d’Hautel, 1808 : Pour caprice, fantaisie.
Il a autant de rats qu’un chat a de puces. Se dit d’un homme pétri de caprices et de fantaisies.
On dit d’une arme à feu, qu’Elle a un rat, quand le chien s’est abattu sans faire prendre l’amorce ; on le dit aussi d’une serrure mêlée, que l’on ne peut ouvrir qu’après avoir tourné la clef mainte et mainte fois.
Un nid à rats. Un taudis, un logement étroit, sale et obscur.
Une queue de rat. Se dit par raillerie de la queue d’un homme, ou d’un cheval, petite et peu garnie.
Il n’est pas plus haut qu’un rat. Se dit par mépris d’un homme de très-petite taille, qui se fourre partout, se mêle de toutes les affaires, et fait le fanfaron et le méchant.
Être comme rat en paille. Nager dans l’abondance ; être à bouche que veux-tu.
Prendre des rats par la queue. Filouter, couper des bourses.
Mon rat. Nom flatteur et caressant que l’on donne par amitié à un jeune homme ou à une jeune fille.
Ansiaume, 1821 : Voleur de balle, la nuit.
Le cardeuil l’a mis au mille pour avoir couru le rat.
Larchey, 1865 : « Cette expression s’applique à tout retardataire de l’École polytechnique. Quiconque après son examen de sortie est exclu par son rang des ponts et chaussées est rat de ponts ; le rat de soupe est celui qui arrive trop tard à table. »
(La Bédollière)
Larchey, 1865 : « Le rat est un des éléments de l’Opéra, car il est à la première danseuse ce que le petit clerc est au notaire… — Le rat est produit par les portiers, les pauvres, les acteurs, les danseurs. Il n’y a que la plus grande misère qui puisse conseiller à un enfant de huit ans de livrer ses pieds et ses articulations aux plus durs supplices, de rester sage jusqu’à dix-huit ans uniquement par spéculation et de se flanquer d’une horrible vieille comme vous mettez du fumier autour d’une jolie fleur… — Un rat à onze ans est déjà vieux. Dans deux ans elle peut valoir 60 000 francs, être rien ou tout, un nom célèbre ou une vulgaire courtisane. »
(Roqueplan. 1841)
Larchey, 1865 : « Petits pégriots qui se cachaient à la brune sous un comptoir afin d’ouvrir la nuit la porte du magasin à leurs collègues. Il paraît qu’on ne fermait qu’au pène les boutiques dans ce temps-là. Aujourd’hui le rat qui restera en vedette chez un marchand de vin aurait besoin de ses amis du dehors pour le délivrer. » — A. Monnier.
Larchey, 1865 : Avare, pauvre.
Je vous dénonce mon propriétaire qui est un rat fini.
(Bertall)
Larchey, 1865 : Bougeoir, bougie mince et tortillée dont le brin rappelle la queue du rat.
Je vous demanderai la permission d’allumer mon rat.
(H. Monnier)
Larchey, 1865 : Caprice, fantaisie trottant comme un rat dans la cervelle. V. d’Hautel, 1808.
Delvau, 1866 : s. et adj. Avare ; homme intéressé.
Delvau, 1866 : s. m. Bougie cordelée et repliée de façon à tenir dans la poche. On l’appelle aussi, rat de cave.
Delvau, 1866 : s. m. Caprice, — dans l’argot du peuple, qui dit cela aussi bien à propos des serrures qui ne vont pas que des gens qui font mauvaise mine. Autrefois, Avoir des rats c’était « avoir l’esprit folâtre, bouffon, étourdi, escarbillard, farceur et polisson ».
Delvau, 1866 : s. m. Petit voleur qui entre dans une boutique un peu avant sa fermeture, se cache sous le comptoir en attendant que les maîtres du logis soient couchés, et, lorsqu’il est assuré de l’impunité, ouvre la porte à ses complices du dehors. On dit aussi Raton. Courir le rat. Voler la nuit dans une auberge ou dans un hôtel garni.
Delvau, 1866 : s. m. Petite fille de sept à quatorze ans, élève de la danse qui est à la première danseuse ce que le saute-ruisseau est au notaire, et qui devient bien plus facilement célèbre comme courtisane que comme rivale de Fanny Essler. Le mot date de la Restauration, quoique quelques personnes — mal informées — lui aient donné, comme date, 1842, et comme père, Nestor Roqueplan.
Delvau, 1866 : s. m. Retardataire, — dans l’argot des Polytechniciens. Rat de ponts. Celui qui, après son examen de sortie, est exclu par son rang des Ponts-et-Chaussées. Rat de soupe. Celui qui arrive trop tard au réfectoire.
Rigaud, 1881 : Apprentie danseuse à l’Opéra.
Le vrai rat, en leur langage, est une petite fille de sept à quatorze ans, élève de la danse, qui porte des souliers usés par les autres, des châles déteints, des chapeaux couleur de suie, se chauffe à la fumée des quinquets, a du pain dans ses poches et demande dix sous pour acheter des bonbons.
(N. Roqueplan)
Rigaud, 1881 : Avare. Parce qu’à l’exemple du rongeur de ce nom il rogne tout ce qu’il peut.
Rigaud, 1881 : Retardataire, par apocope, — dans le jargon de l’École Polytechnique. On est rat, lorsqu’on a raté (manqué) l’heure de la rentrée.
La Rue, 1894 : Avare. Petit voleur. Retardataire. Apprentie danseuse à l’Opéra.
France, 1907 : Avare. Être d’un rat, être d’une sordide avarice.
Deux cabotins prennent un bock dans un café du boulevard.
X…, le célèbre chanteur, survient et va s’installer à la table voisine.
— Tu vois, dit l’un des cabotins à son camarade, ce gaillard-là, c’est le fameux X…
— On dit qu’il est d’un rat !
— Précisément..… Et pourtant il a soixante mille francs de rente dans le larynx.
— Et dire qu’on ne peut pas lui faire cracher un sou !
(Zadig)
France, 1907 : Bourse. Elle se cache comme un rat. Prendre des rats par la queue, voler des portemonnaie.
France, 1907 : Petit voleur.
L’apprenti voleur est aussi appelé rat ou raton, quand il sert à éclairer une bande pour s’introduire dans les maisons par les impostes, vasistas ou soupiraux, ou qu’il se cache le jour dans un immeuble, pour en ouvrir, la nuit, la porte à ses complices.
(G. Macé, Un Joli Monde)
Courir le rat, voler la nuit.
France, 1907 : Petite danseuse de ballet ; élève d’un cours de danse qui se destine au théâtre. Le mot date de la Restauration.
Déjà toute jeunette, rat du Théâtre Impérial des Bouffes à l’âge de la première communion, elle s’érigeait, très grande, avec un air de rêche femelle. Bien qu’elle eut nom Caro, on l’appelait le plus souvent la Savate ; les petites camarades disaient : « À cause qu’elle est plate comme une semelle, et qu’on y entre comme on veut. »
(Catulle Mendès, Gog)