Acré
Rigaud, 1881 : Paix ! Silence ! Exclamation lancée à l’atelier, soit pour avertir les camarades de se taire ou de se méfier, soit pour annoncer l’entrée du patron. — Quand il y a de l’acré, ça va mal, le patron n’est pas content. C’est une abréviation de sacré nom d’un chien ou de sacré nom de n’importe quoi.
Rossignol, 1901 : « Sauvons-nous, il y a du pet, voilà les rateaux. »
anon., 1907 : Cri d’alerte. Acré ! v’la les flics : attention voilà les agents.
Acré, acrée ou acrie
France, 1907 : Méfiance, attention !
Acrée donc !
Delvau, 1866 : Cette interjection, qui signifie « Tais-toi ! » se jette à voix basse pour avertir qu’un nouvel arrivant est ou peut être suspect. On dit aussi Nibé donc !
France, 1907 : Tais-toi.
Acrée ou Acrie
Delvau, 1866 : s. f. Méfiance, cousine germaine de l’acrimonie. Même argot [des voleurs].
Acrée ou acrier ou acré
Virmaître, 1894 : Méfie-toi, prends garde, il y a du pet (danger), voilà la rousse (Argot des voleurs).
Acrée, aczay !
La Rue, 1894 : Méfiance. Acrée donc ! Méfie-toi ! Tais-toi.
Acreniller (s’)
France, 1907 : Se rider, former de petits angles, cesser d’être lisse, en parlant des prunes et autres fruits qui sèchent. Mot poitevin, saintongeais, etc., dérivé de crea, angle, cran.
(P. Malvezin.)
Acrès !
Hayard, 1907 : Méfiance ! Chut ! Gare !
Acrie ou acré
Halbert, 1849 : Méfiance.
Bacreuse
Rigaud, 1881 : Poche, — dans le jargon des ouvriers.
La Rue, 1894 : Poche.
France, 1907 : Poche.
Bon sort de bon sort (sacré) !
Rigaud, 1881 : Exclamation qui exprime le désappointement ou la colère. La variante est : Coquin de bon sort !
Chien (sacré)
France, 1907 : Eau-de-vie.
Chien, Sacré-Chien
Rigaud, 1881 : Eau-de-vie aussi mauvaise que forte. — On disait et l’on dit encore dur comme du chien, pour désigner soit un liquide qui racle la gorge au passage, soit une denrée comestible rebelle à la mastication. Il n’est donc pas étonnant que l’eau-de-vie très forte ait été désignée sous le nom de sacré-chien et chien par abréviation.
Coup d’acré
Rigaud, 1881 : Extrême-onction, — dans le jargon des voleurs. Mot à mot : coup de Sacrement.
France, 1907 : Extrême-onction. Acré signifie en argot, méfiance, attention ; c’est en effet le moment d’ouvrir l’œil quand on va le fermer.
Fiacre
d’Hautel, 1808 : Parler, chanter, danser comme un fiacre. Pour dire fort mal, en dépit du sens commun.
Rigaud, 1881 : Train de chemin de fer, — dans le jargon des mécaniciens.
Fiacre (jouer comme un)
Rigaud, 1881 : Aux XVIIe et XVIIIe siècles, fiacre désignait un cocher de carrosse public. Jouer comme un fiacre était donc jouer comme un cocher.
Et les fiacres qui mènent ces carrosses sont la plupart des maquereaux, qui connaissent tous les lieux de débauche de Paris.
(Le Roux, Dict. comique, 1750.)
L’expression jouer comme un fiacre s’est conservée jusqu’à ce jour.
Fiacre (remiser son)
Rigaud, 1881 : Se ranger ; mener une vie plus régulière.
Jouer comme un fiacre
Delvau, 1866 : v. n. Jouer très mal, — dans l’argot du peuple, qui sait que les voitures imaginées, au XVIIe siècle, par Sauvage, sont les plus détestables véhicules du monde. On dit aussi Jouer comme une huître.
France, 1907 : Jouer mal.
Jurer comme un sacre
France, 1907 : Un sacre était un ancien canon, dont ou ne se sert plus depuis longtemps, qui pesait 2,830 livres et lançait un projectile de 5 livres. Comme ce fut un des premiers canons en usage et que le bruit était bien supérieur au reste de la mousqueterie, on disait de quelqu’un qui faisait grand tapage et jurait bruyamment : il jure comme un sacre.
Mal Saint-Fiacre
France, 1907 : Hémorroïdes.
« Le mal Saint-Fiacre la puisse prendre et la faire trotter ! » dit un vieux dicton, mauvais souhait adressé aux femmes acariâtres, car l’on sait que ce mal fort déplaisant vient de l’âcreté des humeurs.
Fleury de Bellingen cite à ce sujet les six vers burlesques suivants :
Grand bien fait ce mal de Saint-Fiacre,
Qui veut dire autant que fiacre,
Quand on vide le sang du cu
À gens mornes comme cocu,
À la phrénésie enragée
Par le cu la tête est purgée.
(L’Hippocrate dépaysé)
Massacre
d’Hautel, 1808 : Mauvais ouvrier, qui gâte tout ce qu’il touche, qui saboule l’ouvrage.
Delvau, 1866 : s. m. Ouvrier qui travaille mal, qui gâte l’ouvrage, — dans l’argot des bourgeois. Signifie aussi Gaspillage de choses ou d’argent.
Rigaud, 1881 : Ouvrier qui abîme l’ouvrage.
Rossignol, 1901 : Personne ayant un vilain physique.
Rossignol, 1901 : Marque de la petite vérole.
France, 1907 : Gâcheur, ouvrier maladroit.
Polacre
d’Hautel, 1808 : Terme de mépris, pour dire, homme d’une très-basse condition ; un grossier personnage, un manant, un vaurien.
Pouacre
d’Hautel, 1808 : Un vilain pouacre. Épithète injurieuse pour dire un homme sale, malpropre, un sagouin.
Remiser son fiacre
Delvau, 1866 : Se taire, — dans l’argot des faubouriens. Signifie aussi, par extension, Mourir.
France, 1907 : Mourir ; argot populaire.
Rester dans son fiacre
France, 1907 : Ne pas se montrer.
Sacre
anon., 1827 : Argent.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Sergent.
Bras-de-Fer, 1829 : Argent.
Halbert, 1849 : Sergent.
Halbert, 1849 : Argent.
France, 1907 : Argent ; argot des voleurs.
France, 1907 : Agent de police ; argot des voleurs.
Sacré
d’Hautel, 1808 : Le peuple joint souvent cet adjectif à un substantif, pour lui donner plus de force, et par manière de jurement, d’imprécation et de mépris.
Ainsi, pour désigner un lâdre, un avare, un égoïste, un crasseux au dernier degré, il dit : C’est un sacré vilain.
Du sacré chien tout pur. Pour dire, du fil en trois, de l’eau-de-vie piquante et d’un degré très élevé.
On désigne aussi cette liqueur sous le nom de rude ; et lorsqu’on invite quelqu’un à prendre un petit verre, on lui demande, préalablement s’il désire, du rude ou du doux ; ce dernier mot ne s’applique qu’aux liqueurs huileuses, sucrées et agréables à boire.
Sacré chien
Larchey, 1865 : Eau-de-vie.
Vous nous râperez le gosier avec le trois-six et le sacré chien dans toute sa pureté.
Th. Gautier, 1833.
Les voilà parties chez Caplaine où elles demandent un demi-septier de sacré chien.
Vadé, 1788.
Avoir le sacré chien : Avoir le génie, l’esprit de son art. — Équivoque sur le mot précédent. — V. Chien.
Delvau, 1866 : s. m. Eau-de-vie de mauvaise qualité qui emporte le gosier. Argot du peuple. On dit aussi Sacré chien tout pur.
Delvau, 1866 : s. m. Feu sacré, — dans l’argot des rapins et des cabotins. Avoir le sacré chien. Jouer d’inspiration et avec succès. Peindre avec emportement.
Sacré lien
France, 1907 : Le mariage, les nœuds de l’hyménée ; pour beaucoup, c’est un sacré lien ; ne pas confondre avec lien sacré.
Une femme est toujours aimable
Tant qu’on n’est pas uni par le sacré lien ;
L’usufruit en est agréable,
La propriété n’en vaut rien.
Sacré-chien
Larchey, 1865 : Eau-de-vie. — Dans le monde artistique le sacré-chien, c’est le sentiment de l’art, c’est le feu sacré. — On dit dans le même sens : Il a du chien. Allusion à l’eau-de-vie.
France, 1907 : Eau-de-vie très forte, autrement dit tord-boyaux.
Vous vous râperez le gosier avec du rhum et du rack, avec le trois-six et le sacré-chien dans toute sa pureté, tandis qu’ils se l’humecteront avec les onctueuses liqueurs des îles.
(Théophile Gautier)
Sacré-matin
France, 1907 : Sobriquet que les verriers donnent aux bourgeois et en général aux gens étrangers à l’art de la verrerie, sans doute à cause de cette exclamation sacré matin ! constamment répétée par les visiteurs qui assistent aux dangereux et durs travaux des verriers.
Il plumait sans remords un sacré-matin à l’écarté ou prenait sans vergogne la femme d’autrui ; mais il était pitoyable aux faibles et aux malheureux, doux aux petits ; on ne faisait jamais en vain appel à sa bonté, et il se serait tué plutôt que manquer à une parole donnée.
(André Theuriet)
Sacrebleu !
d’Hautel, 1808 : Sacredié ! Sacrelote ! Sacristie ! Saprebleu ! Sapristie ! Interjections basses et vulgaires ; espèce de juremens qui expriment la surprise l’étonnement, le regret, le dépit, le mécontente ment ; et qui équivalent à morbleu ! tubleu ! tu dieu, etc.
Sacrécœurer
France, 1907 :
Mais on était chouette en c’temps-là,
On n’sacrécœuroit pas sur la
Butt’ déserte.
E’j’ faisais la Cour à Nini,
Nini qui voulait fair’ son nid
À Montmerte !
(Aristide Bruant, Dans la Rue)
Sacrement
Larchey, 1865 : Sacrement du mariage.
Oscar m’offrit le sacrement.
Festeau.
Delvau, 1866 : s. m. Le mariage, — dans l’argot du peuple. Offrir le sacrement. Se proposer comme mari, courtiser une fille pour le bon motif.
Sacrer
Delvau, 1866 : v. n. et a. Affirmer.
Rigaud, 1881 : Affirmer.
La Rue, 1894 : Affirmer.
France, 1907 : Affirmer.
Saint Sacrement (et tout le)
Delvau, 1866 : C’est l’et cætera de l’argot du peuple : Il comprend tout — et une foule d’autres choses.
Saint-Sacrement (porter en)
France, 1907 : Tenir quelque chose raide et droit.
Une grande gaillarde d’une trentaine d’années, blonde et grasse, dont le visage régulier gardait quelque finesse sous l’empâtement des traits, bombait un buste opulent, sanglé dans une cuirasse de satin noir, et portait en saint-sacrement, coiffée comme d’un casque d’une forêt de cheveux roux rutilants, une tête encore jolie…
(André Desroches, L’Éternelle Illusion)
Tire-fiacre
Rigaud, 1881 : Viande aussi coriace que de la viande de cheval.
Rossignol, 1901 : Viande de cheval.
N’allons pas chez ce gargotier, c’est du tire-fiacre qu’il vend pour du bœuf.
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