Delvau, 1866 : s. m. Or, du dor, — dans l’argot des enfants.
Dor
Dor
Dorancher
Vidocq, 1837 : v. a. — Dorer.
Delvau, 1866 : v. a. Dorer, — dans l’argot des voleurs.
La Rue, 1894 : Dorer.
Virmaître, 1894 : Pour dorer, par extension comme billancher pour biller. On trouve fréquemment dans l’argot du peuple un changement de finale pour exprimer un mot (Argot du peuple).
France, 1907 : Dorer.
Dorée (petite)
Fustier, 1889 : Femme de mœurs légères. Ce mot lancé vers l’année 1884 n’a point été adopté et a duré autant que la mode qui, à cette époque aussi bien pour les femmes honnêtes que pour celles qui ne le sont pas, était de porter des vêtements brodés, soutachés, pailletés d’or.
On a déjà débaptisé certaines parisiennes qu’on appelait hier encore des horizontales ; le nom qu’elles portent est les petites dorées.
(Temps, octobre 1885)
Le Soir a pris pour des ouvrières les petites dorées, autrement dit : les cocottes.
(Bataille, novembre 1884)
Dorer
d’Hautel, 1808 : Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. Signifie qu’une bonne réputation vaut mieux qu’une ceinture dorée, qui étoit autre fois la marque distinctive que des femmes honnêtes. Voyez Ceinture.
Dorer la pillule. Adoucir quelque chose de fâcheux par de belles paroles.
Il est fin à dorer. C’est-à-dire, rusé, d’une grande subtilité dans les affaires.
Dorlotter
d’Hautel, 1808 : Se dorlotter. Se reposer ; prendre des soins minutieux de sa santé, comme le font les fats et les damoiseaux.
Dormant
d’Hautel, 1808 : Terme figuré et burlesque, pour dire un lit, un coucher.
Dormir
d’Hautel, 1808 : Il est bon, mais c’est quand il dort. Se dit en plaisantant d’un enfant mutin, espiègle, et difficile à conduire.
Dormir comme un sabot. C’est-à-dire, très profondément, comme le font ordinairement les apathiques, les gens d’un sang lourd et épais ; et par allusion au sabot qui, agité fortement par le fouet d’un enfant, semble ne décrire aucun mouvement, et être tout-à-fait immobile.
Dormir comme une marmotte. Avoir l’air nonchalant, et toujours endormi. On sait que les marmottes dorment six mois de l’année.
Il ne sait s’il dort ou s’il veille. Se dit d’une personne étonnée, surprise, stupéfaite.
Des contes à dormir debout. Histoires ennuyeuses et mensongères.
Dormir la grasse matinée. C’est dormir en paresseux, toute la matinée.
Il ne faut pas réveiller le chat qui dort. Voy. Éveiller.
On dit communément parmi le peuple, dormir un somme, pour faire un somme, prendre un moment de sommeil.
Dormir sans débrider. Dormir la nuit entière sans s’éveiller.
Jeunesse qui veille et vieillesse qui dort, c’est signe de mort.
On dit d’un homme alerte, vigilant, intrigant dans les affaires, que le diable le berce quand il dort.
Il ne dort non plus qu’un jaloux. Pour, il a le sommeil inquiet, agité, fort léger ; un rien suffit pour le réveiller.
Dormir à bâtons rompus. Se réveiller vingt fois dans une nuit.
Le bien vient en dormant. Proverbe qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre ; et qui se dit de certaines gens à qui il arrive des bonnes fortunes qu’elles n’ont pas méritées par leurs travaux.
d’Hautel, 1808 : Qui dort dîne. Se dit par plaisanterie d’une personne qui se laisse aller au sommeil au moment où l’on se met à table.
Dormir à la corde
Virmaître, 1894 : Avant l’invention des refuges municipaux (les haras de la vermine) il existait, rue des Trois-Bornes, un bouge tenu par le père Jean. L’unique salle avait à peu près vingt mètres de long sur trois mètres de largeur. Dans toute la longueur, une grosse corde était tendue ; elle était terminée par deux forts anneaux qui la fixaient à chaque extrémité. Les clients, la plupart des giverneurs, payaient trois sous d’entrée ; cette somme leur donnait le droit de s’accroupir les bras sur la corde et de dormir. Cinquante environ pouvaient y trouver place. À cinq heures du matin le père Jean sonnait le réveil en tapant avec un morceau de fer sur une vieille casserole. Parmi les dormeurs il y en avait dont le sommeil était dur : ils ne se levaient pas. Alors le père Jean décrochait la corde et les dormeurs tombaient sur les dalles. Dormir à la corde est resté légendaire (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Voir Corde.
Dormir d’un œil
Virmaître, 1894 : Faire semblant de dormir, avoir l’œil ouvert et l’oreille aux aguets. Le prévenu enfermé dans sa cellule avec un mouton ne dort que d’un œil pour ne pas, pendant son sommeil, laisser échapper des révélations. On dit aussi dormir en gendarme (être en éveil) (Argot du peuple).
Dormir dans l’auge
Virmaître, 1894 : Paresseux pour qui le travail est un supplice. Allusion au cochon, qui, lorsqu’il est gavé, s’endort dans son auge (Argot du peuple). N.
Dormir debout (pied à)
Larchey, 1865 : Pied démesurément large et long.
Votre général qui a des pieds à dormir debout.
(Gavarni)
Dormir en chien de fusil
Delvau, 1866 : v. n. C’est, — dans l’argot du peuple, — prendre en dormant une posture qui donne au corps la forme d’une S ou du morceau de fer qu’on abat sur le bassinet de certaines armes à feu lorsqu’on veut tirer.
Virmaître, 1894 : Dormir en cerceau. Allusion à la forme de l’ancien chien de fusil à piston (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Les jambes raccourcies.
France, 1907 : Dormir recroquevillé, les genoux dans la direction du menton.
Dormir en gendarme
Rigaud, 1881 : Ne dormir que d’un œil.
France, 1907 : Avoir le sommeil léger, ou plutôt faire semblant de dormir ; ne fermer qu’un œil, afin de voir ce qui se passe.
Dormir sur le pan de chemise de sa femme
France, 1907 : S’endormir après avoir rendu le devoir conjugal. « Quand un ouvrier, dit Ch. Virmaître, arrive en retard à l’atelier, les camarades le plaisantent et le saluent par cette phrase qui a un sens caché : Tu as dormi sur le pan de chemise de ta femme. »
Dormir sur le pan de la chemise de sa femme
Virmaître, 1894 : Quand un ouvrier arrive en retard à l’atelier, les camarades le plaisantent et le saluent par cette phrase, qui a un sens caché.
— Tu as dormi sur le pan de la chemise de ta femme (Argot du peuple). N.
Dormir sur le roti
Virmaître, 1894 : Être couché avec sa femme et s’endormir au moment psychologique. S’endormir sur son travail (Argot du peuple). N.
Dormir sur le rôti
France, 1907 : S’endormir sur la besogne.
Dorsay
Delvau, 1866 : s. m. Petite jaquette élégante, — dans l’argot des tailleurs et des gandins.
Dorset
France, 1907 : Sorte de voiture ; anglicisme.
Dort dans l’auge
France, 1907 : Fainéant.
Dort en chiant
Virmaître, 1894 : Ouvrier qui va fréquemment au cabinet et y reste longtemps : pendant ce temps-là il ne travaille pas. Cette expression s’applique surtout aux maçons qui restent accroupis jusqu’à ce que les jambes leur fassent mal. Dans le peuple on dit :
— Tu chies comme les maçons (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Paresseux, lambin, sans énergie.
Dort-dans-l’auge
Delvau, 1866 : s. m. Paresseux, homme qui s’endort sur la besogne, — dans l’argot du peuple.
Dort-en-chiant
Delvau, 1866 : s. m. Homme mou, paresseux, lambin.
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