Delvau, 1866 : s. m. Vin de Champagne, — dans l’argot des vaudevillistes de la Restauration.
Aï
Aï
Aidance
Vidocq, 1837 : s. m. — Service.
Aide
d’Hautel, 1808 : Aller à la cour des aides. Ouvrir un emprunt, chercher des secours dans la bourse, ou le crédit de ses amis.
Bon droit a besoin d’aide. C’est-à-dire qu’en ce bas-monde, la droiture et l’équité ne suffisent pas seules au succès d’une affaire, qu’il faut encore avoir de bons avocats et de puissantes protections pour réussir.
Aide-cargot
Larchey, 1865 : Valet de cantine.
Aide-cargot, un dégoûtant troupier fait semblant de laver la vaisselle.
(Wado)
Delvau, 1866 : s. m. Aide de cuisine, — dans l’argot des troupiers, par corruption d’aide-gargot.
France, 1907 : Aide de cuisine, pour aide-gargotier.
Aide-mari
Delvau, 1864 : Amant, — qui aide en effet l’époux dans sa besogne conjugale, mais à son insu, bien entendu.
Il est assez égal que les enfants qu’elle pourra donner à son époux soient de lui ou du plus fécond des aide-mari qu’elle favorise.
(A. de Nerciat)
Virmaître, 1894 : L’amant. Il aide à la besogne conjugale, sans en avoir les désagréments. On dit aussi l’autre. Pour les omnibus traînés par trois chevaux, on dit : ménage à trois. Allusion à ce qu’ils tirent les uns après les autres (Argot du peuple). N.
Aides (aller à la cour des)
Rigaud, 1881 : Une femme va à la cour des aides, lorsqu’elle donne un ou plusieurs collaborateurs à son mari. L’expression date du dix-huitième siècle.
Aie-aie
Delvau, 1866 : s. m. Omnibus, — dans l’argot des faubouriens.
Aigle blanc
Virmaître, 1894 : Chef de bande de voleurs. Sans doute parce que l’aigle vole haut (Argot des voleurs). V. Méquard. N.
Aiglefin
Delvau, 1866 : s. m. Chevalier d’industrie, escroc du grand et du petit monde, vivant aux dépens de quiconque l’écoute.
C’est à dessein que je donne cette orthographe, qui est aussi véritable, — c’est-à-dire aussi problématique, — que l’orthographe officielle, aigrefin. Le peuple prononce le nom comme je l’écris : est-ce par euphonie, est-ce par tradition ? je l’ignore, et les savants n’en savent pas plus que moi là-dessus « Aigre faim, faim très vive (homme affamé) », dit Littré. Sans doute, mais il y a eu jadis une monnaie dite aiglefin, et les escrocs ne sont pas moins affamés d’argent que d’autre chose.
France, 1907 : Filou, chevalier d’industrie. Le peuple prononce ce mot tel qu’il doit être écrit, tandis que les puristes disent aigrefin, qui n’a aucune signification. L’orthographe populaire s’explique d’elle-même, escroc hardi et entreprenant, vivant comme l’aigle de hardies rapines. C’est aussi le nom d’une ancienne monnaie.
Aiglon
Virmaître, 1894 : Apprenti voleur (Argot des voleurs). N.
Aigrette conjugale
Delvau, 1864 : Au figuré : ornement de tête de MM. les cocus ; les cornes que leur font porter mesdames leurs épouses.
X… a couché avec madame Z… ? Encore un fleuron à ajouter à l’aigrette conjugale de son mari.
(Diable au corps)
Aiguerive (mal d’)
France, 1907 : Convulsions des enfants pour lesquelles on allait en pèlerinage à l’abbaye d’Aiguevive, appelée par corruption Aiguerive dans toute la contrée, près de Montrésor (Indre-et-Loire).
Aiguille
d’Hautel, 1808 : De fil en aiguille. De propos en propos ; d’une chose à une autre.
Elle ne sait pas faire un point d’aiguille. Se dit d’une fille ignorante et paresseuse ; d’une véritable idiote.
Disputer sur la pointe d’une aiguille. Contester, chicaner sur la moindre chose.
Fournir quelqu’un de fil et d’aiguille. C’est-à-dire de tout ce qui lui est nécessaire ; pourvoir à tous ses besoins.
Delvau, 1864 : Le membre viril, avec lequel on pique les femmes — qui en enflent pendant neuf mois.
Mariette est femme très honnête,
Et si ce n’est un jour de fête,
Elle a toujours l’aiguille en main.
(Théophile)
Un vieil homme est comme une vieille horloge, plus elle va avant, plus l’aiguille se raccourcit.
(Tamarin)
Delvau, 1866 : s. f. Clé, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Clé — Barbe de huit jours, — dans le jargon des voleurs. Elle pique comme une aiguille.
La Rue, 1894 : Clé.
Virmaître, 1894 : Fausse clé (Argot des voleurs).
France, 1907 : Clé, dans l’argot des voleurs. Carte pointant entre les autres de façon à seconder la tricherie d’un grec. (Lorédan Larchey)
S’il voit qu’un pigeon se dispose à lui tenir banco, il ne manquera pas de le faire couper immédiatement sous l’aiguille.
(Cavaillé)
Aiguille
Vidocq, 1837 : s. f. — Clé. Terme dont se servent les voleurs de campagne.
Aiguille à tricoter les côtes
France, 1907 : Épée ou fleuret.
Aiguiller
France, 1907 : Marquer une carte.
Aiguiller, aiguiller la brème
Rigaud, 1881 : Disposer, corner une carte de façon à ce qu’elle dépasse légèrement les autres ; cela facilite le coupage dans le pont. La carte ainsi disposée s’appelle l’aiguille. Elle conduit au pont la main de celui qui coupe, comme une aiguille de chemin de fer conduit un train sur telle ou telle voie.
Aiguillette
d’Hautel, 1808 : Lâcher l’aiguillette. Donner cours aux nécessités naturelles.
Courir l’aiguillette. Chercher les aventures, les bonnes fortunes ; hanter les femmes de mauvaise vie. Cette manière de parler vient de ce qu’autrefois à Toulouse, les prostituées étoient obligées de porter, comme marque d’infamie, une aiguillette sur l’épaule.
Aiguilleur
Rigaud, 1881 : Grec qui a l’habitude d’aiguiller la carte. Mot emprunté au vocabulaire des chemins de fer.
Virmaître, 1894 : Vol au moyen de fausses clés (Argot des voleurs).
Aiguillon
Delvau, 1864 : Le membre viril, Avec lequel on pique les femmes pour les réveiller quand elles sont endormies.
Et profitant d’un moment de faiblesse,
Il lui glissa sont fringant aiguillon.
(Piron)
Aiguillonner
Delvau, 1864 : Travailler du bout de la langue sur un vit, ou sur un clitoris.
… Dès lors, il a le nez sur la céleste mappemonde, et sa longue amoureuse aiguillonne le brûlant bijou.
(Aphrodites)
Aiguiser
d’Hautel, 1808 : Aiguiser ses couteaux. Pour se préparer à se battre ; affiler ses armes.
Aile
d’Hautel, 1808 : Cela ne va que d’une aile ; et plus communément encore, Cela ne va que d’une fesse. Pour exprimer qu’une affaire est embarrassée par quelque circonstance cachée ; qu’un ouvrage est mené mollement et avec une grande nonchalance.
Rogner les ailes. Diminuer le crédit, l’autorité, la fortune de quelqu’un.
En avoir dans l’aile. Pour dire, être amoureux, être vivement épris.
Il ne bat plus que d’une aile. Se dit d’un homme qui perd tous les jours de son crédit, et dont les affaires sont très-dérangées.
Tirer pied ou aile de quelqu’un ou de quelque chose. Rattraper ce que l’on peut d’un débiteur insolvable, d’une mauvaise créance.
Il veut voler avant que d’avoir des ailes. Se dit d’une personne qui fail des entreprises au-dessus de ses forces, et dans un temps peu opportun.
Autant qu’en couvriroit l’aile d’une mouche. Hyperbole, qui signifie en très-petite quantité.
Baisser l’aile. Déchoir de sa condition ; être triste, mélancolique.
Vidocq, 1837 : s. m. — Bras.
Delvau, 1866 : s. f. Bras, — dans l’argot des faubouriens, l’homme étant considéré par eux comme une oie. On dit aussi Aileron.
Rigaud, 1881 : Bras. Attrapez mon aile pour la ballade ! Donnez-moi le bras pour la promenade.
Aile (sous l’)
Vidocq, 1837 : adv. — Sous le bras.
Aile, aileron
Larchey, 1865 : Bras.
Appuie-toi sur mon aile, et en route pour Châtellerault.
(Labiche)
Je suis piqué à l’aileron, tu m’as égratigné avec tes ciseaux.
(E. Sue)
La Rue, 1894 : Bras.
France, 1907 : Bras. En avoir dans l’aile, être frappé d’impuissance ; mot à mot : avoir reçu du plomb dans l’aile, ne plus pouvoir voler. (Lorédan Larchey)
Aileron
d’Hautel, 1808 : On appelle ainsi vulgairement les mains, les doigts.
II se fera donner sur les ailerons. C’est-à-dire, sur les oreilles, sur les doigts. On ne se sert de cette façon de parler que par menace pour faire entendre que l’on se propose de rabattre la jactance et l’orgueil d’un impertinent, d’un présomptueux.
Rigaud, 1881 : Pied, main.
Qu’est-ce, qui bronche ici ? que je lui abatte un aileron.
(É. de La Bédollière, Les Industriels)
Ailerons
Rossignol, 1901 : Les bras.
Ailerons ou aile
Virmaître, 1894 : Bras.
— Mademoiselle, voulez-vous accepter mon aile.
Couvrir une femme d’une aile protectrice.
— Prends mon aile, s’y te touche, je le crève.
(Argot du peuple). V. Abatis.
Ailes de pigeon (faire les)
France, 1907 : Danser en battant les jambes et rapprochant les talons.
Aille (terminaison en)
La Rue, 1894 : Souvent l’argot se borne à ajouter, à la fin du mol, la terminaison en aille, en orgue, en iergue, en uche, en mare. Ex. ; Vouziergue trouvaille bonorgue ce gigotmuche ? Trouvez-vous bon ce gigot ? Épicemare, épicier. V. Largonji.
Aille, iergue, mare, orgue, uche
France, 1907 : Suffixes employés par les voleurs pour déguiser leurs mots.
Aimant
Delvau, 1864 : Ce qui attire l’homme à la femme, et vice versa.
Quand mes baisers passionnés lui coupant la parole, quand mes téméraires mains et le reste ont mis le feu partout… nos aimants se joignant, s’attirent, s’unifient… l’univers est oublié !…
(Monrose)
Delvau, 1866 : s. m. Embarras, manières, épate. Même argot [des faubouriens]. Faire de l’aimant. Faire des embarras, protester hypocritement de son amitié pour quelqu’un, afin de l’attirer à soi.
Aimant (faire de l’)
Rigaud, 1881 : Chercher à attirer l’attention, comme l’aimant attire le fer.
France, 1907 : Faire des embarras, des protestations d’amitié pour mieux duper.
Aimer
d’Hautel, 1808 : Je t’aime comme la colique. Manière triviale et figurée d’exprimer que l’on a de l’aversion pour quelqu’un, qu’on le déteste.
Qui aime Bertrand aime son chien. Proverbe populaire qui signifie que quand on aime quelqu’un, on fait amitié à tout ce qui lui appartient.
Il l’aime comme ses petits boyaux, comme la prunelle de ses yeux. Pour dire que rien n’est plus précieux ; que l’on n’aime rien au monde davantage.
Aimer mieux deux œufs qu’une prune. Préférer un grand avantage à un petit ; calculer parfaitement ses intérêts.
Qui m’aime me suit. Proverbe qui a beaucoup de ressemblance avec ce vers de Virgile :
Qui te, Pollio, amat, veniat quo te quoque gaudet.
Voyez Suivre.
Delvau, 1864 : Synonyme élégant et pudique de foutre. Quand un homme dit à une femme : « Je vous aime. » il veut lui dire et elle comprend parfaitement qu’il lui dit : « Je bande comme un carme, j’ai un litre de sperme dans les couilles, et je brûle de l’envie de te le décharger dans le con. » Il n’y a que les poètes, les impuissants et les mélancoliques qui aient osé jusqu’ici donne à ce verbe éminemment actif un sens passif — et ridicule.
… la fille entretenue
Dit : Aimons !!!…
(Protat)
Aimer à crédit
Delvau, 1866 : v. a. Être l’amant de cœur d’une femme entretenue, — dans l’argot de Breda-Street, où cependant,
Tout en chantant Schubert et Weber,
On en vient à réaliser
L’application de l’algèbre
À l’amour, à l’âme, au baiser.
On dit aussi Aimer à l’œil.
Virmaître, 1894 : Être l’amant de cœur d’une femme. Ne la payer qu’en nature. De la famille des maquereaux (Argot des filles).
Aimer à crédit ou à l’œil
France, 1907 : Jouir des faveurs d’une femme sans bourse délier, comme le font les Arthurs.
Aimer au chasse
Virmaître, 1894 : Aimer à l’œil, faire une queue à son souteneur avec un passant galbeux (Argot des filles). N.
Aimer bien ses parents
France, 1907 : Être un imbécile, dans l’argot de la canaille.
Dans un article du Gaulois, dit Lorédan Larchey, sur le Paris-Féroce, M. Louis Le Bourg dit en parlant des malfaiteurs de Montmartre : « Une locution enfin donnera, mieux que tous les tableaux, le niveau de l’état moral. On dit d’un être idiot : Il aime bien ses parents. »
Aimer ça
Delvau, 1864 : Avoir un goût fort vif pour les choses de la fouterie et pour la fouterie elle-même.
Monsieur, tout ce qu’il vous plaira.
J’aime assez ça,
J’aime bien ça.
(Collé)
Aimer comme la colique
Rigaud, 1881 : Détester.
Aimer comme ses petits boyaux
Rigaud, 1881 : Ressentir une vive affection.
France, 1907 : Le ventre étant la divinité de la plupart des êtres humains, ainsi que l’a constaté Hugo,
Le ventre est dieu, le ventre est roi.
cette expression s’est trouvée naturellement pour définir le superlatif de l’affection.
Aimer l’homme
Delvau, 1864 : Avoir du goût pour la pine, s’en servir le plus souvent possible ; jouer franchement des fesses lorsqu’on est sous l’homme.
Les femmes qui aiment l’homme sont assez rares, aujourd’hui que les femmes aiment si volontiers la femme et que les tribades ont remplacé les jouisseuses.
(A. François)
Aimer la femme
Delvau, 1864 : Avoir le tempérament amoureux, aimer à aimer — quelque femme que ce soit.
Que voulez-vous, mon père ? j’aime la femme et je le lui prouve le plus souvent que je peux.
(J. Du Boys)
Aimer la marée
Delvau, 1864 : Aimer à gamahucher une femme, se dit par allusion à l’odeur sui generis qu’exhale son vagin. — L’expression date seulement du XVIIIe siècle, et elle vient de l’académicien Saint-Aulaire, le même qui avait fait sur la duchesse du Maine le fameux quatrain où il est déjà question de Téthys. Il serait dommage de priver la postérité de ce second quatrain, qui méritait de devenir aussi fameux que le premier :
De l’écume des mers, dit-on,
Naquit la belle Cythérée :
C’est depuis ce temps que le con
Sent toujours un peu la marée.
Aimer le cotillon
Delvau, 1864 : Aimer la femme — surtout quand elle est déshabillée.
Vous aimez trop le cotillon, mon cher, il vous en cuira.
(E. Durand)
Aimer le goudron
Delvau, 1864 : Aimer s’enculer, soit les femmes, soit les hommes, — ce qui embrène la queue.
Pour Jupiter, façon vraiment divine,
Le con lui pue, il aime le goudron.
(Chanson anonyme moderne)
Aimer pour peau de balle
Virmaître, 1894 : Aimer pour rien. Perdre son temps et sa jeunesse, amour qui ne rapporte pas (Argot des filles). N.
Aimer quelqu’un comme ses petits boyaux
Delvau, 1866 : v. a. l’aimer extrêmement. — Argot du peuple. On dit aussi Aimer quelqu’un comme la prunelle de ses yeux.
Aimeuse
Delvau, 1864 : Petite dame — galante, — qui fait profession d’aimer. — Synonymes : putain, lorette, cocotte, grue, catin, vache, etc., etc.
Les Juifs avaient leurs Madeleines ;
Les fils d’Homère leurs Phrynês.
Délaçons pour tous les baleines
De nos corsets capitonnés.
Rousses, blondes, brunes ou noires,
Sous tous les poils, sous tous les teints…
Qu’il pourrait, raconter d’histoires,
Le cercle de nos yeux éteints !
Folâtres ou rêveuses,
Nous charmons ;
Nous sommes les aimeuses,
Aimons !
(Eug. Imbert)
Ain ?
d’Hautel, 1808 : Espèce d’interrogation, qui équivaut à Plaît-il ? Que dites-vous ? On se sert fort communément de ce monosyllabe pour engager quelqu’un, que l’on n’a pas bien entendu ou compris, à répéter ce qu’il a dit.
Aînesse
d’Hautel, 1808 : Le droit d’aînesse. On fait un calembourg de cette expression en élidant l’i du dernier mot ; et l’on dit en riant à une fille sotte et ignorante, qui se glorifie d’être l’aînée, qu’elle a le droit d’ânesse.
Air
d’Hautel, 1808 : Il vit de l’air du temps. Se dit en mauvaise part, d’un intrigant, d’un homme qui, sans état, et sans aucune espèce de fortune, ne laisse pas néanmoins de faire figure et de bien vivre. On se sert aussi de cette locution en plaisantant pour exprimer qu’une personne mange très-peu et rarement.
Avoir l’air de sainte n’y touche. Avoir la mine et le langage d’un patelin, d’un hypocrite fieffé.
Tirer en l’air. Hâbler, enfler, exagérer ; mentir avec audace.
Il fend l’air. Se dit par hyperbole d’un homme vaniteux et hautain, qui prend un ton bien au-dessus de sa condition, et devant lequel il faut que tout plie et s’humilie.
Des contes en l’air. Discours frivoles et mensongers ; gasconnades.
Prendre l’air du bureau. Aller voir où en sont les affaires ; faire acte d’apparition en un lieu, pour examiner ce qui s’y passe.
Avoir tout l’air. Il a tout l’air d’un mauvais sujet ; il en a tout l’air. Pour dire, il prend le genre et la tournure d’un vaurien.
Air (avoir de l’)
La Rue, 1894 : Marcher avec inquiétude et méfiance.
Air (se donner de l’)
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Se sauver.
Rigaud, 1881 : Se sauver. Les variantes sont : Se pousser de l’air, jouer la fille de l’air.
Allons, môme, pousse-toi de l’air !
(X. de Montépin, Les viveurs de Paris)
Air (se donner de l’air, se pousser de l’air, jouer la fille de l’air)
La Rue, 1894 : Partir, se sauver.
Air (se donner ou se pousser de l’)
France, 1907 : Figures pour partir, se sauver.
Jouer la fille de l’air a la même signification : c’est une réminiscence d’une ancienne pièce du boulevard du Temple, La Fille de l’air. A. Barrère, dans son Argot et Slang, a réuni les différentes expressions du même acte. Elles sont aussi nombreuses que pittoresques :
Faire le patatrot, le lézard, le jat-jat, la paire, crie, gilles ; jouer la fille de l’air, se déguiser en cerf, s’évanouir, se cramper, tirer sa crampe, se lâcher du ballon, se la couler, se donner de l’air, se pousser du zeph, se sylphider, se la trotter, se la courir, se faire la débinette, jouer des fourchettes, se la donner, se la briser, ramasser un bidon, se la casser, se la tirer, tirer ses grinches, valser, se tirer les pincettes, se tirer des pieds, se tirer les baladoires, les pattes, les trimoires ou les flûtes ; jouer des guibes ou des quilles, se carapater, se barrer, baudrouiller, se cavaler, faire une cavale, jouer des paturons, happer le taillis, flasquer du poivre, décaniller, décarrer, gagner les gigoteaux, se faire une paire de mains courantes à la mode, fendre l’ergot, filer son nœud, se défiler, s’écarbouiller, esbalonner, filer son câble par le bout, faire chibis, déraper, fouiner, se la fracturer, jouer des gambettes, s’esbigner, ramoner ses tuyaux, foutre le camp, tirer le chausson, se vanner, ambier, chier du poivre, se débiner, caleter, attacher une gamelle, décamper.
Air (se donner, se pousser de l’, jouer la fille de l’)
Larchey, 1865 : Fuir. — Les deux premiers termes font image ; le troisième a été enfanté par la vogue de La Fille de l’Air, une ancienne pièce du Boulevard du Temple.
La particulière voulait se donner de l’air.
(Vidal, 1833)
Dépêchez-vous et jouez-moi la Fille de l’air avec accompagnement de guibolles.
(Montépin)
Allons, môme, pousse-toi de l’air.
(id.)
Vivre de l’air du temps : Être sans moyens d’existence. Terme ironique.
Tous deux vivaient de l’air du temps.
(Balzac)
Être à plusieurs airs : Être hypocrite, jouer plusieurs rôles à la fois.
Air cochon (avoir un)
Delvau, 1864 : Avoir un visage provoquant, qui appelle l’homme, qui le convie à manquer de respect à la femme qui a ce visage ; avoir les yeux égrillards, bouche voluptueuse, etc.
Je vous ai un petit air cochon comme tout.
(Lemercier de Neuville)
Aise
d’Hautel, 1808 : Se pâmer d’aise. Être dans l’ivresse et le ravissement ; dans l’extase et le transport.
N’en prendre qu’à son aise. Travailler nonchalamment ; ce que l’on appelle prendre ses coudées franches.
Aisé
d’Hautel, 1808 : Il n’est pas aisé. Pour, il a l’humeur rude et difficile ; on ne fait pas de cet homme tout ce qu’on veut ; il est peu coulant en affaire.
Aisil
France, 1907 : Vinaigre ; vieux français, du bas latin acetum, aigre.
Aitre
France, 1907 : Maison, foyer ; vieux français, du latin atrium.
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