Poseur

Poseur

France, 1907 : Vaniteux, homme qui étale sa sottise.

Si vous voulez voir passer sous vos yeux quelques variétés de l’espèce, lisez les Kamtchatka, la brave et joyeuse satire où Léon Daudet vient de bâtonner tous ces farceurs-là, comme au dénouement des Précieuses. Vous rirez, vous vous amuserez, certes, mais votre sensation définitive sera plutôt triste. Car, hélas ! l’auteur vous fera toucher du doigt cette pénible vérité, que l’infériorité de l’esprit finit par se communiquer au cœur, que la sottise est sœur de la méchanceté et que souvent, dans un poseur, il y a le germe d’un scélérat.

(François Coppée)

Les orateurs étaient des convaincus, un peu fous pour la plupart, ou bien des poseurs, tenant à parader sur une tribune, qui faisaient les propositions les plus renversantes, formulaient les plans de guerre les plus extravagants.

(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)

Poseur de lapins

France, 1907 : Individu sans scrupules qui se procure gratis ce que certaines femmes ont coutume de vendre.

Le poseur de lapins se distingue du commun des hommes en ce que, né vertueux, il aime à voir lever l’aurore. Imiter à la perfection le rude accent des princes valaques, faire sonner l’or en ses goussets exclusivement garnis de frêles cuivreries chipées soit à des garçons de bains, soit à des croupiers de tripots, exceller à enjamber, plus léger que le zéphyr lui-même, un jeune corps endormi qui lui barre le chemin : tels sont les talents de société qui le recommandent à l’attention du philosophe maquereaulogiste.

(Georges Courteline)

Lé mot s’emploie aussi dans le sens de fumiste, hâbleur, faiseur de dupes.

Pour faire un candidat potable, il faut foutre les scrupules au rancart ; il faut être hâbleur, épateur, esbrouffeur, posticheur, cajoleur, hypocrite, metteur, poseur de lapins, monteur de bateaux, marchand d’orviétan… Il faut avoir tous les cynismes, nom de dieu !

(Le Père Peinard)

Et ceci démontre à gogo
À quelle blague un Lamartine
Peut en venir quand il tartine
Et quel poseur de lapins fut Hugo !

(Émile Bergerat)

Poseur, poseuse

Rigaud, 1881 : Homme, femme, qui affecte des allures ou un langage étudié. — Celui, celle qui cherche à produire de l’effet au moyen d’une attitude étudiée. Au théâtre, le poseur fait des effets de torse ; il projette sa poitrine sur le devant d’une loge, lorgne avec affectation ; au bal, il s’accoude sur le marbre de la cheminée ; au Bois de Boulogne, il fait piaffer sa monture devant les équipages de luxe ; dans la conversation, il récite avec emphase une tirade politique lue, le matin, dans un journal, ou il traite une question d’art étudiée, la veille, dans un livre. — La poseuse fait des effets de toilette.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique