Delvau, 1866 : s. m. Ivresse, — dans l’argot des ouvriers. Avoir son plumet. Être gris. On dit aussi Avoir son panache.
Plumet
Plumet
Plumet (avoir son)
Larchey, 1865 : S’enivrer. — Comparaison de la trogne à la couleur rouge d’un plumet d’uniforme.
N’est-ce pas que j’dois vous faire l’effet D’avoir c’qui s’appelle un plumet. Messieurs, c’est le picton !
(Ch. Voizo, Ch)
M. Alphonse Duchesne a fait une chanson intitulée : J’ai mon plumet. (Paris, Roger, 1863)
Rigaud, 1881 : Être complètement ivre. C’est être complet au point de vue de l’ivresse. — Pourrait bien être une allusion au plumet des Suisses, réputés, comme on sait, buveurs intrépides.
Je pense que c’était un suisse du quartier, car il avait un plumet.
(Aventures des bals et des bois, 1745)
France, 1907 : Être ivre.
Ma sœur, qu’était en train,
Ram’nait un fantassin ;
Ma fille, qu’avait son plumet,
Sur un cuirassier s’appuyait ;
Ma femme sans façon
Embrassait un dragon,
Ma bell’-mère au p’tit trot
Galopait au bras d’un turco.
(En revenant de la Revue)
On dit aussi dans le même sens : « avoir son jeune homme. » Au sujet de cette dernière expression, Philibert Audebrand raconte cette anecdote. Alfred de Musset, qui avait, comme on le sait, l’habitude de se griser avec de l’absinthe, se présente un jour, en 1853, chez M. Empis, alors directeur du Théâtre-Français. L’employé du théâtre auquel Musset s’adresse, le voyant ivre, croit devoir prévenir, avant de le laisser entrer, le directeur, et le dialogue suivant s’engage :
— Monsieur Le directeur…
— Quoi ? qu’y a-t-il ?
— Eh bien, c’est M. Alfred de Musset.
— Bon. Faites-le entrer.
— Mais, Monsieur le directeur…
— Quoi donc ?
— C’est qu’il a son petit jeune homme.
— Son petit jeune homme ? Qu’est-ce que ça fait ? Faites-le entrer avec son petit jeune homme.
M. Empis, ignorant celle expression argotique, croyait que Musset amenait avec lui un jeune ami.
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