d’Hautel, 1808 : Ce n’est pas si sûr que du vinaigre. Manière ironique de dire qu’une chose n’est pas aussi certaine qu’on paroît le croire.
Il n’y a rien de plus sûr que le plancher des vaches. C’est-à-dire que la terre.
Il est sûr de son bâton. Pour dire il est certain du succès de son entreprise.
Sûr
Sûr
Sur la planche
France, 1907 : En réserve.
J’ai des sujets, Dieu merci ! sur la planche ;
Je crois savoir,
Par exemple, pourquoi la Dane blanche
A le poil noir…
(Raoul Ponchon, Le Journal)
Sur le devant (bâtir)
France, 1907 : On dit d’une femme enceinte ou obèse qu’elle bâtit sur le devant ; on dit aussi dans le même sens qu’elle a un surcroit de bagages.
Sur le gril (être)
Vidocq, 1837 : v. p. — Attendre le prononcé de son jugement.
Rigaud, 1881 : Griller d’impatience ; cuire dans le jus de l’anxiété, Le condamné qui attend le verdict du jury est sur le gril.
Sur le pont
France, 1907 : Au complet. Allusion au commandement à bord des navires : « Tout le monde sur le pont ! »
Sur le sable
Rossignol, 1901 : Être sur le pavé sans rien et ne savoir quoi faire.
Sur le tas
Rossignol, 1901 : Une fille publique est sur le tas lorsqu’elle est dans la rue à chercher un michet.
Sur le tas (prendre)
France, 1907 : Prendre en flagrant délit.
Comme il nous prenait sur le tas, je lui ai refilé un coup de surin dans le colas, j’ai dit à non poteau de cromper et mézigue s’est fait la paire.
(Delesalle, Autobiographie d’un malfaiteur)
Sur lege libertas
France, 1907 : Liberté sous la loi. Locution latine.
Sur seize !
Delvau, 1866 : Exclamation de l’argot des calicots, qui l’emploient pour se prévenir mutuellement d’un péril quelconque, comme par exemple de l’arrivée subite du patron, etc.
France, 1907 : Mot d’alerte des employés de boutique pour prévenir de la venue du patron.
Sur son sac (être)
France, 1907 : Prendre grand soin de son argent, être d’une économie voisine de l’avarice.
Le petit marquis de la Rochetaillée tenait la banque et perdait une grosse somme. Il est vrai qu’il jouait loyalement sans cartes préparées par les garçons de jeux, et le hasard seul, le hasard honnête, lui faisait sortir des bûches à tout coup, au lieu de huit ou neuf.
Il devenait nerveux. Sa petite figure efféminée s’allongeait lamentablement ; car tout riche et bon joueur qu’il fût, sa culotte se chiffrait à ce moment par une cinquantaine de mille francs, et comme il était marié sous le régime dotal à une femme très sur son sac (comme il disait lui-même), il éprouvait une sérieuse inquiétude.
(Théodore Cahu, Vendus à l’ennemi)
Sur son trente et un (être)
France, 1907 : Avoir revêtu ses plus beaux habits, être endimanché.
À dix heures du soir, le prince se fit annoncer. Émilienne sur son trente et un l’attendait. Peut-être qu’une parenthèse serait utile pour expliquer en quoi consiste le trente et un d’Émilienne. C’est tout simplement une chemise de linon et ses cheveux blonds dénoués autour de sa jolie tête.
(Fin-de-siècle)
Sur-rincette
Delvau, 1866 : s. f. Supplément à la rincette, — dans l’argot des bourgeois.
Surbile
M.D., 1844 : Sous la surveillance de la haute police.
Surbin
France, 1907 : Surveillant, espion.
Surbine
Vidocq, 1837 / un détenu, 1846 : Surveillance.
Larchey, 1865 : Surveillance (Vidocq).
Delvau, 1866 : s. f. Surveillance, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Surveillance de la haute police.
La Rue, 1894 : Surveillance de la police.
Virmaître, 1894 : Surveillance. Être en surbine : être surveillé. Rompre sa surbine : quitter la ville où l’on était en surveillance pour aller dans une autre ville. Autrefois on disait : rompre son banc ; c’est vieux jeu (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : Surfaire. Si un objet qui est vendu 2 francs, le marchand le vend 3 francs, il lui fait de la surbine.
Rossignol, 1901 : Surveillance. L’agent qui surveille quelqu’un est en surbine. Le condamné qui a purgé sa peine et qui, lors de sa condamnation, a été soumis à la surveillance, est en surbine. Il y a encore quelques années, la peine de travaux forcés à temps ou la réclusion entraînait la surveillance à vie. Une nouvelle loi réduisit la surveillance des condamnés qui était dans ce cas à vingt ans ; puis le tribunal pouvait et peut encore condamner sans prononcer de surveillance. Cette loi a encore été abrogée et l’interdiction de séjour a remplacé la surveillance. Le surveillé avait une résidence qui lui était assignée, et toutes les semaines il devait se présenter au commissariat de police de la ville pour faire constater sa présence. Aujourd’hui l’interdit peut aller où bon lui semble, à l’exception des principales villes, ce qui fait que l’on rencontre tant de chemineaux sur les routes.
Hayard, 1907 : Surveillance.
France, 1907 : Surveillance.
Moi, j’ai besoin qu’ma Louis turbine.
Sans ça, j’tire encore un congé
À la maz ! Gare à la surbine !
J’deviens grinch’ quand j’ai pas mangé.
(J. Richepin, La Chanson des gueux)
Surbiner
M.D., 1844 : Surfaire.
France, 1907 : Guetter, surveiller.
Surclouer
France, 1907 : Renouveler un engagement au mont-de-piété ou chez un prêteur sur gages ; littéralement remettre au clou.
Suren
France, 1907 : Espèce de raisin des environs de Vendôme qui produit un excellent vin qui s’améliore en vieillissant. C’est ce vin qu’appréciait fort Henri IV et non la piquette que fournissent les vignes de Suresnes près de Paris, comme on le croit généralement. Il existe encore près de Vendôme, dans l’ancien patrimoine du roi buveur et galant, un clos de vigne appelé Closerie Henri IV.
Suret
France, 1907 : Acide, sur. Vin suret ; argot populaire.
Sûreté (la)
Rigaud, 1881 : La police de sûreté.
Surette
un détenu, 1846 : Pomme d’un arbre.
Delvau, 1866 : s. f. Pomme, — dans le même argot [des voleurs].
Virmaître, 1894 : Pomme. Allusion à l’acidité de ce fruit que l’on rencontre en Normandie sur les grandes routes (Argot des voleurs).
France, 1907 : Pomme âpre.
Surfine
Rigaud, 1881 : Sœur de charité.
Fustier, 1889 : Femme qui s’introduit chez les personnes âgées et les vole sous prétexte de quêter en faveur des pauvres.
La Rue, 1894 : Sœur de charité. Voleuse qui s’introduit dans les maisons sous le prétexte de quêter.
Virmaître, 1894 : Sœur de charité (Argot des voleurs). N.
France, 1907 : Sœur de charité ou voleuse qui va mendier à domicile sons le prétexte d’œuvres pieuses, orphelinats, petits Chinois, tuberculeux, et autres prétextes pieux d’extorquer l’argent des bonnes âmes.
Surfine, ou sœur de charité
Vidocq, 1837 : Les voleurs donnent ce nom à des voleuses qui procèdent à-peu-près de cette manière :
L’âge de la Sœur de Charité est raisonnable, sa mise décente, même quelque peu monastique, elle fréquente les églises, assiste à toutes les messes, fait l’aumône, fait allumer des cierges, se confesse et communie au besoin ; après avoir quelque temps fréquenté une église et s’y être fait remarquer par sa piété et son exactitude, la Sœur de Charité cause avec les employés de l’église et les prie de lui indiquer quelques nécessiteux dignes d’intérêt, car elle est, dit-elle, chargée de distribuer les aumônes d’une riche veuve ; l’un des employés, soit la loueuse de chaises ou tout autre, lui indique aussitôt quelques pauvres auxquels elle donne immédiatement deux ou trois francs, et elle se retire après avoir pris leur adresse et leur avoir promis des secours plus considérables.
Quelques jours après la Sœur de Charité rend chez un des pauvres qu’elle a assisté, et lui dit qu’elle est heureuse de pouvoir lui annoncer que madame la marquise ou madame la comtesse veut bien prendre sa position en considération, et lui accorder quelques secours ; mais, ajoute-t-elle, madame, qui ne veut point que ses bienfaits servent à satisfaire des passions mauvaises, ne donne jamais d’argent. Vous allez me dire ce qui vous manque, et vous l’obtiendrez en nature ; elle examine alors les effets de son protégé, fouille partout, car elle veut acquérir la certitude qu’on ne simule pas des besoins que l’on n’éprouve point.
Les pauvres honteux possèdent presque toujours, quelques débris de leur fortune passée, qui servent à leur rappeler des temps plus heureux ; pendant qu’elle fouille dans les tiroirs, la Sœur de Charité sait s’emparer adroitement de ces objets ; cela fait, elle fait sortir le pauvre diable pour le mener de suite chez la noble dame qui veut bien s’intéresser à lui, mais avant d’être arrivés à la destination indiquée elle a trouvé le moyen de s’en débarrasser.
Dans le courant de l’année 1814, deux Romamichelles, la mère Caron et la Duchène, dévalisèrent, en procédant ainsi, un grand nombre de malheureux ; elles avaient, à la même époque, commis un vol très-considérable au préjudice du brave curé de Saint-Gervais ; ces deux femmes, découvertes et arrêtées par moi, furent condamnées deux mois après la consommation de ce dernier vol.
Surge et ambula
France, 1907 : Lève-toi et marche. Locution latine rappelant les paroles de Jésus au paralytique.
Surgebé (être)
Vidocq, 1837 : v. p. — Être condamné en dernier ressort.
Rigaud, 1881 : Être condamné en dernier ressort.
Surgebement
Vidocq, 1837 : s. m. — Arrêt définitif en cassation.
Rigaud, 1881 : Rejet du pourvoi d’un condamné.
Surgeber
Larchey, 1865 : Condamner en appel (Vidocq). — De gerber.
Surgerbé
La Rue, 1894 : Condamné en appel.
Surgerbement
France, 1907 : Aggravation d’une condamnation à la cour d’appel.
Surgerber
Delvau, 1866 : v. a. Condamner en appel, — dans le même argot [des voleurs].
Virmaître, 1894 : Être condamné en appel (Argot des voleurs).
France, 1907 : Condamner en appel.
Surie
France, 1907 : Tuerie ; vieil argot.
Sûrie
France, 1907 : Prude.
Sûr que c’est pas eune Égérie
Qui, bien qu’repoussant du flingot,
F’rait p’têt sa tourte et sa sûrie
Pass’ que j’jacqu’t’rai en parigot.
(Jehan Rictus, Les Soliloques du pauvre)
Surin
Clémens, 1840 : Sabre.
un détenu, 1846 / Halbert, 1849 : Couteau.
Larchey, 1865 : Couteau. V. Chemin.
Les artistes en surin commencent à s’expatrier.
(Delvau)
Delvau, 1866 : s. m. Couteau, — dans le même argot [des voleurs]. Surin muet. Canne plombée ; casse-tête.
Rigaud, 1881 : Couteau. — Suriner, tuer à coups de couteau. — Surineur, assassin qui travaille au couteau. Ce sont des dérivés de suer, suage.
La Rue, 1894 : Couteau. Suriner, tuer à coups de couteau.
Virmaître, 1894 : Couteau. Surin muet : canne plombée ; elle surine sans bruit.
Rossignol, 1901 / Hayard, 1907 : Couteau.
France, 1907 : Couteau, poignard.
Après dix heures, tous les commissariats sont définitivement fermés jusqu’au lendemain matin… Et c’est à ce moment, quand les filous sortent, quand les filles encombrent le trottoir, quand les escarpes aiguisent leurs surins, que la police ferme sa porte !
(Hogier-Grison, La Police)
Dans c’t’auberge lamentable,
À coups de surins,
On égorge sur la table
De fameux lapins.
(Victor Meusy, Chansons d’hier et d’aujourd’hui)
Surin muet
France, 1907 : Casse-tête.
Surin, suriner
Merlin, 1888 : Couteau — Frapper à coups de couteau — de l’argot parisien.
Suriner
Clémens, 1840 : Frapper à coups de couteau.
un détenu, 1846 : Assassiner.
Delvau, 1866 : v. a. Assassiner quelqu’un avec un surin. V. Chouriner.
Virmaître, 1894 : Assassiner à coups de couteau. Cette expression remplace celle de chouriner (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : Tuer à coups de couteau.
Hayard, 1907 : Assassiner.
France, 1907 : Donner des coups de couteau, assassiner avec une arme tranchante.
Pendant le jour on peut l’voir
Usant dignement l’trottoir
Entre Montrouge et Bell’ville,
L’sergent d’ville.
Mais qu’la nuit on vous surine
Comme il est intelligent,
C’est au galop que s’débine
Le parfait agent (bis).
(É. Blédort, Chansons de faubourg)
Surineur
Halbert, 1849 : Donneur de coups de couteau.
Delvau, 1866 : s. m. Spécialiste du genre de Lacenaire. V. également Chourineur.
France, 1907 : Assassin, de surin, couteau. C’est le mot que dans les Mystères de Paris Eugène Sue, qui avait appris l’argot d’un auvergnat, traduisit par chourineur.
Surjuin
Delvau, 1866 : s. m. Insurgé de juin 1848, — dans l’argot des campagnards de la banlieue de Paris, pour qui un mot nouveau n’est facile a retenir qu’autant qu’il est court et sonore.
Surmenage
France, 1907 : Excès de travail exigé maintenant dans les établissements d’éducation pour arriver à fabriquer des bureaucrates, des ratés ou des ambitieux.
Ce qui est caractéristique dans notre existence trépidante, c’est l’impatience. Béroulde de Verville ajouterait facilement, aujourd’hui, un chapitre narquois à son Moyen de parvenir. Il lui faudrait, pour être complet, la collaboration de quelque disciple de Charcot. À un certain degré, l’impatience devient une névrose constatée, et lorsque le surmenage conduit au coup de revolver un Parisien qui n’avait qu’à se laisser vivre, c’est que la maladie était latente, mais indéniable.
(Jules Claretie)
Surmeneuse
Fustier, 1889 : C’est ainsi qu’on désigne maintenant les filles à la mode. Elles surmènent de toutes façons les heureux mortels qu’elles ont daigné distinguer. Allusion au surmenage intellectuel dont on parle tant aujourd’hui.
Une voiture emportant une de nos surmeneuses connues croise une victoria où sont deux de ses collègues
(Charivari, nov. 1888)
Surmouleur
Delvau, 1866 : s. m. Écrivain qui, volontairement ou à son insu, pastiche d’autres écrivains, et emploie tout son talent à exagérer les mauvais côtés du talent des autres. Argot des gens de lettres.
France, 1907 : Écrivain qui imite les défectuosités du style d’un confrère.
Surnom connaît-on l’homme (au)
France, 1907 : Ce dicton date du XIIIe siècle où des surnoms furent appliqués à chaque individu afin qu’on pût les distinguer de leurs parents ou de leurs concitoyens, car on ne portait alors que les noms reçus en baptême. Il y avait donc dans la même commune quantité de Jacques, de Martin ou de Benoit, ce qui prêtait matière à confusion. Ces noms nouveaux devenus plus tard noms de famille furent pris dans les professions ou métiers que chacun exerçait ; on eut ainsi Charbonnier, Boulanger, Maçon, Couturier, etc. ; en d’autres cas ils furent tirés des manies ou des infirmités de l’individu, Lentété, Lesimple, Legros, Lenain, Leboîteux, etc., etc. ; d’autres fois encore les ouvriers allant d’une ville à l’autre prenaient le nom de leur province ou de leur localité, Champenois, Lorrain, Flamand, Picard, Montpellier, Orléans, etc., etc. ; enfin les nobles joignirent à leur nom patronymique celui de leur fief ou seigneurie.
De là le vieux dicton : au surnom cognoit on l’homme.
Surnu
Fustier, 1889 : Surnuméraire. Argot des employés d’administration, en général.
Suroît
France, 1907 : Coiffure de mer.
Surrincette
France, 1907 : Petit verre de liqueur qui succède à la rincette.
Et l’abbé Trudet, se levant, ou, pour mieux dire, se sauvant de table, avala son café avec tant de hâte et une indifférence telle que nous en demeurâmes stupéfaits, nous, ses amis (et combien de fois ses hôtes !) qui connaissions ses habitudes de flânerie, à table, et surtout le dimanche, et le régal que prenait le bonhomme, tout en bavardant à humer à lèvres dévotes, avec lenteur et componction, non seulement le café que dame Rose faisait dans la perfection, mais encore et surtout le pousse et le repousse-café, rincette, surrincette, rinçonnette et, pour finir, le coup de l’étrier, qu’il avait baptisé le dernier son de la messe.
(Jean Richepin)
Surse (faire la)
Rigaud, 1881 : « Quand on s’amuse (au magasin), un des commis fait la surse. Faire la surse, c’est faire sentinelle. La sentinelle veille et observe, et dès que le patron apparaît, un cri de convention, qui ne peut éveiller aucune défiance, retentit dans le magasin et se répète d’un rayon à l’autre. Comme par exemple 8.50 ! ou 9.50 ! » (Commis et demoiselles de magasin, 1868.) Longtemps le mot d’ordre fut sur seize ! L’hiver dernier, aux magasins du Printemps, c’était : « Voyez gants Suède no 1 », ou « voyez Suède 1 ». — Nous laissons à de plus savants que nous le soin d’éclaircir l’étymologie et d’affirmer si le surse de MM. les calicots vient du latin sursum. Pourquoi pas ? Il doit y avoir de bons latinistes parmi ces gentlemen. Il y a bien un ancien prix d’honneur de rhétorique actuellement cocher de fiacre, et un docteur ès-lettres, chiffonnier.
Sursum corda
France, 1907 : Haut les cœurs.
Surtaille (la)
France, 1907 : Les agents de la Sûreté ; argot des malfaiteurs. Jeu de mot sur sûreté.
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