d’Hautel, 1808 : Il sera pendu par son cou. Phrase explétive, usitée parmi le peuple, pour dire simplement qu’une personne se conduit de manière à se faire pendre.
Il s’est cassé le cou dans cette affaire. Métaphore pour dire, il s’est blousé dans cette affaire ; cette affaire l’a perdu entièrement.
Prendre ses jambes à son cou. Se sapper, fuir avec une grande vitesse.
Un cou de grue. Un grand cou, qui donne ordinairement un air niais et stupide.
Cou
Cou
Cou (casser le)
Larchey, 1865 : « Viens-tu casser le cou à une gibelotte ? » — Nadar. — C’est-à-dire : Viens-tu manger un lapin ? On casse le cou de l’animal devant vous pour que vous ne craigniez pas de manger du chat.
Coua
France, 1907 : Prêtre, moine, frère ignorantin. Allusion aux cris du corbeau par lesquels ils sont parfois accueillis par la jeunesse irrévérencieuse.
Couac
Larchey, 1865 : Fausse note. V. Canard.
Il lui échappa un couac épouvantable au milieu d’un couplet.
(A. Signol)
Delvau, 1866 : s. m. Prêtre, — dans l’argot des voyous, fils des faubouriens, qui, en croyant dire une plaisanterie et faire une allusion au cri du corbeau, prononcent sérieusement quaker.
Rigaud, 1881 : Prêtre, — dans le jargon des voyous, par allusion au cri du corbeau, un des sobriquets du prêtre.
France, 1907 : Fausse note.
Couache
Virmaître, 1894 : Tête (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 / Hayard, 1907 : Tête.
France, 1907 : Tête. Allusion à la forme de la couache, sorte de prune.
Coubiner à la flanc
Clémens, 1840 : Travailler honnêtement.
Couce de castu
Halbert, 1849 : Garçon de propreté d’un hospice.
Couchant
d’Hautel, 1808 : Faire le chien couchant. Se porter à des soumissions honteuses, pour gagner les faveurs de quelqu’un.
On adore plutôt le soleil levant que le soleil couchant. Signifie que l’on se prosterne plutôt devant une autorité naissante que devant celle qui est sur son déclin.
Couche
d’Hautel, 1808 : Faire une fausse couche. Avorter dans une entreprise, s’y blouser.
Couche (en avoir une)
Fustier, 1889 : Sous-entendu, de bêtise. Être inintelligent.
Virmaître, 1894 : Être bête à manger du foin. Allusion à la couche de fumier que mettent les maraîcheirs dans leurs châssis pour faire hâtivement pousser les melons ; plus la couche est épaisse, meilleur est le résultat (Argot du peuple). N.
Rossignol, 1901 : Être bête, naïf.
France, 1907 : Sous-entendu : de bêtise.
Couché (être)
Rigaud, 1881 : En terme de commis de magasin, c’est se voir — pour cause de retard — couché sur le carnet du surveillant avec une amende de vingt-cinq centimes.
Couche (il y)
Rigaud, 1881 : Se dit de quelqu’un qui reste longtemps dans un endroit, de quelqu’un qui passe ses journée dans un endroit. — Encore au café ? — Il y couche.
France, 1907 : Cette expression populaire s’emploie pour désigner quelqu’un trop assidu dans une maison. À quelle heure qu’on te couche ? Quand vas-tu partir ?
Coucher
d’Hautel, 1808 : Va te coucher, tu souperas demain. Se dit par impatience à un enfant dont on ne peut sur-le-champ contenter les désirs.
Faire coucher quelqu’un. Expression métaphorique qui signifie réduire au silence, soit par menaces, soit par des paroles malignes et choquantes, un homme dont les propos étoient indécens, railleurs ou trop familiers. C’est dans ce sens que l’on dit en plaisantant de celui que l’on a fait taire : Bonsoir, il est couché.
Si vous n’en voulez pas, couchez-vous auprès. Se dit par vivacité à une personne qui refuse une offre juste et convenable.
Coucher à la belle étoile, à l’enseigne de la lune. Coucher dans la rue, au bel air.
Coucher en joue. Viser, épier, considérer quelqu’un, dans une intention quelconque.
Coucher dans son fourreau. C’est-à-dire tout habillé.
Comme on fait son lit on se couche. Signifie que l’on est heureux ou malheureux, suivant l’ordre que l’on met dans sa conduite.
Coucher gros. Hasarder beaucoup au jeu.
Coucher gros. Signifie aussi se ruiner en vaines promesses.
Delvau, 1866 : s. m. Homme qui s’attarde volontairement dans une maison où il ne devrait jamais même mettre les pieds.
France, 1907 : Client passager d’une nuit dans une maison de prostitution ou chez une fille. « Madame, j’ai un coucher, crie, du haut de l’escalier, Aspasie à la matrone. »
Coucher (avoir un)
Delvau, 1864 : Être retenue par un miché pour baiser avec lui toute la nuit, — dans l’argot des bordels.
Mélie ? Elle a un coucher, mon petit, faudra repasser demain.
(Henry Monnier)
Coucher à la belle étoile
Virmaître, 1894 : Dormir dans les champs. On dit aussi : coucher dans le lit aux pois verts (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Coucher dehors, ne pas avoir de domicile.
Coucher à la corde
Delvau, 1866 : v. n. Passer la nuit dans un de ces cabarets comme il en existait encore, il y a quelques années, assis et les bras appuyés sur une corde tendue à hauteur de ceinture.
Coucher avec le cheval
M.D., 1844 : Coucher seul.
Coucher avec une femme
Delvau, 1864 : En jouir ; — par extension : Tirer un coup — même sur toute autre chose qu’un lit.
C’est signe que tu ne couchas
Jamais encore avec elle.
(Cl. Marot)
Un ange la prend dans ses bras.
Et la couche sur l’autre rive.
(Parny)
Monsieur sait mieux que moi, me dit-il, que coucher avec une fille, ce n’est que faire ce qui lui plaît : de la à lui faire faire ce que nous voulons, il y a souvent bien loin.
(De Laclos)
Que veut-il donc ? Coucher avec une jolie femme et en passer sa fantaisie.
(La Popelinière)
Si j’cède à tes beaux discours,
C’est parc’que tu m’cass’ la tête,
Car avec un’ fille honnête
On n’couche pas avant huit jours.
(Chanson anonyme moderne)
Coucher bredouille
France, 1907 : Se coucher sans souper ; le contraire de se coucher en chapon, qui est se mettre au lit le ventre plein. Coucher dans le lit aux pois verts, coucher à la belle étoile.
Coucher bredouille (se)
Delvau, 1866 : Se coucher sans avoir dîné.
Coucher dans le lit aux pois verts
Delvau, 1866 : v. n. Coucher dans les champs, à la belle étoile.
Coucher dehors (mine à)
France, 1907 : Avoir une figure telle qu’on vous refuse la porte de toutes les auberges.
Coucher en chapon (se)
Delvau, 1866 : v. réfl. Se coucher repu de viande et de vin, — dans l’argot du peuple.
Couchoir
France, 1907 : Dortoir.
À Rollin, en rentrant l’dimanche,
Les collégiens émoustillés
Voient de leurs yeux écarquillés
Grille-d’Égout qui se déhanche.
Ils en rêvent dans leur couchoir.
(Victor Meusy)
Couci-couci
d’Hautel, 1808 : Tout doucement, tant bien que mal.
Coucou
Bras-de-Fer, 1829 : Montre.
Vidocq, 1837 : s. f. — Montre. Terme des Floueurs.
Delvau, 1864 : Oiseau jaune, de la race des cocus, aussi féconde que celle des mirmidons.
Les coucous sont gras,
Mais on n’en tue guère ;
Les coucous sont gras,
Mais on n’en tue pas ;
La crainte qu’on a de manger son père,
Son cousin germain, son oncle ou son frère.
Fait qu’on n’en tue guère,
Fait qu’on n’en tue pas.
(Vieille chanson)
Larchey, 1865 : Cocu.
Une simple amourette Rend un mari coucou.
(Chansons. impr. Chassaignon, 1851)
En 1350, un mari trompé s’appelait déjà en bas latin cucullus (prononcez coucoullous), et, en langue romane, cous. V. Du Cange.
Delvau, 1866 : s. m. Cocu, — par antiphrase. Faire coucou. Tromper un homme avec sa femme. On dit aussi Faire cornette, quand c’est la femme qui est trompée.
Delvau, 1866 : s. m. Montre, — dans l’argot des voleurs, qui confondent à dessein avec les horloges de la Forêt-Noire. Ils disent mieux Bogue.
France, 1907 : Ancienne voiture des environs de Paris où grisettes et commis se faisaient véhiculer à la campagne, le dimanche, au bon temps des romans de Paul de Kock, L. Couailhac, dans Les Français peints par eux-mêmes, a ainsi décrit cette humble boîte à compartiments que trainait un cheval poussif :
On y est si bien pressé, si bien serré, si bien étouffé ! Elle rappelle si bien l’époque où les Des Grieux des gardes françaises et de la basoche allaient manger une matelote à la Râpée avec les Manon Lescaut des piliers des Halles. Comme tout ce bon attirail de cheval et de voiture unis ensemble respire le parfum de la galanterie joyeuse, vive et folle du bon temps, du temps ou les grisettes portaient les jupes courtes, faisaient gaiement claquer leurs galoches sur le pavé, se décolletaient comme des marquises et se moquaient de tout avec Madelon Friquet ! Oh ! la charmante voiture ! comme le coude touche le coude, comme le genou presse le genou, comme la taille des jeunes filles est abandonnée sans défense aux entreprises des audacieux !
On appelle aussi coucou, par ironie, la machine à vapeur.
France, 1907 : Cocu. Faire coucou, tromper un mari avec sa femme.
Il y a des syllabes qui portent en elles une vertu magique de rire ou de larmes, comme les plantes que les nécromanciens recueillent au clair de lune empoisonnent où guérissent. Ce petit mot de cocu, plein et sonore comme une tierce de clairon, sonne pour notre race une fanfare toujours joyeuse.
(Hugues Le Roux)
France, 1907 : Montre. Allusion aux horloges de bois fabriquées en Suisse et appelées ainsi à cause du petit oiseau qui les surmonte et chante coucou à toutes les heures.
Coucou (faire)
France, 1907 : Jeu d’enfants qui se cachent et crient : Coucou ! pour avertir celui qui les cherche qu’ils sont cachés.
Coucou à répétition
Rigaud, 1881 : Gonorrhée — dans le jargon des voleurs ; allusion à la persistance de la maladie.
Coude
d’Hautel, 1808 : Lever le coude. Expression métaphorico-bachique, qui signifie être fort adonné au vin ; sabler d’importance.
Halbert, 1849 : Permission.
Delvau, 1866 : s. m. Permission, — dans l’argot des voyous. Prendre sa permission sous son coude. Se passer de permission.
Coude (lâcher le)
Larchey, 1865 : Quitter.
Vous n’pourriez pas nous lâcher le coud’bientôt.
(Léonard, parodie, 1863)
Allusion à la recommandation militaire de sentir les coudes à gauche, en marche.
Rigaud, 1881 : Quitter. — Vous m’ennuyez, lâches-moi le coude. — Lever le coude, boire. — Huile de coude, vigueur du bras, travail manuel fatigant.
France, 1907 : Quitter. Lâche-moi le coude, laisse-moi tranquille. Prendre une permission sous son coude, s’en passer. Lever le coude, boire. « Paloignon aime à lever le coude, quand c’est le voisin qui paye. » Ne pas se moucher du coude, se faire valoir.
Coude (ne pas se moucher du)
Fustier, 1889 : Se faire valoir. Expression ironique.
Coudées franches (avoir les)
France, 1907 : Agir sans façon et familièrement, ne pas se gêner et ne pas être gêné, comme une personne qui est installée à l’aise à table et peut jouer des coudes sans toucher ses voisins.
Coudes à gauche (sentir les)
France, 1907 : Marcher militairement, avec ordre et ensemble. Allusion à la recommandation des instructeurs : « Sentez les coudes ! »
Coudre
d’Hautel, 1808 : Il faut coudre la peau du renard avec celle du Lion. Vieux proverbe qui signifie qu’outre la force, il faut encore, joindre la prudence, la ruse et la finesse en traitant avec ses ennemis.
Des malices cousues de fil blanc. Voyez Malice.
Il a le visage cousu de petite vérole. Pour dire il en est extrêmement marqué.
Coudre la bouche à quelqu’un. Acheter sa discrétion par des présens.
Il est cousu d’or. Expression métaphorique qui se dit d’un millionnaire, ou d’un homme qui a un habit galonné sur toutes les coutures.
Avoir le visage cousu. C’est-à-dire, avoir le visage cicatrisé, maigre et décharné.
Couenne
d’Hautel, 1808 : Peau de Pourceau. On dit grossièrement d’un homme peu industrieux ; d’un nigaud, d’un maladroit, d’un sot, qu’il est couenne ; qu’il est bête comme une couenne.
Se ratisser la couenne. Pour, se raser le visage, se faire la barbe.
Delvau, 1864 : Le membre viril, — une cochonnerie.
Larchey, 1865 : « On dit d’un nigaud, d’un maladroit, d’un sot qu’il est couenne. » — d’Hautel, 1808. — V. Coenne.
Delvau, 1866 : s. et adj. Imbécile, niais, homme sans énergie, — dans l’argot des faubouriens, qui pensent comme Émile Augier (dans la Ciguë), que « les sots sont toujours gras ».
Delvau, 1866 : s. f. Chair, — dans l’argot du peuple. Gratter la couenne à quelqu’un. Le flatter, lui faire des compliments exagérés.
Rigaud, 1881 : Niais.
Est-il couenne, ce petit N… de D… là…, ça lui fait de la peine quand on bat les autres.
(Eug. Sue. Misères des enfants trouvés.)
Rigaud, 1881 : Peau. — Se racler la couenne, se raser.
France, 1907 : Chair. Gratter, racler ou ratisser la couenne, raser. Se dit aussi pour flatter, dans le même sens que passer la main dans le dos.
France, 1907 : Sot, lourdaud, à l’intelligence épaisse comme la peau du porc.
Oui, y a pas d’doute, à ton accent
On voit qu’t’es faubourien pur sang ;
T’es éveillé, t’as pas l’air couenne,
T’es p’t’êtr’ du quartier Saint-Antoine.
(A. Bruant et J. Jouy)
Couenne de lard
Delvau, 1866 : s. f. Brosse, — dans le même argot [du peuple].
France, 1907 : Brosse.
Couennes
Delvau, 1866 : s. f. pl. Joues pendantes.
France, 1907 : Bajoues.
Couette de cheveux
Rigaud, 1881 : Petites mèches de cheveux au bord des tempes et derrière le cou.
Couillé
Larchey, 1865 : Niais. — Forme de couyon.
Un couillé, j’ai remouché.
(Vidocq)
France, 1907 : Nigaud.
— Tu n’y es pas, couillé ! Ce Vidocq est un grinche, qui était pire qu’à vioque (à vie), à cause de ses évasions.
(Marc Mario et Louis Launay)
Couille en bâton
France, 1907 : Bêtise, chose sans valeur.
Un tas de bougres… nous serineront que la conquête des municipalités est un truc galbeux. À cela, les paysans pourront répondre que c’est de la couille en bâton : pour ce qui les regarde, y a une quinzaine d’années qu’ils ont fait cette garce de conquête et ils n’en sont pas plus bidards pour ça.
(Almanach du Père Peinard, 1894)
Couille en bâton (de la)
Virmaître, 1894 : C’est une bêtise. Mot à mot : ce n’est rien (Argot du peuple).
Couillé, -ère
Vidocq, 1837 : s. — Homme simple, femme simple.
Couilles
Delvau, 1864 : Testicules de l’homme.
De la pointe du vit le poinct,
Et vit li met jusqu’à la couille.
(Anciens Fabliaux)
Mais si ma couille pissait telle urine, la voudriez-vous vous sucer ?
(Rabelais)
On ne fait non plus cas des pauvres que de couilles ; on les laisse à la porte, jamais n’entrant.
(Moyen de parvenir)
France, 1907 : Testicules ; du latin coglioni. Avoir des couilles au cul, être brave, énergique.
Couillon
Rigaud, 1881 : Poltron. Vient de Coilly ou Couilly, petit village de la Brie Champenoise, aujourd’hui dans le département de Seine-et-Marne, arrondissement de Meaux. Un vieux quatrain recueilli dans les adages français donne une haute idée du courage des gens de Couilly, les Couillyons.
Mil cinq cent vingt et quatre
Coilli fut pris sans combattre ;
Et les blés furent engelés
Et maints gens déshonorés.
Virmaître, 1894 : Imbécile, peureux (Argot du peuple).
France, 1907 : Poltron, bête, pusillanime ; du vieux français couillu, même sens.
Quoique ça, les malins voyaient le bout de l’oreille : « Méfiez-vous, les aminches, qu’ils rengainaient, les chefs vous lâcheront d’un cran un de ces quatre matins… Et vous vous retrouverez couillons comme devant. »
(Le Père Peinard)
On écrit aussi coïon.
— Tenez, voulez-vous que je vous dise ? s’exclama à la fin Béchu, vous êtes tous des coïons. Eh bien ! j’irai, moi.
Chamerot, qui rentrait en bouclant la ceinture de son pantalon, lui serra les mains :
— C’est bien, ça, Béchu. Tu es un homme. toi !
(Camille Lemonnier)
Couillonade
Virmaître, 1894 : Il ne faut pas faire attention à ce qu’il dit, il ne raconte jamais que des couillonades (Argot du peuple).
Couillonnade
France, 1907 : Acte ou propos ridicule, sottise. Dire ou faire des couillonnades. On écrivait autrefois coyonade.
En moine de Cîtaux arrive,
Va descendre chez un baigneur,
Se met au lit, fait le malade,
Et mande le premier docteur,
Qui vint débiter par cœur
En latin mainte coyonade…
(Grécourt)
Le cardinal rendit au Tasse le manuscrit de la Jérusalem délivrée, en lui disant que ses tirades étaient des couillonnades.
Couillonner
France, 1907 : Montrer de la lâcheté, hésiter devant un danger.
Couillonnerie
France, 1907 : Lâcheté ou sottise.
Couillons
Delvau, 1864 : Les testicules.
O vit ! bande toujours, et vous, couillons propices,
Distillez voire jus,
Pour fixer à jamais les rapides délices
De es sens éperdus.
(Parnasse satyrique)
Voyez la grande trahison
Des ingrats couillons que je porte :
Lorsque leur maître est en prison,
Les ingrats dansent à la porte.
(Cabinet satyrique)
Mes couillons, quand mon vit se dresse,
Gros comme un membre de mulet,
Plaisent aux doigts de ma maîtresse
Plus que deux grains de chapelet.
(Théophile)
Couiner
Rigaud, 1881 : Parler en larmoyant.
France, 1907 : Se lamenter, pleurnicher. Se dit aussi pour hésiter.
Coulage
La Rue, 1894 : Ce que perd le patron par suite de la négligence de ses employés ou par suite de petits larcins.
France, 1907 : Gaspillage, dévastation lente d’une maison par les voleries, les dilapidations et le désordre des employés ou des domestiques, à la suite desquels une maison est bientôt coulée.
Coulage (avoir du)
Virmaître, 1894 : Ne pas surveiller ses ouvriers. Perdre sur une commande ou sur une vente. Couler le patron : le ruiner petit à petit (Argot du peuple).
Coulage, coule
Rigaud, 1881 : Gaspillage par suite de mauvaise administration, — en terme de commerce.
Coulan (du)
M.D., 1844 : De l’huile.
Coulans
Ansiaume, 1821 : Poissons.
Nous avons tortillé deux coulans qui étoient mâtes.
Coulant
Halbert, 1849 : Lait.
Coulant d’orient
Ansiaume, 1821 : Chaîne d’or.
J’ai eu le coulant d’orient de la gouresse pour mon fade.
Coulant ou couliant
France, 1907 : Lait. Se dit aussi pour paletot, veste.
Son coulant et sa montante
Et son combre galuché,
Son frusque, aussi sa lisette,
Lonfa malura dondaine,
Et ses tirants brodanchés,
Lonfa malura dondé !
Coulante
Ansiaume, 1821 : Huile.
Il faudroit de la coulante pour arranger la crignole,
Clémens, 1840 : Huile.
Coulante ou couliante
France, 1907 : Laitue. On appelle également la Seine la coulante.
Coule
Delvau, 1866 : s. f. Les dégâts, les petits vols que commettent les employés, les ouvriers, les domestiques d’une maison, et spécialement les garçons de café, parce que c’est par là souvent qu’on coule une maison. On dit aussi Coulage. Veiller à la coule. Veiller sur les domestiques, avoir l’œil sur les garçons de café et autres, pour empêcher la dilapidation.
Coulé
Rigaud, 1881 : Perdu, ruiné, — en terme de commerce. — Être coulé dans l’opinion de quelqu’un, avoir perdu la confiance de quelqu’un. — Commercialement parlant : n’avoir plus ni crédit, ni ressources.
Coule (à la)
Larchey, 1865 : Adroit, expert en l’art de se couler entre les obstacles.
Coule (être à la)
Delvau, 1866 : Être d’un aimable caractère, d’un commerce agréable, doux, coulant, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi : Savoir tirer son épingle du jeu ; être dupeur plutôt que dupé ; préférer le rôle de malin à celui de niais, celui de marteau à celui d’enclume.
Rigaud, 1881 : Ne pas avoir de préjugés, tout savoir et tout connaître en fait de ruses. — Être au courant d’un métier, d’une chose. Mettre à la coule, mettre au courant.
Boutmy, 1883 : v. Être bien au fait d’un travail, être rompu aux us et coutumes de l’imprimerie. Cette locution a passé dans d’autres argots.
Merlin, 1888 : Voyez Connaître dans les coins.
La Rue, 1894 : Être malin, roué.
Virmaître, 1894 : Malin qui croit que personne ne peut le tromper. On dit : Il la connaît dans les coins ; pas moyen de lui introduire : il est à la coule (Argot du peuple).
Hayard, 1907 : Être malin, au courant.
France, 1907 : Connaître les ruses et les détours du métier. Ne pas se laisser tromper. Mettre quelqu’un à la coule, le mettre au courant des affaires où des roueries du métier.
Le nouvel ami de Gilbert vivait à l’aide de ces petites industries que Paris offre à ceux qu’effraye un travail régulier.
Henri, enseignant ce qu’il savait à Gilbert, le mit à la coule, suivant son expression.
(William Busnach, Le Petit Gosse)
Couler
d’Hautel, 1808 : Il est coulé. Se dit d’un marchand, d’un négociant qui a mal fait ses affaires et qui a été obligé de fermer boutique.
Cela coule de source. Pour cela s’entend, c’est naturel.
Couler une chose à fond. La conclure, la terminer.
Je lui ai coulé ce mot. Pour, je lui ai glissé adroitement ce mot sans avoir l’air d’y penser.
On empêcheroit plutôt la rivière de couler, que cet homme de parler. Se dit d’un grand babillard, d’un parleur éternel.
Il nous en a coulé. Pour, il nous a dit des gasconnades, des menteries.
Delvau, 1864 : Avoir une coulante, une gonorrhée gagnée au service de la femme, parce qu’en effet le membre viril, à l’instar du suif qui coule d’une chandelle, filtre alors une chaude-pisse dans la culotte.
Ma pine encore vierge
Coula,
Ni plus ni moins qu’un cierge.
Voilà.
(Eugène Vachette)
La Rue, 1894 : Ruiner. Faire du coulage, faire perdre de l’argent au patron en travaillant mal.
France, 1907 : Faire du coulage, faire perdre de l’argent à ses maîtres ou à ses patrons.
Couler (en)
Delvau, 1866 : En conter aux gens crédules, dans le même argot [du peuple].
France, 1907 : Mentir, en conter.
Couler douce (la ou se la)
France, 1907 : Vivre confortablement sans travail et sans souci.
— Comment donc ! Ah ! ce n’est pas moi qui vous blâmerai, sois-en sûre ! Prenez du bon temps et coulez-vous-la douce, mes petites poulettes, vous ne sauriez rien imaginer de mieux…
(Albert Cim, Demoiselles à marier)
Couler douce (la)
Rigaud, 1881 : Mot à mot : couler la vie doucement, mener une existence heureuse.
Couler douce (se la)
Delvau, 1866 : v. réfl. Vivre sans rien faire, sans souci d’aucune sorte, — dans l’argot du peuple, qui ne serait pas fâché de vivre de cette façon-là, pour changer.
La Rue, 1894 : Mener une vie agréable, ne pas travailler.
Virmaître, 1894 : Faire le moins de travail possible et vivre pour le mieux (Argot du peuple).
Couler en douceur
France, 1907 : Faire entendre à quelqu’un, sans en avoir l’air ou sans se fâcher, des choses désagréables.
— Moi, vois-tu, je suis trop carré, je ne connais pas les ménagements, je lui collerais l’affaire tout net au nez. Tandis que toi, je te connais, tu lui couleras ça en douceur.
(Camille Lemonnier)
Se faire avorter.
— Si elle avait été aussi ficelle que d’autres que nous connaissons, pas vrai, m’sieu Porphvre ? elle se serait fait couler ça en douceur…
— Chez m’ame Tiremôme !
(Albert Cim)
Couler quelqu’un
Rigaud, 1881 : Faire perdre de l’argent à quelqu’un. — Ruiner un commanditaire. — Perdre quelqu’un de réputation.
Virmaître, 1894 : Couler un individu dans l’esprit de quelqu’un en disant de lui pis que pendre ; le perdre dans l’estime d’autrui (Argot du peuple).
France, 1907 : Lui nuire, le vilipender.
Couler un enfant
Virmaître, 1894 : Faire avorter une femme (Argot du peuple).
France, 1907 : Avoir recours à des pratiques abortives. Ou dit aussi couler en douceur.
Couleur
d’Hautel, 1808 : Il en juge comme un aveugle des couleurs. Se dit d’un homme qui décide dans une matière qu’il ne connoît pas.
Cette affaire commence à prendre couleur. Pour, commence à prendre un caractère, une tournure satisfaisante.
Des goûts et des couleurs il ne faut disputer. Signifie qu’on doit se garder de fronder les, goûts et les caprices, les fantaisies particulières, parce chacun a les siens.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Mensonge. Monter des couleurs, dire des mensonges.
Larchey, 1865 : Soufflet. — Il colore la joue.
J’bouscule l’usurpateur, Qui m’applique sur la face, Comm’on dit, une couleur.
(Le Gamin de Paris, chanson, 184…)
Delvau, 1866 : s. f. Menterie, conte en l’air, — dans l’argot du peuple, qui s’est probablement aperçu que, chaque fois que quelqu’un ment, il rougit, à moins qu’il n’ait l’habitude du mensonge. Monter une couleur. Mentir.
Au XVIIe siècle on disait : Sous couleur de, pour Sous prétexte de. Or, tout prétexte étant un mensonge, il est naturel que tout mensonge soit devenu une couleur.
Delvau, 1866 : s. f. Opinion politique. Même argot [du peuple].
Rigaud, 1881 : Ruse, mensonge.
Laissez donc, ça fait comme ça la sainte n’y touche, pour s’ faire r’garder ; on connaît ces couleurs-là.
(Mars et Raban, Les Cuisinières)
Être à la couleur, ne pas se laisser tromper ; deviner un mensonge. C’est-à-dire savoir quelle est la couleur qui retourne.
Rigaud, 1881 : Soufflet, coup de poing sur le visage. Appliquer une couleur, donner un soufflet. — Passer à la couleur, se faire administrer des claques.
La Rue, 1894 : Mensonge.
France, 1907 : Mensonge. Du couvre la vérité d’une couleur. Monter une couleur, mentir.
Au XVIIe siècle, on disait : « sous couleur de », pour « sous prétexte de ». Or, tout prétexte étant un mensonge, il est naturel que tout mensonge soit devenu une couler.
(Alfred Delvau)
Commerson t’a refusé dix-sept francs, et il a bien fait. Tu les aurais croqués évidemment avec le cabotin dont je te parlais tout à l’heure. Si le soleil mange les couleurs, ma chère Nini, mon rédacteur en chef les avale difficilement.
(Léon Rossignol, Lettres d’un mauvais jeune homme à sa Nini)
France, 1907 : Opinion politique. « Combien de de fois, dans leur carrière, les politiciens ne changent-ils pas de couleurs ? »
France, 1907 : Soufflet, parce qu’il donne des couleurs aux joues.
Couleur (être à la)
La Rue, 1894 : Être convenable, faire bien les choses. Ne pas être à la couleur, être naïf, ne pas voir qu’on vous en coule une.
France, 1907 : Faire les closes convenablement, c’est-à-dire se mettre de la couleur de la personne que l’on veut choyer.
Couleur (monter la)
La Rue, 1894 : Tromper.
Couleurs (en faire voir de toutes les)
Virmaître, 1894 : Mentir, tromper. Faire à quelqu’un tous les tours possibles (Argot du peuple).
France, 1907 : Mentir, duper, jouer tous les tours imaginables quelqu’un. « La coquine lui en fit voir de toutes les couleurs. »
Couleurs (monter des)
anon., 1827 / Bras-de-Fer, 1829 / Halbert, 1849 : Mentir.
Couleuvre
d’Hautel, 1808 : Faire avaler des couleuvres à quelqu’un. Signifie lui faire essuyer de grandes mortifications, des chagrins amers.
On dit aussi d’un homme méchant et pervers, que c’est une couleuvre.
Delvau, 1866 : s. f. Femme enceinte, — dans l’argot des voyous, qui, probablement, font allusion aux lignes serpentines de la taille d’une femme en cette « position intéressante ».
France, 1907 : Femme dans la position que l’on est convenu d’appeler intéressante, et qui ne peut guère intéresser qu’elle et les siens.
France, 1907 : Paresseux ou paresseuse, en raison des mœurs nonchalantes de ce reptile, qui reste engourdi tout l’hiver.
Couleuvrine
d’Hautel, 1808 : Être sous la couleuvrine de quelqu’un. Figurément, être sous sa puissance ou sous sa protection.
Couliant
anon., 1827 : Du lait.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 / Bras-de-Fer, 1829 : Lait.
Delvau, 1866 : s. m. Lait, — dans l’argot des voleurs.
La Rue, 1894 : Lait.
Couliante
Halbert, 1849 : Laitue.
Coulisse
d’Hautel, 1808 : Faire les yeux en coulisse. Jeter un regard doux, amoureux et tendre sur quelqu’un, ainsi que le pratiquent ordinairement les femmes galantes, les courtisanes, avec les hommes qu’elles veulent prendre dans leurs filets.
Avoir les yeux en coulisse. Signifie aussi bigler, regarder de côté, de travers.
France, 1907 : Bourse en dehors de la bourse officielle, où des intermédiaires sans mandat légal font des négociations de valeurs cotées seulement en banque et opèrent également sur les valeurs officiellement cotées.
Du reste, l’agent de change, après s’être effacé politiquement, tend à diminuer aussi d’importance, financièrement parlant. Il s’est créé, sous le nom de coulisse, une contrebande qui lui fait un grand tort.
(Frédéric Soulié, L’Agent de change)
France, 1907 : Corruption de coulure, mauvais temps qui fuit couler le fruit après la fleur.
Coulissier
Rigaud, 1881 : Courtier spéculateur en vieilles nippes, — dans le jargon du Temple.
France, 1907 : Spéculateur jouant en dehors du parquet des agents de change, c’est-à-dire tripotant dans les coulisses de la Bourse. Comme adjectif, ce mot n’est guère employé qu’au féminin dans ce sens : intrigues coulissières.
Coulissiers
Larchey, 1865 : « Les coulissiers sont des agents de change sans brevet ; ils traitent des opérations pour leur compte et pour celui de leurs clients ; on leur paie moitié courtage, ils ont une chambre organisée comme la chambre syndicale des agents de change ; on en cite de très-honorables et de très-riches, offrant tout autant de garantie que des agents de change. Ils se réunissent à midi sur les boulevarts, ils établissent le cours de la rente qui souvent est accepté par le parquet. À la Bourse, ils se placent à peu de distance des agents de change, à gauche de la corbeille. Les opérations de la coulisse s’élèvent à un chiffre énorme. » — De Mériclet.
Couloir
Delvau, 1866 : s. m. Le gosier, — dans l’argot dos faubouriens, qui en lavent les parois à grands coups de vin et d’eau-de-vie, sans redouter l’humidité. Chelinguer du couloir. Fetidum halitum emittere.
Rigaud, 1881 : Gosier, bouche. — Repousser du couloir, sentir mauvais de la bouche.
France, 1907 : Gosier.
Couloir à airs
Rigaud, 1881 : Chanteuse, — dans le jargon des voyous. — Gosier. — Ferme ton couloir à airs.
Coup
d’Hautel, 1808 : Se battre à coup de savatte. C’est-à dire, à coups de pieds, comme le font les crocheteurs et les porteurs d’eau.
Faire les cent coups. Donner dans de grands écarts, faire des fredaines impardonnables, se porter à toutes sortes d’extravagances, mener une vie crapuleuse et débauchée ; blesser, en un mot, les règles de la pudeur, de la bienséance et de l’honnêteté.
Il a été le plus fort, il a porté les coups. Se dit en plaisantant de quelqu’un qui, n’ayant pas été le plus fort dans une batterie, a supporté tous les coups.
On dit plaisamment d’un homme économe dans les petites choses et dépensier dans les grandes, qu’Il fait d’une allumette deux coups, et d’une bouteille un coup.
Il ne faut qu’un coup pour tuer un loup. Signifie qu’il ne faut qu’un coup de hasard pour abattre l’homme le plus puissant et le plus favorisé de la fortune.
Faire un mauvais coup. Commettre quelque méchante action, quelqu’action criminelle.
Un coup de maître. Affaire conduite avec adresse, habileté.
Faire d’une pierre deux coups. Faire deux affaires en en traitant une.
Faire un mauvais coup. Ne pas réussir ou échouer dans une entreprise.
Un coup de Jarnac. Coup détourné et perfide qui se dirige contre une personne à qui l’on veut du mal.
Caire un coup de sa tête. Pour dire un coup décisif ; ne prendre conseil que de sa propre volonté.
Coup de main. On appelle ainsi un travail de peu de durée, comme lorsqu’on se fait aider par des étrangers dans un moment de presse.
Un coup de désespoir. Action causée par le chagrin, la douleur, la peine.
Avoir un coup de hache. Pour, être timbré ; avoir la tête exaltée.
Les plus grands coups sont portés. Pour dire, le plus fort est fait, le plus grand danger est passé.
Il n’y a qu’un coup de pied jusque-là. Pour dire qu’il n’y a pas loin. On se sert aussi de cette locution ironiquement, et pour se plaindre de l’éloignement d’un lieu où l’on a affaire.
Se donner un coup de peigne. Au propre, se coiffer, se retapper. Au figuré, se battre, se prendre aux cheveux.
C’est un coup d’épée dans l’eau. Pour, c’est un effort infructueux, un travail inutile.
Frapper les grands coups dans une affaire. Mettre tout en œuvre pour la faire réussir.
Discret comme un coup de canon. Homme étourdi et indiscret qui ne peut rien garder de ce qu’on lui confie.
Il fait ses coups à la sourdine. Se dit d’un fourbe, d’un hypocrite, d’un homme dont les actions sont traitres et cachées.
Delvau, 1864 : L’acte vénérien, qui est, en effet, un choc — agréable pour celle qui le reçoit comme pour celui qui le donne.
L’autre jour un amant disait
À sa maîtresse à basse voix,
Que chaque coup qu’il lui faisait
Lui coûtait deux écus ou trois.
(Cl. Marot)
Tu voudrais avoir pour un coup
Dix écus ; Jeanne, c’est beaucoup.
(Et. Tabourot)
Pour l’avoir fait deux coups en moins de demi-heure,
C’est assez travailler pour un homme de cour.
(Cabinet satyrique)
Il faut toujours se faire payer avant le coup.
(Tabarin)
L’homme philosophal que cherche, sans le trouver, la femme, est celui qui ferait réellement les cent coups.
(J. Le Vallois)
Rigaud, 1881 : Manœuvre faite dans le but de tromper. On dit : il m’a fait le coup, il m’a trompé ; c’est le coup du suicide, c’est un faux suicide annoncé pour attendrir la dupe. (L. Larchey)
La Rue, 1894 : Vol. Manœuvre dans le but de tromper. Ne pas en f…iche un coup, ne pas travailler.
Virmaître, 1894 : Procédé secret et particulier (Argot des voleurs).
Coup (bon)
Rigaud, 1881 : Dans le vocabulaire de la galanterie, c’est le plus bel éloge qu’un homme puisse faire d’une femme pour la manière dont elle tient les cartes au jeu de l’amour. — Par contre, mauvais coup sert à désigner la femme qui n’entend rien à ce jeu, ou que ce jeu laisse froide.
Coup (faire ou monter un)
France, 1907 : Accomplir on manigancer une entreprise plus ou moins répréhensible du Code pénal.
Coup (montage de)
Rigaud, 1881 : Mensonge préparé de longue main. — Monter le coup, en imposer, conter un mensonge. — Se monter le coup, s’illusionner. — Monter un coup, combiner un vol. — Monteur de coups, celui qui ment, par habitude, dans un but intéressé.
Coup (monter le)
Merlin, 1888 : Voyez Bourichon.
France, 1907 : Tromper, faire croire à une chose qui n’est pas. Nombre d’historiens ont monté le coup à la postérité. Les politiciens sont des menteurs de coups.
Où va l’crapaud, où va l’arpète,
Où va l’mecton dans l’ambargo,
Où va l’rigoleur en goguette,
Où va l’pante qui fuit l’conjungo !…
Si vous d’mandiez ça m’la botte,
Y croiraient qu’vous leur montez l’coup,
Y vous diraient à la minute :
Nom de Dieu ! faut-y qu’tu sois soûl !
(Aristide Bruant)
Coup (n’en pas foutre un)
France, 1907 : Fainéanter, ne rien faire.
Coup (valoir le)
Fustier, 1889 : Mériter attention. Valoir la peine.
France, 1907 : Mériter attention.
Coup à monter
Larchey, 1865 : Grosse entreprise.
Un coup à monter, ce qui, dans l’argot des marchands, veut dire une fortune à voler.
(Balzac)
Virmaître, 1894 : Piège à tendre. Tromper quelqu’un (Argot des voleurs).
Coup d’acré
Rigaud, 1881 : Extrême-onction, — dans le jargon des voleurs. Mot à mot : coup de Sacrement.
France, 1907 : Extrême-onction. Acré signifie en argot, méfiance, attention ; c’est en effet le moment d’ouvrir l’œil quand on va le fermer.
Coup d’Anatole
France, 1907 : Voir Coup du Père François.
Coup d’arrosoir
Delvau, 1866 : s. m. Verre de vin bu sur le comptoir du cabaretier. Argot des faubouriens.
France, 1907 : C’est le verre de vin qui arrose le gosier.
Coup d’encensoir
Rigaud, 1881 : Coup de poing sur le nez, — dans le jargon des voyous qui ont servi la messe.
France, 1907 : Coup de poing sur le nez. Basses flatteries, louanges outrées.
Coup de bas
Larchey, 1865 : Coup dangereux.
Ces fats nous donnent un rude coup de bas.
(Chansons. Clermont, 1835)
Coup de chien, peigne, torchon : V. ces mots.
Virmaître, 1894 : Coup dangereux. Achever quelqu’un, le finir (Argot des voleurs).
France, 1907 : Coup définitif qui achève la victime.
Coup de bleu
France, 1907 : Coup de vin.
Faut ben du charbon…
Pour chauffer la machine,
Au va-nu pieds qui chine…
Faut son p’tit coup d’bleu.
(Richepin, Chanson des Gueux)
Coup de bouteille
Delvau, 1866 : s. m. Rougeur du visage, coup de sang occasionné par l’ivrognerie, — dans l’argot du peuple.
Rigaud, 1881 : Rougeur du visage, coup de sang occasionné par l’ivrognerie. (A. Delvau)
Coup de bouteille (avoir son)
France, 1907 : Avoir le visage couperosé à la suite de nombreuses libations, ou être ivre.
Coup de cachet
Fustier, 1889 : « Un jeune premier suivant le cœur de M. Zola… a sournoisement introduit un couteau entre les épaules de son rival… en imprimant à son arme, s’il en faut croire l’acte d’accusation, un mouvement de rotation destiné à donner au coup une force inévitablement mortelle. C’est ce que M. Huysmans appelle le coup de cachet. »
(L. Chapron)
Coup de canif
Delvau, 1866 : s. m. Infidélité conjugale, — dans l’argot des bourgeois. Donner un coup de canif dans le contrat. Tromper sa femme ou son mari.
La Rue, 1894 : Infidélité conjugale.
France, 1907 : Ce que les femmes mariées donnent dans le contrat conjugal.
Coup de canif dans le contrat
Virmaître, 1894 : Homme qui trompe sa femme ou femme qui trompe son mari. On dit aussi, quand une femme a une masse d’amants, que le contrat est criblé de coups de sabre (Argot du peuple).
Coup de canif dans le contrat (donner un)
Delvau, 1864 : Tromper son mari au profit d’un amant, sa femme au profit d’une maîtresse.
Et puis ces messieurs, comme ils se gênent pour donner des coups de canif dans le contrat ! La Gazette des Tribunaux est pleine de leurs noirceurs ; aussi nous sommes trop bonnes.
(L. Festeau)
Coup de casserole
Delvau, 1866 : s. m. Dénonciation, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Dénonciation. (L. Larchey)
France, 1907 : Dénonciation.
Coup de chancellerie
France, 1907 : Coup de lutteur par lequel on tient sous le bras la tête de son adversaire.
Coup de chasse
France, 1907 : Coup d’œil des filles qui font la chasse aux passants. On appelle aussi coups de chasse les signes que se font les grecs entre eux avec les yeux, chasses.
Coup de châsse
Rossignol, 1901 : Regarder. Donner un coup de châsse, est donner un coup d’œil (regarder).
Coup de chasselas
Delvau, 1866 : s. m. Demi-ébriété, — dans l’argot du peuple. Avoir un coup de chasselas. Être en état d’ivresse.
France, 1907 : Être dans un état voisin de l’ivresse.
Coup de chasses
Virmaître, 1894 : Coup d’œil. Système employé par certaines filles pour raccrocher les passants.
— Tu ne marches pas, as-tu vu ce coup de chasses ? (Argot du peuple).
Coup de chien
Delvau, 1866 : s. m. Traîtrise, procédé déloyal et inattendu, — dans le même argot [du peuple].
France, 1907 : Remue-ménage, branle-bas, bataille, difficulté.
Il y a un instinct populaire qui ne se trompe pas et qui fait dire : Si l’on n’est pas prêt après les milliards dépensés depuis vingt ans, on ne le sera jamais ; si l’on est prêt, qu’attend-on ?
S’il faut « un coup de chien » pour rentrer dans nos frontières d’avant 1870, qu’on se le donne et qu’on en finisse. On ne peut épuiser toujours le pauvre monde d’impôts pour lubriquer des canons et des fusils qui ne partent pas.
(Camille Dreyfus, La Nation)
Coup de croupe
Delvau, 1864 : Coup de cul que donne la femme dans l’acte copulatif.
Elle a un coup de croupe des plus distingués.
(La Popelinière)
Coup de cul
Delvau, 1864 : Jeu des reins dans lequel excellent les femmes, ce qui nous procure du plaisir et à elles des rentes — quand elles ne sont pas trop prodigues et qu’elles n’ont pas de maquereaux.
Pourtant, si j’en crois mes propres rivales,
Je réveillerais le plus des des morts
D’un coup de ce cul qu’ici tu ravales
Sans en éprouver le moindre remords.
(Anonyme)
Ta fortun’ n’est pas faite :
Allons donc, y pens’-tu !
Encore un coup d’ cul,
Jeannette,
Encore un coup d’ cul.
(É. Debraux)
Coup de deuil
La Rue, 1894 / France, 1907 : Malheur.
Coup de feu
Delvau, 1866 : s. m. Moment de presse.
Boutmy, 1883 : s. m. Ivresse commençante. V. Barbe.
France, 1907 : Moment de presse. Se dit aussi pour commencement d’intoxication, quand l’intoxication est complète. Pour les typographes, c’est le coup de feu de société.
Coup de feu de société
Delvau, 1866 : s. m. Dernier degré de l’ivresse, — dans l’argot des typographes.
Rigaud, 1881 : Le pinacle de la soulographie, — dans le jargon des typographes.
Coup de figure
Rigaud, 1881 : Repas soigné. — ; Se flanquer un coup de figure, faire un bon repas.
France, 1907 : Repas copieux, soûlerie.
Coup de filet
France, 1907 : Tactique policière par laquelle on s’empare de malfaiteurs où de prostituées, rassemblés au mème endroit.
— Dans la clientèle hétérogène de ces marchands de vin, reprit le préfet, il doit se trouver des bandits, et je m’explique la tolérance laissée par mes prédécesseurs à des cabaretiers chez lesquels ou peut toujours opérer un fructueux coup de filet !
(G. Macé, Un Joli monde)
Coup de fion
Virmaître, 1894 : Terminer un ouvrage (Argot du peuple). V. Fignoler.
Rossignol, 1901 : Bien essuyer et frotter un travail terminé est lui donner un coup de fion.
Coup de fion (donner le)
France, 1907 : Terminer un ouvrage, le parachever, lui donner du chic, du brillant.
On ressangle les chevaux, on arrange les paquetages et les turbans, on époussette ses bottes, on retrousse ses moustaches et l’on drape majestueusement les plis de son burnous. On se donne enfin le coup de fion.
(Hector France, L’Homme qui tue)
Il faut beaucoup d’imagination pour varier les mets, leur donner le parfum d’agréable odeur qui saisit les narines du gourmet et stimule son appétit, pour connaître juste les quantité d’eau, de jus, d’aromates qu’il faut combiner en une habile mixture pour donner enfin à la sauce, — triomphe du vrai cuisinier, — ce que j’appellerai, en argot d’artiste, le coup de fion du maitre d’hôtel.
(Jeanne d’Antilly, Le Journal)
Coup de flan
Virmaître, 1894 : Voler au hasard (Argot des voleurs).
France, 1907 : Voler au hasard.
Coup de foudre
France, 1907 : Amour à première vue qui frappe soudainement le cœur et explique le dard dont la mythologie armait Cupidon. Les très jeunes gens sont spécialement sujets aux coups de foudre. L’on peut être foudroyé ainsi nombre de fois sans en mourir, ni même sans en être malade.
— À un bal de la sous-préfecture, je rencontrai le capitaine de Langallery… Croyez-vous aux coups de foudre, mon cher abbé ? Vous me direz que cela ne vous regarde pas : mais je vois bien qu’au fond vous n’y croyez point. Eh bien, vous avez tort. J’ai reçu le coup de foudre, moi. Au retour de ce bal où je n’avais dansé qu’une seule fois avec M. de Langallery, j’ai emmené maman dans ma chambre, je me suis jetée dans ses bras et je lui ai dit :
— Ma petite maman chérie, il faut que j’épouse M. de Langallery !
Tête de mère ! Elle me crut folle :
— M. de Langallery ? Qu’est-ce que c’est que M. de Langallerry ?
— Comment, tu ne l’as pas vu ? Le capitaine ?… celui qui a une moustache brune et des yeux noirs, avec de si jolis sourcils ?
Elle ne savait pas ! Elle n’avait rien remarqué, ni les jolis sourcils, ni la moustache brune, ni les yeux noirs ! Elle n’avait pas distingué ce capitaine des autres capitaines. Elle n’avait pas reçu le coup de foudre, elle. Il y a une grâce d’état pour les personnes âgées.
(Marcel Prévost)
— Parlez-moi de l’étincelle, du coupe foudre ! C’est toujours l’inconnu, enveloppé de tout son charme mystérieux, cet idéal, entrevu dans un rêve et qui nous apparait un jour, sous la forme animée et rayonnante d’un brillant cavalier, bien réel, bien vivant et ne demandant qu’à faire notre bonheur.
(Fernand Béroland)
Coup de fourchette
Delvau, 1866 : s. m. Coup donné dans les deux yeux avec les deux doigts qui suivent le pouce de la main droite. Argot des faubouriens.
Delvau, 1866 : s. m. Déjeuner. Argot des bourgeois. Donner un coup de fourchette. Manger.
Delvau, 1866 : s. m. Vol à l’aide de deux doigts seulement.
Rigaud, 1881 : Coup de doigts dans les yeux. Ce coup très dangereux est particulier aux voyous. Il consiste à porter dans les yeux de l’adversaire le médius et l’index de l’une ou de l’autre main écartés en forme de V.
France, 1907 : Vol à l’aide de deux doigts. C’est aussi enfoncer l’index et le médium dans les yeux de son adversaire.
Coup de fourchette (avoie un bon)
France, 1907 : Avoir bon appétit.
Coup de fusil
Virmaître, 1894 : Vendre à n’importe quel prix (Argot des camelots).
Rossignol, 1901 : Acheter à très bon compte des marchandises escroquées. Voir Fusilleur.
Hayard, 1907 : Voler.
France, 1907 : Mauvais diner, On dit aussi fusiller.
France, 1907 : Vente à bas prix d’objets volés.
La bande noire possède dans le neuvième et dans le dixième arrondissement deux maisons spécialement affectées aux coups de fusil. Dans ces entrepôts de la flibuste on trouve tout : bas de soie, chronomètres, vases de nuit, éventail, galoches, ombrelles, pianos, raisiné, photographies obscènes, clysopompes, diamants et bonnets de coton… c’est un capharnaüm indescriptible.
(Hogier-Grison, Le Monde où l’on flibuste)
Coup de gaz
Delvau, 1866 : s. m. Coup de vin. Argot des faubouriens.
France, 1907 : Verre de vin.
Coup de gilquin
France, 1907 : Soufflet.
Coup de gueule
France, 1907 : Injures. Discours furibonds comme en font, dans les réunions publiques, les orateurs de mastroquets qui gueulent plus qu’ils ne parlent.
— Vois-tu, Jean, le progrès social… les grandes phrases à panache, les théories allemandes, brumeuses, les coups de gueule ronflants des empaumeurs du populo, ça ne vaut pas ma petite recette : se soutenir, s’entr’aider, aimer les faibles, les petits… sans pose, sans embarras, à la bonne franquette !
(A. Roguenant, Le Grand soir)
Où est Thérése, l’étrange artiste avec ses strideurs de clairon qui dominaient le bruit de l’orchestre, ses inflexions gouailleuses, inouïes qui soulevaient des traînées de rires d’un bout à l’autre du beuglant, avec ses tyroliennes inrendables, ses coups de gueule et ses coups de croupe impudiques et endiablés, ses grimaces de pîtresse laide qui saturaient chaque refrain comme d’une pincée de Cayenne ?
(Riquet, Gil Blas)
As-tu fini d’être bégueule !
Assez d’azur, de sacrés monts ;
Pour qu’on t’entende, à pleins poumons,
Lance, Muse, un bon coup de gueule !
(André Gill, La Muse à Bibi)
Coup de jante
France, 1907 : Verre d’eau-de-vie.
— Allons ! assez causé… mère la Nippe, il faut filer… il va y avoir du tabac ici… emmène la môme dare dare, tu sais ce qui a été convenu…
— Oui, mon fils, dit la vieille, docile et respectueuse, mais laisse-moi lamper encore un coup de jante…
— Une autre fois ! répondit Nib d’un ton qui ne permettait pas de réplique… allons ! ouste ! décanillons !…
(Edmond Lepelletier)
Coup de Jarnac
France, 1907 : Coup traitre et imprévu.
La casserole, toute prête,
Sur un feu de bois sec chantait…
Pour la gastronomique fête,
L’ail, le persil, tout s’apprêtait ;
Le cuisinier, goûtant la sauce,
Préparant le coup de Jarnac,
Au lapin creusait une fosse
Tout au fond de son estomac.
(Almanach anticlérical, 1880)
Coup de l’oreiller
France, 1907 : Verre de vin ou de liqueur que l’on prend avant de se coucher.
Dans cette boîte à mouches, le père Capoulade versait tous les soirs le coup de l’oreiller à ses cent cinquante locataires. Le bon Auvergnat logeait d’abord des pensionnaires, des habitués à poste fixe, journaliers, maçons, musiciens ambulants, chanteurs de cours, puis des personnes en « camp volant », rôdeurs aux abois, claque-patins s’offrant une nuitée de lit pour leur fête. La disposition du garni était si ingénieuse qu’on ne pouvait monter aux chambres sans passer par le cabaret et le père Capoulade avait un œil expert qui soupesait les poches, jugeait à première vue quels gens aimeraient mieux faire de la dépense que montrer des papiers.
(Hugues Le Roux, Les Larrons)
Coup de la bascule
France, 1907 : Genre de vol très usité chez les rôdeurs qui travaillent isolément. Dans le Bas du Pavé parisien, Guy Tomel en donne l’explication :
D’une main ils saisissent au collet le passant, qui, surpris par la brusquerie de l’attaque, se rejette instinctivement en arrière. À ce moment, il trébuche, car l’assaillant lui a lié la jambe par un croc-en-jambe qui constitue le truc essentiel du coup. La victime, sentant qu’elle perd l’équilibre, étend ses bras en croix et bat l’air, au lieu de prendre à son tour l’agresseur au collet. Pendant ces oscillations, le voleur, de sa main libre, fouille rapidement les poches ou arrache la montre, avec la chaîne, cette fois. L’opération est faite, il ne reste plus qu’à imprimer une dernière poussée au bonhomme, au besoin à l’envoyer rouler dans le ruisseau par un coup de pied de zouave appliqué au creux de l’estomac et à prendre la fuite. La bascule exige beaucoup de rapidité et de précision ; c’est un coup qui rate souvent et qui n’est pas très recommandé sur les boulevards extérieurs.
On lui préfère avec raison le coup de la petite chaise, qui exige un copain.
Coup de la bouffée
Virmaître, 1894 : Genre de vol pratiqué chez les grands bijoutiers. Le voleur fume un énorme cigare, il lance au visage de la bijoutière un formidable jet de fumée ; aveuglée, elle ne voit pas les mains du voleur travailler (Argot des voleurs).
France, 1907 : Vol pratiqué à l’aide d’un cigare.
Le voleur fume un énorme cigare, il lance au visage de la bijoutière un formidable jet de fumée ; aveuglée, elle ne voit pas les mains du voleur travailler.
(Ch. Virmaître)
Coup de la Chancellerie
Rigaud, 1881 : Une des passes de la lutte à main plate. C’est tenir, sous le bras, la tête de son adversaire. Si celui qui le porte est habile, le coup de la chancellerie amène la chute de l’adversaire et doit le tomber sur les deux épaules.
On trembla pour lui, qui, la tête prise sous l’une des aisselles et froissée aux coudes anguleux du faraud, un retors aussi ! résistait assez mal au rude coup de la chancellerie.
(Cladel, Ompdrailles, le Tombeau des lutteurs.)
Coup de la crosse
France, 1907 : Voir Rigollot.
Coup de la petite chaise
France, 1907 : Il consiste à saisir la victime par le collet et à la renverser en arrière en l’asseyant sur le genou qui est la petite chaise. De même que dans le coup de la bascule, cas précédent, il perd l’équilibre et ne peut faire usage de ses mains, ce qui donne au copain tout loisir d’explorer ses poches.
Coup de manche
Rigaud, 1881 : Mendicité à domicile avec lettres fabriquées pour émouvoir les âmes charitables.
France, 1907 : Mendicité à domicile à l’aide de lettres où de faux papiers.
Coup de manchette
France, 1907 : Coup de sabre donné sur le poignet, recommandé par les maitres d’armes aux novices et qui met forcément fin au combat.
Coup de marteau
Rigaud, 1881 : Grain de folie. Mot à mot : coup de marteau qui a fendu le crâne. Autrefois on disait dans le même sens « coup de hache. » Celui qui avait reçu un coup de hache était réputé aux trois quarts fou.
Oui, il aime à bouffonner ; et l’on dirait parfois, ne v’s en déplaise, qu’il a quelque petit coup de hache à la tête.
(Molière, Le Médecin malgré lui, acte II, sc. 1.)
Virmaître, 1894 : Fou par instant (Argot du peuple). V. Mailloché.
Coup de marteau (avoir un)
France, 1907 : Ne pas avoir le cerveau bien équilibré. Paraitre avoir reçu un coup de marteau sur la tête.
Coup de patte
Larchey, 1865 : Propos méchant.
Coup de peigne
Rigaud, 1881 : Batterie. — Se donner un coup de peigne, se battre, en venir aux mains.
Ça ne peut pas marcher, c’est impossible, on se donnera un coup de peigne.
(Les farces et les bamboches populaires de Mayeux, 1831.)
Coup de picton (avoir un)
France, 1907 : Être gris.
Coup de pied
Rigaud, 1881 : Avance d’argent, — dans le jargon des tailleurs. Donner un coup de pied au grêle, demander une avance au patron.
Coup de pied (donner un)
France, 1907 : Demander à son patron une avance d’argent, demande qui lui produit généralement l’effet d’un coup de pied.
Coup de pied (ne pas se donner de)
France, 1907 : Se vanter, faire son propre éloge.
Coup de pied de jument
Delvau, 1866 : s. m. Maladie désagréable, — dans l’argot du peuple.
Coup de pied de jument où de Vénus
France, 1907 : Syphilis ou blennorrhée. Un des accidents divers auxquels Priape est exposé.
Coup de pied de vache
France, 1907 : Ruade demi-circulaire fort en usage chez les voyous de barrières et qui casse net un tibia quand elle est bien appliquée.
Coup de pied de Vénus
Delvau, 1866 : s. m. « Trait empoisonné lancé par le fils de Cythérée au nom de sa mère », — dans l’argot des bourgeois, qui connaissent leur mythologie.
Rigaud, 1881 : Maladie que l’on traite comme on traite les glaces de Saint-Gobain. Ce qui a fait dire à un de nos plus célèbres spécialistes, en estropiant un hémistiche bien connu de Virgile : Mercurium agitat molem.
La Rue, 1894 : Syphilis.
Coup de pied de zouave
France, 1907 : Coup de pied appliqué au creux de l’estomac. Les régiments de zouaves étant autrefois composés en grande partie de Parisiens habiles à la savate, on a donné ce nom à ce moyen de défense des voyous de barrières.
Coup de pistolet
Larchey, 1865 : « Alléché par l’exemple et la perspective de quelques bénéfices énormes, un novice vient de tirer un coup de pistolet à la Bourse (c’est l’expression pour désigner une opération isolée et sans suite, un coup de main). »
(Mornand)
Delvau, 1866 : s. m. Opération isolée et sans suite, mais destinée cependant à faire un peu de bruit. Coup de pistolet dans l’eau. Affaire ratée.
Rigaud, 1881 : Engagement à coups irréguliers d’une forte somme d’argent, — en terme de joueur.
Rigaud, 1881 : Pièce, acte ou scène d’un caractère très hardi, — en terme de théâtre. — Œuvre d’art dont l’originalité voisine de l’extravagance n’a d’autre but que de forcer l’attention publique.
Coup de piston
France, 1907 : Démarche, recommandation de personnes influentes en faveur d’un protégé. C’est à force de donner des coups de piston que l’on pousse certains idiots dans des postes qu’ils n’auraient jamais dû occuper, d’où : pistonner quelqu’un, le favoriser, le pousser, le faire valoir. C’est surtout dans les régiments qu’il est bon de réveiller le protecteur somnolent par des coups de piston.
Cependant, malgré qu’il fût bien noté, Toupinel craignait qu’un passe-droit, un coup de piston en faveur d’un autre ne lui fit longtemps encore « marquer le pas ».
(Auguste Audy, Gil Blas)
Coup de poing de la fin
Delvau, 1866 : s. m. Mot ironique ou cruel, qu’on lance à la fin d’une conversation ou d’un article. Argot des gens de lettres.
France, 1907 : « Mot ironique ou cruel qu’on lance à la fin d’une conversation ou d’un article de journal. »
(Alf. Delvau)
Coup de pouce
Rigaud, 1881 : Effraction, — dans le jargon des voleurs.
Rigaud, 1881 : Faux poids obtenu au moyen d’une légère et vive application du pouce sur celui des plateaux de la balance où repose la marchandise. — Être fort sur le coup de pouce, avoir l’habitude de vendre à faux poids.
Virmaître, 1894 : Systeme employé par certains commerçants pour aider la balance à pencher du côté de la pesée. Les bouchers jouissent d’une grande habileté pour le coup de pouce (Argot du peuple).
France, 1907 : Coup que donnent à la balance les boutiquiers peu scrupuleux, destiné à augmenter le poids.
France, 1907 : Petit fourbi des fourriers consistant à tenir le quart avec lequel ils font la distribution de vin ou d’eau-de-vie de façon à y enfoncer le pouce, ce qui diminue d’autan à leur profit la part de chaque homme.
Coup de pouce (donner le)
France, 1907 : Étrangler quelqu’un.
Coup de punition
France, 1907 : Perte subie par un grec lorsqu’il a manqué son coup. Il est puni pour sa maladresse.
Coup de quinquet
France, 1907 : Coup d’œil.
Coup de Raguse
Delvau, 1866 : s. m. Traîtrise, acte déloyal, trahison, — dans l’argot des ouvriers, chez qui le souvenir de la défection de Marmont est toujours vivant. C’est pour eux ce au’est le coup de Jarnac pour les lettrés.
Coup de rifle
Delvau, 1866 : s. m. Ivresse, — dans l’argot des typographes.
Rigaud, 1881 : Ivresse. Mot à mot : coup de feu.
France, 1907 : Ivresse.
Coup de sabre
France, 1907 : Le podex ; allusion à sa raie profonde qui sépare les fesses. Se dit aussi pour grande bouche. « La gonzesse à un fameux coup de sabre à travers la gueule. »
Coup de sabre (avoir un fameux)
Merlin, 1888 : La bouche fendue jusqu’aux oreilles.
Coup de serre
France, 1907 : Coup d’œil que se font entre eux les voleurs.
Coup de sifflet
France, 1907 : Couteau.
Coup de sifflet (un)
Halbert, 1849 : Un couteau.
Coup de sirop
Rigaud, 1881 : Légère ivresse, après avoir bu du vin aussi écœurant que du sirop ; après avoir trop siroté.
Coup de sirop (attraper un)
France, 1907 : S’enivrer.
Coup de soleil
d’Hautel, 1808 : Avoir un coup de soleil. Être étourdi, à demi gris, avoir une pointe de vin, être en gaieté.
On dit aussi dans le même sens : Avoir son coup de feu.
Delvau, 1866 : s. m. Demi-ébriété, — dans l’argot des faubouriens, que le vin allume et dont il éclaire le visage.
Rigaud, 1881 : Ivresse ; illumination faciale causée par un excès de boisson.
Virmaître, 1894 : Avoir trop bu du petit bourguignon. On dit aussi un coup de sirop (Argot du peuple).
France, 1907 : Même sens que ci-dessus [s’envirer].
Il y a deux manières d’avoir un coup de soleil : en buvant quelques demi-setiers de trop à la cantine, ou en se toquant d’une jolie petite femme.
De l’un comme de l’autre méfiez-vous.
Coup de tampon
Delvau, 1866 : s. m. Coup de poing. Argot du peuple.
Rossignol, 1901 : Coup de poing.
J’ai reçu un coup de tampon, qui m’a mis l’œil au beurre noir.
France, 1907 : Coup de poing. Se flanquer des coups de tampon, se battre.
Coup de télégraphe
Rigaud, 1881 : Dépêche électrique. — Donner un coup de télégraphe, expédier une dépêche télégraphique, — en terme d’employés du télégraphe.
Coup de temps
Larchey, 1865 : Accident subit, surprise. — Terme d’escrime. — Voir le coup de temps, c’est le prévoir.
France, 1907 : Circonstance inopinée, occasion qui passe et qu’il faut saisir. Saisir le coup de temps, profiter du coup de temps, c’est agir au moment opportun. En escrime, le coup de temps est une attaque surprenant l’adversaire dans la préparation de la sienne.
Coup de torchon
Delvau, 1866 : s. m. Baiser, — dans l’argot des faubouriens, qui sans doute, veulent parler de ceux qu’on donne aux femmes maquillées, dont alors les lèvres essuient le visage.
Rigaud, 1881 : Duel au sabre, en terme de régiment. Se flanquer un coup de torchon.
France, 1907 : Combat, bataille.
— Eh ! margi, lui criai-je à travers les barreaux de ma lucarne, quoi de nouveau ?
— Il y a qu’on va se flanquer des coups de torchon, mon fils. Une belle occasion de dépuceler ton sabre.
(Hector France, L’Homme qui tue)
Hop là ! hardi ! Il va y avoir un coup de torchon !
Pas un pioupiou ne boude.
Sac au dos ! empoignez-moi votre flingot, la cartouchière sur le bedon, et, pas gymnastique, en avant, marche !
(Traité de civilité militaire et honnête, enseignée par Dache)
Se donner un coup de torchon, se battre en duel.
Coup de torchon (se donner un)
Delvau, 1866 : v. réfl. Se battre en duel ou à coups de poing, comme des gentilshommes ou comme des goujats. C’est une façon comme une autre d’essuyer l’injure reçue. Même argot [des faubouriens].
Coup de traversin (se foutre un)
France, 1907 : Dormir.
— Va pour deux minutes !… mais dépêchez-vous… la bête et moi nous avons besoin d’un joli coup de traversin.
(Jures Lermina, Le Gamin de Paris)
Trois heur’s qui sonn’nt. Faut que j’rapplique,
S’rait pas trop tôt que j’pionce un brin ;
C’que j’vas m’fout’ un coup d’traversin !
(A. Gill, La Muse à Bibi)
Coup de trente-trois centimètres
Delvau, 1866 : s. m. Coup de pied. Argot calembourique des faubouriens.
Coup de vague
Larchey, 1865 : Vol improvisé. — Le voleur est dans le vague sur les résultats de son coup.
Delvau, 1866 : s. m. Vol improvisé.
Rigaud, 1881 : Vol d’inspiration, vol à l’aventure ; c’est le contraire du poupon oapoupart. Pousser un coup de vague, commettre un vol à l’aventure.
Coup de vieux (recevoir un)
Rigaud, 1881 : Toucher à la quarantaine, en parlant d’une femme, — dans le jargon des hommes de lettres et des artistes.
Coup de vin du supplicié
France, 1907 : « À Paris, quand un condamné à mort était conduit au gibet de Montfaucon, on le faisait arrêter en route, dans la cour des Filles-Dieu, rue Saint-Denis, et là on lui donnait deux coups de vin à boire. Quand l’exécution se faisait dans Paris même, l’usage était de servir aussi du vin aux juges chargés d’y assister, et c’était le bourreau qui le fournissait. Au moins ce fait se produisit-il en 1477, à l’exécution du duc de Nemours. »
(Musée Universel)
Coup double
Virmaître, 1894 : Deux jumeaux. Ce mot peut se passer d’explications (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Jumeaux.
Coup du (le)
Rigaud, 1881 : L’heure, le moment, l’instant. — Le coup de l’absinthe, le coup de l’emprunt, le coup de l’attendrissement.
Coup du chandelier
France, 1907 : Les servantes des petites dames appellent ainsi le pourboire qu’elles soutirent aux clients de leur maîtresse en les reconduisant et en les éclairant dans l’escalier.
Coup du chandelier (le)
Virmaître, 1894 : Dans les maisons de rendez-vous ou chez les femmes publiques un peu cossues, une fois la séance terminée, la bonne vous reconduit en vous éclairant (c’est à charge de revanche), on lui donne généralement un pourboire ; elle vous remercie gracieusement, en ajoutant comme Bilboquet :
— Si vous êtes content et satisfait, envoyez-nous du monde.
C’est le coup du chandelier (Argot des filles).
Coup du lapin
Delvau, 1866 : s. m. Coup féroce que se donnent parfois les voyous dans leurs battures. Il consiste à saisir son adversaire, d’une main par les testicules, de l’autre par la gorge, et à tirer dans les deux sens : celui qui est saisi et tiré ainsi n’a pas même le temps de recommander son âme à Dieu. (V. la Gazette des Tribunaux, mai 1864.)
Delvau, 1866 : s. m. Coup plus féroce encore, que la nature vous donne vers la cinquantième année, à l’époque de l’âge critique. Recevoir le coup du lapin. Vieillir subitement du soir au lendemain ; se réveiller avec des rides et les cheveux blancs. Signifie aussi au figuré : Coup de grâce.
Rigaud, 1881 : Coup mortel. — Premières atteintes de la vieillesse. — Recevoir le coup du lapin, commencer à vieillir.
Un commencement de calvitie et d’obésité indiquait qu’il avait reçu ou qu’il était bien près de recevoir le coup du lapin.
(A. Delvau, Le Grand et le petit trottoir)
Virmaître, 1894 : Achever un adversaire, lui donner le coup suprême. Le bourreau donne le coup du lapin au condamné à mort (Argot des voleurs).
France, 1907 : Dans l’argot des souteneurs, c’est achever son adversaire, soit d’un coup de couteau, soit d’un coup de talon sur la tête. C’est aussi un coup qui consiste à serrer d’une main son adversaire par la gorge et, de l’autre, les testicules, et de tirer dans les deux sens.
Coup du macaron
Delvau, 1864 : Tour de force facile à figurer, mais impossible de mener à bonne fin. — L’homme est couché sur le dos, le bracquemart en l’air. La femme s’assoit dessus et s’introduit dans le vagin ce pivot de chair. Alors, s’aidant des pieds et des mains, elle tâche de tourner et de figurer l’aiguille du jeu de macarons. L’inventeur de ce divertissement m’assure « qu’à tous les coups l’on gagne. » — Je me permets d’en douter… et vous ?…
Sur l’assise d’une pine
Pivotant comme un toton,
Aimes-tu mieux en gamine
Tirer l’coup en macaron ?
(Paul Saunière)
Coup du malade
Virmaître, 1894 : Le voleur va chez un bijoutier choisir des bijoux ; il demande qu’on lui porte sa commande à son appartement ; il s’en va, et, aussitôt rentré, il se couche en attendant le commis et simule un mal subit. Quand le commis arrive il trouve l’acheteur entouré de fioles et de pommades, gémissant, il paraît souffrir mille douleurs. Il renvoie le commis chercher un autre objet qu’il dit avoir commandé la veille ; le commis part sans défiance en laissant les bijoux sur la cheminée ; aussitôt le malade se lève et se sauve au plus vite. Quand le commis revient, visage de bois (Argot des voleurs).
France, 1907 : Un escroc fait des emplettes chez un bijoutier et demande qu’ou les lui porte à son domicile, un hôtel généralement. Il se hâte de rentrer chez lui et se met au lit : quand le commis arrive avec son paquet, il trouve le client se tordant dans d’affreuses douleurs. Cependant elles se calment un peu et il demande au commis si tout est bien dans le paquet et si l’un n’a pas oublié les objets achetés la veille. Le commis, qui ignore si l’on a acheté la veille, retourne à sa boutique pour s’enquérir, en laissant le paquet. Inutile d’ajouter que lorsqu’il revient, client et bijouterie ont disparu.
Coup du matin (le)
Delvau, 1864 : Celui qui se tire forcément lorsqu’on se réveille, parce qu’à ce moment on bande toujours, soit qu’on ait dormi, sur le dos, soit qu’on ait envie de pisser, et que toute pine qui bande à le devoir de décharger.
Pour le coup du matin j’ai de l’aversion,
Et je ne m’y soumets qu’avec répulsion.
(Louis Protat)
Coup du médecin
Delvau, 1866 : s. m. Le verre de vin que l’on boit immédiatement après le potage, — dans l’argot des bourgeois, qui disent quelquefois : « Encore un écu de six francs retiré de la poche du médecin ! » Mais dans ce cas, quelque convive prudent ne manque jamais d’ajouter : « Oui… et jeté dans la poche du dentiste ! »
Rigaud, 1881 : Deux doigts de vin pur après la soupe.
France, 1907 : Verre de vin que l’on boit après le potage et qui, dans l’opinion générale, est considéré excellent pour la santé. Nos pères disaient : « Encore un écu de six francs retiré de la poche du médecin ; » mais il se trouvait toujours quelque plaisant pour ajouter : « et jeté dans la poche du dentiste. »
(Alf. Delvau)
Coup du milieu
France, 1907 : Les Bordelais et les Normands appellent ainsi le petit verre d’eau-de-vie qu’ils ont coutume de prendre au milieu du repas.
Coup du milieu (le)
Delvau, 1864 : Celui qui se tire vers le milieu de la nuit, après un léger repos, nécessité par la fatigue des coups précédents, et avant le repos définitif qui précédera le coup du matin.
Et l’on ne voit pas une belle
Refuser le coup du milieu.
(Armand Gouffé)
Coup du moineau
Virmaître, 1894 : Un pégriot a un pierrot apprivoisé ; il avise une boutique et lache son oiseau ; celui-ci se sauve derrière les sacs ; il entre, pleure, se désole :
— Mon pierrot, mon pierrot.
Les garçons, le patron, la patronne, tout le monde est après le pierrot. Le pégriot profite de cette chasse improvisée pour fouiller dans le comptoir et prendre une poignée de monnaie.
Le pierrot est pris, le gamin se sauve en remerciant, le tour est joué (Argot des voleurs). N.
France, 1907 : C’est un nouveau truc inventé par l’esprit fécond des voleurs. Un gamin lâche un moineau apprivoisé dans une boutique, et, tandis que celui-ci voltige à droite et à gauche et que chacun court pour l’attraper, le petit garçon fait main basse sur tout ce qu’il peut trouver, argent où marchandise.
Coup du père François
Virmaître, 1894 : Ce coup est très ancien. Autrefois les détenus l’employaient pour se débarrasser d’un personnage qui moutonnait. Il consiste simplement à l’étrangler en passant à l’aide d’un foulard de soie. Louis le Bull-Dogue, élève du père François explique ainsi la manière d’opérer :
Pour faire le coup du Père François,
Vous prenez un foulard de soie ;
Près du client en tapinois
Vous vous glissez sans qu’il vous voie
Et crac ! vous lui coupez la voix.
Sitôt qu’il est devenu de bois
Vous lui prenez son os, ses noix.
Et c’est ainsi qu’un Pantinois
Peut faire fortune avec ses doigts.
France, 1907 : Strangulation à l’aide d’un foulard, appelé ainsi du nom d’un célèbre coquin qui le pratiquait avec succès. Charles Virmaître cite la manière d’opérer tirée de Louis le Bull-dogue :
Pour faire le coup du Père François,
Vous prenez un foulard de soie ;
Près du client en tapinois
Vous vous glissez sans qu’il vous voie
Et crac ! vous lui coupez la voix.
Sitôt qu’il est devenu de bois
Vous lui prenez son os, ses noix.
Et c’est ainsi qu’un Pantinois
Peut faire fortune avec ses doigts.
Le coup du père François serait l’idéal du gredin professionnel si quelques petits incidents désagréables me l’accompagnaient parfois. Il arrive, quand l’opération se prolonge un peu trop, ou que l’opéré a la respiration un peu courte, que ce dernier ne se réveille pas de son évanouissement. C’est ce qui s’est produit pour Ollivier, l’usurier qui resta entre les mains de la bande de Neuilly. En ce cas, les jurés ne plaisantent point. Mais, tout compte fait, ces hasards sont rares et, jusqu’à ce qu’on ait trouvé mieux, le coup du père François sera enseigné avec respect de la Glacière à Ménilmontant.
(Guy Tomel)
On l’appelle aussi le coup du père Martin.
Rien de plus désagréable, par exemple, que le coup du père Martin, sur les deux ou trois heures du matin. Quand il est bien fait, vous en êtes quitte pour un fort torticolis et la perte de votre porte-monnaie ; mais on cite des gens qui en sont morts.
(Berty, La Nation)
Coup du tablier
France, 1907 : Lorsqu’une cuisinière irritée donne congé à sa maîtresse, elle lui jette son tablier au nez. Les gens polis disent : rendre leur tablier.
Aujourd’hui les cuisiniers français ont rendu leur tablier à l’empereur et, sauf chez l’impératrice Augusta, ce sont des mains allemandes qui confectionneront désormais les plats servis sur la table du souverain et des membres de sa famille.
(Gil Blas)
Coup du tablier (le)
Rigaud, 1881 : Quand une domestique est, depuis quelque temps, dans une maison où elle sait qu’elle fait l’affaire des maîtres, elle donne de temps à autre le coup du tablier, c’est-à-dire qu’elle demande son compte soit pour se faire apprécier davantage, soit pour avoir de l’augmentation.
Coup dur
Delvau, 1866 : s. m. Obstacle imprévu ; désagrément inattendu, — dans l’argot du peuple.
Rigaud, 1881 : Événement imprévu et fâcheux. — Carambolage à revenir lorsqu’une des billes à toucher est collée sous bande.
Coup Giraud
Rigaud, 1881 : Dans le jargon des joueurs, c’est le second coup d’une main au baccarat en banque, coup, paraît-il, très défavorable au banquier. Un notaire de Marseille qui ne jouait jamais que ce coup-là lui a légué son nom. Il a laissé quelques imitateurs.
Coup monté
France, 1907 : Délit prémédité, affaire coupable préparée à l’avance.
Voici un clergyman qui s’adresse à la fille de sa femme, cas très fréquent, affirme-t-on. La gamine, Emily Furnival, a quinze ans. Ce doit être une petite flirteuse, car elle a profité de l’absence de sa maman pour venir chercher nuitamment un livre dans la chambre de beau-papa, la Bible probablement.
Beau-papa, qui était au lit, se fit sans doute lire le chapitre de Loth et en mit la morale en action. Une grossesse résulta de cette édifiante lecture en même temps qu’une comparution devant la cour centrale criminelle. Le beau-père jura avoir été, en cette occasion, aussi sage et circonspect que feu Joseph lui-même ; c’était, dit-il, un coup monté par son épouse pour obtenir un divorce désiré.
(Hector France, Lettres d’Angleterre)
Coup qui porte
Delvau, 1864 : Coup chargé de sperme prolifique, dont le résultat naturel est un enfant.
Pour neuf mois que l’on passe en délices et plaisirs, on n’engrosse qu’une seule fois, et… tous les coups ne portent pas.
(Mililot)
Coupable
d’Hautel, 1808 : Il ne faut pas que les bons pâtissent pour les coupables. Pour, il ne faut pas punir toute une société pour quelques méchans qui s’y trouvent.
On dit aussi : Que les bons pâtissent toujours pour les coupables, parce que les coupables ont l’adresse de se retirer des mauvaises affaires, et d’y engager d’honnêtes gens.
Coupaillon
Delvau, 1866 : s. m. Coupeur maladroit, inexpérimenté. Argot des tailleurs.
Coupe
Halbert, 1849 : Dans la misère.
Delvau, 1866 : s. f. Misère, — dans l’argot des voleurs, qui y tombent souvent par leur faute (culpa).
Rigaud, 1881 : Action d’allonger les bras en nageant, de couper l’eau.
Voyons, de la grâce, Balochet, du moelleux dans la coupe, songe que du haut de ce pont quarante Parisiens nous contemplent.
(Daumier)
La Rue, 1894 : Misère. Coupé, sans argent.
France, 1907 : Misère. Le mot vient évidemment du latin culpa, faute, culpabilité ; être miséreux, c’est être coupable aux yeux des bourgeois.
Coupé
Rossignol, 1901 : Un joueur est coupé lorsqu’il a tout perdu au jeu. Coupé veut aussi dire ne plus avoir d’argent.
Coupe (ça te la)
France, 1907 : Terme vulgaire pour dire à quelqu’un qu’il est attrapé.
Coupe (être sous la)
France, 1907 : Être sous les ordres de quelqu’un.
Coupé (être)
Rigaud, 1881 : Être sans argent, — dans le jargon des typographes.
Boutmy, 1883 : v. Être sans argent.
France, 1907 : Être à court d’argent, ce qui vous coupe en effet toutes choses, même les amitiés.
Coupe (saut de)
Rigaud, 1881 : Action mécanique, exécutée avec les doigts, laquelle a pour résultat de replacer un jeu comme il était avant la coupe de l’adversaire.
L’on parle de l’adresse des grecs à faire sauter la coupe, mais il n’y en a pas un sur cent qui sache et surtout qui ose la faire sauter.
(A. de Caston, Les Tricheurs)
Coupe (tirer sa)
Larchey, 1865 : Nager.
Rodolphe, qui nageait comme une truite… se prit à tirer sa coupe avec toute la pureté imaginable.
(Th. Gautier)
Rigaud, 1881 : Nager. — Signifie encore dans le langage du peuple, partir, se sauver.
Pignouf, tu ferais mieux de me donner ma paperasse, pour que je tire ma coupe au galop.
(Le Petit Badinguet.)
France, 1907 : Nager.
Coupe (vol à la)
France, 1907 : Vol à l’aide de petits ciseaux avec lesquels on coupe les poches.
Coupe sifflet
Virmaître, 1894 : Couteau (Argot des voleurs). V. Lingre.
Coupe tout ce qu’il voit
Rigaud, 1881 : Se dit d’un mauvais couteau, d’un couteau qui ne coupe pas du tout. On dit encore : il coupe comme le genou à ma grand’ c’est-à-dire comme le genou à ma grand’mère.
Coupe-chou
Larchey, 1865 : Sabre d’infanterie. — L’emploi de cette arme est en campagne des plus pacifiques.
Mon coupe-choux au côté.
(Lacassagne)
France, 1907 : Sabre-poignard de l’infanterie, appelé ainsi par dérision par les soldats eux-mêmes à cause de ses petites dimensions comparées à celles du sabre de cavalerie. Ils le prétendaient seulement bon à couper les choux, ignorant que les légions romaines firent avec cette arme la conquête du monde.
Le coupe-chou tu tireras,
Le revolver également ;
L’étudiant n’épargneras,
Le journaliste mêmement.
Sur le bourgeois tu cogneras
Et sur l’ouvrier bougrement.
(É. Blédort, Conseils aux agents)
Coupe-choux
Delvau, 1866 : s. m. Sabre de garde national, — dans l’argot du peuple, qui suppose cette arme inoffensive et tout au plus bonne à servir de sécateur.
Merlin, 1888 : Le sabre-baïonnette, qui, en campagne, sert à bien des usages.
Coupe-col (à)
Delvau, 1866 : adv. Sans revanche, — dans l’argot des faubouriens.
Coupe-cul
France, 1907 : Joueur qui abandonne la partie sans demander une revanche.
Coupe-cul (à)
Rigaud, 1881 : Sans revanche, — dans le jargon des joueurs.
Coupe-ficelle
Larchey, 1865 : Artificier d’artillerie.
Delvau, 1866 : s. m. Artificier, — dans l’argot des artilleurs.
Rigaud, 1881 : Artificier militaire.
Coupe-file
Fustier, 1889 : Carte délivrée par la Préfecture de police aux membres du corps diplomatique, aux ministres, aux personnages de distinction et qui sert à couper les files de voitures, à circuler ou à stationner dans des endroits où le public ne peut ni circuler, ni stationner.
Tu ne verras pas, conduisant
Leur bois peint, tout frais reluisant,
Un groom en croupe,
Avec un coupe-file, au Bois,
Des gens qui faisaient autrefois
Filer la coupe !
(Clairon, 1882)
France, 1907 : Carte délivrée à un fonctionnaire ou à un agent de police, qui lui permet de passer par les endroits interdits à la foule.
— Les journalistes, disait Deibler, pour gagner la place de la Roquette, ont besoin de coupe-files. Moi, je m’en passe. N’ai-je point mon coupe-fioles ?
Coupe-gorge
d’Hautel, 1808 : Lieu suspect, dangereux et retiré, où les vagabonds, les filoux et les voleurs forment leurs rassemblemens.
Coupe-gueule
Fustier, 1889 : V. Biboire.
Coupe-jarret
d’Hautel, 1808 : Brigand, bretteur, homme qui ne cherche que dispute. Nom donné dans la révolution aux Septembriseurs et aux exécuteurs d’ordres sanguinaires.
Coupe-lard
Rigaud, 1881 : Couteau.
Coupe-sifflet
Larchey, 1865 : Couteau. V. Couper.
Delvau, 1866 : s. m. Couteau.
Rigaud, 1881 : Couteau, — dans le jargon des voleurs.
France, 1907 : Couteau. C’est au moyen du couteau que l’on coupe le sifflet du pante, c’est-à-dire la gorge.
Coupelard
Delvau, 1866 : s. m. Couteau, — dans l’argot des prisons.
France, 1907 : Couteau.
Couper
d’Hautel, 1808 : Couper la musette à quelqu’un. Locution burlesque et triviale, qui signifie rendre quelqu’un confus et stupéfait, au point de lui interdire les moyens de s’exprimer.
On dit aussi : Ça te coupe, pour cela te contrarie, te déroute, te fâche.
Jouer à coupe-cul. Signifie jouer sans revanche.
Couper la parole à quelqu’un. L’interrompre au milieu de sa conversation, pour prendre soi même la parole.
Couper l’herbe sous le pied à quelqu’un. Le supplanter, lui ravir sa place, ou lui enlever l’objet de ses espérances.
Couper la gueule à quelqu’un. Locution poissarde qui signifie battre quelqu’un, lui faire rentrer les paroles dans le ventre, le réduire au silence par des moyens vigoureux.
Couper les vivres. Ôter à quelqu’un les moyens de travailler, et par-là de subsister.
Couper la robe au cul. C’est faire outrage à une femme, se porter sur elle au dernier des affronts. Ce terme ne s’emploie que par mépris et envers une femme de mauvaise vie.
Delvau, 1866 : v. a. Passer devant une voiture, — dans l’argot des cochers, qui se plaisent à se blesser ainsi entre eux.
Boutmy, 1883 : v. intr. Tomber dans un piège, accepter comme vraie une assertion qui ne l’est pas ; croire à la véracité d’un récit plus ou moins vraisemblable : Je ne coupe pas, je n’en crois rien.
Virmaître, 1894 : Échapper.
— Tu n’y échapperas pas, tu n’y couperas pas.
On coupe à une corvée, à une obligation quelconque (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Croire. On dit aussi : J’ai coupé à cette corvée, pour dire : je n’y ai pas été.
Hayard, 1907 : Échapper à un ennui, à une corvée.
Couper (la)
Delvau, 1866 : v. a. Étonner quelqu’un désagréablement en lui enlevant sa maîtresse, son emploi, n’importe quoi, au moment où il s’y attendait le moins. Le mot date de la maréchale Lefebvre. On dit volontiers comme elle : Cela te la coupe !
Couper (ne pas y)
Merlin, 1888 : Cette expression a deux acceptions : dans la première, elle signifie ne pas échapper, ne pas éviter. Ainsi, un supérieur menaçant de punir un homme, lui dira : Vous n’y couperez pas ! Dans le deuxième sens, cela veut dire ne pas croire, ne pas ajouter foi aux dires de quelqu’un, ne pas tomber dans le panneau. On dit aussi : Ne pas couper dans ce ceinturon ou dans la pommade.
Couper (se)
Delvau, 1866 : v. réfl. Faire un lapsus linguæ compromettant dans la conversation ; commencer un récit scabreux à la troisième personne, et le continuer, sans s’en apercevoir, à la première.
Couper (y)
Rigaud, 1881 : Ne pas savoir faire une chose, n’y rien connaître, ou ne pas vouloir la faire. Êtes-vous fort sur le calcul ? — J’y coupe. A au régiment à peu près la même signification. C’est éluder une corvée ou une punition. Je coupe à aller prendre Jules par les oreilles. À quelqu’un qui veut éviter une corvée, les camarades disent : Tu n’y couperas pas plus qu’un vieux renard. — Dans le même jargon, équivaut au célèbre : Tu peux te fouiller. « Tu voudrais bien te rincer la trente-deuxième, mais tu y coupes. » Réminiscence du jeu d’écarté.
La Rue, 1894 : Croire. Se laisser abuser.
France, 1907 : Tomber dans un piège, croire à un mensonge.
Tout a sa fin dans ce baroque monde :
Les plus heureux même n’y coupent pas,
Car c’est la règle en la machine ronde
De ne jamais échapper au trépas.
Donc, brusquement, casse la manivelle :
Adieu famille, amis, et cætera…
Ah ! cette fois, pour sûr on restera
À tout jamais au fond de la Nouvelle.
(Georges Prud’homme)
Couper à la marche
Rigaud, 1881 : Se faire exempter d’une corvée, — dans le jargon des troupiers.
Couper à…
France, 1907 : Éviter une chose ; couper à la corvée.
La seule manière d’échapper à ce terrible examen eût été de couper à la manœuvre et d’être exempt de cheval : mais comment ? Le médecin-major Mouillac était inaccessible aux carottes, et les connaissait toutes dans les coins.
(Pompon, Gil Blas)
Alors, la chambrée s’étire, et, sous les charpentes, c’est un va-et-vient de frileuses guiboles, sous les liquettes fendues. Les zouaves, qui la veille fanfaronnaient pour couper aux marches, ont lancé polochons et couvertures, et ils s’habillent en braillant…
(Georges d’Esparbès)
Couper au couteau (bêtise à)
France, 1907 : Expression populaire signifiant que la chose est tellement bête qu’elle en est compacte et pourrait se tailler comme un morceau de pain.
Ce misérable imbécile faisait sa pâture journalière des romans criminels, jetés au rez-de-chaussée des journaux populaires par les bâtards issus de Ponson du Terrail et de Gaboriau ; il s’exaltait au récit des troupes de bandits imaginaires, il se passionnait à leurs nobles luttes avec une police d’une bêtise à couper au couteau.
(Henry Bauër, La Ville et le Théâtre)
Couper cul
Delvau, 1866 : v. n. Abandonner le jeu, — dans l’argot des joueurs.
Couper dans l’pont
Rossignol, 1901 : Croire un mensonge c’est couper dans l’pont.
Couper dans la pommade
Rigaud, 1881 : Tomber dans le panneau, — en terme populaire.
Couper dans le ceinturon
Fustier, 1889 : Même signification que Couper dans le pont. (V. Delvau.)
Une vieille ambitieuse qui est simple marchande des quatre saisons, et que j’ai coupé dans son ceinturon.
(Gazette des Tribunaux, 1881)
Couper dans le ceinturon, dans la pommade, dans le pont
France, 1907 : Se laisser duper, croire aux mensonges, tomber dans le panneau. Allusion à la courbe que les grecs impriment à une carte ou à un paquet de cartes, de façon à obliger le partenaire à couper, sans qu’il en ait conscience, dans la portion du jeu préparé par le filou.
Ah ! ces braves militaires… À l’occasion, ils emportent le pont d’Arcole, de Rivoli ou de Palikao ; mais, pour les autres ponts, ils se contentent d’ordinaire de couper dedans…
(Gil Blas)
Ravachol reçut la visite de l’abbé Claret… qui lui apporta l’éncyclique de Léon XIII et essaya de lui représenter le pape comme le premier des anarchistes. Défiant par nature, Ravachol flaira une manifestation de calotin.
À un des gendarmes qui le conduisaient chaque jour au préau et le gardaient étroitement pendant sa promenade, il a dit :
— Ce ratichon-là est un bon type… seulement quand je serai raccourci, il ira crier partout que j’avais coupé dans sa pommade.
Aussi demanda-t-il à l’abbé de ne point l’assister le matin de l’exécution.
(Flor O’Squarr, Les Coulisses de l’anarchie)
Et pour les goss’, ah ! que salade !
C’qu’on s’gondol’ ! I’ sont étouffants !
Si nous coupions dans leur pommade,
Faudrait aimer tous les enfants.
(Paul Paillette)
Couper dans le pont
Delvau, 1866 : v. n. Donner dans le panneau, croire à ce qu’on vous raconte, — par allusion au pont que font les Grecs en pliant les cartes à un endroit déterminé, de façon à guider la main du pigeon dans la portion du jeu où elle doit couper sans le vouloir.
Rigaud, 1881 : Tomber dans un piège.
En terme de grec, le pont c’est le bombage de la partie supérieure du jeu destiné à amener l’adversaire à couper les cartes de façon à aider le tricheur. Mais personne ne coupe plus dans le pont.
(A. de Caston)
Couper dedans
Delvau, 1866 : v. n. Se laisser tromper, accepter pour vraie une chose fausse. Argot du peuple.
Couper l’alfa
France, 1907 : Boire de l’absinthe. Allusion à la couleur de cette plante.
Couper la chique
Larchey, 1865 : Voir chique.
France, 1907 : Désappointer.
Couper la gueule à quinze pas
Larchey, 1865 : Exhaler une si mauvaise odeur qu’on la sent a quinze pas. — Cette expression ne manque pas de justesse, car la bouche souffre autant que le nez en pareil cas.
Quand elle a mangé du cerv’las, Ça vous coup’la gueule à quinz’pas.
(Colmance)
Delvau, 1866 : v. a. Avoir une haleine impossible à affronter, même à une distance de quinze pas, — dans l’argot des faubouriens, impitoyables pour les infirmités qu’ils n’ont point.
France, 1907 : Avoir l’haleine forte, autrement dit : tuer les mouches à quinze pas.
Couper la mèche (se)
Delvau, 1864 : S’émasculer volontairement, — pour ne plus prendre feu auprès des femmes.
Puisque aimer offense Dieu,
Qu’un sûr moyen nous empêche :
Dès qu’on redoute le feu,
Que ne coupe-t-on la mèche ?
(Altaroche)
Couper la musette
Larchey, 1865 : Couper la parole. — Comme dans chanterelle et dans sifflet, la voix est assimilée à un instrument.
Ta remontrance me coupe la musette.
(Chansons, Châteauroux, 1826)
France, 1907 : Couper la parole. Se dit aussi pour couper la gorge.
Couper la queue à son chien
Delvau, 1866 : v. a. Faire quelque excentricité bruyante et publique, de façon à attirer sur soi l’attention des badauds, — stratagème renouvelé des Grecs.
Couper la verte
France, 1907 : Boire de l’absinthe.
Couper la verte, l’alfa
Fustier, 1889 : Argot militaire. Boire de l’absinthe.
Couper le sifflet
Larchey, 1865 : Couper la parole, couper la gorge.
Rigaud, 1881 : Interloquer. — Ça te la coupe. Mot à mot : ça te coupe la parole. — Ça vous coupe la gueule à quinze pas, ça sent mauvais de loin. Lorsque quelqu’un vous parle, qui a mangé de l’ail, du fromage de Gruyère, bu quelques verres de vin et fumé une ou deux pipes par là-dessus, ça vous coupe la gueule à quinze pas.
Couper le sifflet à quelqu’un
Delvau, 1866 : v. a. Le faire taire en parlant plus fort que lui, ou en lui prouvant clairement qu’il a tort, qu’il se trompe. Signifie aussi Tuer.
Couper le trottoir
Delvau, 1866 : v. n. Forcer quelqu’un qui vient sur vous à descendre sur la chaussée, en marchant comme s’il n’y avait personne ; ou bien, de derrière passer devant lui sans crier gare.
Rigaud, 1881 : Marcher comme si l’on était seul sur un trottoir, bousculer tout le monde en marchant.
Couper les effets
France, 1907 : Détourner, par une pantomime ou un jeu de physionomie comique, l’attention du publie d’un camarade sur la scène.
Couper les vivres
Delvau, 1866 : Supprimer tout envoi d’argent ou de pension, — dans l’argot des étudiants, qui n’en meurent pour cela ni de faim ni de soif.
Couper, couper dans le pont
Larchey, 1865 : Donner dans le panneau.
Laisse-la couper dans le pont.
(Balzac)
Ah ! ! dit Marlot en faisant sauter l’or dans sa main, elle a donc coupé dans le mariage ?
(Champfleury)
Vient du terme : faire le pont : plier légèrement les cartes a un endroit déterminé, de façon à guider la main de l’adversaire dans la portion du jeu où elle doit couper innocemment, secondant ainsi les vues de l’aventurier. L’expression est pittoresque.
(Mornand)
Coupeur de bourse
d’Hautel, 1808 : Filou ; fripon subtil et adroit ; escogrif, dont il faut se méfier.
Coupiner
Clémens, 1840 : Travailler hostilement, à la remarche on dit Goupiner.
Couplard
Halbert, 1849 : Couteau.
Couple
d’Hautel, 1808 : La couple en vaut mieux que la douzaine. Pour dire que l’on élève plus facilement quelques enfans qu’un grand nombre ; que la qualité en vaut mieux que la quantité.
Couplet
Rigaud, 1881 : Tout ce qu’un acteur a à dire, prose ou vers, se nomme littérairement couplet. (A. Bouchard.)
Couplet de facture
Delvau, 1866 : s. m. Composé uniquement en vue de l’effet, avec des rimes riches et redoublées. Argot des coulisses.
Coupolard
Rigaud, 1881 : Membre de l’Institut ; allusion à la coupole du Palais-Mazarin.
On n’est pas plus athénien que le bon vieux coupolard N.
(Tam-Tam du 2 juin 1878)
France, 1907 : Académicien, appelé ainsi à cause de la coupole de l’Institut.
Nos discussions académiques
Attirent les regards sur nous ;
Les coupolards en sont jaloux…
(Victor Meusy)
Coups d’encensoir
Rigaud, 1881 : Mouvements réitérés par lesquels un cheval fait aller sa tête de bas en haut.
Coups de casseroles
Halbert, 1849 : Dénoncer ses camarades.
Coups de fourchettes
Halbert, 1849 : Vol à l’aide de deux doigts.
Coups de manche
Halbert, 1849 : Mendiant qui porte des réclames.
Delvau, 1866 : s. m. Mendiant qui va à domicile porter des lettres-circulaires dans lesquelles il se dépeint comme zouave pontifical, ancien exilé, artiste sans commandes, homme de lettres sans éditeurs, — selon le quartier et la victime choisis.
Coups de pied (ne pas se donner de)
Rigaud, 1881 : Se faire valoir. — Et encore : Ne pas se donner de coups de pied au derrière.
Tu ne te donnes pas de coups de pied au derrière.
(Hennique, La Dévouée.)
Coups de vague
Halbert, 1849 : Vol improvisé.
Cour
d’Hautel, 1808 : Eau bénite de cour. Flatterie, caresse fausse et hypocrite.
On dit d’une maison sans ordre, d’un lieu où tout le monde veut commander, que c’est la cour du roi Pétaud.
Une nouvelle de basse cour. Pour dire qu’une nouvelle vient de gens qui ne sont point à portée d’être bien informés.
Cour du roi Pétaud
France, 1907 : Réunion tumultueuse où personne ne s’entend. Lieu de désordre et de confusion où chacun veut être le maître. Molière, dans Tartufe, fait dire à madame Péronnelle, critiquant le ménage de son fils Orgon :
On n’y respecte rien, chacun y parle haut,
Et c’est tout justement la cour du roi Pétaud.
Pendant le moyen âge, tous les corps de métiers s’étaient établis en corporations. Les mendiants, qui pullulaient alors, eurent aussi leur corporation, leurs règlements, leur chef. On l’appelait le roi Péto, du mot latin peto (je mendie), qu’on changea plus tard en celui de Pétaud. Il est probable qu’au milieu de ces truands et de ces gueux, l’autorité de ce monarque fantastique étant plutôt nominale que réelle, et que les réunions qu’il présidait ne se terminaient pas sans cris, sans tumulte, sans injures et sans horions. De Pétaud on a fait pétaudière.
Littré cependant attribue à cette expression une autre origine malpropre et plus burlesque. Le roi Pétaud devait en tout cas avoir du fil à retordre avec ses sujets. Voici, d’après de curieuses recherches récentes, quelles étaient les différentes catégories de mendiants qui se partageaient la grande ville :
Les courtauds, qu’on ne voyait à Paris que pendant l’hiver ; ils passaient la belle saison à rapiner dans les environs de la capitale.
Les capons, qui ne mendiaient que dans les cabarets, tavernes et autres lieux publics.
Les francs-mitoux, dont la spécialité consistait à contrefaire les malades et à simuler des attaques de nerfs.
Les mercandiers. Vêtus d’un bon pourpoint et de très mauvaises chausses, ils allaient dans les maisons bourgeoises, disant qu’ils étaient de braves et honnêtes marchands ruinés par les guerres, par le feu ou par d’autres accidents.
Les malingreux. Ceux-la se disaient hydropiques, ou bien se couvraient les bras et les jambes d’ulcères factices. Ils se tenaient principalement sous les portes des églises.
Les drilles. Ils se recrutaient parmi les soldats licenciés et demandaient, le sabre à la ceinture, une somme qu’il pouvait être dangereux parfois de leur refuser.
Les orphelins. C’étaient de jeunes garçons presque nus ; ils n’exerçaient que l’hiver, car leur rôle consistait à paraître gelés et à trembler de froid avec art.
Les piètres. Ils marchaient toujours avec des échasses et contrefaisaient les estropiés.
Les polissons. Ils marchaient quatre par quatre, vêtus d’un pourpoint, mais sans chemise. avec un chapeau sans fond et une sébile de bois à la main.
Les coquillards. C’étaient de faux pèlerins couverts de coquilles ; ils demandaient l’aumône afin, disaient-ils, de pouvoir continuer leur voyage.
Les collots. Ils faisaient semblant d’être atteints de la teigne et demandaient des secours pour se rendre à Flavigny, en Bourgogne, où sainte Reine avait la réputation de guérir miraculeusement et instantanément ces sortes de maladies.
Les sabouleux. C’étaient de faux épileptiques. Ils se laissaient tomber sur le pavé avec des contorsions affreuses et jetaient de l’écume au moyen d’un peu de savon qu’ils avaient dans la bouche.
Les cagous. On donnait ce nom aux anciens qui instruisaient les novices dans l’art de couper les chaînes de montre, d’enlever les bourses, de tirer les mouchoirs et de se créer des plaies factices.
Il y avait aussi les millards, les hubains, les morjauds.
Courageux
Rigaud, 1881 : Qui ne boude pas à l’ouvrage.
C’est un zigue rien courageux et d’attaque.
Courailler
Delvau, 1864 : Baiser en ville, et fréquemment, brunes ou blondes, rousses ou cendrées, bourgeoises et lorettes, servantes et maîtresses.
Vous l’auriez empêché de courailler.
(H. de Balzac)
Larchey, 1865 : Donner dans la galanterie facile.
Vous l’auriez empêché de courailler.
(Balzac)
Courir a le même sens.
Monsieur n’est pas heureux quand il court.
(H. Monnier)
On dit aussi Courir la gueuse.
Delvau, 1866 : v. n. Faire le libertin, — dans l’argot des bourgeois.
France, 1907 : Courir les filles. On dit aussi : courir la gueuse.
Courant
Delvau, 1866 : s. m. Truc, secret, affaire mystérieuse, — dans l’argot du peuple. Connaître le courant. Savoir de quoi il s’agit. Montrer le courant. Initier quelqu’une quelque chose.
France, 1907 : Tour, dans le sens de truc. Connaître le courant ou montrer un courant, c’est savoir ou enseigner un tour.
Courant d’air (se pousser un)
France, 1907 : Fuir, décamper.
Courant d’air dans l’œil (se fourrer un)
Rigaud, 1881 : S’illusionner, se tromper grossièrement. C’est une forme nouvelle de : Se fourrer le doigt dans l’œil.
Courante
d’Hautel, 1808 : Avoir la courante. Pour avoir le dévoiement, la diarrhée.
Delvau, 1866 : s. f. Fluxus ventris, — dans l’argot des bourgeois.
Rigaud, 1881 : Diarrhée. — Se payer une courante, se sauver au galop.
France, 1907 : Diarrhée, sans doute appelée ainsi parce qu’elle oblige à courir.
La discussion commençait à devenir générale, chacun ayant un exemple à citer ou ayant fait soi-même la triste épreuve des sévérités militaires à l’égard des fricoteurs. Verginon écoutait toujours, dans un mutisme ahuri de pauvre diable tombé du haut de ses illusions. Mais tout à coup il se frappa le front, un front plat comme la main, étroitement logé entre l’épaisse ligne des sourcils et le retroussis des cheveux tailles à l’ordonnance.
— Des fois, insinua-t-il avec un fin sourire, y aurait pas un moyen pour em’ flanquer une bonne courante ?
(G. Courteline, Les Gaîtés de l’escadron)
Le mot est vieux : on le trouve dans le Virgile travesti de Scarron.
Courasson
France, 1907 : Coureur de filles. Cette épithète familière est généralement précédée l’adjectif vieux.
Courbatu
d’Hautel, 1808 : Être courbatu. Éprouver une lassitude douloureuse. Le peuple dit par corruption, dans le même sens, Être courbaturé. Je suis courbaturé.
Courbe
Vidocq, 1837 : s. f. — Épaule.
(Le Jargon, ou Langage de l’Argot moderne)
Halbert, 1849 : Épaule.
Larchey, 1865 : Épaule (Vidocq). — Allusion de forme.
Delvau, 1866 : s. f. Épaule, — dans l’argot des voleurs. Courbe de morne. Épaule de mouton.
Rigaud, 1881 : Épaule, — dans le jargon des voleurs.
La Rue, 1894 : Épaule.
France, 1907 : Épaule. Courbe de morne, épaule de mouton.
Courbe de morne
Halbert, 1849 : Épaule de mouton.
Coure
Rossignol, 1901 : Embêter, ennuyer. Au lieu de dire à un ami : « Tu m’embêtes », on dit : « Tu m’coures, as-tu bientôt fini de m’courir. »
Courée
France, 1907 : Cour commune à plusieurs habitations.
Courent toujours (les)
Merlin, 1888 : Voyez Vitriers.
Courer (la)
Rigaud, 1881 : Ennuyer. — Tu me la coures, tu m’ennuies.
Courer (se)
Rigaud, 1881 : Se garer ; prendre des précautions, — dans le jargon des voleurs.
La Rue, 1894 : Se garer ; prendre des précautions.
France, 1907 : Se sauver.
Coureur
Delvau, 1864 : Libertin, — parce qu’il court après toutes les femmes, comme un chien après toutes les chiennes.
Delvau, 1866 : s. m. Libertin, — dans l’argot des bourgeois.
Coureuse
d’Hautel, 1808 : Nom injurieux que l’on donne à une prostituée, à une femme qui cherche les aventures galantes.
Ansiaume, 1821 : Plume à écrire.
Prêtes-moi ta coureuse pour broder ma babillarde.
Delvau, 1864 : Femme libertine qui court volontiers après les porte-queue, soit parce qu’elle y trouve son plaisir, soit parce qu’elle y trouve son intérêt.
Une fille inconnue, qui fait le métier de coureuse.
(Molière)
Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme qui a plus souci de son plaisir que de sa réputation et qui hante plus les bals que les églises.
Delvau, 1866 : s. f. Plume à écrire, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Machine à coudre, — dans le jargon des voleurs.
France, 1907 : Fille ou femme de mauvaise vie.
France, 1907 : Machine à coudre.
France, 1907 : Plume à écrire. Elle court sur le papier.
Courir
d’Hautel, 1808 : Je l’attraperai bien sans courir. Espèce de menace que l’on fait à quelqu’un dont on a reçu quelqu’offense, et qui signifie que tôt ou tard on trouvera infailliblement l’occasion de s’en venger.
Il est bien loin, s’il court toujours. Se dit d’une personne qui est partie d’un lieu depuis long-temps, et dont on demande des nouvelles en la croyant dans le lieu où l’on est.
Courir la pretentaine. Chercher les bonnes fortunes, aller de côté et d’autre sans nécessité.
Cela court les rues depuis long-temps. Pour dire qu’une chose devient très-commune ; qu’on la, voit partout.
Ce n’est pas le tout que de courir, il faut partir de bonne heure. Signifie qu’il ne suffit pas de mettre du zèle et de l’ardeur dans une affaire, préalablement, on ne saisit point l’occasion lorsqu’elle se présente.
Courir après son éteuf. Se donner beaucoup de mal pour récupérer un bien ou un avantage que l’on a perdu par négligence.
Courir sur les brisées ou sur le marché de quelqu’un. Faire des démarches pour avoir ce qu’un autre a demandé le premier, ou pour lui en lever un avantage quelconque.
Delvau, 1864 : Baiser en ville et chez soi ; changer volontiers de maîtresses quand on est homme, d’amants lorsqu’on est femme.
Monsieur n’est pas heureux quand il court.
(Henry Monnier)
J’aimerois mieux que tous les laquais de la cour courussent sur le ventre de ma femme, que d’être astreint à ne point faire l’amour.
(Les Caquets de l’accouchée.)
Delvau, 1866 : v. n. Libertiner, — dans l’argot des bourgeois. On dit aussi Courir la gueuse et Courir le guilledou.
Courir (d’une peur et d’une envie de)
Virmaître, 1894 : Voleur qui s’offre un paletot à l’étalage sans s’occuper du prix.
— Te voilà bien rupin, ma vieille branche, combien que la pelure te coûte ?
— Une peur et une envie de courir (Argot du peuple). V. Foire d’empoigne. N.
Courir (quelqu’un)
Hayard, 1907 : L’embêter.
Courir (se la)
Larchey, 1865 : S’enfuir. — Se courir : Se méfier (Vidocq). — Vient de l’ancien verbe se covrir : se couvrir, se protéger.
Delvau, 1866 : S’en aller de quelque part, s’enfuir, — dans l’argot des faubouriens.
Rigaud, 1881 : Se sauver.
France, 1907 : Se sauver, fuir.
Courir (se)
Vidocq, 1837 : v. p. — Se méfier.
Courir l’aiguillette
France, 1907 : On dit d’une femme de mauvaise vie qu’elle court l’aiguillette. D’après le Dictionnaire Comique de Philibert Le Roux, cette expression viendrait de ce qu’autrefois, à Toulouse, les femmes débauchées étaient obligées de porter une aiguillette sur l’épaule ; mais la signification même du mot aiguillette n’en indique-t-elle pas plus simplement l’origine ?
La garse qui nasquit de l’excrément de l’onde
Pour courir l’esguillette en tous les lieux du monde,
Vénus la bonne cagne, aux paillards appétits…
(Saint-Amant, Le Melon)
Courir la gueuse
Delvau, 1864 : Hanter les bordels et les bals publics, où l’on peut faire une femme nouvelle tous les jours.
Mais j’oublierai cette folle amoureuse,
Tra la la, la la la la la,
Et dès ce soir, je vais courir la gueuse !
Tiens, voilà Carjat !…
(Alexandre Pothey)
France, 1907 : Même sens que courir le guilledou.
Courir le guilledou
Delvau, 1864 : Faire le libertin ; rechercher les grisettes, les femmes faciles, pour coucher avec elles. Se dit aussi pour : Faire le métier de gueuse.
J’aurais pu, comme une autre, être vile, être infâme !
Courir le guilledou jusqu’au Coromandel !
Mais jamais je ne fusse entrée en un bordel !
(Albert Glatigny)
France, 1907 : La femme court l’aiguillette et l’homme court le guilledou. On n’est pas bien d’accord sur l’origine du mot guilledou ; d’après Charles Nisard, ce serait une corruption de guilledin, féminin guilledine, cheval ou jument, mulet ou mule, « destiné à porter l’homme, facile an montoir et allant ordinairement l’amble. C’était, en un mot, la haquenée qui, du temps de nos pères, était la monture de tout le monde, et dont les ecclésiastiques, les magistrats et les médecins se servirent même longtemps encore après l’invention des carrosses. C’est de l’emploi de cette monture banale qu’est venue l’idée d’appeler la femme folle de son corps une haquenée, et, parce que haquenée et guilledin avaient la même signification, on a dit courir de guilledin et, par corruption, le guilledou, pour : courir les prostituées » (Curiosités de l’étymologie française).
Jupiter au lict il trouva
Avec dame Junon sa femme
Qui souvent luy chante sa gamme ;
Car souvent, moins sage que fou,
Il va courir le guilledou.
(Scarron)
Courir le rat
Larchey, 1865 : Voler la nuit à l’auberge (Vidocq).
Courir une poste, des postes
Delvau, 1864 : Tirer un coup, des coups, autant qu’on le peut quand on est bon cavalier et qu’on ne se laisse pas désarçonner par le premier coup de cul de sa jument.
Couronner
d’Hautel, 1808 : La fin couronne l’œuvre. Signifie qu’il ne faut jamais désespérer du succès d’une affaire, ni se hâter de juger quelque chose avant son entier achèvement.
Courrier de la préfecture
Fustier, 1889 : Voiture cellulaire.
France, 1907 : Voiture cellulaire, vulgairement appelée panier à salade.
Courroie
d’Hautel, 1808 : Allonger la courroie. Voyez Allonger.
Faire du cuir d’autrui large courroie. Pour, se divertir de la bourse d’autrui ; en user sans délicatesse ni discrétion.
Course
d’Hautel, 1808 : Prendre sa course. S’esquiver, se sauver en toute hâte
Delvau, 1864 : Coup tiré avec une femme, que l’on fait ainsi voyager à cheval sur un bâton, comme sorcière allant au sabbat.
Argant, de ses nombreuses courses
Tout fatigué, s’échappe enfin,
Hélas ! il emporte ses bourses
L’amante qui supplie en vain.
(B. de Maurice)
Coursier
Delvau, 1866 : s. m. Cheval, — dans l’argot des académiciens. Coursier de fer. Locomotive.
Court
d’Hautel, 1808 : Être court d’argent. Être gêné, avoir le gousset vide.
Il s’en est allé avec sa courte honte. C’est-à dire tout confus de n’avoir pas réussi dans une entreprise dont il disoit d’avance être assuré.
Les plus courtes folies sont les meilleures. Signifie que les jeunes gens ne sauroient trop tôt s’abstenir des folies que l’inexpérience leur fait commettre.
Faire courte messe et long dîner. Être intempérant et peu dévot.
Tirer à la courte paille. Remettre la décision d’une affaire au hasard.
C’est le plus court parti ; c’est votre plus court. Pour, c’est ce qu’il convient mieux de faire.
À vaillant homme courte épée. Parce qu’un homme courageux et brave dédaigne de faire parade de son épée.
Couper court. Rompre subitement avec quelqu’un ; arrêter les progrès du mal ; s’exprimer en peu de mots.
Il a la mémoire courte. Pour, il oublie facilement ses obligations envers les autres.
Tenir quelqu’un de court. Le priver de sa liberté ; lui serrer les pouces.
Pour vous le faire court. Pour abréger.
C’est le plus court. Pour, c’est le plus prudent et le plus facile.
Courte et bonne. Maxime dangereuse que les gens sans mœurs, les libertins plongés dans la plus honteuse dépravation, ont sans cesse à la bouche.
Savoir le court et le long d’une affaire. En connoître jusqu’aux moindres circonstances.
Court à pattes
France, 1907 : Sobriquet que les artilleurs à cheval donnent aux artilleurs à pied et, en général, les cavaliers aux fantassins.
Court-bouillon (le grand)
Rigaud, 1881 : La mer, — dans le jargon des voleurs. C’est-à-dire, sans inversion, le grand bouillon qui court.
La Rue, 1894 : La mer.
France, 1907 : Nom que les voleurs donnent à la mer.
Courtanche
France, 1907 : La Courtille.
Courtange
Delvau, 1866 : s. f. La Courtille, — dans l’argot des voyous.
Rigaud, 1881 : La Courtille.
Courtange (La)
Vidocq, 1837 : s. f. — La Courtille.
Courtaud
d’Hautel, 1808 : Un courtaud de boutique. Nom méprisant que l’on donne aux commis de boutique ; quelques auteurs pensent qu’il faut écrire en ce sens, courtot, faisant dériver ce mot de courtier.
Frapper quelqu’un en chien courtaud. Pour, le battre ; l’étriller à tour de bras.
Un gros courtaud, une grosse courtaude. Homme et ferme d’une taille ramassée et trapue.
Hayard, 1907 : Commis.
Courtaud de boutanche
Delvau, 1866 : s. m. Commis de magasin, — dans l’argot des voleurs.
Virmaître, 1894 : Lourdaud de boutique. Synonyme de calicot (Argot des voleurs).
France, 1907 : Marchand ou commis marchand, dans l’argot des voleurs, qui n’ont fait que conserver le terme injurieux appliqué jadis par les nobles et les hauts bourgeois à tous les gens de commerce.
Tous les nobles autrefois portaient la robe longue ; les gens du peuple, seuls, avaient une jaquette qui ne descendait pas au-dessous du genou et les seigneurs les désignaient souvent sous le nom de courtaud.
Il n’est crocheteur, ni courtaud de boutique
Qui n’estime à vertu l’art où sa main s’applique.
(Mathurin Regnier, dans ses Satires)
Courtauds de boutanche
Vidocq, 1837 : s. m. — Sujets du grand Coësré, qui ne mendiaient que l’hiver.
Courte
Vidocq, 1837 : s. m. — Membre viril.
Delvau, 1864 : Le membre viril — qui s’allonge si volontiers sous la douce pression d’une bouche ou d’une main de femme. — On emploie ordinairement ce mot en mauvaise part, pour désigner une pine d’une longueur médiocre et qu’on ne suppose pas, sur ses apparences, propre et faire jouir les femmes. Qu’importe qu’elle soit courte — pourvu qu’elle soit bonne !
Le jeune homme puceau l’appelle son affaire,
L’ouvrier son outil, la grosse cuisinière
Une courte…
(Louis Protat)
En avant ! courtons,
Enfonçons les cons ;
À grands coups de cul, de pine et de roustons,
Faisons cramper les garces.
(Parodie de la Parisienne.)
Rigaud, 1881 : Alias cauda ; et sæpe dicitur in caudâ venenum.
Courte et bonne
Rigaud, 1881 : Devise des Épicuriens modernes qui prétendent dire par là que la vie doit être courte et semée de plaisirs.
Courte-botte
d’Hautel, 1808 : Terme de mépris dont on se sert pour désigner un bambin, un petit homme ridicule et de mauvaise tournure.
Courte-pointe
d’Hautel, 1808 : Il est piqué comme une courte-pointe. Se dit par raillerie d’un homme précieux et susceptible qui a pris de l’humeur ; qui s’est choqué d’une plaisanterie ou d’une bagatelle, et qui manifeste son mécontentement par un air froid et maussade.
Courteaux de boucard
Bras-de-Fer, 1829 : Voleurs d’outils chez leurs maîtres.
Courteaux de boutanche
anon., 1827 : Ceux qui volent des outils chez leurs maîtres.
Courtier
Virmaître, 1894 : Voleur qui prépare le coup à faire (Argot des voleurs). V. Nourrisseur de poupard.
Courtille
d’Hautel, 1808 : On appelle ainsi un lieu situé près Paris, où il y a un grand nombre de guinguettes, et où le peuple se rend les jours de fêtes pour se divertir.
Courtisane
Delvau, 1864 : Professeur femelle de philosophie horizontale.
Aussi, j’aime tes courtisanes
Et tes nymphes, ô Titien,
Roi des tons chauds et diaphanes,
Soleil du ciel vénitien.
(Th. Gautier)
Les petites paysannes
Qu’on patine au coin d’un mur,
Ont, plus que les courtisanes,
Fesse ferme et téton dur.
(La Fizelière)
Courtiser une femme
Delvau, 1864 : Chercher tous les moyens de se servir de sa courte avec elle et même s’en servir.
Mais pour que ce coureur de belles
Puisse, en dix heures seulement,
Courtiser cinquante pucelles…
Ah ! qu’il faut de tempérament.
(L. Festeau)
Cousin
d’Hautel, 1808 : Ils ne sont pas cousins. Pour, ils sont en mésintelligence ; ils se vouent une aversion réciproque.
On dit d’un homme qui a l’humeur égale, qui n’a d’autre volonté que celle des autres ; c’est le cousin de tout le monde.
Tu seras mon cousin. Se dit par plaisanterie en essuyant après la main de quelqu’un le sang qui sort d’une petite blessure que l’on s’est faite au doigt.
Delvau, 1864 : L’homme qui baisé une femme, qu’il lui soit ou non parent.
Rigaud, 1881 : Nom d’amitié que les clowns se donnent entre eux devant le public. — Nom d’amitié que se donnent les grecs qui ont formé une association.
France, 1907 : Voleur au jeu, grec.
Cousin de Moïse
Delvau, 1866 : s. m. Galant homme qui a épousé une femme galante, — dans l’argot du peuple, qui fait allusion aux deux lignes de feu dont sont ornées les tempes du législateur des Hébreux.
France, 1907 : Cocu. Allusion aux cornes de feu dont les peintres ornent le front du législateur hébraïque.
Cousinage
d’Hautel, 1808 : Terme de mépris. Assemblée de parens éloignés.
Cousine
Delvau, 1864 : Pédéraste passif ; variété de Tante, — les enculés portant presque tous des noms de femme, tels que ceux de : la Rein d’Angleterre, la Grille, la Marseillaise, la Fille à la perruque, la Léontine, la Nantaise, la Folle’, la Fille à la mode, la Pipée, la Bouchère, etc.
Delvau, 1866 : s. f. L’Héphestion des Alexandres de bas étage, — dans l’argot du peuple.
France, 1907 : Sodomite.
Cousine de vendange
Delvau, 1864 : Femme que l’on baise sur la table de certains cabarets borgnes, moyennant bouteille et quelque monnaie.
M. de L’Aulne se fit égratigner à la place de sa cousine de vendange.
(Comte De Caylus)
Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme qui fait volontiers débauche au cabaret, — dans le même argot [du peuple].
France, 1907 : Coureuse de cabarets.
Cousiner
d’Hautel, 1808 : Vivre aux dépens des gens plus riches que soi. Appeler quelqu’un cousin
Cousse de castu
Delvau, 1866 : s. m. Infirmier d’hôpital, — dans l’argot des voleurs. J’ai vu écrit conce de castus dans le vieux dictionnaire d’Olivier Chéreau, avec cette définition conforme du reste à la précédente : « Celuy qui porte les salletés de l’hospital à la rivière. » Cousse ne signifie rien, tandis que conce est une antiphrase ironique et signifie parfumé (de l’italien concio).
La Rue, 1894 : Infirmier d’hôpital.
France, 1907 : Infirmier.
Coussinet
d’Hautel, 1808 : Il a jeté son coussinet sur cet objet. Manière figurée de dire qu’un homme a jeté ses vues sur quelque chose ; qu’il en ambitionne la conquête.
Cousteaux
Halbert, 1849 : Couteau.
Coût
d’Hautel, 1808 : Le coût fait perdre le goût. Signifie que l’on se dégoûte facilement des choses qui sont trop chères, et auxquelles on ne peut atteindre.
Coutance, coutange
France, 1907 : Dépense.
Couteau
d’Hautel, 1808 : On dit d’un couteau mal aiguisé ou qui n’a pas le fil : Il coupe comme les genoux de ma grand’mère.
On t’en donnera des petits couteaux pour les perdre. Se dit en plaisantant et par refus à celui qui manifeste des désirs au-dessus de sa condition, ou par reproche à celui qui a fait un mauvais usage d’un objet qu’on lui avoit confié.
Graisser le couteau. Déjeuner avec de la viande, ce que l’on appelle un déjeûner froid.
Être à couteau tiré avec quelqu’un. Être excités l’un contre l’autre ; être en haine, en inimitié perpétuelle.
On dit d’un homme qui en accompagne toujours un autre, dans le dessein de lui faire la cour : que c’est un couteau pendant.
Un couteau de tripière, un couteau à deux tranchans. Pour dire un hypocrite, un homme à deux faces, qui souffle le chaud et le froid.
Coûter
d’Hautel, 1808 : Je veux avoir cela coute qui coûte. Phrase explétive et redondante qui signifie, à quelque prix que ce soit.
Coûter les yeux de la tête
Delvau, 1866 : v. n. Extrêmement cher, — dans l’argot des bourgeois.
Couter une peur et une envie de courir
France, 1907 : Les voleurs appellent ainsi le vol à l’étalage qui ne leur coûte en effet que la peur d’être pris et l’envie de se sauver.
Coûter une peur et une envie de courir
Delvau, 1866 : v. n. Absolument rien, ce que coûtent les objets volés. Argot des faubouriens.
Coutume
d’Hautel, 1808 : Une fois n’est pas coutume. Manière d’excuser un excès, une débauche que l’on a faite, et pour faire entendre que cela n’arrive pas souvent.
Coutume de Lorris : les battus paient l’amende
France, 1907 : Le dicton remonte à Philippe le Bel. La coutume de Lorris, petite ville du Loiret, était célèbre dans le royaume de France. D’après une charte conférée par Philippe, tout créancier qui réclamait une somme sans preuve était contraint à un combat avec son débiteur en se servant de l’arme des vilains, c’est-à-dire du poing. Le battu était alors condamné à une amende au profit du seigneur de Lorris.
Couturasse
d’Hautel, 1808 : Sobriquet injurieux que l’on donne à une mauvaise couturière.
On dit par mépris d’une couturière qui s’élève au-dessus de sa condition : que ce n’est qu’une petite couturasse.
Delvau, 1866 : s. f. Couturière, — dans l’argot des voyous.
Rigaud, 1881 : Couturière. Le mot date du XVIIIe siècle et avait aussi le sens de femme grêlée.
France, 1907 : Couturière ; femme grêlée.
Couture
d’Hautel, 1808 : On dit en riant d’un homme qui met un habit neuf pour la première fois, et en lui frappant sur le dos, qu’il faut abattre les coutures.
Couture de ses bas (montrer la)
Rigaud, 1881 : Quitter un lieu, s’en aller.
Coutures (Rabattre les)
Fustier, 1889 : Battre. Argot des écoliers. « Selon l’usage, on voulut commencer par lui rabattre les coutures, c’est-à-dire le brimer à coups de poing. »
(A. Theuriet, Michel Verneuil)
Couturier
France, 1907 : Bonneteur qui joue la couturière.
Couturière
Delvau, 1866 : s. f. Courtilière, insecte des jardins, — dans l’argot des enfants, qui ne sont pas très forts en entomologie.
Couturière (jeu de la)
France, 1907 : « Il se joue avec trois dés ou trois coquilles de noix sous lesquelles on feint de placer une boulette de mie de pain. On croit y gagner à coup sûr et on est toujours volé. » (Lorédan Larchey)
Couturière ou cocange
La Rue, 1894 : Sorte de bonneteau qui se joue avec trois dés ou coquilles de noix et une petite boulette que l’on place sous l’un d’eux.
Couvent
Delvau, 1864 : Bordel, où s’enferment volontairement les vierges folles.
France, 1907 : Prison on lupanar.
Le gros numéro 49 est un lupanar. Ce couvent laïque est connu dans le Quartier Latin sous la dénomination de : La Botte de Paille.
(Macé, Mon Premier crime)
On dit aussi couvent de Vénus.
Vous avez vu, sans doute, un commissaire
Cherchant de nuit un couvent de Vénus.
(Voltaire)
Couvercle
Delvau, 1866 : s. m. Chapeau, — dans l’argot des faubouriens, qui prennent l’homme pour un pot.
France, 1907 : Chapeau : il couvre la casserole où s’infusent et se mijotent les idées et les sottises.
Couvercles de boîtes à lait
Rossignol, 1901 : Une femme qui a les seins plats a des couvercles de boîtes à lait.
Couvert
d’Hautel, 1808 : Servir quelqu’un à plat couvert. Lui faire mystère de quelque chose ; le desservir secrètement.
Couvert de conseiller
Delvau, 1866 : s. m. Couvert d’argent démarqué, — dans l’argot des voleurs. On dit de même Linge de conseiller pour linge volé et démarqué.
France, 1907 : Couvert d’argent dont les initiales ont été oblitérées on changées.
Couverte (battre la)
Merlin, 1888 : Dormir ; se coucher. Faire une heure de couverte.
France, 1907 : Dormir. Faire passer à la couverte, brimade militaire, consistant à faire sauter un homme dans une couverture ont chaque coin est tenu par un troupier.
Couverte (faire passer à la)
Merlin, 1888 : Berner. Genre de punition infligée par les soldats à un mauvais camarade, à un mouchard, à un voleur.
Couverte, couvrante
Hayard, 1907 : Couverture.
Couverture
Fustier, 1889 : Dans le jargon militaire, la couverture, mot tout récent, signifie l’ensemble des troupes et des ouvrages de fortification qui couvrent une frontière et sont destinés à soutenir un premier choc.
Surtout ne dites pas que le général Février a le commandement de la couverture.
(Figaro, mars 1887)
France, 1907 : Bruit fait dans les coulisses ou dans la salle.
Nous appelons couverture le bruit que nous faisons dans la salle pour couvrir un impair, un pataquès, une faute de français.
(P. Mahalin)
France, 1907 : Garanties, dans l’argot des financiers.
Couvraines
France, 1907 : Semailles d’automne.
Couvrante
M.D., 1844 : Une casquette.
Rigaud, 1881 : Casquette, — dans le jargon des ouvriers.
Rossignol, 1901 / France, 1907 : Casquette.
Couvre-amour
Delvau, 1866 : s. m. Chapeau d’homme, quelque forme qu’il affecte, — dans l’argot facétieux des bourgeois, qui voudraient faire croire que leur tête est le siège des passions.
Rigaud, 1881 : Chapeau d’homme.
Merlin, 1888 : Schako. — Peu modeste, le troubade !
France, 1907 : Képi on shako.
Couvre-bidon
France, 1907 : Soldat de la ligne.
Moi, j’ai jamais servi aux biffins ; je suis pas un 113e couvre-bidon ; je suis zouave.
(Georges d’Esparbès, Gil Blas)
Couvre-sot
d’Hautel, 1808 : Nom qu’on donne par raillerie au chapeau ou bonnet d’une personne inepte et stupide.
Couvreur
Delvau, 1866 : s. m. Celui qui ouvre et ferme les portes — dans l’argot des francs-maçons.
Rigaud, 1881 : Chapelier, — dans le jargon des voyous. Couvreur de la haute, chapelier di primo cartelo.
Couvreur (frère)
France, 1907 : Officier d’une loge chargé d’ouvrir et de fermer les portes et de s’assurer si le temple est couvert, c’est-à-dire s’il ne s’y trouve pas de profanes.
Couvreur, couvrir une femme
Delvau, 1864 : Homme qui baise, parce qu’en baisant il couvre de son ventre, en guise de toit, cette délicieuse habitation qu’on appelle la con de la femme, et que, sous prétexte d’empêcher la pluie d’y tomber, il inonde, lui, de son sperme.
Plus vous couvrirez une femme, plus il pleuvra.
(Tabarin)
Faut voir comm’ leurs femm’s sont couvertes.
(Rougemont)
Couvrir
d’Hautel, 1808 : Couvrir la joue à quelqu’un. Pour, lui donner une morniffle, lui appliquer un soufflet.
Couvert d’or. Couvert de boutons. Avoir un habit galonné sur toutes les coutures ; avoir le visage rempli de boutons.
Couvrir la joue
Delvau, 1866 : v. a. Donner un soufflet, — dans l’argot des bourgeois.
Couvrir le temple
Delvau, 1866 : v. a. Fermer les portes, — dans l’argot des francs-maçons. Faire couvrir le temple à un frère. Le faire sortir.
France, 1907 : Fermer les portes.
Couyon
Delvau, 1866 : s. m. Lâche, paresseux, — dans l’argot du peuple, qui mouille l’y d’une façon partiticulière.
France, 1907 : Lâche, paresseux. Voir Couillon.
Couyon comme la lune
Rigaud, 1881 : Énormément stupide ; hébété par la stupéfaction. La lune jouit d’une réputation de bêtise qu’elle doit, peut-être, à sa rotondité.
Couyon, couillon
Larchey, 1865 : Lâche, poltron. — Du vieux mot coion qui a le même sens (V. Roquefort), et qui est un diminutif de coy : tranquille, indolent. — Mazarin est souvent appelé coyon dans les pamphlets de la Fronde.
Beaulieu, Cobourg en furent touchés De voir leur troupe à l’abandon Qui fuyoient comme des couillons Devant les patriotes.
(Mauricault, Chanson, 1794)
Couyonnade
Larchey, 1865 : Affaire misérable, action lâche. — Couyonner : Reculer au moment d’agir — Couyonnerie : Lâcheté. Du vieux mot coionnerie. V. Roquefort.
Delvau, 1866 : s. m. Farce, mauvais tour. Signifie aussi Niaiserie, chose de peu d’importance.
France, 1907 : Voir Couillonnade.
Couyonnade en bâton
Rigaud, 1881 : Bêtise, propos stupide, niaiserie.
Couyonner
Delvau, 1866 : v. n. Manquer de courage. Signifie aussi Se moquer.
Rigaud, 1881 : Plaisanter. — Couyonner le service, ne pas faire sa besogne, ne pas faire un service commandé. Un bon troupier ne doit jamais couyonner le service.
France, 1907 : Voir Couillonner.
Couyonner quelqu’un
Delvau, 1866 : v. a. Le faire aller, se moquer de lui. Signifie aussi : Importuner, agacer, — probris lacessere.
Couyonnerie
France, 1907 : Voir Couillonerie.
Argot classique, le livre • Telegram