France, 1907 : Charançon.
Gon
Gon
Gonce
un détenu, 1846 : Un jeune homme, un individu quelconque.
Delvau, 1866 : s. m. Homme quelconque du bois dont on fait les dupes, — dans l’argot des voleurs, qui ont remarqué que les bourgeois se parfumaient (concio).
Gonce à écailles
France, 1907 : Souteneur.
Gonce, goncier
Virmaître, 1894 : Bourgeois facile à tromper (Argot des voleurs).
Hayard, 1907 : Individu quelconque.
Gonce, gonse, gonze
France, 1907 : Homme, en général. On l’écrit de ces trois différentes façons, mais la véritable orthographe serait gonse, puisque ce mot vient de l’italien gonso, niais, dupe. Cependant les voleurs et les souteneurs se désignent entre eux par ce nom.
— Il me semble que vous ne comprenez mot au langage des gonses que nous visitons.
— Des gonses ?
— Sans doute, des gonses et des gonsesses. Les habitués des établissements que nous fréquentons se désignent eux-mêmes par ces noms harmonieux.
(Louis Barron, Paris étrange)
Et pis j’sens la sueur qui m’coule,
A fait rigol’ dans l’creux d’mon dos ;
J’vas crever, j’ai la chair de poule,
C’est fini… tirez les rideaux,
Bonsoir la soc’… mon vieux Alphonse,
I’ vaut p’têt’ mieux qu’ça soy’ la fin ;
Ici-bas, quoi qu’j’étais ? un gonce…
Là-haut j’s’rai p’têt’ un séraphin.
(Aristide Bruant)
On l’emploie aussi dans sa vraie signification de niais, d’imbécile.
— Vous êtes un gonse, Monsieur, murmura le chef à l’agent porteur du bijou qu’il lui arracha aussitôt.
(Mémoires de M. Claude)
— Sapergué, dame ! moi qui suis jaloux, vouloir me souffler ma parsonnière, c’est me lécher mon beurre et me prendre pour un gonse.
(Vadé)
Gonce, gonsse
Rigaud, 1881 : Individu, le premier venu, homme, passant. Avait primitivement le sens d’entreteneur.
Une femme entretenue appelle son entre teneur un gonsse.
(Les Voleurs et les volés, 1840)
Cette acception de gonsse donnerait à penser que ce mot a été également pris dans le sens d’imbécile.
Gonce, gonzesse
anon., 1907 : Homme, femme.
Goncesse
un détenu, 1846 : Femme, fille.
Goncier
un détenu, 1846 : Corps.
Delvau, 1866 : s. et adj. Homme rusé, malin, qui enfonce le gonce.
France, 1907 : Homme ; forme de gonse.
Et dir qu’i’s song’ à fair’ du plat !
Quand on les voit avec un linge,
On s’dit : — Sûr que c’tte gonzess’-là,
Si a’pond, a’va faire un singe !
Tas d’saligauds, tas d’abrutis,
Bons à rien, gonciers d’pain d’épice,
Avant d’songer à fair’ des p’tits,
Allez donc dir’ qu’on vous finisse !
(Aristide Bruant)
Gond
d’Hautel, 1808 : Sortir des gonds. Pour s’impatienter, se dépiter ; sortir des bornes de son caractère.
Gondolant
France, 1907 : Drôle, amusant.
À Londres, à peine ai-je fait trois pas dans la gare que je me cogne à nouveau à un policier.
Ça devient gondolant !
(Émile Pouget)
Tout de même, est-ce assez gondolant de voir ces grosses légumes protéger des bombistes, intervenir en leur faveur, les sauver des griffes turques et les embarquer sains et saufs pour Marseille !
Cela prouve combien il y avait d’hypocrisie dans les beuglements des jean-foutres de la haute qui, à d’autres époques et dans d’autres circonstances, n’ont pas eu assez de malédictions par d’autres révoltés, — mois violents certainement que les Arméniens.
En réalité, nous en sommes tous là : on approuve ou on désapprouve suivant qu’on y a un intérêt.
(La Sociale, sept. 96)
Gondole
Fustier, 1889 : « Gondole est passé dans la langue ; on le dit couramment de l’objet qui a cessé de plaire, de la toilette de la femme et du talent que l’actualité récuse et dont la mode ne veut plus. — Non, trop gondole ! a remplacé le canaille : À Chaillot ! d’autrefois. »
(Événement, mai 1887)
Gondolé (air)
Rigaud, 1881 : Mauvaise mine. Avoir l’air gondolé, avoir le visage boursouflé ; allusion au bois gondolé.
Gondoler (se)
Fustier, 1889 : C’est, dans l’argot courant, l’équivalent exact de notre expression familière : rire à se tordre.
La Rue, 1894 : Rire avec excès.
Virmaître, 1894 : Se tordre de rire. Rire à s’en mordre l’œil. C’est gondolant (Argot du peuple). N.
Rossignol, 1901 : Rire.
France, 1907 : Rire à se tordre.
Votre histoire d’omnibus, surtout, nous a beaucoup gondolées, car nous les connaissons, les omnibus, et surtout le personnel des omnibus, qui se venge bêtement sur les voyageurs et les pauvres petites voyageuses des tracasseries et de l’exploitation des grosses légumes capitalistes.
(Alphonse Allais)
Ah ! qu’j’y fais, je m’gondole
En r’luquant ta coupole !
Tu ris ! moi, je rigole ;
Bon vieux, j’épous’ ta fiole :
Aboul’ les monacos !
(Jules Célès)
Gonfle-bougres
Rigaud, 1881 : Haricots blancs.
Gonfler (faire) son andouille
Delvau, 1864 : Se masturber.
Ça m’ trifouille,
Ça m’ gargouille,
Ça fait gonfler mon andouille.
(L. L.)
Gonfler (se)
France, 1907 : Prendre des airs importants, imiter la grenouille de la fable qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. On dit aussi : se gonfler de jabot, imiter le dindon.
— Ouvre l’œil, si c’est votre nouveau curé. Un si beau monsieur ! C’est pour le coup que vos femmes vont se gonfler… et aussi vos filles. Ah ! ah ! ah ! Elles feront queue pour lui conter leurs péchés mignons.
(Hector France, Marie Queue-de-Vache)
De fait, les réacs et les richards qui auparavant ne pouvaient pas le voir en peinture commencent à se rapapilloter. Ils ont trouvé leur homme ; ils pelotent le type, lui font les yeux doux.
Et Constans de se gonfler, nom de dieu ! Il se reluque dans la glace, espérant arriver à ressembler à Badinguet.
(Le Père Peinard)
Gongonner
Virmaître, 1894 : Terme employé dans les ménages d’ouvriers lyonnais et aussi par Gnaffron dans les Guignols :
— Ma vieille colombe gongonne toujours quand je liche une chopine.
— Tais-toi donc, vieux gongon.
Gongonner, synonyme de bougonner et de ronchonner (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Grogner, bougonner.
Gongorisme
France, 1907 : Affectation, recherche du style ; de Gongora, poète espagnol du XVe siècle, créateur d’un genre faux, maniéré, compliqué de métaphores, d’hyperboles et d’archaïsme, où la pensée disparait sous le cliquetis des mots, dans un langage obscur, précieux et énigmatique. L’école décadente actuelle fait du gongorisme.
Boutonné dans son vêtement grave, avec ses cheveux blancs ras, sa longue barbiche, et son air militaire, vénérable et gongorique, il est magnifique à la barre. Il vous fait l’effet d’y relever la conscience humaine, et c’est avec respect que le présent l’interroge.
(Gil Blas)
Gonin
d’Hautel, 1808 : Homme fin et madré, peu délicat dans ses procédés.
C’est un tour de maître Gonin. C’est-à-dire une subtilité, une escroquerie.
France, 1907 : Fripon. On dit généralement maître Gonin : « Méfiez-vous de ce maître Gonin. » Gonin était un célèbre escamoteur et joueur de gobelet qui, sous le règne de Louis XIII, opérait sur le Pont-Neuf. On publia en 1713 un roman sous le titre : Les Tours de maître Gonin.
On trouve dans les Proverbes de Leroux de Lincy :
Maître Gonin est mort, le monde n’est plus grue.
Ce Gonin était sans nul doute une espèce de Mangin qui se moquait de sa clientèle.
Gonne
France, 1907 : Gamin ; argot des canuts.
Gons
M.D., 1844 : Un homme.
Gons de c.
M.D., 1844 : Une homme com-il faut.
Gonse
Rossignol, 1901 : Homme, individu dont il s’agit ; le gonse, lui ; une gonsesse est une femme.
Gonsèce
Clémens, 1840 : Marchande.
Gonsesse
M.D., 1844 : Une femme.
Gonsesse de c.
M.D., 1844 : Une femme id. (com-il faut).
Gonsier
Rossignol, 1901 : Voir gonse.
Gonsier de pain d’épice
Rossignol, 1901 : Individu sans valeur, bon à rien.
Ma p’tite Suzon, il faut que j’te bonisse
Que tes manières commencent à m’rendre arnaud ;
J’t’ai démarrée d’un gonsier de pain d’épice
Qui n’savait pas t’arranger comme il faut.
Gonsse
Clémens, 1840 : Homme.
Gonsse argoté
Clémens, 1840 : Homme, malin, rusé.
Gonsse huppé
Clémens, 1840 : Richard, homme comme il faut.
Gonsse, gossier, gonzesse
La Rue, 1894 : Homme ; femme.
Gonsser
La Rue, 1894 : Manger.
Gonze
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Niais, dupe.
Bras-de-Fer, 1829 : Dupe.
Halbert, 1849 : Homme.
Gonze, -sse
Vidocq, 1837 : s. — Homme ; femme. Terme des voleurs brabançons.
Gonze, gonzesse
Larchey, 1865 : Homme, femme. V Regout, Raleur. — Pris souvent dans le sens de Bourgeois à dépouiller.
Mais votre orange est fichée. Elle n’a point de queue ? — Allez donc, gonze.
(Vadé, 1788)
Gonzesse
Delvau, 1864 : Fille on femme de mœurs beaucoup trop légères ; fille publique même.
Allumer tous les soirs la chandelle de l’hyménée en faveur d’un tas de gonzesses…
(Lemercier de Neuville)
Ils entretienn’nt des gonzesses
Qui loge’ à la Patt’ de Chat.
(Guichardet)
Delvau, 1866 : s. f. Femme en général, et, en particulier, Maîtresse, concubine.
Rigaud, 1881 : Femme, la première venue. — Amante.
Merlin, 1888 : Maîtresse, catin, — de l’argot parisien.
Hayard, 1907 : Femme.
France, 1907 : Femme, en général, maîtresse, concubine.
Et c’est ceux-là qu’a des boutiques !
Des étalag’ ébouriffants !!
Un fonds !… des clients !!… des pratiques !…
Et des femm’ avec des enfants…
Des môm’s qui leur fait des caresses !…
Moi… j’vis tout seul comme un hibou,
Avec quoi qu’j’aurais des gonzesses ?
Ej’ vends mon crayon pour un sou…
(Aristide Bruant)
C’est nous qu’on voit passer avec des nœuds d’cravate,
Des bleus, des blancs, des roug’ et des couleur cocu ;
Et si nos p’tit’s gonzess’s traîn’ un peu la savate,
Nous avons des pantoufl’s pour leur y fout’ dans l’cul.
(Aristide Bruant)
Franchement, le coup d’œil n’avait rien de superbe,
L’assassin regrettait d’avoir risqué la gerbe,
La mise en scène était déplorable, sans chic,
Et pas une gonzesse, hélas ! dans le public.
(Paul Nagour)
Gonzesse à l’harnache
France, 1907 : Femme en carte ; littéralement, appartenant à la police.
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