Femme

Femme

d’Hautel, 1808 : Le diable bat sa femme. V. Diable.
Ce que femme veut Dieu le veut. Voy. Dieu.
Quant un mari bat sa femme, le diable s’en rit. Voy. Diable.
C’est un appétit de femme grosse. Voy. Appétit.

Rigaud, 1881 : Fusil, — dans l’argot des soldats d’infanterie de marine.

Le temps de donner un coup d’astiqué à ma femme.

Femme à la mendicité

Rigaud, 1881 : Femme dont les faveurs sont cotées à bas prix, — dans le jargon des élégantes de la prostitution.

Femme au petit pot

Fustier, 1889 : Concubine. Argot des chiffonniers.

France, 1907 : Concubine d’un chiffonnier.

Femme chaste

Delvau, 1864 : Le merle blanc du sexe féminin. Casta, quia nemo rogavit, parbleu !

Femme chaude

Delvau, 1864 : Femme ayant les foies chauds, femme qui aime l’homme, et jouit avec lui, quel qu’il soit, goujat ou roi, homme de peine ou de lettres, pourvu qu’il soit bon fouteur. — Femme qui bande et voudrait être baisée. Cela se dit, à propos du sexe auquel nous devons le jour — et la vérole, — comme à propos des chiennes, auxquelles nous devons des puces ; avec cette différence, cependant, — toute en faveur de la race canine, — que les chiennes, une fois qu’elles ne sont plus en chaleur, ne se laissent plus grimper par les mâles, et que les femmes se font baiser en toute saison.

Femme de Bréda

France, 1907 : Fille de mœurs légères. Les hauteurs du faubourg Montmartre, entre Notre-Dame-de-Lorette et la place Vintimille, sont le quartier plus spécialement habité par les filles.

Femme de carême

Virmaître, 1894 : Femme outrageusement maigre. Un hareng saur en jupons (Argot du peuple). N.

Femme de César ne doit pas même être soupçonnée (La)

France, 1907 : Il est certaine position sociale où l’ombre même du soupçon serait un déshonneur.
Pompéia, femme de César, avait un amant, Claudius. Brûlant de se trouver avec lui, elle choisit, avec cette audace de la femme passionnée, le temps des fêtes de Cérès. C’était en sa propre maison, en compagnie des vestales et de plusieurs patriciennes qu’elle les célébrait. On sait qu’à ses fêtes les hommes n’étaient pas admis, et le scrupule des dévotes était poussé si loin qu’elles couvrent d’un voile jusqu’au portrait de l’époux, les statues ou bustes des héros et les figures même des animaux mâles. Le mari donc n’était pas à craindre ; aussi l’amant déguisé en joueuse d’instrument pénétra hardiment dans le palais. Mais la mère de César, vigilante matrone et terrible belle-mère, soucieuse de l’honneur de son fils, aposta une de ses servantes pour surveiller sa bru, et Claudius fut reconnu au moment où, tout palpitant d’amour, il se cachait dans une des chambres de Pompéia. Elle poussa de grands cris, et les vestales et les patriciennes se jetèrent furieuses sur le sacrilège imprudent, le déchirèrent de leurs ongles et le chassèrent de la maison.
Il y eut un grand scandale, Claudius, accusé d’avoir voulu pénétrer les mystères de la Bonne déesse, fut mis en jugement, et il y avait peine de mort. Sa réputation était détestable et tous les honnêtes gens dont il avait séduit les femmes vinrent à l’envi déposer contre lui. César, qui, à la suite de l’esclandre, s’était hâté de répudier Pompéia, vint à son tour et, au grand étonnement de tous, refusa de déposer contre Claudius, affirmant qu’il ne savait rien.
— Alors pourquoi avez-vous répudié votre femme ? lui objecta-t-on.
— Parce que, répliqua-t-il, la femme de César doit non seulement être exempte de toute souillure, mais même de tout soupçon.
M. C. de Méry, qui raconte cette anecdote, ajoute :

Les bons maris ne savent jamais rien,
Et quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien.

Femme de l’adjudant

Rigaud, 1881 : Salle de police, — dans le jargon des soldats de cavalerie. — Coucher avec la femme de l’adjudant, coucher à la salle de police. Les soldats désignent aussi la salle de police sous le sobriquet de la jument de l’adjudant, et ils trouvent qu’elle trotte sec, cette jument.

France, 1907 : Soldat puni de la salle de police.

Femme de la troisième catégorie

Delvau, 1866 : s. f. Fille de mauvaise vie, — dans l’argot des faubouriens, qui ont saisi avec empressement, il y a quelques années, les analogies que leur offraient les divisions officielles de la viande de boucherie.

France, 1907 : Prostituée de bas étage.

Femme de Régiment

Rigaud, 1881 : Grosse caisse, — dans le jargon des troupiers.

Femme de terrain

Rigaud, 1881 : Prostituée de dernier ordre.

Les pierreuses ou femmes de terrain sont des créatures repoussantes de laideur ; elles ne sortent que la nuit et rôdent dans les lieux sombres et retirés… Elles pratiquent l’onanisme.

(Paris-vivant, La Fille.)

France, 1907 : Prostituée de basse catégorie.

Femme du quartier

Delvau, 1866 : s. f. Grisette qui a la spécialité de l’étudiant et qui se garderait bien de frayer avec les bourgeois ou les militaires, de peur de déplaire à Paul de Kock. On dit aussi Femme de l’autre côté (sous-entendu : de la Seine).

Femme du régiment

Delvau, 1866 : s. f. La grosse caisse, — dans l’argot des soldats.

France, 1907 : La grosse caisse. Est-ce parce que c’est l’instrument qui fait le plus de bruit, et celui sur lequel on tape à tour de bras ?

