d’Hautel, 1808 : Il n’a ni foi ni loi. Se dit d’un méchant homme dont il faut se méfier.
Ma foi non. Manière affirmative de dire que l’on n’a pas fait ou qu’on ne fera pas une chose.
Foi
Foi
Foi du charbonnier
France, 1907 : Foi irraisonnée et aveugle ; la foi comme l’entend l’Église catholique, sans examen et sans raisonnement, la foi des ignorants, enfin.
Le diable, dit la légende, apparut un jour à un charbonnier.
— Que crois-tu ? lui demanda-t-il. — Je crois tout ce que croit la sainte Église. — Et que croit la sainte Église ? — Elle croit tout ce que je crois. — Mais quoi ? — Tout ce qu’elle m’enseigne de croire. — Mais, cria le diable, tout ce qu’elle te dit de croire est sottise. — Cela m’est bien égal, répliqua le charbonnier. Ce n’est pas mon affaire. M. le curé m’a dit de croire, je crois. Je ne suis qu’un charbonnier, et j’ai la foi d’un charbonnier. — C’est la foi d’un imbécile ! conclut le diable en s’en allant.
C’était une âme simple, enfantine bien qu’elle eût les cheveux tout blancs, qui ignorait toute rouerie, tout mensonge, une âme d’infinie bonté qui se fût apitoyée sur l’agonie d’une mouche, qui aurait partagé avec les miséreux sa garde-robe et son pain, qui avait la foi aveugle et béate du charbonnier.
(Champaubert)
Foible
d’Hautel, 1808 : Du fort au foible ; le fort portant le foible. Manières de parler adverbiales, et qui équivalent à, toutes choses compensées ; tout bien considéré.
Foie
d’Hautel, 1808 : Il a bon foie de croire cette histoire. Se dit d’une personne simple, crédule, à laquelle on en compte facilement.
Il a un bon foie de souffrir cela. Pour dire, il est bien bon, il a bien de la patience.
Il faut que vous ayez un bon foie de me tenir de pareils propos. Se dit ironiquement à quel qu’un qui fait des propositions déraisonnables et extravagantes.
Foie blanc
La Rue, 1894 : Voleur disposé à quitter sa bande on à la dénoncer.
France, 1907 : Poltron. Avoir les foies blancs, c’est avoir peur, refuser de faire un coup.
Mon dab est mort ru’ d’la Roquette
Su’ la place, en face l’p’loton,
On y avait rogné sa liquette,
Coupé les ch’veux, rasé l’menton,
Ma dabuche aussi chassait d’race
A s’est fait gerber à vingt ans
Pour avoir saigné eun’ pétasse.
Moi, j’marche pas… j’ai les foies blancs !
(Aristide Bruant)
Foies blancs (avoir les)
Fustier, 1889 : Être timide, manquer de courage, d’audace.
Foin
d’Hautel, 1808 : Quand il n’y a point de foin au ratelier, les ânes se battent. Voyez Ânes.
Il a du foin dans ses bottes. Pour, il est fortuné, il est riche.
Chercher une aiguille dans une botte de foin. Se mettre à la recherche d’une chose qu’il n’est presque pas possible de trouver.
Delvau, 1866 : s. m. Synonyme d’argent, — dans l’argot du peuple. Avoir du foin au râtelier. Avoir de la fortune. Mettre du foin dans ses bottes. Amasser de l’argent, faire des économies. On dit aussi Avoir du foin dans ses bottes.
Foin (faire du)
Rossignol, 1901 : Bruit, crier, faire des épates.
Vous faites tellement de foin qu’on ne s’entend plus.
Foin dans les bottes (avoir du)
France, 1907 : Avoir de l’argent. Cette expression vient de l’habitude qu’ont les paysans de mettre de la paille dans leurs sabots pour se tenir les pieds chauds et économiser les chaussettes ; le foin étant plus cher que la paille, il était naturel que les farauds de village, pour se distinguer et passer pour gens ne regardant pas à la dépense, aient remplacé la paille par le foin. On considérait alors comme richard celui qui se payait ce luxe.
Mettre du foin dans ses bottes, faire des économies, être riche. On dit aussi : avoir du foin au ratelier.
— Mon père a travaillé, lui, et rudement. Il est venu à Paris en sabots, avec de la paille dedans, comme il dit, et maintenant il a du foin dans ses bottes.
— Ça prouve que ton père a toujours son déjeuner avec lui : c’est un homme de précaution.
(Maurice Donnay)
— Madame, je vois bien que je me suis trompé de porte. Je vous avoue que je suis amoureux de votre fille, mais c’est tout.
— Et vous vous figuriez, mon cher monsieur, que vous alliez dénicher l’oiseau bleu dans son nid ! Vous n’avez pas assez de foin dans vos bottes.
(Arsène Houssaye)
Voici de cette expression populaire une autre explication qui offre en même temps un échantillon de l’imbécillité humaine :
Pendant le moyen âge, la longueur des souliers fut un signe de naissance et de distinction. Était bien né qui portait des souliers d’un pied de long, ceux d’un prince n’avaient pas moins de deux pieds et demi, et pour qu’il pût marcher il était obligé d’attacher la pointe au genou par une petite chaîne. Comme le soulier allait en se rétrécissant peu à peu, on dut bourrer de foin, pour la soutenir, toute la partie que le pied ne remplissait pas. Par conséquent, plus une personne était élevée en titre, riche, plus ses souliers contenaient de foin.
De là aussi est venue cette expression si usitée : Être sur un grand pied dans le monde.
Faire du foin, faire du bruit, du tapage, comme les grands seigneurs ou les riches parvenus.
Foirade, foire
Rigaud, 1881 : Peur. — Foirer, avoir peur. — Foireux, foireuse, poltron, poltronne.
Foire
d’Hautel, 1808 : La foire n’est pas sur le pont. Pour dire rien ne presse.
Ils s’entendent comme larrons en foire. Se dit en mauvaise part de personnes qui ont des intelligences secrètes.
Donner la foire à quelqu’un. Calembourg qui signifie faire présent à quelqu’un de quelque chose venant de la foire. V. Attraper.
Delvau, 1866 : s. f. Diarrhée, — dans l’argot du people, fidèle à l’étymologie (foria) et à la tradition :
Renart fait comme pute beste :
Quand il li fu desus la teste,
Drece la queüe et aler lesse
Tot contre val une grant lesse
De foire clere a cul overt,
Tout le vilain en a covert,
dit le Roman du Renard.
France, 1907 : Diarrhée.
Le saint reconnait son offense ;
Dieu tonna, le malin esprit
Ouvrit la pincette maudite,
Et de la foire qui lui prit
Aspergeant le nez du contrit :
« Adieu, dit-il, et quitte à quitte. »
(Grécourt)
Foire d’empoigne
Delvau, 1866 : s. f. Vol. Aller à la foire d’empoigne. Voler. On disait autrefois : Passer à l’île des Gripes.
La Rue, 1894 : Vol. Acheté à la foire d’empoigne, volé.
Virmaître, 1894 : Voler à la force du poignet (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : Voler.
J’ai acheté mon tabac a la foire d’empoigne.
Foire d’empoigne (acheter à la)
Rigaud, 1881 : Voler. Revenir de la foire d’empoigne, rentrer les poches pleines d’objets volés.
France, 1907 : Voler.
Foire n’est pas sur le font (la)
France, 1907 : Inutile de se presser, nous avons le temps. D’après le Dictionnaire des Curieux, de Ch. Ferrand, cette expression vient de Provence, au temps de la fameuse foire de Beaucaire, où il arrivait des marchands de tous les pays d’Europe, et même d’Afrique et d’Asie. Pour atteindre Beaucaire, séparé de Tarascon par le Rhône, il fallait traverser un pont de bateaux, qui, au fort de la foire, devait être encombré et bordé de boutiques et des échoppes de ceux qui n’avaient plus trouvé de place à Beaucaire. Donc, tant que le pont n’était pas bordé des boutiques des retardataires, il n’y avait pas lieu de se presser.
Foirer
Larchey, 1865 : Défaillir au moment de l’action. Mot à mot : faire une cacade. On connaît l’action du danger sur les intestins. Une mazarinade nous donne l’équivalent de Foirer dans cet extrait :
On en alloit voir escamper qui, pour rendre un prétexte honneste, auroient dit : J’ay mal à la teste. Que de pisseurs, que de chieurs s’alloient séparer de Messieurs et dont le lendemain l’absence fit voir le crime et la prudence.
(Courrier burlesque, 1650, 2e pièce)
Foireux : Poltron. V. Du Cange (d’Hautel, 1808). — Foirou : Derrière (Vidocq).
Delvau, 1866 : v. n. Avoir peur, — dans l’argot des faubouriens. Par extension, Mourir. On dit aussi Avoir la foire.
Fustier, 1889 : Avoir la dysenterie. Expression très triviale. (V. Foire au Dictionnaire.)
Fustier, 1889 : Avoir la foire.
France, 1907 : Avoir peur. C’en est généralement le résultat.
Des muff’s qu’a toujours la colique
Et qui foirent dans ses pantalons…
(Mac-Nab)
Foireux
d’Hautel, 1808 : Peureux, poltron. On dit souvent bassement en parlant de quelqu’un qui est pâle, qui est indisposé, qu’il a la mine foireuse.
On dit aussi par mépris à un homme foible, et qui veut faire le fanfaron, qu’il n’est qu’un foireux.
Delvau, 1866 : s. et adj. Poltron, homme dont le cœur est débilité et l’esprit dévoyé. Foireux comme un geai. Extrêmement poltron. On dit aussi Foirard.
Virmaître, 1894 : Poltron. On dit aussi : foireux comme un geai. L’ami Mac-Nab nous a laissé une chanson connue, à ce sujet :
Il reste les Napoléon,
Des muff’s qu’a toujours la colique
Et qui foire dans ses pantalons
Pour em… bèter la République.
Allusion à la fuite de Craint-plomb, pendant la guerre de Crimée (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Poltron.
France, 1907 : Poltron. On dit communément : foireux comme un geai.
C’est pas un froussard, un foireux,
Dans les rues, à pied, i’s’ballade ;
I’ vous cann’ comme un camarade ;
C’est pas d’la bêche, on s’sent heureux.
(Paul Paillette)
Foireux de Bayeux
France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants de cette ville, non parce qu’ils s’oubliaient dans leurs chausses, mais à cause des marchés ou foires qui, pendant le moyen âge, y attiraient beaucoup d’étrangers. C’est ainsi qu’une qualité ou un mérite devient vice aux yeux des jaloux.
Foiron
Fustier, 1889 : Derrière.
Virmaître, 1894 : Le derrière (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Voir foirpette.
France, 1907 : Le derrière.
Foirou
Vidocq, 1837 : s. m. — Postérieur.
(Le Jargon, ou Langage de l’Argot moderne)
Foirpette
Rossignol, 1901 : Le derrière.
Fois
d’Hautel, 1808 : Une fois pour toutes. On dit vulgairement, une fois pour tout.
Une fois n’est pas coutume. V. Coutume.
Foison
d’Hautel, 1808 : À foison. Pour dire abondamment, en quantité.
Foisonner
Rigaud, 1881 : Répandre une odeur infecte soit personnellement, soit impersonnellement, — dans le jargon des voyous. Ce doit être quelque fioriture du mot foiré, faire, ou encore une déformation du mot « empoisonner » par le retranchement des deux premières lettres et la substitution de l’F au P.
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