Vidocq, 1837 : Celui qui vend, en employant une ruse ou une autre, un objet beaucoup au-dessus de sa valeur.
Si vous rencontrez sur la voie publique un homme vêtu d’un costume de militaire où de matelot et parlant haut à un individu auquel il offre un objet ou un autre, il y a cent à parier contre un que c’est un Solliceur à la Goure. Et si, lorsque vous passerez près de lui, vous êtes assez imprudent pour lever la tête, vous êtes aux trois quarts perdu.
« Je ne puis vous donner que 17 francs de ce que vous me présentez, dit alors le particulier. — 17 francs d’un objet qui coûte en fabrique 35 francs ! Il faut être bien voleur pour vouloir profiter ainsi de la misère d’un pauvre diable, répond le soldat. » Puis il vous montre l’objet qu’il désire vendre, et il sait si bien s’y prendre, que vous devenez sa dupe.
Les Solliceurs à la Goure vendent de cette manière des parapluies, des rasoirs, des bijoux et mille autres choses encore.
D’autres Solliceurs à la Goure vendent de l’huile d’Aix première qualité, à vingt trois ou vingt quatre sous la livre. Ils colportent cette huile dans des cruches qui peuvent en contenir huit à quinze livres. On goûte cette huile que l’on trouve excellente, et séduit par le bon marché, on se détermine à en faire emplette ; on paie le contenu, et l’on se trouve n’avoir qu’une ou deux livres d’huile, lorsque l’on en a payé huit à quinze : le reste de ce que contient la cruche n’est que de l’eau. Lorsque l’on achète de l’huile, il faut dépoter, c’est le seul moyen de ne pas être dupe.
Solliceur à la goure
Solliceur à la goure
Argot classique, le livre • Telegram