Femme en carte

Larchey, 1865 : Femme à laquelle la police impose une carte de fille soumise.

La fille en carte est libre, peut demeurer où bon lui semble, pourvu qu’elle se présente exactement aux visites des médecins.

(F. Béraud)

Femme entretenue

Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme qui croit que la vertu est un « meuble inutile » et qui préfère acheter les siens à tant par amant. Les Belges disent Une entretenue.

Femme étroite

Delvau, 1864 : Femme dont le vagin a l’étroitesse convenable et désirable pour retenir prisonnier le membre viril qui s’y est aventuré, jusqu’à ce qu’il s’avoue vaincu.

Le lit est imprégné de cette sueur moite
Qui fait toujours trouver large la plus étroite.

(L. Protat)

Femme facile

Delvau, 1864 : Femme qui accueille volontiers les propositions libertines des hommes.

Femme froide

Delvau, 1864 : Qui, en apparence, n’éprouve pas de plaisir dans la conjonction amoureuse et fait jouir les hommes sans paraître jouir elle-même.

Mais comme elle est naturellement froide, apparemment que le jeune seigneur n’y trouva pas son compte, car Mme Copen ne le revit plus.

(La Popelinière)

Femme galante

Delvau, 1864 : Femme dont le métier est de faire jouir les hommes — qui en ont les moyens.

Femme honnête

Delvau, 1864 : Femme mariée, — selon toutes les femmes mariées.

La femme honnête la plus folle,
Aujourd’hui, le fait est certain,
N’a plus que six fois la vérole,
Je ne veux plus être catin.

(É. Debraux)

Es-tu lass’ d’amourette ?
Enfin, dis-moi, veux-tu,
Pour dev’nir femme honnête,
Épouser un cocu ?
Encore un coup d’cu, Jeannette !

(É. Debraux)

Femme inconséquente

Delvau, 1864 : Façon polie de dire qu’elle est putain.

Lorsque, dans le monde, une jeune dame n’a pas très bien su étendre le voile par lequel une femme honnête ouvre sa conduite, là où nos aïeux auraient rudement tout expliqué par un seul mot, vous, comme une foule de belles dames à réticences, vous vous contentez de dire : — Ah ! oui, elle est fort aimable, mais… — Mais quoi ? — Mais elle est souvent bien inconséquente.

(H. de Balzac)

Femme laborieuse

Delvau, 1864 : Femme qui ne refuse jamais de conduire un miché au bonheur.

Ah ! monsieur, me dit cet homme avec des larmes d’admiration dans la voix, à quelque heure de la nuit qu’on frappe, si nous sommes couchés, elle se lève sans rechigner, va ouvrir au monsieur, reste avec lui le temps qu’il faut et remonte se coucher jusqu’à ce qu’un nouveau coup de sonnette la fasse relever et redescendre : c’est une femme bien laborieuse !

(A. François)

Femme large

Delvau, 1864 : Femme dont le vagin est d’une laxité à faire croire au membre imprudent qui s’y aventure qu’il entre dans une motte de beurre. — Voir Femme étroite.

Femme lascive

Delvau, 1864 : Qui possède, dans ses regards, dans ses gestes, dans ses mouvements, dans ses paroles, l’art d’allumer les désirs des hommes. — On dit aussi, mais moins fréquemment, homme lascif, parce que la lasciveté est l’apanage spécial de la femme.

Si ces jeunes gens s’offrent à vous, ne les refusez pas : ils sont si beaux, si vifs et si lascifs.

(La Popelinière)

Femme légère comme chausson

Delvau, 1864 : Extrêmement putain. — L’expression, très spirituelle et décente, a été employée pour la première fois par M. Aurélien Scholl dans un de ses échos du Figaro.

Femme lubrique

Delvau, 1864 : Savante en l’art d’aimer — et de faire jouir les hommes.

Voici ce qu’il y avait : Minois de fantaisie ; joli corps, créature lubrique.

(La Popelinière)

Femme pur faubourg

France, 1907 : Femme aux allures aristocratiques, ou bien, ironiquement, femme ordurière.

Femme qui ennui file — porte chemise vile

France, 1907 : L’ennui est la conséquence de l’oisiveté et l’oisiveté entraîne fatalement au vice. Une femme qui s’ennuie est une femme désœuvrée, et dans son désœuvrement elle cherche, soit en pensée, soit en action, des amusements illicites qui la salissent au physique comme au moral.

Femme sage

Delvau, 1864 : Femme honnête, selon toutes les femmes mariées — qui sont plus ou moins sages.

Il était une dame
Fraîche, ayant des couleurs
Et des mœurs ;
Elle était sage-femme
Et femme sage autant
Qu’à présent
On l’est, Dieu merci !…

(Scribe)

Femme sérieuse

Rigaud, 1881 : Femme galante qui pense à l’avenir, que la pensée de l’hôpital effraye et qui thésaurise.

Femmelette

d’Hautel, 1808 : C’est une femmelette. Terme de mépris, pour dire une femme qui a l’esprit étroit, qui est foible et délicate. On l’applique aussi à un homme sans moyens, et qui ne peut supporter la fatigue d’un travail pénible.

Delvau, 1864 : Femme chétive, douillette, délicate, qui a des goûts futiles, etc… !

Que le bout du médium fait tomber en faiblesse,
Qu’un vit fait passer au carmin…
Elle ne jouait que l’ombre, le trictrac et les échecs, parce qu’ils sont savants et sérieux ; tous les autres (jeux) étaient au-dessous d’elle, et ne pouvaient amuser que des femmelettes…

(A. de Nerciat)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique