Fourgat

Fourgat

Vidocq, 1837 : s. m. — Marchand, receleur en boutique, en magasin, ou seulement en chambre, chez lequel les voleurs déposent et vendent les objets volés. Ils entrent par une porte, reçoivent le prix des objets qu’ils ont apportés, et sortent par une autre. Plusieurs négocians de Paris, en apparence très-recommandables, sont connus pour acheter habituellement aux voleurs ; mais, comme il n’a pas encore été possible de les prendre, personne ne s’est avisé de leur dire que le métier qu’ils faisaient n’était pas des plus honnêtes. Comme on le pense bien, les marchandises achetées par les Fourgats ne conservent pas long-temps leur physionomie primitive ; les bijoux d’or ou d’argent sont immédiatement fondus, le chef d’une pièce de drap est enlevé ou détruit ; certains Fourgats savent, en moins de vingt-quatre heures, dénaturer assez un équipage entier, voiture, harnais, chevaux même, pour qu’il soit impossible à celui auquel il appartenait primitivement de le reconnaître. Un bruit populaire, dont je ne garantis pas l’exactitude, accusait autrefois certain joaillier, maintenant retiré du commerce, d’avoir en permanence dans ses ateliers, des creusets dans lesquels il y avait toujours des matières en fusion, où toutes les pièces de métal dont l’origine pouvait paraître suspecte, étaient mises aussitôt qu’elles étaient achetées. Les Fourgats choisissent ordinairement leur domicile dans une rue où il est difficile d’ établir une surveillance. Ils sont bons voisins, complaisans, serviables, afin de se concilier la bienveillance de tout le monde.
La destinée de l’homme qui travaille sans capitaux, quel que soit d’ailleurs le métier qu’il exerce, est d’être continuellement exploité par ceux qui possèdent. Les voleurs subissent la loi commune, ils volent tout le monde, mais, à leur tour, ils sont volés par les Fourgats, qui ne craignent pas de leur payer 100 francs ce qui vaut quatre fois autant. Aussi les Fourgats habiles font-ils en peu de temps une très-grande fortune ; et si, durant le cours de leur carrière, il ne leur est pas arrivé quelques mésaventures, leur fille épouse un notaire ou un avoué qui a besoin d’argent pour payer sa charge ; et tandis que ceux aux dépens desquels ils se sont enrichis pourrissent dans les prisons et dans les bagues, les Fourgats, pour la plupart, vieillissent et meurent au milieu des aisances de la vie, et une pompeuse épitaphe apprend à ceux qui passent devant leur tombe, qu’ils fouillent la cendre d’un honnête et excellent homme.
Il faut établir une distinction entre les Fourgats et les marchands qui achètent aux Faiseurs. Ces derniers, quelle que soit la profession qu’ils exercent, s’arrangent de tout ce qu’on leur présente. Ainsi, un apothicaire achète des sabots, un savetier des lunettes et des longues vues, etc., etc.

Delvau, 1866 : s. m. Receleur, — dans le même argot [des voleurs].

Virmaître, 1894 : Receleur qui achète les objets volés (Argot des voleurs). V. Meunier.

Rossignol, 1901 : Recéleur.

Fourgat, fourgate

France, 1907 : Recéleur, recéleuse ; de fourguer.

Chenatre fourgat litreras
Afin de solir sûrement.

(Vidocq, Commandements des voleurs)

— La fourgate est à deux pas. Sitôt servi, sitôt bloqui. Et je te garantis qu’il y a gras.
— Eh bien ! marchons.

(Marc Mario et Louis Launay)

Fourgat, fourgue

Rigaud, 1881 / La Rue, 1894 : Receleur.

Fourgat, fourgue, fourgasse

Larchey, 1865 : Recéleur, recéleuse.

Chenàtre fourgat litreras afin de solir surement.

(Vidocq)

Fourguer : Vendre à un recéleur. — Du vieux mot fourgager : placer dehors à moitié profit. V. Roquefort.

Fourgature

Rigaud, 1881 : Objet volé dont on fait de l’argent.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique