Tap

Tap

Ansiaume, 1821 : Carcan.

Tandis que j’étois au tap, j’ai vu ta larque qui lansquinoit.

Virmaître, 1894 : Se disait autrefois des condamnés à être exposés publiquement et marqués au fer rouge. Travaux forcés à temps, T. F. T. Travaux forcés à perpétuité T. F. P. Faire le tapin c’était être exposé (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : Pilori ; échafaud où l’on exposait autrefois les forçats sur les places publiques avant de les expédier au bagne.

Je monte à la Cigogne,
On me gerbe à la grotte
Au tap et pour douze ans.

La tape était la marque infligée sur l’épaule avec un fer rouge. On l’appelait aussi taroque. Faire la parade au tap, c’était être exposé au pilori. Cette coutume barbare cessa en 1830.

Tap blanc

Vidocq, 1837 : s. f. — Dent.

France, 1907 : Dent.

Tap ou tapin

Delvau, 1866 : s. m. Poteau du pilori, — dans l’argot des voleurs. Faire le tapin. Être exposé. On dit aussi Faire le singe.

Tap ou tapin (faire le)

Vidocq, 1837 : v. a. — Être attaché au poteau.

Tapable

France, 1907 : Naïf qui se laisse facilement prendre par des promesses, se laisse taper.

Tapage

Delvau, 1866 : s. m. Amour, — dans l’argot des typographes.

Rigaud, 1881 : Emprunt. — Fort tapage, emprunt d’une forte somme.

Rigaud, 1881 : Séduction exercée sur une femme. Est d’un degré plus relevé que le levage, en ce sens que la femme tapée songe moins à ses intérêts qu’au plaisir qu’elle aura.

La Rue, 1894 : Amour, séduction. Emprunt.

France, 1907 : « Séduction exercée sur une femme, d’un degré plus relevé que le « levage », en ce sens que la femme tapée songe moins à ses intérêts qu’au plaisir qu’elle aura. »

(Riaut)

France, 1907 : Emprunt d’argent.

Tapageur

d’Hautel, 1808 : Crâne, fanfaron ; bretteur qui plaît à exciter le bruit, le trouble et le tumulte.
Mettre son chapeau en tapageur. Le poser sens devant derrière.

Tapageur, euse

Delvau, 1866 : adj. Éclatant, voyant, criard, — dans l’argot des gens de lettres et des artistes. Couleurs tapageuses. Couleurs trop vives qui tirent l’œil et l’agacent. Toilette tapageuse. Toilette d’un luxe de mauvais goût, dressée pour faire retourner les hommes et « crever de jalousie » les femmes.

Tapagimini

d’Hautel, 1808 : Bruit joyeux ; grosse gaieté.
Faire tapagimini. Faire orgie ; se divertir d’une manière bruyante.

Tapamort

Delvau, 1866 : s. m. Tambour, — dans l’argot des voyous.

Tapance

Delvau, 1866 : s. f. Maîtresse ou femme légitime, — dans l’argot des typographes. La tapance du meg. La femme du patron.

Virmaître, 1894 : Maîtresse ou femme légitime. Les typographes nomment ainsi la femme parce qu’elle tape souvent à la poche ou… autrement. La tapance du mec, c’est la femme du patron.
— Elle est rien râleuse la tapance du mec, elle boufferait des cadratins à la sauce blanche (Argot d’imprimerie). N.

France, 1907 : Femme, maîtresse. Elle tape son conjoint. Tapance du meq, femme du patron.

Tape

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Marque sur l’épaule. Avoir la tape, être marqué.

Vidocq, 1837 : s. f. — Fleur de lys qui était autrefois appliquée sur l’épaule des voleurs.

(Le Jargon, ou Langage de l’Argot moderne)

M.D., 1844 : Exposition.

Delvau, 1866 : s. f. Coup de la main, à plat ou fermée. Argot du peuple.

Rossignol, 1901 : Le contraire de tabac. Une pièce qui n’a pas de succès est une tape. Au concert, une chanson qui ne porte pas est une tape. L’artiste qui sort de scène sans applaudissements ramasse une tape.

Tapé

Delvau, 1866 : adj. Réussi, émouvant, éloquent, — c’est-à-dire bourré de grosses phrases sonores et d’hyperboles de mauvais goût, comme le peuple les aime dans les discours de ses orateurs, dans les livres de ses romanciers et dans les pièces de ses dramaturges. Tapé dans le nœud. Excessivement beau, ou extrêmement remarquable.

Rigaud, 1881 : L’expression si populaire de « c’est tapé », pour « c’est réussi », nous la trouvons déjà en 1823 dans le Voyage à Sainte-Pélagie, d’Émile Debraux. — « En voilà un (un vers) : il m’a donné bien du mal, c’est vrai ; mais aussi comme c’est tapé ! »

Jupiter avait une bonne tête, Mars était tapé.

(Zola, Nana)

Un travail tapé, un discours tapé.

La Rue, 1894 : Réussi.

Rossignol, 1901 : Bien, joli, beau : c’est tapé.

France, 1907 : Réussi, bon. Tapé à l’as, parfaitement réussi, excellent. Tapé aux pommes, tapé dans le nœud, même sens.

— Une particulière tapée aux pommes ; pas cocotte pour deux liards. Jamais je n’en ai vu une pareille venir dans la boite à Monsieur.

(Paul Mahalin)

Tape (en recevoir une)

Virmaître, 1894 : Recevoir un coup ou le donner. Voir ses espérances s’effondrer. Recevoir une tape moralement (Argot du peuple).

Tapé à l’as

Rigaud, 1881 : Tout ce qu’il y a de plus soigné.

Je vais vous fricoter un dîner, là… tapé à l’as.

(Auvier, Auguste Manette)

Tape à l’œil

Virmaître, 1894 : V. Œil au beurre noir.

France, 1907 : Borgne ; argot populaire.

France, 1907 : Chapeau.

Ils avaient des tape à l’œil flambant neufs.

(Huysmans)

Tape à mort

France, 1907 : Soldat qui bat du tambour ; argot populaire.

Tape dur

Vidocq, 1837 : s. m. — Serrurier.

Tape-à-l’œil

Delvau, 1866 : s. m. Homme qui a une pétéchie sur l’œil ; chien blanc qui a du poil noir sur les yeux.

Rigaud, 1881 : Chapeau mou, — dans le jargon du peuple.

Ils avaient des tape-à-l’œil flambant neufs, des pantalons à raies avec des pièces entre les cuisses.

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

Tape-au-sac

France, 1907 : Emprunteur.

Méfiez-vous du joueur qui vous flatte après une banque heureuse, il vient pour vous emprunter. C’est un « relanceur de pleins », un tape-au-sac. Certains cercles en sont remplis.

(Hogier-Grison, Le Monde où l’on triche)

Tape-cul

Larchey, 1865 : Voiture non suspendue.

Font-ils des embarras avec leur mauvais tape-cul !

(Ricard)

Delvau, 1866 : s. m. Planche en équilibre sur laquelle on se balance à deux. Argot des gamins.

Fustier, 1889 : Argot militaire. Manœuvre sans étriers.

France, 1907 : Sorte d’omelette dans laquelle on met de la farine et qu’on fait cuire dans une casserole couverte. En cuisant elle soulève le couvercle, d’où le nom ; expression de l’Ouest.

France, 1907 : Voiture cahotante.

Cependant comme le poète
Le laissait pour quelques écus,
Il en fit quand même l’emplette
Et le mit à son tape-cul.

(Raoul Ponchon)

Par euphémisme, les pudibonds paysans du Centre disent tape-chose.
Dans l’argot militaire, on appelle tape-cul l’exercice que l’on fait faire aux recrues, consistant à monter un cheval sans selle.

Tape-dur

France, 1907 : Serrurier.

Tapé, retapé, tapé dans le nœud

Larchey, 1865 : Émouvant, frappant, réussi.

Aussi a-t-on fait plusieurs couplets sur tous les ministres dont le portrait est bien tapé.

(1742, Journal de Barbier)

C’est un peu tapé dans le nœud.

(La Bédollière)

Une manière de sentiment bien r’tapé.

(Vadé, 1755)

Tapecul

Delvau, 1866 : s. m. Voiture mal suspendue qui secoue les voyageurs.

Tapedur

Larchey, 1865 : Serrurier (Vidocq).

Delvau, 1866 : s. m. Serrurier, — dans l’argot des voleurs.

Tapée

d’Hautel, 1808 : Pour charge, amas, fardeau ; réunion abondante de plusieurs choses.
Une bonne tapée d’ouvrage. Pour dire, une grande quantité d’ouvrage.

Larchey, 1865 : Grosse réunion. — Usité dès 1808.

Delvau, 1866 : s. f. Foule, grande réunion de personnes, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Foule. Une tapée, un tas. — Nous avons boulotté une jolie tapée de moules.

Virmaître, 1894 : Foule, grande réunion de personnes. A. D. Tapée veut dire beaucoup, il est vrai, mais ce n’est pas le sens que lui donne le peuple. Tapée se dit d’une jolie femme :
— Elle est tapée.
Une phrase bien écrite ou bien dite :
— C’est tapé (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Abondance, affluence.

France, 1907 : Quantité, foule ; argot populaire.

Taper

d’Hautel, 1808 : Taper de l’œil. Pour dire, se laisser aller au sommeil ; dormir profondément.
Taper. Pour, répliquer ; riposter avec vivacité.
Voilà un mot bien tapé, une réponse bien tapée. Pour dire, bien appliquée ; une riposte vive et piquante.
Taper. Pour, battre, talocher, cogner ; châtier quelqu’un.

un détenu, 1846 : Fermer, frapper. Taper le chasse : fermer l’œil, c’est-à dire dormir.

Delvau, 1866 : v. a. et n. Permolere uxorem, quamlibet aliam, — dans l’argot des typographes.

Delvau, 1866 : v. a. Demander de l’argent, — dans l’argot des ouvriers. Taper son patron de vingt francs. Lui demander une avance d’un louis.

Delvau, 1866 : v. a. Frapper, battre.

Delvau, 1866 : v. n. Prendre sans choisir, — dans l’argot des faubouriens. Taper dans le tas. Prendre au hasard dans une collection de choses ou de femmes. Taper sur les vivres. Se jeter avec avidité sur les plats d’une table ; manger gloutonnement. Taper sur le liquide. S’empresser de boire.

Rigaud, 1881 : Emprunter. Pour certaines gens, une demande d’argent à laquelle ils ne peuvent se soustraire équivaut à un coup qui les frappe… d’épouvante ; de là taper.

Il songea un instant à taper Théophile, mais il était déjà son débiteur de dix louis.

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

Rigaud, 1881 : Étourdir, porter au cerveau. — Le vin tape sur la coloquinte.

Rigaud, 1881 : Séduire à première vue une femme. — Elle est tapée, elle en tient. C’est une abréviation de taper dans l’œil, mais applicable seulement a une femme.

La Rue, 1894 : Séduire. Étourdir. Emprunter.

Virmaître, 1894 : Taper quelqu’un, lui emprunter de l’argent. On lui refuse en lui disant également :
— Tu peux te taper.
Synonyme de : Tu peux te fouiller (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Emprunter.

Je n’ai pas d’argent, je vais taper mon ami pour qu’il m’en prête.

France, 1907 : Emprunter, généralement pour ne pas rendre ; argot populaire.

Le clergé catholique est passé maître dans l’art et dans la pratique de la mendicité. Il n’y a pas de cabotin, pas de charlatan qui sache aussi habilement que lui, soutirer pour la faire passer dans sa propre escarcelle, la bonne « galette » de ses contemporains.
Depuis vingt ans, les marchands d’oremus de la butte Montmartre ont trouvé le moyen de se faire donner par les « gogos » de l’Église romaine un nombre respectable de millions pour la construction de l’innommable bâtisse qu’ils ont consacrée au culte du sacré viscère de Jésus.
Chaque jour ce sont de nouvelles souscriptions que les frocards séculiers ou réguliers font circuler, dans toute la France, sous les prétextes les moins justifiés. Et il faut croire que le nombre des naïfs, qui se laissent taper par ces quémandeurs, est considérable, puisque leurs appels sont généralement couronnés de succès et que jamais on n’a élevé plus de chapelles et d’églises catholiques que depuis une quinzaine d’années.

(La Lanterne)

France, 1907 : Enivrer. On dit généralement taper sur la boule : « Ce vin gris qui se laisse boire comme du petit-lait, tape joliment sur la boule. »

Taper (s’en)

Rigaud, 1881 : Boire énormément.

Allons-nous nous en taper !… je vous donnerai l’exemple.

(Scribe, l’Honneur de ma fille, 1836)

Taper (se)

Fustier, 1889 : Se voir refuser quelque chose ; s’en passer. — Se masturber.

La Rue, 1894 : Se voir refuser un objet ou ne pouvoir se le procurer.

France, 1907 : N’avoir rien, synonyme de se fouiller. Se taper de quelque chose, s’en passer.

Si l’on n’avait que celui-là pour dire ou pour chanter quelque chose pendant la soirée, pour sûr, on pouvait se taper.

(André Desroches, L’éternelle illusion)

Taper à tour de bras

Virmaître, 1894 : Cogner vigoureusement.
— J’ai beau taper ma femme à tour de bras, quand elle me fait un impair, elle me gobe tout de même (Argot du peuple).

Taper au pognon

France, 1907 : Demander de l’argent.

Et pis là, tu tap’ au pognon,
Ceux qui s’laiss’ empiler sans s’cousse,
On les appell’ mon p’tit mignon,
On les dégringole à la douce.

(Aristide Bruant)

Taper dans l’œil

Delvau, 1864 : Commencer à plaire à quelqu’un — ou à quelqu’une ; — séduire par la grâce, l’esprit, la parole ou le geste.

Ma petite poulette.
Dans la rue Montorgueil,
Ton p’tit nez en trompette,
Il m’a tapé dans l’œil.
Laïtoit, ete.

(Al. Dalès)

Delvau, 1866 : v. a. Séduire, — en parlant des choses et des femmes.

Rigaud, 1881 : Fasciner, produire une vive impression. — Cette femme m’a tapé dans l’œil.

France, 1907 : Plaire, séduire.

Le beau Van Plottlabell, Hollandais d’origine, lui avait tapé dans l’œil, selon l’expression populaire ; et tous deux, en larrons fieffés, n’attendaient qu’une occasion pour s’avouer des choses qui… des choses que… certainement, le mari n’approuverait pas.

(Henri Germain)

Taper dans le mille

Rigaud, 1881 : Réussir. Donner du pied au derrière. — Bing ! en plein dans le mille. Allusion au jeu de Siam, au tir à la cible.

France, 1907 : Réussir.

Taper dans le tas

Delvau, 1864 : Étant donné que : — le théâtre représente un atelier de brocheuses, de modistes ou de couturières. En vrai bandeur, vous faites votre choix ; mais ne voulant pas faire four, vous tapez d’abord la plus facile, qui a bientôt une confidente que vous tapez aussi. La deuxième excite la curiosité d’une troisième, d’une quatrième, et… vous arrivez a réaliser le proverbe : Qui en a vu une, les connaît toutes.

Delvau, 1866 : Avoir de la rondeur dans les allures, de la franchise dans le caractère.

Rigaud, 1881 : Prendre au hasard. — Frapper au hasard.

Virmaître, 1894 : Prendre une femme au hasard. Taper dans le tas : attaquer un ouvrage avec vigueur. Taper dans le tas : frapper dans le tas d’une bande de rôdeurs qui vous attaquent (Argot du peuple).

France, 1907 : Prendre ou frapper au hasard, à tort et à travers.

Non, Monsieur, je n’vous écout’ pas ;
Si vous continuez, j’vous flanque un’ calotte,
Non, Monsieur, je n’vous écout’ pas ;;
Si vous continuez, j’vas taper dans l’tas.

(Jules Jouy)

Taper de l’œil

Ansiaume, 1821 : Dormir.

En entrant au collège, j’ai tapé de l’œil jusqu’à la sorgue.

Larchey, 1865 : Dormir.

Il y avait plus d’une heure que je tapais de l’œil quand je m’entends réveiller.

(œuvres badines de Caylus, 1750)

Taper dans l’œil : Séduire.

Delvau, 1866 : v. n. Dormir. L’expression est plus vieille qu’on ne serait tenté de le croire, car on la trouve dans les Œuvres du comte de Caylus (Histoire de Guillaume Cocher).

Rigaud, 1881 : Dormir.

France, 1907 : Dormir.

Nous étions en train de taper de l’œil dans les bras l’un de l’autre quand survint le mari.

(Charletour)

Taper de la patte (?)

Rossignol, 1901 : Voir ripper. Les lapins tapent de la patte.

Taper la caisse

France, 1907 : Demander de l’argent ; se faire donner des avances sur son salaire ou ses appointements ; expression populaire.

Un commerçant vient de prendre comme employé un vieux militaire, ancien tambour.
— Mauvaise affaire, lui dit quelqu’un.
— Pourquoi donc ?
— Hum ! un ancien tambour ; il doit avoir l’habitude de taper la caisse !

Taper le cul (s’en)

France, 1907 : S’en moquer. On dit aussi s’en battre les fesses.

Taper quelqu’un

Hayard, 1907 : Lui emprunter de l’argent.

Taper sur la boule

Larchey, 1865 : Enivrer, battre.

Dans l’gosier comme ça coule, Comme ça tape sur la boule.

(J. Moinaux, Ch)

Ce scélérat de vin de champagne avait joliment tapé ces messieurs.

(Festeau)

Delvau, 1866 : v. a. Griser, étourdir, à propos d’un liquide.

France, 1907 : Griser. Voilà un petit vin qui tape joliment sur la boule.

Taper sur la colonne (se)

France, 1907 : Se livrer à l’onanisme.

Il ne manquait pourtant pas de donzelles, le due d’Angoulême, et il pouvait se payer les plus chouettes de France et de Navarre, mais va te faire fiche, le salaud aimait mieux se taper sur la colonne.

(Les Joyeusetés du régiment)

Taper sur la giberne

Larchey, 1865 : Taper sur le derrière. — Allusion à la place ordinaire de la giberne.

Je lui détache un coup de pinceau sur la giberne.

(Monselet)

Taper sur la réjouissance

France, 1907 : Battre, littéralement frapper sur les os, allusion à la réjouissance des bouchers.

Taper sur le ventre de quelqu’un

France, 1907 : Être d’une excessive familiarité.

Taper sur le ventre, sur la baraque (se)

Rigaud, 1881 : Sacrifier au jeune Onan.

Taper sur les vivres, sur la bitture

Rigaud, 1881 : Manger avec voracité. Taper sur la boisson, boire avec avidité.

Taper sur les vivres, sur la boisson

Larchey, 1865 : Manger et boire avidement.

D’avoir trop tapé sur l’pichet, Qu’en avaient plein la gargamelle.

(Chansonnier, 1836)

Taper toujours sur le cheval qui tire

France, 1907 : Aux bons et patients les coups. Vérité universelle reconnue chez tous les peuples, ce qui n’est pas en faveur de l’humanité. Toute la charge pèse sur le cheval de bonne volonté, disent les Anglais. Les Russes : Fais-toi mouton, le loup est prêt. Les Allemands : Fais-toi âne et chacun te chargera de son sac. Les Italiens : si vous laissez mettre le veau sur votre dos, on ne tardera pas à y mettre la vache. Les Latins exprimaient la même idée. L’on trouve dans Publius Synes : Patiendo multa veniunt quæ neques pati.

Taper un môme

France, 1907 : Se faire avorter.

Tapette

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Fer rouge avec lequel le bourreau marque les condamnés.

Vidocq, 1837 : s. m. — Faux poinçon servant à marquer les objets d’or ou d’argent.

Delvau, 1866 : s. f. Individu faisant partie du troisième sexe.

Delvau, 1866 : s. f. Verve, entrain, platine. Avoir une fière tapette. Être grand parleur, — ou plutôt grand bavard.

Rigaud, 1881 : Bavard. — Jeune tante. De quatorze à vingt ans c’est une tapette, de vingt à… c’est une tante.

Rigaud, 1881 : Faux poinçon servant à marquer les objets d’or et d’argent. (Fr. Michel)

Merlin, 1888 : Voyez Platine.

La Rue, 1894 : Bavard. Signifie aussi tante. V. ce mot.

Virmaître, 1894 : Homme qui parle sans cesse.
— Il en a une rude tapette.
On dit aussi : forte platine (Argot du peuple).

Virmaître, 1894 : Pédéraste passif, il se fait taper dans le tas (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Celui qui parle sans cesse a une bonne tapette.

Rossignol, 1901 : Celui qui prend n’importe quelle cuiller pour mettre dans son pot à moutarde, est une tapette. Voir Chatte.

Hayard, 1907 : Langue, homme de mœurs douteuses.

Hayard, 1907 : Pédéraste.

France, 1907 : Langue intarissable ; bavard ou bavarde. Avoir une fameuse tapette, parler sans discontinuer.

Je me serais assez plu dans la compagnie de la petite Jeanne, si elle ne m’avait assourdi les oreilles de son intarissable tapette.

(Les Propos du Commandeur)

France, 1907 : Pédéraste passif.

Les antiphysiques, que l’on nomme ordinairement tantes, se divisent en quatre catégories… Semblable au caméléon qui change, non de forme, mais de couleur, la tante est tantôt appelée tapette, tantôt serinette. Elle est désignée par les marins sous le nom de corvette, mais elle reste toujours un objet d’opprobre.

(Mémoires de Canler)

J’en ai eu deux : deux saligauds,
Deux tant’s, deux filous, deux fagots,
Deux vach’s, deux cochons, deux tapettes,
Qui gueulaient… qui m’foutaient des coups,
Quand j’m’ach’tais un’ robe d’cen’ sous,
Le lend’main d’la paye aux lipettes.

(Aristide Bruant)

Voir Tante, Travailleuse.

Tapeur

France, 1907 : Emprunteur.

Il va, il revient, il arpente le trottoir. Il a la guigne aujourd’hui… Celui-ci couperait peut-être dans le pont ? mais quoi ! Il a déjà casqué hier… Il désespère, car il entend partir derrière lui, de toutes les tables, ce mot cruel : Attention ! Voilà le tapeur.

(Jean Richepin)

Tapeur, tapeuse

Rigaud, 1881 : Emprunteur, emprunteuse de profession. Il y a des gens qui n’ont pas d’autre moyen d’existence. Longtemps le passage Jouffroy et la partie du boulevard comprise entre les rues du faubourg Montmartre et Drouot ont été de préférence fréquentés par les tapeurs. (V. les Soupeurs de mon temps, par Roger de Beauvoir, Portrait du marquis de Saint-Cricq)

Tapeuse

Fustier, 1889 : Prostituée qui, sans faire payer ses services, emprunte aux clients des sommes plus ou moins élevées qu’elle ne rend bien entendu jamais. (Réveil)

Tapeuse de tal

France, 1907 : Prostituée qui se livre à des pratiques hors nature. Voir Tal.

— Y avait dans la piaule deux roussins qui m’ont mise au violon comme tapeuse de tal.

(Hector France, La Taverne de l’Éventreur)

Tapeuse du tal

La Rue, 1894 : Prostituée.

Tapez-moi ça

Fustier, 1889 : Le tapez-moi ça, désigne dans le langage plus que familier cet objet de toilette qu’on nomme une tournure.

Voici que nous sommes toutes contraintes de porter la tournure, l’ajustement qu’on a appelé irrévérencieusement le tapez-moi ça.

(Gil Blas, octobre 1885)

On dit aujourd’hui nuage, v. Supra.

Tapin

d’Hautel, 1808 : Sobriquet militaire ; apprenti tambour ; mauvais et petit tambour.

Larchey, 1865 : Tambour. — Mot à mot : petit tapeur (de caisse). — Usité dès 1808.

Le tapin qui tambourinait en tête de l’escouade.

(La Bédollière)

Delvau, 1866 : s. m. Tambour, — dans l’argot des troupiers. Le mot a au moins cent ans de bouteille.

Merlin, 1888 : Tambour. — Celui qui en bat.

La Rue, 1894 : Tambour.

Rossignol, 1901 : Celui qui bat du tambour.

France, 1907 : Tambour, le soldat qui en bat ; argot militaire.

Tapin, tape-à-mort

Rigaud, 1881 : Tambour.

Tapiner

France, 1907 : Se cacher ; argot des voleurs.

Tapinophage

France, 1907 : Juge, homme de loi ; du grec tapeinos, humble, et fago, je dévore. Dévoreur d’humbles, de petits. Néologisme.

Tapiquer

Delvau, 1866 : v. n. Habiter, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Habiter.

Virmaître, 1894 : Habiter (Argot des voleurs).

France, 1907 : Même sens que tapiner ; se dit aussi pour habiter ; argot des voleurs.

Tapis

Ansiaume, 1821 : Cabaret.

Je n’irai plus à ce tapis, car la raille y va.

Vidocq, 1837 : s. m. — Auberge, hôtel garni, cabaret.

Halbert, 1849 : Café.

Delvau, 1866 : s. m. Cabaret, auberge, hôtel, — dans l’argot des voleurs, qui se servent là d’un vieux mot de la langue romane, tapinet (lieu secret), dont on a fait tapinois. Ils disent aussi Tapis franc, c’est-à dire Cabaret d’affranchis. Tapis de grives. Cantine de caserne. Tapis de malades. Cantine de prison. Tapis de refaite. Table d’hôte.

Delvau, 1866 : s. m. Conversation, causerie, — dans l’argot des bourgeois. Être sur le tapis. Être l’objet d’une causerie, le sujet d’une conversation. Amuser le tapis. Distraire d’une préoccupation sérieuse par une causerie agréable.

Rigaud, 1881 : Auberge, cabaret. — Tapis vert, table de jeu. — Tapis de grives, cantine militaire. Tapis de dégelés, la Morgue. Tapis de refaite, table d’hôte. Tapis bleu, le ciel.

La Rue, 1894 : Cabaret. Tapissier, cabaretier.

Hayard, 1907 : Débit où se réunissent les malfaiteurs.

France, 1907 : Auberge, cabaret, hôtel garni. Tapis franc, cabaret de voleurs. Tapis de grives, cantine. Tapis de malades, cantine de prison. Tapis de dégelés, la Morgue. Tapis de refaite, restaurant. Tapis vient du vieux français tapinet, retraite, lieu caché où l’on se tapit. Amuser le tapis, amuser la société, la compagnie.

Tapis (être au)

Rigaud, 1881 : Ne plus avoir le sou pour jouer, regarder les autres jouer, — dans l’argot des vieux joueurs.

Quand nous voyons un homme au-dessous de toutes affaires, nous le disons estre réduit au tapis, manière de parler que nous empruntons aux joueurs.

(Pasquier, Recherches, liv. VIII, ch. 47)

L’on en voit qui, de pauvres qu’ils ont esté, ou par procès, voyages ou guerres, sont au tapis.

(Brantôme, Vie des dames galantes)

Tapis bleu

Delvau, 1866 : s. m. Paradis, — dans l’argot des faubouriens, qui voient par avance le dedans du ciel semblable au dehors.

France, 1907 : Le Paradis.

Je lui montrais le tapis bleu étendu sur nos têtes et lui disais : « C’est le paradis céleste, ma petite brunette, mais le terrestre a aussi ses douceurs. »

(Confessions de l’abbé Ledru)

Tapis brûle (le)

Delvau, 1866 : Expression de l’argot des joueurs, pour exciter quelqu’un à se mettre au jeu.

Rigaud, 1881 : Terme des joueurs lorsqu’ils ont hâte de commencer une partie.

Tapis d’endosse

France, 1907 : Châle.

Tapis de grives

Vidocq, 1837 : s. f. — Cantine de caserne.

Tapis de malades

Vidocq, 1837 : s. f. — Cantine de prison.

Virmaître, 1894 : Cantines des prisons (Argot des voleurs). V. Cargots.

Tapis de pied

Delvau, 1866 : s. m. Courtisan, — dans l’argot énergique du peuple, qui sait que les gens qui veulent parvenir essuient sans murmurer, de la part des gens parvenus, toutes les humiliations et toutes les mortifications. Il dit aussi Lèche-tout.

France, 1907 : Courtisan, flatteur.

Tapis de refaite

Vidocq, 1837 : s. f. — Table d’hôte.

Tapis du commandant de place

Merlin, 1888 : Les fortifications.

Tapis franc

Ansiaume, 1821 : Cabaret où l’on reçoit les voleurs.

Ici, buvons et bouffardons sans souci.

Vidocq, 1837 : s. — Cabaret, hôtel garni ou auberge où se réunissent les voleurs.

Clémens, 1840 : Maison de receleur.

M.D., 1844 : Maison rendez-vous des gens de mauvaise vie.

Larchey, 1865 : Cabaret. — Franc fait allusion à la clientèle qui est composée d’affranchis ou voleurs. — Tapis est une abréviation du vieux mot tapinet : lieu caché. V. Roquefort. — V. Empoivrer, Crosser. — Tapis de refaite : Table d’hôte. — Tapis de malades : Cantine de prison. — Tapis de grives : Cantine de caserne. — Tapis vert : Prairie. — Tapissier : Cabaretier. V. Baptême, Ogre.

Tapis vert

Vidocq, 1837 : s. f. — Plaine, prairie.

Delvau, 1866 : s. m. Tripot, — dans l’argot des voleurs et des bourgeois. Jardiner sur le tapis vert. Jouer dans un tripot.

France, 1907 : Table de jeu. Jardiner sur le tapis vert, Jouer. Être au tapis, rester près de la table de jeu à regarder jouer après avoir tout perdu.

Tapis-franc

Halbert, 1849 : Cabaret du plus bas étage.

Tapis-vert

Halbert, 1849 : Café où se réunissent les voleurs.

Tapis-vert (hôtel du)

France, 1907 : Les champs. Coucher à l’hôtel du Tapis-Vert, coucher à la belle étoile.

L’été, j’suis pus chouett’ que l’hiver,
J’couche à l’hôtel du Tapis-Vert.

(Aristide Bruant)

Tapis, tapis d’endosse

Rigaud, 1881 : Châle, dans le jargon des voleurs ; mot à mot : tapis pour le dos.

Tapissage

Hayard, 1907 : Arrestation.

Tapisserie

d’Hautel, 1808 : Faire tapisserie. Se dit par raillerie, en parlant des femmes âgées, des mamans, qui, au bal, ne font plus que regarder danser.

Delvau, 1866 : s. f. Femmes laides ou vieilles qu’on n’invite pas à danser, — dans l’argot des bourgeois. Faire tapisserie. Regarder faire, ou écouter parler les autres.

Rigaud, 1881 : Figurante du grand monde. — Femme que l’on invite pour faire nombre, femme que l’on n’invite jamais à danser. — Faire tapisserie.

La Rue, 1894 : Femme que, dans un bal, personne n’invite à danser.

France, 1907 : Auberge.

Tapisserie (avoir de la)

Delvau, 1866 : Avoir beaucoup de figures en main, — dans l’argot des joueurs.

France, 1907 : Avoir des figures dans son jeu ; argot des joueurs de cartes.

Tapisserie (faire)

Larchey, 1865 : « Se dit par raillerie des femmes âgées qui au bal ne font plus que regarder danser. » — d’Hautel. — Rangées sur la banquette, le long du mur, elles font corps avec la tapisserie.

France, 1907 : Être au bal sans danser. On garnit les sièges le long des murs comme une tapisserie.

Une longue rangée de laiderons de tous âges formait une lamentable tapisserie.

(Les Propos du Commandeur)

Tapissier

Ansiaume, 1821 : Cabaretier.

Si tu n’es pas franc, nous riffaudrons la turne.

Delvau, 1866 : s. m. Cabaretier.

France, 1907 : Aubergiste, maître d’hôtel garni.

À la vue de celui dont le visage lui apparaissait en pleine lumière, l’aubergiste recula de quelques pas…
— Ah ! Ah ! tu me reconnais ! fit celui-ci, tu vois que quelques années de cadène ne m’ont pas beaucoup changé, mon vieux tapissier.

(Edmond Ladoucette)

France, 1907 : Personnage élégant et correct qui figure aux tables de jeu des cercles pour attirer les clients.

Le tapissier est simplement un monsieur bien mis, comme il faut, ayant des allures et que le gérant du cercle charge de figurer dans la partie. Il joue très rarement, mais il fait nombre, il anime, il fait tapisserie, en un mot. Le gérant lui donne pour cela la pâture et, de temps en temps, quelques louis qui sont vite perdus sur le tapis vert.

(Hogier-Grison, Le Monde où l’on triche)

L’allumeur tapissier est un associé de tripot qui entraine les dupes à la table de jeu sans jouer lui-même.

Celui qui vit du jeu et des joueurs, depuis les gros mangeurs jusqu’aux rameneurs, aux dîneurs, aux allumeurs-tapissiers.

(Hector Malot)

Tapissier, -ère

Vidocq, 1837 : s. — Aubergiste, maître ou maîtresse d’hôtel garni.

Tapissier, orgue tapissier

Rigaud, 1881 : Aubergiste, cabaretier, logeur. Tapissière, cabaretière, logeuse en garni.

Tapon

d’Hautel, 1808 : Mettre tout en tapon. Pour, ramasser malproprement tout en un tas ; chiffonner, bouchonner une étoffe quelconque.
Elle est tout en tapon. Se dit d’une personne courte et replète, qui se met en peloton.

Delvau, 1866 : s. m. Amas de choses, — et spécialement d’étoffes, de chiffons. Argot du peuple. Mettre sa cravate en tapon. La chiffonner, la mettre sans goût, comme si c’était un chiffon. L’expression sort évidemment du vocabulaire des marins, qui appellent Tapon une pièce de liège avec laquelle on bouche l’âme des canons pour empêcher l’eau d’y entrer.

France, 1907 : Tas de chiffons ; argot populaire, de tapon, pièce de liège avec laquelle on bouche à bord l’âme des canons.

Tapoter

d’Hautel, 1808 : Manier indiscrètement et fréquemment quelque chose ; tripoter, donner de petites taloches, de petits coups avec la main ; claquer.

Tapoter du piano

Delvau, 1866 : Toucher médiocrement du piano. Argot des bourgeois.

Tapoteur

France, 1907 : Mauvais joueur de piano.

Tapoteur de piano

Delvau, 1866 : s. m. Pianiste médiocre.

Tapoteur, tapoteuse de piano

Rigaud, 1881 : Joueur, joueuse de piano qui martyrise et l’instrument et l’auditoire.

Tapoteuse de piano

Delvau, 1866 : Femme qui fait des gammes.

Tapotoir

Rigaud, 1881 : Piano, — dans le jargon des soupeuses.

Garçon, donnez-nous le cabinet du tapotoir.

(Ces dames du Casino, 1862)

France, 1907 : Piano.

Il faudrait trouver quelque part une île pour y transporter tous les pianistes et ceux qui veulent le devenir. Tant qu’un pianiste ne serait pas immense, on ne lui permettrait, sous aucun prétexte, de sortir de l’île. Quand il serait immense et qu’il voudrait donner un concert, on le transporterait à Paris dans une voiture dite panier à salade. Le concert fini, on le serrerait immédiatement dans le même véhicule qui le reporterait dans l’île des tapotoirs à grande vitesse.

(A. Rall)

Tappe

Clémens, 1840 : Échafaud où l’on expose.

Delvau, 1866 : s. f. La marque qu’on appliquait avant 1830 sur l’épaule des condamnés aux travaux forcés.

Tappe (la)

anon., 1827 : La fleur-de-lis.

Bras-de-Fer, 1829 : La fleur de lis.

Halbert, 1849 : La marque.

Tappedur

Ansiaume, 1821 : Forgeron.

Il travaille à la forge le reluis et la sorgue à l’escap.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique