Traîner

Traîner

France, 1907 : Terme de courses, anglicisme pour entraîneur. Le trainer est presque toujours un ancien jockey devenu trop lourd pour continuer à monter. Son rôle est plus important que celui du jockey, car sa mission consiste à faire arriver le cheval au plus complet développement de ses forces. Il est la cheville ouvrière d’une écurie de courses.

Les trainers sont de véritables artistes en chevaux. Ils font de la science pratique, de l’histoire naturelle en action. Aussi se passionnent-ils et la spéculation se concilie-t-elle très bien, chez eux, avec l’enthousiasme.
Un trainer avait été charge d’instruire, pour le Derby, un cheval momme Éléonor.
À mesure que le jour de la course approchait, cet homme devenait inquiet, distrait, hagard. Il ne mangeait plus, ne dormait plus. Il finit par tomber tout à fait malade.
Ses parents, le voyant alité pour la première fois de sa vie, crurent qu’il touchait à ses derniers moments, et appelèrent le vicaire de la paroisse pour le consoler.
Le moribond n’entendait rien, s’agitait sur son lit et gémissait comme une âme en peine.
— Mon ami, lui dit le vicaire, n’avez-vous point quelque chose sur la conscience qui vous tourmente ? S’il en est ainsi, je vous engage à me le confier.
— Oui, répondit le jockey, et je le dirai, mais à vous seul.
Le vicaire se baissa vers le mourant, et celui-ci lui murmura dans l’oreille :
— Éléonor est un cheval douteux.
À quelques jours de là, le cheval douteux gagna deux grands prix, celui du Derby et celui des Oaks.
Le trainer se releva guéri.

(Tony Révillon)

Traîner la savate

Delvau, 1866 : v. a. Être misérable, n’avoir rien à se mettre sous la dent ni aux pieds, — dans l’argot des bourgeois, qui ne manquent ni de bottes, ni de pain. C’est le to shuffle along des Anglais.

Traîner le cheval mort

Delvau, 1866 : v. a. Avoir du travail payé d’avance, — dans l’argot des ouvriers. On dit aussi Faire du chien.

France, 1907 : Avoir touché son salaire à l’avance et l’avoir dépensé ; argot populaire.

Traîner sa savate quelque part

Delvau, 1866 : v. a. Aller quelque part, se promener, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Traîner ses guêtres.

Traîner ses guêtres

Rigaud, 1881 : Marcher à l’aventure, flâner bêtement en usant ses souliers et quelquefois les souliers des autres.

France, 1907 : Errer çà et là.

Rien n’est maussade comme d’aller traîner ses guêtres sans efforts.

(Paul Déroulède)

Traîner son boulet (ou sa chaîne)

Delvau, 1864 : Terme populaire qui signifie ; avoir toujours sa femme légitime au bras, sur le dos, ou sous la pine. — Le mariage étant une chaîne, on en a pour jusqu’à la fin des jours de l’un ou de l’autre.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique