
Coquer le poivre
Vidocq, 1837 : v. a. — Empoisonner.
Larchey, 1865 : Empoisonner. — Coquer le rifle : Mettre le feu.
Girofle largue, depuis le reluit où j’ai gambillé avec tezigue et remouché tes chasses et ta frime d’altèque, le dardant a coqué le rifle dans mon palpitant qui n’aquige plus que pour tezigue.
(Vidocq)
Coquer : Donner. V. Ravignolé.
France, 1907 : Empoisonner.
Empoivrer (s’)
Larchey, 1865 : S’enivrer. — Mot à mot : s’empourprer. V. Poivre.
Les fêtes tu t’empoiveras avec ta largue au tapis franc.
(Vidocq)
France, 1907 : Se mettre en état d’ivresse.
Faire piler du poivre
Larchey, 1865 : Terrasser quelqu’un plusieurs fois en le laissant retomber aussi lourdement qu’un pilon. — Poivre indique la cuisson qu’en ressent la partie contuse.
Flasquer du poivre
France, 1907 : S’enfuir, éviter une mauvaise rencontre.
Mine à poivre
France, 1907 : Cabaret.
Lui était un bon, un chouette, un d’attaque. Ah ! zut ! le singe pouvait se fouiller, il ne retournerait pas à la boîte, il avait la flemme. Et il proposait aux deux camarades d’aller au « Petit bonhomme qui tousse », une mine à poivre de la barrière Saint-Denis, où l’on buvait du chien tout pur.
(Émile Zola, L’Assommoir)
Moudre du poivre
France, 1907 : Faure des reproches, injurier.
La commandante ne perdait aucune occasion de m’agoniser, me traitant de petite empotée, de petite andouille. À la fin, impatientée et furieuse de m’entendre toujours traiter de la sorte, je me promis de lui river son clou. Ça ne tarda pas. Le lendemain, comme elle recommençait à me harceler parce qu’elle trouvait que je n’allais pas assez vite, me disant : « Mais remuez-vous, petite momie ; vous ne saurez donc jamais vous trémousser ! » je lui ripostai : « Ce n’est pas ce que votre mari me dit. » Ce qu’elle en a moulu, du poivre !
(Les Propos du Commandeur)
Piler du poivre
Larchey, 1865 : Marcher avec la plante des pieds écorchées, en souffrant à chaque pas comme si du poivre pilé brûlait la chair.
Delvau, 1866 : Avoir des ampoules et marcher sur la pointe des pieds, par suite d’une très longue marche, — dans l’argot du peuple. Se dit également des cavaliers ou amazones novices, par suite d’exercices équestres trop prolongés. S’emploie aussi pour signifier Médire de quelqu’un en son absence, et S’ennuyer à attendre. Faire piler du poivre à quelqu’un. Le jeter plusieurs fois par terre, en le maniant avec aussi peu de précaution qu’un pilon.
Rigaud, 1881 : Ne pas se tenir d’aplomb à cheval, suivre, à contre-temps, le mouvement du trot, de façon à ce que le postérieur s’enlève de la selle et y retombe avec force, mouvement qui rappelle l’action de piler du poivre dans les mortiers des droguistes.
Merlin, 1888 : Marquer le pas, ou monter une faction. En cavalerie, enfourcher sans étriers un cheval à réactions dures.
Virmaître, 1894 : Individu qui a des chaussures neuves qui lui font mal ; il marche sur la pointe des pieds. Il pile du poivre. On dit également :
— Il est dans la prison de Saint-Crépin.
Quand une personne est absente et que l’on médit d’elle, on pile du poivre sur son compte.
On connaît cette anecdote de Tortoni :
Il y avait une vingtaine de journalistes réunis. Chaque fois que l’un s’en allait, aussitôt il était arrangé de belle façon, et ainsi de suite jusqu’au dernier.
Celui-là, en partant, se dit : au moins on ne pilera pas de poivre sur mon compte ; je reste seul.
Le garçon l’accompagna et dit en fermant la porte : — Quel crétin que ce coco-là, il se croit l’égal de Victor Hugo et il est plus bête que trente-six cochons.
Le garçon pilait du poivre.
Faire piler du poivre à quelqu’un : lui casser la tête sur le pavé (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Être monté sur un cheval qui trotte sec ; argot militaire.
On use une culotte en trois séances, mais on y gagne un appétit qui ne peut être assouvi par la cantine de l’École que si le bienheureux propriétaire a des revenus princiers. Ajoutez que cet exercice vous fait marcher large, parce qu’il détériore d’une façon très sensible ce qui, dans votre individu, se montre rarement à visage découvert. On appelle cet piler du poivre.
(Théo-Critt, Nos farces à Saumur)
France, 1907 : Marcher difficilement, soit par suite de fatigue ou de blessure aux pieds.
France, 1907 : Médire derrière quelqu’un, synonyme de casser du sucre, c’est l’habitude des journalistes et des gens de lettres de piler du poivre en l’absence d’un camarade.
On connait cette anecdote de Tortoni :
Il y avait une vingtaine de journalistes réunis. Chaque fois que l’un s’en allait, aussitôt il était arrangé de belle façon, et ainsi de suite jusqu’au dernier.
Celui-là, en partant, se dit : Au moins on ne pilera pas de poivre sur mon compte ; je reste seul.
Le garçon l’accompagna et dit en fermant la porte :
— Quel crétin que ce coco-là ; il se croit l’égal de Victor Hugo et il est plus bête que trente-six cochons !
Le garçon pilait du poivre.
(Ch. Virmaître)
Piler le poivre
Delvau, 1866 : Monter une faction, — dans l’argot des troupiers.
Rigaud, 1881 : Être en faction, — dans le jargon des troupiers.
France, 1907 : Monter une faction.
Poivre
d’Hautel, 1808 : Cher comme poivre. Se dit d’une marchandise d’un prix exorbitant.
Ansiaume, 1821 : Poison.
Il a été butté, on lui a tranché un arpion pour avoir donné le poivre à sa daronne.
Vidocq, 1837 : s. m. — Poisson.
Larchey, 1865 : Ivre. — Du vieux mot poipre : pourpre. V. Roquefort. — Une trogne de buveur s’empourpre volontiers.
Je voyais bien qu’il était poivre.
(Monselet)
Delvau, 1866 : adj. Complètement ivre, — dans l’argot des faubouriens, habitués à boire des vins frelatés et des eaux-de-vie poivrées. Être poivre. Être abominablement gris.
Delvau, 1866 : s. m. Poisson de mer, parce que salé, — dans le même argot [du peuple], parfois facétieux.
Rigaud, 1881 : Eau-de-vie. — Un poivre, un verre d’eau-de-vie.
De la bière, deux poivres ou un saladier ?
(P. Mahalin)
Rigaud, 1881 : Poisson. M. Fr. Michel donne le mot sans autre explication ; il doit être pris dans le sens de « poisson », mesure de vin, d’ohpoivrier, poivrot, poivre, mine à poivre.
La Rue, 1894 : Ivre. Eau-de-vie. Syphilis. Poison.
France, 1907 : Eau-de-vie, verre d’eau-de-vie.
— De la bière, deux poivres ou un saladier ?
(Paul Mahalin)
France, 1907 : Ivre. « Canarder un poivre », voler un ivrogne.
Juliette. — Il me semble que j’ai entendu la voix de mon homme… Hé ! Roméo ! tu ne tiens donc plus sur tes jambes ?
Roméo. — J’ai cru que t’étais poivre, alors j’ai voulu faire comme toi, par politesse.
Juliette. — C’était une frime du corbeau… Mais puisque te v’là rond, faut que je le sois aussi…
(Le Théâtre Libre)
Poivré
France, 1907 : Atteint de syphilis.
France, 1907 : Excitant, pimenté au figuré.
Elles s’en vont peu à peu, les héroïnes du bataillon sacré, qui surent tomber avec grâce durant un demi-siècle et, ayant excité des vieux messieurs avec l’innocence poivrée de leurs quinze ans, conservèrent au seuil du douzième lustre des mains assez roses pour nouer le bandeau de l’amour sur des yeux d’adolescents.
(Francis Chevassu)
Poivre (chier du)
France, 1907 : S’enfuir.
Poivre (donner le)
Ansiaume, 1821 : Empoisonner.
Il donne le poivre, il n’a pas d’autres phlanchets.
Poivre (mine à)
France, 1907 : Cabaret de bas étage.
Comment une bride de son espèce se permettait de mauvaises manières… Tous les marchands de coco faisaient l’œil ! Il fallait venir dans les mines à poivre pour être insulté !
(Émile Zola)
Poivre et sel
Virmaître, 1894 : Cheveux qui commencent à grisonner. L’allusion est claire (Argot du peuple).
France, 1907 : Chevelure ou barbe grisonnante.
Poivre et sel (être)
Delvau, 1866 : Avoir les cheveux moitié blancs et moitié bruns, — dans l’argot du peuple. Se dit aussi de la barbe.
Poivreau
Boutmy, 1883 : s. m. Ivrogne. Le mot poivreau tire évidemment son origine du poivre, que certains débitants de liquides ne craignent pas de mêler à l’eau-de-vie qu’ils vendent à leurs clients. Ils obtiennent ainsi un breuvage sans nom, capable d’enivrer un bœuf. Que d’anecdotes on pourrait raconter au sujet des poivreaux ! Bornons-nous à la suivante : Un poivreau, que le « culte de Bacchus » a plongé dans la plus grande débine, se fit, un jour entre autres, renvoyer de son atelier. Par pitié pour son dénuement, ses camarades font entre eux une collecte et réunissent une petite somme qu’on lui remet pour qu’il puisse se procurer une blouse. C’était une grave imprudence ; notre poivreau, en effet, revient une heure après complètement ivre.
— Vous n’êtes pas honteux, lui dit le prote, de vous mettre dans un état pareil avec l’argent que l’on vous avait donné pour vous acheter un vêtement ?
— Eh bien ! répondit l’incorrigible ivrogne, j’ai pris une culotte.
Poivrement
Vidocq, 1837 : s. m. — Paiement.
Larchey, 1865 : Paiement. — Poivre pris dans ce sens, doit remonter au temps reculé où les épices étaient assez chères pour faire de ce mot un synonyme de Argent.
Delvau, 1866 : s. m. Payement, compte, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Paiement, — dans le jargon des voleurs.
Poivrer
d’Hautel, 1808 : Pour, vendre trop cher.
Cette marchandise est bien poivrée. Pour dire, que le prix en est très-élevé.
Vidocq, 1837 : v. a. — Payer.
Larchey, 1865 : Donner la vérole.
Pour se venger d’un homme, elle prit du mal exprès afin de le poivrer.
(Tallemant des Réaux)
Larchey, 1865 : Vendre trop cher. On dit aussi : Saler (1808, d’Hautel).
Delvau, 1866 : v. a. Charger une note, une addition, — dans l’argot des consommateurs. C’est poivré ! C’est cher. On dit de même : C’est salé.
Delvau, 1866 : v. a. Payer.
Rigaud, 1881 : Communiquer le mal vénérien, donner un bon à toucher chez le docteur Ricord. — Être poivré, être dans les conditions requises pour obtenir une entrée à l’hôpital du Midi, payer cher un moment de plaisir.
Toi louve, toi gueuse, qui m’as si bien poivré, Que je ne crois jamais en être délivré.
(Saint-Amant)
Rigaud, 1881 : Payer, — dans le jargon des voleurs. — Surfaire. — Falsifier. Poivrer le pive, falsifier le vin.
La Rue, 1894 : Payer. Surfaire. Falsifier, empoisonner. Communiquer la syphilis.
Virmaître, 1894 : Quand la cuisinière poivre trop ses mets, elle met le feu au palais des convives. Quand une femme poivre un homme, le poivré maudit Christophe Colomb comme François Ier la belle Ferronnière (Argot du peuple).
France, 1907 : Donner la syphilis. Se faire poivrer, l’attraper. Celle qui la donne a reçu le nom de poivrière.
Ils continuaient l’histoire de Marie Mange-mon-prêt, qui avait poivré en une seule nuit quarante-trois voltigeurs, sans compter les enfants de troupe, ou la partie de piquet avec des cartes usées par six générations d’aides de cuisine, car il était difficile, à première vue, de distinguer l’as de trèfle du valet de carreau.
(Hector France, L’Homme qui tue)
Toi louve, toi guenon, qui m’as si bien poivré,
Que je ne crois jamais en être délivré.
(Saint-Amant)
Poivrer quelqu’un
Delvau, 1866 : v. a. Lui faire regretter amèrement la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et l’expédition de Naples par Charles VIII. Argot du peuple.
Poivrer un homme
Delvau, 1864 : Lui donner la vérole.
Toi, louve, toi, guenon, qui m’as si bien poivré.
Que je ne crois jamais en être délivré.
(Saint-Amand)
Va, poivrière de Saint-Côme,
Je me fiche de ton Jérôme.
(Vadé)
Poivreur
Vidocq, 1837 : s. m. — Payeur.
Delvau, 1866 : s. m. Payeur, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Payeur, — dans le jargon des voleurs.
Poivrier, mine à poivre
Rigaud, 1881 : Mauvais débit de vins et liqueurs qui brûlent le palais comme le poivre le plus incandescent.
Poivrier, poivrot, poivre
Rigaud, 1881 : Ivrogne. — Être poivre, être soûl. — Le poivrot est arrivé au dernier degré de l’ivresse. Il parle seul, bat la muraille et festonne dans les ruisseaux jusqu’à ce que, à bout de forces, il s’asseye sur un banc ou qu’il s’étale le long d’un trottoir qu’il aura pris pour un banc.
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