d’Hautel, 1808 : Coup-de-temps. Expression populaire qui présente l’idée d’une chose faite avec finesse et dans un mauvais dessein ; coup de jarnac, mauvais tour.
J’ai vu le coup-de-temps. Pour, je me suis aperçu du tour qu’il vouloit me jouer.
Un temps de demoiselle. On appelle ainsi un temps, où il ne fait ni pluie, ni vent, ni soleil.
Il fera beau temps quand j’irai le voir. Pour, je me garderai bien dorénavant d’aller le voir.
Temps
Temps
Temps (voir le coup de)
Larchey, 1865 : Prévoir à temps pour parer. — Terme d’escrime. — V. d’Hautel, 1808.
France, 1907 : Prévoir une chose, un événement.
Temps de bûche
Delvau, 1866 : s. m. Époque qui précède les examens, — dans l’argot des étudiants.
France, 1907 : Les semaines qui précèdent l’époque des examens, où les candidats aux diplômes se mettent sérieusement à bûcher.
Temps de chien
Delvau, 1866 : Mauvais temps, pluie ou neige, — temps à ne pas mettre un chien dehors. Argot du peuple.
Temps de demoiselle
Delvau, 1866 : s. m. Quand il ne fait ni pluie ni soleil, ni poussière ni vent.
France, 1907 : Ni pluie, ni vent, ni soleil. Ce vieux dicton, qui peut paraître ridicule, peint cependant en deux lignes la façon puérile et niaise dont les bourgeoises d’autrefois élevèrent leurs filles en en faisant de petites poupées ignorantes, sensitives et veules, enveloppées d’une atmosphère de fadeurs.
Temps froid
France, 1907 : Silence prolongé sur la scène ; argot théâtral. Dans le même argot, prendre du temps, c’est trop détailler les situations de son rôle, exagérer les gestes de nature à accentuer le débit.
Temps pommelé, pomme ridée et femme fardée ne sont pas de longue durée
France, 1907 : Ce vieux dicton ne saurait trop être répété par les mères à leurs filles, mais comme les mères se fardent elles-mêmes, les filles pourraient leur répondre par la fable de l’Écrevisse… Et c’est pourquoi il y a tant de jeunes femmes flétries à trente ans. Le fard devient alors une nécessité. Au XVIIIe siècle, les Parisiennes étaient célèbres pour leur visage plâtré. L’on sait le mot de cet étranger à qui l’on demandait ce qu’il pensait de leurs charmes : « Je ne me connais pas en peinture », répondit-il.
Temps que Berthe filait (du)
France, 1907 : An bon vieux temps. Allusion aux romans carlovingiens où lu reine Berthe est représentée filant. C’est cette Berthe, l’héroïne d’un poème d’Adenez (XIIIe siècle), que l’on retrouve dans la délicieuse ballade de François Villon :
Dictes-moy où, n’en quel pays
Est Fiora, la belle Romaine,
…
La royne Blanche comme ung lys
Qui chantoit à voix de sereine ;
Berthe au grand pied, Bietris, Allys…
Et Jehanne, la bonne Lorraine,
Qu’Anglois bruslèrent à Rouen ;
Ou sont-ilz, Vierge souveraine ?…
Mais où sont les neiges d’antan !
Il est d’autres versions. Leduchat prétend que cette Berthe était reine de Bourgogne, Bullet, dans ses dissertations sur la Mythologie Française, que c’est la veuve du comte de Blois, première femme du roi Robert, que Grégoire obligea de quitter son second mari. Elle est représentée avec un pied d’oie au portail de plusieurs cathédrales. Quoi qu’il en soit, ce proverbe fait simplement allusion à la simplicité des temps reculés, où les reines filaient et où les rois épousaient des bergères.
La grande Berthe jusqu’a soixante ans attacha à son char de nombreux amants français et italiens. Pendant qu’elle régna en Toscane, la grande Berthe bouleversa la Péninsule au gré de ses caprices… Elle tenait par ses galanteries les plus puissants personnages. Quand sa conduite avait blessé un prince, elle le désarmait par sa beauté et ses grâces faciles. Par une incroyable bizarrerie, le règne de cette Messaline diplomate fut désigné comme le bon vieux temps : Au temps que Berthe filait ; les Italiens disent : Al tempo che Berta filava.
(Benjamin Gastineau, Les Courtisanes de l’Église)
Temps que l’on se mouchait sur la manche (du)
France, 1907 : Autrefois, aux temps lointains. Ce dicton, indice de la malpropreté de nos ancêtres, est encore une actualité, car combien d’enfants s’essuient le nez sur leur manche ! C’est même pour obvier à cette peu ragoûtante façon qu’est venue la mode de poser trois boutons sur la manche des soldats, usage conservé jusqu’à nos jours. On disait aussi dans le même sens : Du temps que les bêtes parlaient.
Temps salé
Delvau, 1866 : s. m. Temps chaud, qui fait boire.
France, 1907 : Fortes chaleurs ; elles altèrent.
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