Amoureux

Amoureux

d’Hautel, 1808 : Amoureux des onze mille vierges. Terme de dérision. Homme volage et inconstant ; cœur banal qui s’enflamme également pour toutes les femmes.
Amoureux transi. Homme indifférent et flegmatique, qui n’aime que par calcul et intérêt.

France, 1907 : Bossu, dans l’argot populaire.

(Une bande de bambins poursuivant un enfant bossu.) — Hue ! l’amoureux, hue !
L’enfant. — Laissez-moi, vous me faites du mal !
La bande. — Hue ! l’amoureux, hue ! (Ils le frappent et le renversent.)
L’enfant. — Vous êtes méchants, vraiment… brigands, assassins, voleurs ! Ne me battez pas tous à la fois aujourd’hui, vous me battrez demain.
La bande. — Hue ! l’amoureux, hue !
L’enfant. — Oh ! si j’étais fort !
Tous. — Fort à quoi, l’amoureux, fort à quoi ?
L’enfant. — Fort, fort à casser le ciel, je vous écraserai tous.
La bande. — Hue ! l’amoureux, hue !…
Le bourgeois, attendri. — Chers enfants ! C’est l’espoir de la France, oui, monsieur, l’espoir de la France ; oui, monsieur, l’espoir de la France.

(Jules Noriac)

Amoureux (papier)

Rigaud, 1881 : Papier qui boit l’encre, — en terme d’imprimerie.

Amoureux de carême

Rigaud, 1881 : Amoureux timide. Le peuple disait autrefois proverbialement : Amoureux de carême, qui a peur de toucher à la chair.

France, 1907 : Amoureux timide. En carême, les bons catholiques n’osent manger la chair. L’analogie est facile à saisir.

Amoureux des onze mille vierges

Delvau, 1864 : Jeune homme timide qui toutes les nuits couche, en imagination, avec toutes les femmes qu’il a rencontrées dans la journée, et, en réalité, avec la veuve Poignet, — qu’il a toujours sous la main.

Je n’ai jamais sérieusement aimé qu’une femme, la mienne ; et cependant, comme tous les jeunes gens, j’ai été amoureux des onze mille vierges.

(A. François)

France, 1907 : C’est être amoureux de toutes les femmes et croire aussi que toutes les femmes sont dignes d’être aimées. Presque tous les jeunes gens sont, au sortir du collège, amoureux des onze mille vierges. Ce chiffre énorme est une allusion au martyre de sainte Ursule qui fut, dit la légende, mise à mort par les Huns au IVe siècle, près de Cologne, avec onze mille compagnes. Quelle blague !

Amoureux larcin

Delvau, 1864 : La petite oie de la fouterie, la monnaie de la jouissance, — baisers dérobés, fesses pincées, etc.

Dans ses amoureux larcins,
Le papelard se rengorge ;
Quand sa main flân’ sur ma gorge,
Il dit qu’il ador’ les saints.

(Jules Poincloud)

Amoureux transi

Delvau, 1864 : Baiseur plus chaud en paroles qu’en action, et qu’à cause de cela les femmes tiennent en maigre estime.

Il arrive de là que ceux qui aiment le plus, comme ces amoureux transis, sont ceux qui chevauchent le moins.

(Mililot)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique