Travailler

Travailler

d’Hautel, 1808 : Travailler le casaquin à quelqu’un. Lui donner des coups de bâtons, le rosser.
On dit par menace à un enfant indocile, qu’on lui travaillera le casaquin.

Ansiaume, 1821 : Voler.

Il est temps de travailler, je n’ai plus de carle.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Voler.

Larchey, 1865 : Voler.

X. était prudent : il travaillait toujours seul, et son discret recéleur était des plus fins.

(H. Monnier)

V. Butter.

Delvau, 1866 : v. n. Aller au persil.

Delvau, 1866 : v. n. Voler.

Rigaud, 1881 : Voler ; assassiner ; se prostituer, — dans le jargon des voleurs et des filles.

France, 1907 : Le verbe varie de significations suivant le genre d’occupations auxquelles on l’applique. Le grec, le voleur, l’assassin, la prostituée travaillent tout comme l’ouvrier : chacun travaille pour son saint, c’est-à-dire pour gagner sa vie.

Le pain est cher, le vin falsifié est inabordable, les objets d’alimentation sont hors de proportion avec les salaires ouvriers ou les appointements des employés de toute catégorie, avec les minuscules rentes des petits bourgeois, avec les infimes retraites des anciens fonctionnaires et des vieux soldats : la matière première devient inaccessible aux petits industriels, et tout cela grâce à des syndicats, à des coalitions qui opérent soit au grand jour, soit dans l’ombre, où il serait facile, si on le voulait, de démasquer ou de punir leurs complots.
Courez partout, fouillez les dessous de notre organisme économique, financier, industriel, commercial, agricole ; partout vous verrez des syndicats « travaillant » comme travaillent les bandes de brigands qui s’entendent si bien, pour emplir leurs poches, à vider celles des voisins ou des passants.

(Le Parti Ouvrier)

France, 1907 : Voler.

Les champs de courses sont les seuls endroits où le tireur anglais travaille le mieux, et s’oublie en ne mettant pas en pratique les règles de sagesse qui, ailleurs, le guident constamment. Là, le terrain est favorable pour ses exploits, il se multiplie et commet des vols successifs.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Travailler (se faire)

Rigaud, 1881 : Être sifflé, — dans le jargon des comédiens.

France, 1907 : Se laisser caresser activement, se faire peloter.

Travailler à l’esbrouff

Ansiaume, 1821 : Voler avec violence.

Il faut aller à l’esbrouff pour refaiter le flaqu.

Travailler à la cambe

Ansiaume, 1821 : Voler dans les chambres.

Il travaille encore un peu à la cambe à courir le rat.

Travailler à la roulotte

Ansiaume, 1821 : Voler sur les voitures.

C’est à la roulotte que j’espère pommer une malouse de carle.

Travailler à la tire

France, 1907 : Voler dans les poches.

— Que faites-vous maintenant ?
— Je m’exerce à voler.
— Diable ! répondis-je avec un mouvement involontaire et en portant la main sur ma poche.
— Oh ! je ne travaille pas à la tire, soyez tranquille, je méprise les foulards…

(Théophile Gautier)

Travailler à la vigne

France, 1907 : Travailler à la multiplication de l’espèce, style biblique.

Un pauvre Séraphique indigne
Est surpris, à son grand malheur,
Travaillant à force à la vigne.

(Grécourt)

Voir Vendanger, vigne de l’abbé.

Travailler dans le bât

Rigaud, 1881 : Voler dans les maisons. Abréviation de travailler dans le bâtiment.

France, 1907 : Voler avec effraction dans les maisons, les bâtiments.

Travailler dans le bâtiment

Virmaître, 1894 : Voler avec effraction dans les maisons. L’expression est pittoresque (Argot des voleurs).

Travailler dans le grand

France, 1907 : Voler les gens riches.

Le voleur, qui connait à fond sa coupable industrie, et qui travaille dans le grand, ne part jamais en campagne sans être muni de tous les outils spéciaux à l’accomplissement de ses méfaits. Il peut, à volonté, selon le besoin, approprier ses procédés au genre de vol qu’il doit pratiquer. Il a sur lui le couteau nécessaire pour entailler une poche, la petite et la fine cisaille en acier, à l’aide de laquelle il coupe les chaînes de montres et de médaillons, ainsi que l’instrument servant à fendre discrètement une sacoche.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Travailler dans le rouge

Rigaud, 1881 : Assassiner.

Un meurtre !… Travailler dans le rouge !… C’est grave !…

(P. Mahalin, Les Monstres de Paris)

France, 1907 : Assassiner.

— Un meurtre ! Travailler dans de rouge ! C’est grave !

(Paul Mahalin)

Travailler des mâchoires

Rigaud, 1881 : Manger.

Travailler l’argent

Rigaud, 1881 : Faire des tours d’escamotage à l’aide de pièces de cent sous, — dans le jargon des escamoteurs. Un escamoteur travaille bien l’argent lorsqu’il cueille habilement des pièces de cinq francs sur les paletots, sur les chapeaux, sur le nez des spectateurs.

Travailler le cadavre

Delvau, 1866 : v. a. Battre quelqu’un, au propre, ou en médire, au figuré, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi travailler les côtes.

Travailler le casaquin

France, 1907 : Battre.

Travailler le succès

Delvau, 1866 : v. a. Être chef de claque dans un théâtre. Argot des coulisses.

Travailler le trognon (se)

France, 1907 : Se torturer le cerveau.

Travailler les côtes

Rigaud, 1881 : Médire. — Battre.

Travailler pour Jules

Rigaud, 1881 : Manger dans l’espoir d’une bonne et fructueuse digestion.

France, 1907 : Manger.

Travailler pour le roi de Prusse

Delvau, 1866 : v. n. Faire un travail mal payé, ou pas payé du tout, — dans l’argot du peuple, a qui sans doute on a fait croire que les successeurs du grand Frédéric payaient leurs soldats fort chiche-knout. On dit aussi Travailler pour la gloire et Travailler gratis pro Deo.

Rigaud, 1881 : Travailler gratis. Variantes : Travailler à l’œil, travailler pour la gloire, travailler gratis pro Deo.

France, 1907 : Perdre son temps ; travailler à pur perte. Le mot est attribué à Voltaire, furieux de l’avarice de Frédéric II qui, en 1750, l’avait sollicité de se rendre à la cour de Berlin et lui fit subir toutes sortes de petites vilenies. Le roi lui avait promis des appointements de ministre, un appartement au château, la table, le chauffage, deux bougies par jour, du sucre, du thé, du café, du chocolat à discrétion. Mais thé, café, chocolat étaient de qualité inférieure, ou avariés : quant au sucre, on n’en fournissait qu’une quantité dérisoire, et l’éclairage des bougies était insuffisant. Voltaire se plaignit : Frédéric répondit qu’il allait chasser ses canailles de valets qui n’exécutaient pas ses ordres. Mais rien ne fut changé. On ne sait, dans ces discussions du roi de Prusse et de Voltaire, quel est le plus ridicule les deux.

Travailler pour M. Domange

Delvau, 1866 : v. n. Manger.

Travailler quelqu’un

Delvau, 1866 : v. a. L’obséder d’une chose, insister afin d’obtenir ce qu’on lui demande ; revenir souvent à la charge auprès de lui.

Travailler sur les grands trimards

Ansiaume, 1821 : Voler sur les grandes routes.

Pour moi sur les trimards autour des roulantes.

Travailler un endroit

France, 1907 : En tirer profit, chercher à y gagner.

— Quelles sont donc vos sources principales de renseignements ? — Les chiffonniers… Nous nous abouchons avec les Diogènes qui travaillent cette rue et nous leur achetons tous les papiers trouvés devant la porte de la maison signalée.

(Alfred Sirven)

Travailler, tripoter, graisser le carton

Larchey, 1865 : Jouer aux cartes. — Maquiller le carton : Faire sauter la coupe.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique