France, 1907 : Œil scrutateur qui observe tout, ne laisse rien échapper de ce qui se passe : allusion à la vue perçante prêtée aux tribus indiennes de l’Amérique par Fenimore Cooper dans ses célèbres romans, entre autres Œil-de-Faucon. Cette expression tend à remplacer cette autre de plus vénérable origine : yeux d’Argus. On dit généralement des femmes, plus observatrices des détails que les hommes, qu’elles ont l’œil américain, et aussi qu’elles ouvrent l’œil. Mais ouvrir l’œil, c’est être circonspect, prudent, ne pas agir à la légère. Les Grecs disaient : Le loup à l’œil au bois. Le loup, en effet, s’éloigne rarement du bois : il ne le perd pas de vue, toujours prêt à y trouver un refuge. Nous avons, pour exprimer la surveillance attentive du maître : avoir l’œil au chanin et à la ville.
On lit dans le Trésor des Sentences du XVIe siècle, de Gabriel Meurier :
Un seul œil a plus de crédit
Que deux oreilles n’ont d’audivi.
On dit vulgairement : ouvrir l’œil et le bon.
Le vieux commandant s’apercevait bien que son sacripant de neveu tournait autour de jupes de Mariette et semblait humer les parfums sui generis autant que champêtres qui s’en exhalaient comme on hume ceux d’une rose. Il voyait approcher le moment de la décisive culbute, aussi se promeltait-il d’avoir l’œil américain, c’est-à-dire d’ouvrir l’œil et le bon.
(Les Propos du Commandeur)