d’Hautel, 1808 : Sentir un goût de renfermé. Exhaler une odeur de moisi.
Des goûts et des couleurs on ne peut disputer. Pour dire, chacun a son goût, ses fantaisies, ses caprices, ses inclinations.
Perdre le goût du pain. Laisser ses os dans une affaire, y mourir.
Le prix en fait perdre le goût. Signifie que l’on se dégoûte facilement d’une chose trop chère.
Goût
Goût
Goût du pain (faire passer le)
Rigaud, 1881 : Tuer.
Goût du pain (paire passer le)
La Rue, 1894 : Tuer.
Gout particulier
Delvau, 1864 : La pédérastie ou le gougnottisme, selon le sexe ; ainsi nommé parce que c’est un goût presque général chez les filles galantes de Paris.
Ne croyez pas que je contracte
Ce goût, déjà trop répandu ;
C’est bon pour amuser l’entr’acte
Quand le grand acteur est rendu.
(Béranger)
Gout pour quelqu’un (avoir du)
Delvau, 1864 : Avoir envie de coucher avec telle femme plutôt qu’avec telle autre lorsqu’on est homme, ou avec tel homme plutôt qu’avec tel autre lorsqu’on est femme.
Elle en tombera à la renverse si elle a autant de goût pour moi que vous le dites.
(La Popelinière)
Dit-on à présent : Je vous aime ?
Non, l’on dit : j’ai du goût pour vous.
(Collé)
Goûter
Delvau, 1866 : v. n. Plaire, faire plaisir.
Goûter la bride
France, 1907 : Se dit d’un cheval qui commence à obéir au mors.
Gouter les plaisirs, les ébats, les joies, etc.
Delvau, 1864 : Baiser, ce qui est la félicité suprême.
Mais qu’importe, si l’on goûte
Le doux plaisir de la chair ?
Qu’importe, pourvu qu’on foute ?
Cela vous paraît-il clair ?
(Collé)
Eh bien ! mon petit cœur, eh bien ! ma mignonnette,
Ne voulez-vous pas bien vous marier un jour
Pour goûter les ébats du petit dieu d’amour.
(Trotterel)
Quand elle eut commencé à goûter un peu les joies de ce monde, elle sentit que son mari ne la faisait que mettre en appétit.
(Bonaventure Desperriers)
Goutet
France, 1907 : Petite coupe, petit verre ; du patois méridional. Juste de quoi goûter ce que l’on boit.
Gouts contre nature (avoir des)
Delvau, 1864 : Être pédéraste, si l’on est homme, — ou gougnotte, si l’on est femme.
On ne le lui met plus !… On le lui a donc déjà mis ? L’homme que j’ai honoré de mes faveurs aurait donc des goûts contre nature ?
(Jean Du Boys)
Gouts lubriques (avoir des)
Delvau, 1864 : Être très corrompu en amour.
On l’accusa d’avoir des goûts lubriques,
Dont le récit fait dresser les cheveux ;
De dédaîgner Les amours platoniques
Et de boucher des trous incestueux.
(Ch. Boyle)
Goutte
d’Hautel, 1808 : Elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Se dit par métaphore de deux sœurs, de deux personnes qui ont une ressemblance frappante.
C’est une goutte d’eau dans la mer. C’est-à dire, un point imperceptible dans cette affaire.
Aux fièvres et à la goutte, les médecins ne voient goutte. Pour le malheur du genre humain, ce ne sont pas à ces deux fléaux seuls que se bornent leur ignorance et leurs bévues.
Delvau, 1864 : Employé dans un sens obscène pour désigner le sperme.
Elle sucerait bien la goutte
De quelque gros vit raboulé,
Mais je veux qu’un goujat la foute
Avec un concombre pelé.
(Théophile)
Larchey, 1865 : Ration d’eau-de-vie que les soldats boivent habituellement le matin avant l’appel, et les ouvriers avant l’heure du travail. — Allusion à la petite dose (goutte) d’alcool qu’on prend ou qu’on est censé prendre.
J’appelais ma mère qui buvait sa goutte au P’tit trou.
(Rétif, 1783)
Mais pourvu qu’on paie la goutte aux anciens, N’est-ce pas, colonel ?
(Gavarni)
Delvau, 1866 : adv. Peu ou point. N’y voir goutte. N’y pas voir du tout. On dit aussi N’y entendre goutte.
Delvau, 1866 : s. f. Petit verre d’eau-de-vie, — dans l’argot des ouvriers et des soldats. Marchand de goutte. Liquoriste.
Rigaud, 1881 : Mesure d’eau-de-vie de la capacité d’un décilitre. Prendre la goutte, boire un verre d’eau-de-vie. — Bonne goutte, bonne eau-de-vie. — Pour le peuple tout bon cognac, fût-il à vingt francs la bouteille, est de la bonne goutte.
France, 1907 : Petit verre de liqueur spiritueuse ; latinisme, de gutta ; boire la goutte, payer la goutte.
C’était notre coutume à Saumur de boire tous les matins la goutte avant de monter à cheval.
Il y a la goutte à boire là-bas !
Il y a la goutte à boire !
(Marche des chasseurs à pied)
Goutte (donner la)
Rigaud, 1881 : Donner à téter. — Demander la goutte, demander à téter en piaillant ou à haute et intelligible voix, comme font les enfants qui ne sont pas encore sevrés à deux ans. La mère dont les mamelles sont presque taries, ne peut plus donner qu’une pauvre goutte à son nourrisson.
Goutte (n’y voir)
France, 1907 : N’y comprendre, n’y entendre, n’y rien voir.
Ne décidons jamais où nous ne voyons goutte.
(Piron)
J’ai fermé la porte au doute,
Bouché mon cœur et mes yeux.
Je suis triste et n’y crois goutte.
Tout est pour le mieux.
(Jean Richepin)
Les types qui font métier de savoir tous les mic-macs de la diplomatie et de l’échiquier européen ont déjà rudement de la peine à se reconnaître dans ce fouillis ; à plus forte raison, les bons bougres qui ont quelque part la « politique extérieure » n’y doivent-ils comprendre goutte.
(La Sociale)
Goutte militaire
Delvau, 1864 : Sécrétion gonorrhéique qui vient chaque matin au bout du membre viril qui a été à la guerre amoureuse et qui y a été blessé — sans daigner se guérir.
Rigaud, 1881 : Souvenir persistant d’un coup de pied de Vénus.
Rossignol, 1901 : Voir plombé.
France, 1907 : Blennorrhagie chronique, appelée ainsi parce qu’elle est commune dans les régiments où le soldat ne peut guère s’offrir des filles de choix.
La chaste Suzanne :
Ah ! ces deux vieillards me dégoûtent !
Je crois même qu’ils ont la goutte
Militaire.
Le chœur :
Bien qu’ils ne l’aient jamais été !
(A. Glatigny, Joyeusetés galantes)
Goutte-roupie
France, 1907 : ou simplement roupie. Mucosité qui tombe du nez et qui est particulière aux gens qui prisent, appelée roupie à cause de sa couleur jaunâtre.
La vieille à laissé tomber une goutte-roupie dans le potage.
Gouttière (lapin de)
Rigaud, 1881 : Chat, — dans le jargon du peuple qui, chaque fois qu’on lui sert du lapin à la gargote, renouvelle la plaisanterie, parce qu’il faut bien rire un peu.
Gouttière à merde
Rigaud, 1881 : Derrière, — dans le jargon des voyous. Va donc te laver ta gouttière à merde aura crevé, tu foisonnes trop. — Faudra faire mettre un bèquet à ta gouttière à merde.
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