Onze heures (bouillon d’)

Onze heures (bouillon d’)

France, 1907 : Bouillon empoisonné, drogue qui achève le moribond.

C’est de l’Hôtel-Dieu qu’est partie la légende du bouillon d’onze heures. Un malade amené un soir, vers 5 heures, fut couché puis, suivant l’usage, l’interne de service, escorté d’un infirmier, vint pour le questionner et donner les prescriptions urgentes. Le malade, imbu des préjugés qu’on a ordinairement contre l’hôpital, attendait anxieux : il repassait dans sa mémoire toutes les histoires lugubres qu’on débite à tort et à travers ; il se disait : « La salle est pleine, j’arrive le dernier, on va sans doute, pour se débarrasser de moi, me faire mourir. » Il répondit en tremblant aux questions de l’interne. Celui-ci, voyant un homme plein de vie, plus malade du cerveau que du corps, ordonna un bouillon, et ajouta : « Vous donnerez le bouillon d’onze heures. » Dans la nuit, le malade mourut subitement. Depuis cette époque, le bouillon d’onze heures est légendaire dans les hôpitaux, et l’on emploie cette expression pour dire que l’on se débarrasse des gens à volonté.

(Ch. Virmaître, Paris oublié)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique