Mettre au rancart

Mettre au rancart

France, 1907 : Mettre de côté.

C’est le vice capital de notre théâtre, de notre littérature romanesque, de faire consister l’existence dans un événement aussi mesquin que l’adultère. Non ! l’humanité n’est pas enserrée dans les jambes illicitement offertes d’une femme mariée et les êtres ne sont pas hypnotisés par la contemplation d’un organe placé au-dessous d’un nombril.
Il y a autre chose dans nos préoccupations que le rapport des sexes. Regardez autour de vous, interrogez-vous, lecteur, et demandez-vous si les questions du salaire, du pain quotidien, si le souci de l’avenir, l’éducation des enfants, si la santé, si même le jeu, la spéculation, l’ambition, et encore la politique, le patriotisme, la religion, si, pour quelques-uns, la littérature, l’art, si, pour le plus grand nombre, les affaires, le métier, la profession, le « business », ne tiennent pas plus de place dans l’existence, ne sont pas la « vie » cent fois plus que le déraillement conjugal dont cent auteurs, à côté de l’observation vraie et de l’humanité surprise dans sa sincérité, ont fait le pivot de toute action dramatique, le moule de toute action humaine, le ressort vital ? Quand mettrons-nous au rancart cette trop vieille catachrèse ?

(Jean de Montmartre)

Mettez au rancart, Miss, les évangiles,
Pour un idéal moins marmoréen,
Prenez pour appui des bras moins fragiles
Que les bras troués du Nazaréen.

(Gringoire)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique