d’Hautel, 1808 : C’est un fagot d’épine, se dit d’une personne qui a l’humeur revêche et acariâtre, que l’on ne sait comment aborder.
Débiter, dire des fagots. Dire des fariboles, des bourdes, des mensonges.
Un philosophe conversant un jour avec une femme de beaucoup d’esprit qui ne partageoit pas ses opinions, et à laquelle néanmoins il vantoit les hauts faits de la philosophie, en s’exprimant ainsi : Nous autres philosophes, nous avons abattu des forêts de préjugés ; la dame ne lui laissa pas le temps d’en dire davantage et, répliqua aussitôt C’est donc pour cela que vous nous débitez tant de fagots.
On dit d’un ami que l’on veut régaler, qu’on lui fera boire une bouteille de vin de derrière les fagots.
Il y la fagots et fagots. Pour il y a mensonges et mensonges.
Il y a bien de la différence entre une femme et un fagot. Se dit en parlant de deux choses très différentes par leur nature.
Vidocq, 1837 : s. m. — Forçat.
Clémens, 1840 : Forçat.
un détenu, 1846 : Forçat libéré.
Halbert, 1849 : Forçat.
Larchey, 1865 : Ancien forçat.
Eh ! mais ! je connais cet homme-là. C’est un fagot
(V. Hugo)
Larchey, 1865 : Aspirant à l’École des eaux et forêts. — C’est dans ces dernières qu’on doit aller chercher la raison de ce sobriquet.
Delvau, 1866 : s. m. Élève de l’École des eaux et forêts, — dans l’argot des Polytechniciens.
Delvau, 1866 : s. m. Forçat, — Homme qui est lié à un autre homme : en liberté, par une complicité de sentiments mauvais ; au bagne, par des manicles. Fagot à perte de vue. Condamné aux travaux forcés à perpétuité. Fagot affranchi. Forçat libéré.
Delvau, 1866 : s. m. Vieillard, — dans l’argot des marbriers de cimetière, qui savent mieux que personne ce qu’on fait du bois mort.
Rigaud, 1881 : Vieillard. — Forçat. (Vidocq, F. Michel, Colombey.) — Ancien forçat. (V. Hugo, L. Larchey.) — Élève des eaux et forêts. — Femme habillée sans goût, comme est lié un fagot. Dans la langue régulière fagoter exprime la même idée.
La Rue, 1894 : Vieillard. Forçat. Camarade. Homme mené en prison.
Rossignol, 1901 : Forçat.
Hayard, 1907 : Récidiviste.
France, 1907 : Camarade.
— Où est-il ton fagot, que je le remouche.
(Vidocq)
France, 1907 : Élève de l’École forestière de Nancy.
Chaque année, le lundi de Pâques, les X reçoivent les fagots, alors à Paris, dans un restaurant du boulevard. En février, les X sont reçus à Nancy. Les deux écoles fraternisent ainsi deux fois par an.
(Albert Lévy et G. Pinet, L’Argot de l’X)
France, 1907 : Forçat, transporté où simplement homme conduit en prison ; on le lie ou on l’attache comme un fagot.
Mes pauvres diables de soldats en sont parfois réduits à se procurer une marmite de soupe à la cuisine de la transportation. Elle est très bonne, cette soupe, et embaume tout le camp. Il faut vous dire que les fagots — c’est le nom familier des transportés — possèdent un jardin immense et le moyen de lui faire beaucoup produire. On les soigne, du reste ; ils sont mieux nourris, plus intelligemment habillés et plus payés que les troupiers. Ajoutez qu’ils ne font rien ; on feint de les conduire au travail et ils ne feignent même pas de travailler.
(Paul Bonnetain, Le nommé Perreux)
On y assommait à coups de chaînes trois condamnés : l’ex-commissaire des guerres Lemière, l’ex-officier d’état-major Simon et un voleur nommé le Petit Matelot, que l’on accusait d’avoir trahi ses camarades par des révélations et d’avoir fait manquer des complots de prison.
Celui qui les avait signalés à la vengeance des fagots était un jeune homme dont la rencontre eût été une bonne fortune pour un peintre ou pour un acteur.
On l’appelait à Bicêtre Mademoiselle.
Ce sobriquet est assez significatif.
Mademoiselle était un de ces monstres qui trouvent au bagne un théâtre digne de leurs dégoûtantes voluptés.
(Marc Mario et Louis Launay)
Fagot affranchi, forçat libéré ; fagot à perte de vue, condamné aux travaux forcés à perpétuité.
— On a beau être un vieux fagot affranchi, on sait ce qu’on doit au sexe et à l’innocence… moi d’abord j’ai toujours été le champion des dames ! Ah ! mais oui ! Et ça ne m’a pas fait tort, puisque, après avoir tiré dix berges, j’ai obtenu ma grâce, quoique fagot à perte de vue…
(Hector France, La Mort du Czar)
Fagot en campe, échappé du bagne.
France, 1907 : Vieillard.