Fumé

Fumé

Larchey, 1865 : Perdu sans ressources. V. Filer.

Trahison ! nous sommes fumés.

(Mélesville)

Delvau, 1866 : adj. Pris, perdu, ruiné, mort.

France, 1907 : Perdu ; même sens que frit.

Fumé (être)

Vidocq, 1837 : v. p. — Être tout-à-fait sans ressources.

Rigaud, 1881 : Ne plus rien posséder ; être volé.

Faut pas accorder ta confiance au premier venu ! le second serait fumé.

(Gavarni)

Fume et qui ne crache pas (un qui)

Rigaud, 1881 : Tabatière humaine sortant du four.

Fumé une pipe neuve (avoir)

Rigaud, 1881 : Être malade par suite d’ivresse.

Fumelle

Delvau, 1866 : s. f. Femme. Les faubouriens parlent comme écrivait Jean Marot.

Le masle n’a la fumelle en mépris,

dit le père du valet de chambre de François Ier.

France, 1907 : Femme. C’est le mot méridional.

Fumelle, fume

Rigaud, 1881 : Femme ; par altération pour femelle.

Fumer

d’Hautel, 1808 : Pour, pester, s’impatienter ; se manger les sens, éprouver un mécontentement intérieur.
On dit de quelqu’un qui est de mauvaise humeur, qui éprouve une grande contradiction, qu’il fume sans pipe.

Delvau, 1866 : v. n. Enrager, s’impatienter, s’ennuyer. On dit aussi Fumer sans pipe et sans tabac.

Rossignol, 1901 : Être en colère ou mécontent.

France, 1907 : Bouillir d’impatience, enrager. On dit généralement fumer sans tabac.

Fumer à froid

Rigaud, 1881 : Aspirer, souffler dans une pipe culottée dont le tabac est absent. — Faire le simulacre de fumer, quand on n’a pas de quoi acheter du tabac.

Fumer sa pipe

Delvau, 1866 : Se dit, — dans l’argot des infirmiers, — « d’un symptôme qui se présente quelquefois dans les apoplexies : le malade, dont un côté de la face est paralysé, a ce côté gonflé passivement à chaque expiration ; mouvement qui a quelque ressemblance avec celui d’un fumeur. »

Fumer sans tabac

Rigaud, 1881 : Être en colère ; s’impatienter.

Virmaître, 1894 : Être furieux, fumer de colère (Argot du peuple). N.

Fumer ses terres

Delvau, 1866 : Épouser, noble et pauvre, une fille de vilain, riche, — laquelle selon l’expression de Montesquieu, « est comme une espèce de fumier qui engraisse une terre montagneuse et aride ».

Delvau, 1866 : Être enterré dans sa propriété. Argot des bourgeois. Voltaire a employé cette expression.

Virmaître, 1894 : Être enterré dans sa propriété. Épouser une fille riche quand on n’a pas le sou. Déposer dans son jardin ce que l’on dépose pour trois sous dans un châlet de nécessité (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Être enterré dans sa propriété. « C’est l’usage en Corse de fumer ses terres. Se dit aussi d’un gentilhomme nécessiteux qui épouse une fille de vilain cossue. Dans un certain monde, cela s’appelle faire le maquereau. »

Fumer, fumer sans tabac

Larchey, 1865 : Bouillir d’impatience. Qui bout fume.

J’ai cent mille fois, étant au bivouac, Fumé sans tabac.

(Duverny, 1815)

L’époux dit : Ma femme entêtée À la mod’ va se conformer, Et cela va me faire fumer.

(Metay, Chansons)

Fumerie

Delvau, 1866 : s. f. Science du fumeur, action de fumer.

Fumeron

Vidocq, 1837 : s. f. — Jambe.

Delvau, 1866 : s. m. Fumeur acharné, — dans l’argot des bourgeoises, que la fumée de la pipe incommode et qui ne pardonnent qu’à celle du cigare. Se dit aussi pour Gamin qui s’essaye à fumer.

Rigaud, 1881 : Hypocrite.

Fustier, 1889 : Repasseuse.

La Rue, 1894 : Hypocrite. Jambe. Fumeur. Mulâtre.

Virmaître, 1894 : Galopin qui fume dans la rue en allant à l’école.
— Comment tu fumes sale crapaud ?
— Mais oui.
— Tu as raison les étrons fument bien ! (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Jeune fumeur.

Fumerons

Delvau, 1866 : s. m. pl. Jambes, — dans l’argot des faubouriens, qui disent cela surtout quand elles sont maigres.

Rigaud, 1881 : Jambes.

Virmaître, 1894 : Les jambes.
— Il est à moitié décati, il ne tient plus sur ses fumerons.
Pour exprimer la même idée, on dit aussi :
— Il tremble sur ses fils de fer (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Les jambes.

France, 1907 : Jambes.

— T’es rien poivre ! tu ne tiens plus sur tes fumerons… tu vas t’affaler.

(Richepin, Le Pavé)

Et les petons vainqueurs
Tenant bourses et cœurs
En arrêt sous leurs pointes,
Le papa, la maman
Du ce duo charmant
L’adorent à mains jointes,
S’étonnant de ceci :
Que, sans aucun souci,
Ils se trouvent à l’aise
Par quatre fumerons
Si mignons et si prompts
À fournir tant de braise.

(É. Blédort, Chansons de faubourg)

Fumerons, fuseaux

Larchey, 1865 : Jambes maigres. — Le fumeron est un gros brin de fagot encore vert et fumant plus qu’il ne chauffe.

Fumeuse

Fustier, 1889 : Siège où l’on s’assied pour fumer commodément. — Chandelier.

Fumeux

Fustier, 1889 : Sobriquet donné en 1884 pour désigner les jeunes gens du monde où l’on s’amuse.

Tout le monde pschutteux s’était donné rendez-vous à cette solennité parisienne entre toutes : les petits fumeux et les horizontales de toutes marques s’écrasaient dans le promenoir.

(Événement, juillet 1884)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique