Eff

Eff

France, 1907 : Apocope d’effet. Faire de l’eff, faire des embarras.

Effacer

Delvau, 1866 : v. a. Boire ou manger, — dans l’argot des faubouriens. Effacer un morceau de fromage.

Rigaud, 1881 : Faire disparaître en absorbant. — On efface un plat, on efface une bouteille, en ne rien laissant du plat, en buvant la bouteille jusqu’à la dernière goutte.

La Rue, 1894 : Manger, boire.

France, 1907 : Boire ou manger. On efface ce qu’il y a dans le verre ou dans l’assiette. Effacer un plat, une bouteille.

Effaroucher

anon., 1827 : Voler.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Voler (Voyer Grincher, Sauter, Rincer, Bouliner).

Halbert, 1849 : Voler.

Delvau, 1866 : v. a. Voler, — dans l’argot des voleurs, qui sont si adroits qu’en effet la chose qu’ils dérobent a l’air de s’enfuir, effarouchée, de la poche du volé dans la leur.

Rigaud, 1881 : Chiper ; par altération du vieux verbe français frogier, frouger, profiter, gagner.

Qu’est-ce qu’a effarouché ma veste ?

(H. Monnier, Scènes populaires)

Virmaître, 1894 : Prendre, s’évanouir sur la monnaie. Cela arrive fréquemment dans les cercles, où l’on a remplacé l’expression effaroucher par celle d’apprivoiser.
— J’ai apprivoisé un sigue.

Rossignol, 1901 : Prendre.

On m’a effarouché ma cigarette.

France, 1907 : Voler.

Effaroucheur

France, 1907 : Voleur. Effaroucheur de grinches, voleur de guinguettes.

Effet

d’Hautel, 1808 : Les effets sont les mâles, et les paroles sont les femelles. Répond au proverbe latin, Verba volant, scripta manent.

Delvau, 1866 : s. m. Impression produite sur le public par une pièce ou par un acteur. Argot des coulisses. Se dit en général de l’ouvrage ou du rôle, et, en particulier, d’un mot, d’un geste, d’une intonation. Avoir un effet. Avoir à dire un mot qui doit impressionner les spectateurs, les faire rire ou pleurer. Couper un effet. Distraire les spectateurs en parlant avant son tour, détourner leur attention à son profit et au préjudice du camarade qui est en train de jouer.

Effet (avoir un)

France, 1907 : C’est, dans l’argot théâtral, avoir un mot ou une réplique qui impressionne l’auditoire. Couper un effet, c’est, dans le même argot, détourner à son profit l’attention des spectateurs, au préjudice d’un camarade.

Effets de biceps

Delvau, 1866 : s. m. pl. Vanité de boucher ou de débardeur, — dans l’argot du peuple. Faire des effets de biceps. Battre quelqu’un, uniquement pour lui prouver qu’on est plus fort que lui.

Rigaud, 1881 : Exhibition de force musculaire. (L. Larchey)

Effets de biceps (faire des)

France, 1907 : Étaler sa force souvent aux dépens de quelqu’un.

Effets de cul (faire des)

Delvau, 1864 : Remuer habilement les fesses en marchant devant les hommes, pour les allumer et s’en faire suivre.

Effets de manchettes (faire des)

France, 1907 : Exhiber ses manchettes par un mouvement du bras pour montrer qu’on a du linge blanc.

Effets de mirage

France, 1907 : Illusion.

Effets de pantalon (faire des)

Delvau, 1864 : Arranger avantageusement son paquet dans l’entre-jambe, à droite ou à gauche, de façon qu’il fasse saillie sur la perpendiculaire naturelle du corps et crève les yeux des femmes.

Effets de poche

Delvau, 1866 : s. m. pl. Étalage de pièces d’or et de billets de banque. Faire des effets de poche. Payer.

Rigaud, 1881 : Faire sonner son argent, le compter en public, sortir deux cents francs en or pour acheter un cigare d’un sou, tout cela : effets de poche. C’est un des plus sûrs moyens de se faire voler. — Les jours de paye les ouvriers font volontiers des effets de poche. Celui qui n’est pas habitué à avoir de l’argent se livre généralement à des effets de poche.

Effets de poche (faire des)

France, 1907 : Étaler son art.

C’est l’habitude des vaniteux imbéciles de faire des effets de poche.

Effeuiller

Delvau, 1864 : Masturber en parlant de la femme.

Un joli doigt, qu’assouplit le désir,
En l’effeuillant y cherche le plaisir.

(Parny)

Effeuiller la couronne virginale

Delvau, 1864 : Prendre le pucelage de sa femme, la nuit des noces.

Et Pignouflard, demain, effeuille sa couronne virginale.

(Albert Glatigny)

Effeuiller le bouton de rose

France, 1907 : Prendre la virginité d’une fille.

— Il y a sept ans — j’allais donc sur cinquante quatre — une servante est entrée chez nous, si jolie que bien des fois, à la nuit, je suis monté jusqu’à sa porte, les pieds nus, pour me passer mon envie avec elle ; toujours je m’ai rattrapé à la dernière marche, car les servantes-maîtresses, voyez-vous, c’est la fin de la prospérité dans les fermes. C’est donc mon premier charretier qu’a effeuillé le bouton de rose de la fille.

(Hugues Le Roux, Gil Blas)

Effiler

France, 1907 : Filouter.

Effiner (s’)

France, 1907 : S’éclipser, disparaître.

Efflanqué

d’Hautel, 1808 : Un grand efflanqué. Pour dire, un homme grand, sec et maigre ; sans maintien ni tournure.

Effondré

d’Hautel, 1808 : Un gros effondré. Pour, un gros mangeur ; un goinfre ; un bâfreur, un glouton.

Effondrer

Delvau, 1866 : v. a. Enfoncer, — dans l’argot des voyous.

Fustier, 1889 : Battre, assommer. Argot du peuple.

Te souviens-tu de cette lutte en plein champ ? Pauvre garçon, avec tes vingt-cinq ans, j’en aurais effondré quatre comme toi.

(Belot et Dantin, Le Parricide)

France, 1907 : Enfoncer. Effondrer quelqu’un, le battre, le duper.

Effondrilles

Delvau, 1866 : s. f. pl. Les scories du pot-au-feu, — dans l’argot des ménagères.

France, 1907 : Scories du pot-au-feu.

Effronté

d’Hautel, 1808 : Effronté comme un page. Impudent, insolent, hardi, impertinent au de-là de toute expression.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique