Tailler

Tailler

Rigaud, 1881 : Tenir la banque au baccarat.

Avoir une veine pareille et ne pas tailler !

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

Bien tailler, gagner à la banque ; mal tailler, y perdre, mal connaître le jeu.

France, 1907 : Battre un jeu de cartes. Tailler un arc-en-ciel, c’est, dans l’argot des grecs, battre les cartes en les faisant sauter de façon à les voir.

Taille toujours en arc-en-ciel,
Pour le flambeur c’est un vrai miel.

(Hogier-Grison, Pigeons et vautours)

Tailler à la mouillade

France, 1907 : Tailler sur le marbre ; argot des joueurs.

Ne taille pas à la mouillade,
On n’y affure pas civade.

(Hogier-Grison, Maximes des tricheurs)

Tailler des bavettes

Delvau, 1866 : v. a. Bavarder comme font les commères à la veillée, — dans l’argot du peuple, qui sait que les femmes déchirent plus de réputations à coups de langue qu’elles ne cousent de robes à coups d’aiguille.

Tailler des croupières

Delvau, 1866 : v. a. Donner de l’inquiétude à son ennemi, le harceler sans cesse.

Tailler l’école, le collège

Rigaud, 1881 : Faire l’école buissonnière ; aller galopiner, aller jouer aux billes au lieu d’aller en classe.

Tailler le collège, l’atelier

France, 1907 : S’absenter du collège ou de l’atelier ; faire l’école buissonnière.

Tailler les morceaux

France, 1907 : Prescrire à quelqu’un ce qu’il doit faire ; lui dicter sa conduite.

Tailler les morceaux à quelqu’un

Delvau, 1866 : v. a. Limiter ce qu’il doit manger ou dépenser ; lui prescrire ce qu’il doit faire.

Tailler sur le marbre

France, 1907 : Dans les cercles bien tenus, l’administration exige que le banquier au baccara taille sur le marbre, c’est-à-dire que laissant le paquet de cartes posé sur une plaque de marbre, il distribue une à one les cartes aux pontes. Ainsi se trouve évitée l’une des tricheries les plus ordinaires des philosophes et autres variétés de grecs : le filage, qui consiste à substituer, pour parfaire le point nécessaire, une carte à une autre.

Tailler une basane

Rigaud, 1881 : Exécuter le geste familier aux voyous, geste qui consiste à s’administrer une claque sur la cuisse et à relever vivement jusqu’au bas ventre la main, paume ouverte, les quatre derniers doigts battant l’air. L’expression appartient aux soldats de cavalerie qui ne craignent pas d’exécuter ce geste sur la basane de leur culotte.

France, 1907 : Geste d’insulte consistant à se frapper sur la cuisse et à décrire avec le pouce pour pivot un demi-cercle qui ramène la main ouverte au-dessus des parties génitales.

Et tandis que du revers de sa main il se caressait le menton, de l’autre il se gifla la cuisse, taillant une basane gigantesque au nez du colonel absent.

(Georges Courteline)

Tailler une bavette

France, 1907 : Bavarder.

D’la tribune à la buvette
Les gauchers et les droitiers
Vont avaler des d’mi-setiers
Ou bien tailler une bavette.

(Victor Meusy)

Fournir des tailles de bavette, faire surgir des prétextes à bavardage.

Tailler une croupière

Rigaud, 1881 : Surpasser, distancer moralement ou physiquement, — dans le jargon des soldats de cavalerie.

France, 1907 : Surpasser ; argot de cavalerie.

Tailler une plume

Virmaître, 1894 : Il est des employés qui se servent encore de plumes d’oie ; à la fin du mois, ils vont s’en faire tailler chez des spécialistes (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Les filles publiques n’ont pas besoin de canif pour tailler une plume d’oie.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique