Roue

Roue

d’Hautel, 1808 : Pousser à la roue. Exciter, porter quelqu’un à une action hardie ; ou l’aider, le secourir dans une entreprise difficile.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Écu. Roue de derrière, écu de six francs ; roue de devant, écu de trois francs.

Vidocq, 1837 : s. m. — Juge d’instruction.

Delvau, 1866 : s. f. Juge d’instruction, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 / La Rue, 1894 : Juge d’instruction.

Roué

d’Hautel, 1808 : Un roué. Au propre, celui qui a subi le supplice de la roue ; figurément, Lovelace, libertin rusé et adroit qui fait la terreur des mères et le déshonneur des filles qui ont la foiblesse de se laisser entraîner à ses perfides discours.

Larchey, 1865 : Juge d’instruction (Vidocq) — Il doit l’être.

France, 1907 : Juge d’instruction ; argot des voleurs.

France, 1907 : Libertin, homme sans principes, sans mœurs, en un mot digne du supplice de la roue.
Cette expression, tombée en désuétude, prit naissance sous la régence du duc d’Orléans, et ce fut lui-même qui gratifia de ce nom ses compagnons de débauche. Telles étaient la corruption et la fanfaronnade de dépravation de l’époque que ce sobriquet, au lieu d’être infamant, était fort prisé et c’est à qui, dans l’entourage du régent, s’efforcerait de s’en rendre digne par les plus odieux stupres et les plus infâmes séductions. Les roués avaient baptisé leurs laquais du nom de pendards.
« Le roué, dit Laharpe, dans son Cours de littérature, est un débauché, et les plaisanteries sur la roue pouvaient fort bien convenir à ces gens-là ; mais comment les femmes ont-elles pu prendre l’habitude de répéter à tout propos : « C’est un roué ; vous êtes un roué. » C’était apparemment pour ne pas dire un fat, un libertin, un vaurien, toutes expressions communes, tandis que roué venait de la cour. » Sous François Ier, on appelait les grands seigneurs libertins trinquants.

Roue (être à la)

Virmaître, 1894 : Malin, roublard (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Être à la coule.

Roue de derrière

M.D., 1844 : Pièce de cinq fr.

Delvau, 1866 : s. f. Pièce de cinq francs en argent, — dans l’argot des cochers, qui emploient cette expression depuis longtemps, puisqu’on la trouve dans les Œuvres badines du comte de Caylus. Les Anglais ont la même expression : A hind-coach-wheel, disent-ils à propos d’une pièce de cinq shillings (une couronne).

Rigaud, 1881 : Pièce de cinq francs en argent.

Mets tes lunettes, mon vieux, c’est une roue de derrière.

(X. de Montépin, Le Fiacre no 13.)

La Rue, 1894 : Pièce de cinq francs. Roue de devant, pièce de deux francs.

Virmaître, 1894 : Pièce de cinq francs en argent. Quand on n’en possède qu’une, la voilure va cahin-caha, mais, quand il y en a plusieurs, on roule vivement (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Pièce de cinq francs.

France, 1907 : Pièce de cinq francs. Elle est, comme les roues de derrière des voitures, plus grande que les autres pièces ; argot des voleurs. La roue de devant est la pièce de deux francs.

Au cidre ! au cidre ! il fait chaud,
Verse dru, la mère,
Au cidre ! au cidre ! il fait chaud,
J’ons cin’ rou’ d’derrière.
Du cidre il faut
À grand verre,
Du cidre il faut
À grand pot.

(J. Richepin, La Chanson des gueux)

anon., 1907 : Pièce de cinq francs.

Roue de derrière, de devant

Vidocq, 1837 : s. m. — Pièce de 5 fr., de 2 fr.

Larchey, 1865 : « Pièces de cinq, deux francs. » — Vidocq, 1837. — Allusion au diamètre respectif des roues de voiture.

Roues de derrière… expression des cochers pour dire pièces de cinq francs.

(Cabarets de Paris, 1821)

Je peux solir pour une roue de derrière ce qui m’a coûté cinquante ronds, c’est-à-dire vendre pour six francs ce qui m’a coûté cinquante sous.

(Avent. de J. Sharp, 1789)

Roue de devant

M.D., 1844 : Pièce de deux.

Delvau, 1866 : s. f. Pièce de deux francs. Les Anglais disent A fore-coach-wheel pour une demi-couronne.

Rigaud, 1881 : Pièce de quarante sous.

Roue de vielle

France, 1907 : Personne bavarde et ennuyeuse qui répète toujours la même chose, comme une vielle le même air.

Rouen

Halbert, 1849 : Officier de gendarmerie.

La Rue, 1894 : Officier de gendarmerie. Aller à Rouen, aller à sa perte.

France, 1907 : Officier de gendarmerie ; argot des voleurs, du vieux mot rouin, prévot.

Rouen (aller à)

Vidocq, 1837 : Se ruiner.

Rigaud, 1881 : Être sifflé, — dans le jargon des comédiens. — Courir à sa ruine. — Manquer une vente, — dans le jargon des commis de la nouveauté.

France, 1907 : Se ruiner. Jeu de mot. Faire un Rouen, manquer une vente. Argot des employés de commerce. Ces jeux de mots sont fréquents dans le peuple ; nous en avons donné quelques-uns dans aller à Niort, voici d’autres qui complètent la série :
Avoir été élevé à Asnières, être un ignorant, un âne.
Aller à Cachan,
se cacher.
Voyager en Cornouailles, être trompé par sa femme, jeu de mot sur cornes.
Aller à Dourdan,
être battu, du vieux mot dourder, battre.
Être de Lunel, être lunatique.
Envoyer à Mortaigne, envoyer à la mort, tuer.
Aller à Patras, mourir, jeu de mot sur ad patres.
Envoyer à l’abbaye de Vatan,
congédier.

Rouen (faire un)

Fustier, 1889 : Argot des commis de nouveauté. Id est faire l’article à un client qui part sans acheter ; le Rouen c’est le client.

Ça paraît vouloir s’allumer un peu, dit Hutin à Favier ; je n’ai pas de chance, il y a des jours de guignon, ma parole. Je viens encore de faire un Rouen ; cette tuile ne m’a rien acheté.

(Zola, Au bonheur des Dames)

Rouen (garçaillers de)

France, 1907 : Sobriquet donné aux Rouennais, qui passaient à tort ou à raison pour des coureurs de mauvais lieux, des guersilleurs on garçaillers. Le proverbe est vieux ; on le trouve dans les fabliaux : « Li garsilleor de Roam. » Chapelet remarque, dans ses Proverbes et dictons, qu’on dit encore en beaucoup d’endroits en Normandie, notamment à Louviers et Pont-de-l’Arche, les garçaillers, pour coureurs de garces.

Rouer

d’Hautel, 1808 : Rouer quelqu’un de coups. Le battre excessivement ; le maltraiter d’une manière affreuse.

France, 1907 : Faire la roue, étaler ses races, imiter le paon.

— Machin… dis-moi, ce vieux forban
Doit porter un ruban énorme !
Je le vois rouant comme un paon,
Machin, dis-moi, ce vieux forban ?
— Du tout, il porte son ruban
Démesurément filiforme.

(Raoul Ponchon)

Rouet

d’Hautel, 1808 : Mettre quelqu’un au rouet. Le déconcerter ; le réduire à ne savoir plus que dire.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique