Téton

Téton

France, 1907 : Sein de la femme, le plus doux oreiller de l’homme.

Sur un col blanc, qui fait honte à l’albâtre,
Sont deux tétons, séparés, faits au tour,
Allant, venant, arrondis par l’amour.

(Voltaire)

— Ce petit chef-d’œuvre du jour
Renferme une gorge bien dure…
— Allez, l’abbé ! c’est imposture,
Lui dis-je, en lui poussant la main
Dont le jeu devenait badin.
— Comment donc ! me dit-il, la belle,
Vous voulez faire la cruelle !
Laissez-moi prendre ces tétons !…

(Vadé)

Son haleine, comme sa peau
À des senteurs de fruit nouveau,
Quand on aspire entre ses dents,
On croit respirer du printemps,
Voilà pourquoi nous la chantons :
Vive la Noire et ses tétons !

(Aristide Bruant, Marche du 113e)

On écrivait au XVIIIe siècle ce mot avec deux t.

… Deux petits tettons que Dieu fit
Pour qu’aussitôt la main désire
De toucher ce que l’œil admire.

(Grécourt)

Téton (donner un)

France, 1907 : Pincer la poitrine ; argot du Borda.

Téton de satin

France, 1907 : Seins de vierge.

Téton de satin blanc tout neuf

Rigaud, 1881 : Sein de jeune fille. L’expression est de Marot. Elle est encore usitée de nos jours.

Des nichons lui étaient venus, une paire de nichons de satin blanc tout neufs.

(É. Zola, L’Assommoir)

Téton de Vénus

France, 1907 : Seins faits au tour raides et fermes.

Comme elle portait une robe légère malgré décembre, on voyait sous son fichu pointer les tétons de Vénus que le froid raidissait. Et pas de flic-flac… non, c’était planté solidement.

(Jean Richepin, Le Pavé)

Tetonnière

Delvau, 1866 : s. f. Femme ou fille que la Nature a richement avantagée, — dans l’argot du peuple, fidèle à sa langue nourricière.

Tétonnière

Delvau, 1864 : Femme amplement pourvue de mamelles.

Dans le cabaret où ils soupaient servait une grosse tétonnière d’Andalousie.

(Pigault-Lebrun)

Rigaud, 1881 : Femme aux puissantes mamelles. Femme digne de jouer les Junons à la ville, au théâtre et aux champs.

France, 1907 : Femme ou fille bien pourvue en réservoirs de la maternité.

Les femmes du Directoire n’avaient, d’ailleurs, rien des délicatesses et des grâces alanguies qui constituèrent par la suite ce qu’on nomma la distinction. Presque toutes furent des luronnes, masculinisées, fortes sur le propos, à la carnation empourprée, à l’embonpoint débordant, des tétonnières à gros appétit, à gourmandise gloutonne, dominées par leurs sens, bien qu’elles affectassent des pâmoisons soudaines où des migraines qu’elles ignoraient.

(Octave Uzanne, La Française du siècle)

Un jour, Marie-Antoinette se plaignait d’être plus grosse qu’une femme ne doit l’être dans son état.
— C’est que vous êtes naturellement ventrue, Madame, dit le docteur Vermont. Une autre fois, la reine se plaignait de sa gorge volumineuse.
— C’est que vous êtes naturellement tétonnière, fit Vermont.
Ces mots, répétés, faisaient beaucoup rire ces dames.

(Jean Bernard)

Tétons

Delvau, 1864 : La gorge d’une femme.

Sur un col blanc, qui fait honte à l’albâtre,
Sont deux tétons, séparés, faits au tour,
Allant, venant, arrondis par l’amour.

(Voltaire)

Donne-moi tes tétons.

(La Popelinière)

Comme le gland d’un vieux qui baise
Flotte son téton ravagé.

(Parnasse satyrique)

Si son cœur est de roche.
Ses tétons n’en sont pas.

(J. Duflot)

Delvau, 1866 : s. m. pl. La gorge de la femme. Tétons de satin blanc tout neufs. Virgo pulchro pectore. C’est un vers de Marot resté dans la circulation.

Tétons (casses à)

France, 1907 : Pour composer facilement, il faut éviter de trop emplir sa casse ; certains compositeurs se plaisent à faire ce qu’on appelle en argot d’atelier des casses à tétons, c’est-à-dire de petits monticules de lettres dépassant les parois des cassetins en hauteur. En agissant ainsi, on s’expose, en composant, à faire dégringoler le trop-plein d’un cassetin dans un cassetin inférieur, ce qui fait que souvent dans les casses trop bondées, les lettres, lorsqu’on arrive en composant à fond de cale, sont tellement mélangées, qu’on est obligé, pour ainsi dire, de les regarder une à une et de perdre un temps considérable à relire ses lignes si on ne veut pas avoir une composition constellée de coquilles.

(V. Breton, Causerie typographique)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique