Mondaine (demi)

Mondaine (demi)

France, 1907 : Femme qui joint l’élégance à la légèreté de mœurs. On les désignait à la fin du dernier siècle sous le nom de fille du monde.

Les demi-mondaines ont toujours plus de robes que de chemises.

(Lorédan Larchey)

Vous croyez qu’elles portent des chapeaux de vingt-cinq louis, des robes de dix mille francs, qu’elles ont des voitures attelées de chevaux sans prix ? Vous croyez que, en des hôtels somptueux, elles laissent tomber, le soir, en rentrant, après des soupers merveilleux, des manteaux de renard bleu, l’hiver, et, l’été, de légères pelisses de point d’Angleterre noir, entre les mains de trois femmes de chambre empressées ? Vous croyez qu’elles dorment, au fond des appartements de soie dorée, en des alcôves de dentelle ailée, et qu’on leur sert, en des tasses de Chine, le chocolat matinal ? Erreur parfaite. Tout ce triomphe semble être, n’existe pas en réalité. Et elles ne sont que des mensonges parés d’apparences. Il y a les chapeaux, mais il y a la modiste avec la note pas payée. Il y a les robes, mais il y a le couturier qui menace de la police correctionnelle. Il y a les voitures, amis il y a le cocher qui réclame quatre mois de foin et d’avoine ; et chaque matin, au seuil des hôtels, il y a l’huissier, bientôt suivi du commissaire de police, si on tarde à ouvrir la porte ! Car, la vérité, c’est que Paris, qui n’a pas d’argent, bien qu’il feigne d’en dépenser, n’est plus assez riche pour entretenir, tout à fait, ses courtisanes, même illustres, et la plus opulente des demi-mondaines est citée à la justice de paix pour quarante-deux francs qu’elle doit au blanchisseur !

(Catulle Mendès)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique