Cœur

Cœur

d’Hautel, 1808 : À deux mains trois cœurs. Locution adverbiale et populaire, pour dire avec ardeur, avec empressement, de tout cœur.
Mettre du baume de son cœur sur quelque chose. Voy. Baume.
Dîner par cœur. Se passer de dîner ; ce que l’on appelle plus populairement encore, se serrer le ventre.
Un sans-cœur.
Homme lâche et paresseux, sans orgueil, sans amour-propre ; peu délicat sur le point d’honneur, et à qui aucune remontrance ne fait impression.
Il a bon cœur, il garde tout, et ne rend rien. Se dit par raillerie, d’un envahisseur ; d’un homme qui ne rend pas fidèlement ce qu’on lui a prêté.
Mettre le cœur sur le carreau. Rébus populaire qui signifie vomir, après avoir mangé avec excès.
Mettre le cœur au ventre. Animer, exciter quelqu’un ; lui donner du courage.
Faire contre fortune bon cœur. Montrer de la résignation et de la fierté dans des circonstances difficiles.
Il a le cœur haut et la fortune basse. Voyez Bas.
Cela lui ronge le cœur. C’est-à-dire, le chagrine, l’agite, le tourmente, le consume.
Cela lui tient au cœur. Pour, il met une grande importance à cette affaire.
Cela fait mal au cœur. Pour, cela fait pitié ; cause un grand déplaisir.
Se dit aussi d’un ouvrage mal exécuté, fait grossièrement et sans propreté.
On dit d’un homme qui se laisse insulter sans venger son honneur, qu’Il n’a pas de cœur, s’il souffre cela.
Il dit cela de bouche, mais le cœur n’y touche.
Pour, il affecte des sentimens qu’il n’a pas ; il dit le contraire de ce qu’il pense.

Delvau, 1864 : La nature de la femme, — un muscle creux comme l’autre — Le mot est de Boufflers et au XVIIIe siècle, où la sentimentalité était inconnue, et où il était tout simple, alors, que les femmes eussent le cœur — où les poules ont l’œuf.

Dans ce cœur tendre, aussitôt ce satyre
Enfonce un long… sujet de pleurs.

(Béranger)

Dès que cet enfant n’est pas de vous, ma belle nymphe, et qu’avec un cœur neuf, vous m’apportez en mariage des beautés immaculées, pourquoi rougirais-je ?

(A. de Nerciat)

Un jour cet amant divin,
Qui mettait l’amour au vin,
Sur le revers d’une tonne
Perça le cœur d’Érigone.

(Collé)

Cœur (dîner par)

France, 1907 : Dînér pour mémoire, c’est-à-dire jeûner.

Cœur (joli)

France, 1907 : Bellâtre, coqueluche des dames : l’amant d’Amanda. C’est aussi un mot d’amitié dont se servent les travailleuses de nuit :

— Dites donc, joli cœur, vous ne montez pas… je serai bien gentille.

Ils n’y manquaient pas, les jolis cœurs, vous savez, les commis de magasin, les miroirs à farceuses, qui logent le diable dans leur porte-monnaie et ont, quand même, une cravate fraîche.

(François Coppée, Le Journal)

Faire le joli cœur, prendre des mines, rouler des yeux pâmés, débiter des sornettes pour séduire de naïves jouvencelles. Faire la bouche en cœur, sourire amoureusement.

Dans ce qu’on appelle le beau monde, les femmes qui se détestent le plus ne s’abordent jamais qu’en se faisant la bouche en cœur.

Cœur (par)

La Rue, 1894 : Se passer. Dîner par cœur. Ne pas dîner.

Cœur (valet de)

France, 1907 : Amoureux.

Cœur d’amadou

Rigaud, 1881 : « Prompt à prendre feu au moindre contact, cœur impressionnable que la plus légère étincelle embrase. » (J. Dufiot, Dict. d’amour, 1846)

Cœur d’artichaut

Delvau, 1866 : s. m. Homme à l’amitié banale ; femme a l’amour vénal, — dans l’argot du peuple. On dit : Il ou Elle a un cœur d’artichaut, il y en a une feuille pour tout le monde.

Rigaud, 1881 : Se dit d’un homme qui aime indistinctement toutes les femmes. (Idem, ibid.) On dit proverbialement : cet homme a un cœur d’artichaut, il en offre une feuille à chaque femme.

La Rue, 1894 : Inconstant. Il y en a une feuille pour tout le monde.

France, 1907 : Homme ou femme qui donne son cœur au premier venu et à tout le monde.

Paillasson, quoi ! cœur d’artichaut,
C’est mon genre ; un’ feuill’ pour tout l’monde ;
Au jour d’aujourd’hui j’gob’ la blonde,
Après-d’main c’est la brun’ qu’i’ m’faut.

(André Gill)

Puis l’artichaut, fier comme un diplomate,
Lorsque mon cœur flambe comme un réchaud,
Sembla me dire, en guignant la tomate,
Qu’un cœur de femme est un cœur d’artichaut.

(René Esse, Langage des légumes)

Cœur sur du carreau (mettre du)

Rigaud, 1881 : Vomir. — Jeu de mots : c’est rendre à force d’efforts son cœur sur le parquet (carreau.)

Cœur sur le carreau (jeter du)

Larchey, 1865 : Vomir. — Ce calembour se trouve déjà dans Le Roux (1718) et dans les Jeux d’esprit de La Châtre.

Cœur sur le carreau (mettre du)

France, 1907 : Vomir ; jeu de mots. On vide sur le carreau ce qu’on à sur le cœur.

Cœur sur le carreau (mettre le)

Virmaître, 1894 : Vomir (Argot du peuple).


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique