Toucher

Toucher

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

La belle fille qui voulait être touchée au bas du ventre.

(Moyen de parvenir)

Écoute, mon mignon, contemple
Du bon Joseph les saints exemple
Qui ne toucha a sainte dame.

(Jodelle)

Mais si un amoureux la touche,
Elle repartira, du cu,
Encore mieux que de la bouche.

(Cabinet satyrique)

Où le mari, parce qu’il la touchait quelquefois, pensait avoir part.

(Brantôme)

N’ayant touché que vous, je n’en puis rien savoir.

(J. de Schelandre)

Mais il ne lui touchait que quand la fantaisie lui en prenait.

(Tallemant des Réaux)

Il ne lui touche point, vit dedans l’abstinence.

(La Fontaine)

Phébus, au même état où je me suis couchée,
Me trouve le matin sans que l’on m’ait touchée.

(Épigrammes)

Elle lui dit que s’il la touche, elle criera.

(Ch. Sorel)

Femme gentille et sage
Est un trésor ; mais il n’y touche point.

(Parny)

Larchey, 1865 : Frapper fort. — Ironie. V. Aplomb.

Toucher (se)

Delvau, 1864 : Se livrer à la masturbation, à ce plaisir solitaire que Martial appelle si justement gaudia fœda, et dont tant de jeunes gens sont morts, — sans compter le compositeur Bellini. Les murs de Paris ont été longtemps couverts de cette légende : Galimard se touche. Serait-ce vrai, Seigneur !

Rigaud, 1881 : Pratiquer l’onanisme. Se dit principalement en parlant des enfants qui ont cette funeste habitude.

France, 1907 : Se masturber.

Toucher à la marchandise

Rigaud, 1881 : Palper la marchande… de plaisir, — dans le jargon des soupeuses.

France, 1907 : Se livrer à des privautés sur une femme.

Toucher du fer

France, 1907 : Expression populaire qu’on emploie à la vue d’un prêtre ou de tout porteur de soutane. On touche du fer pour combattre le mauvais sort.

À ce propos, que je jaspine aux bons bougres la petiote aventure arrivée il y a quelques mois à l’un de ces ratichons fin-de-siècle.
Il montait à Montmartre, faire ses dévotions… ou autre chose ! à Notre-Dame-de-la-Galette. Comme il passait près d’un groupe de bonnes bougresses, l’une dit :
— Touchons du fer !
Le frocard se retourne subito et lui gueule carrément :
— Touche donc de la merde !
Épatée, la bonne bougresse s’esclaffa de rire et lui répliqua :
« Eh bien, mon vieux, tu es moins bête que je ne croyais. Tu es dessalé…. tu iras loin !… »
La copine a prédit juste : le ratichon en question est déjà allé un peu loin, — il est aujourd’hui défroqué !
Que d’autres l’imitent et ce sera tant mieux !

(Le Père Peinard)

Toucher la cuillère

France, 1907 : Donner la main.

Toucher la grosse corde

Delvau, 1864 : Patiner le membre viril et le faire résonner sur le ventre.

Toucher les frises

Delvau, 1866 : Obtenir un grand succès, s’élever à une grande hauteur tragique ou comique. Argot des coulisses.

France, 1907 : Obtenir un grand succès sur les planches ; expression théâtrale.

Toucher son prêt

Delvau, 1866 : v. a. Être l’amant en titre d’une fille, — dans l’argot des souteneurs, qui ne craignent pas de faire leur soupe avec cette marmite. On dit aussi Aller aux épinards.

France, 1907 : Recevoir d’une prostituée le produit de sa recette ; expression des souteneurs.

Tous deux se ménagent des entrevues et des sorties où ils règlent leurs comptes. Un marlou appelle cela : toucher son prêt.

(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique