Vilain

Vilain

d’Hautel, 1808 : Il n’est chère que de vilain. Signifie que quand un avare se met en dépense de traiter quelqu’un, il le fait souvent avec une grande profusion.

d’Hautel, 1808 : Vilain comme lard jaune. Lâdre, intéressé à l’excès, d’une avarice sordide.
Content comme un vilain. Voyez Content.
À vilain, vilain et demi. Imitation du proverbe, à trompeur, trompeur et demi, pour dire qu’il faut être lâdre avec ceux qui le sont.
Un vilain rhume. Pour dire un gros rhume, un rhume dangereux.
Une vilaine. Pour, dire une courtisane, une femme de mauvaise vie, une prostituée.

Vilain (oignez), il vous poindra

France, 1907 : Rendez service à un rustre, il vous paiera d’ingratitude. Il est quantité de vieux dictons contre les vilains, c’est-à-dire les natures grossières, ingrates et incultes, car c’est l’éducation qui atténue les défauts naturels de l’homme. Tous les peuples s’accordent sur ce point qu’obliger de méchantes gens, c’est s’en faire des ennemis. Outre le vieux dicton de nos pères :

Oignez vilain, il vous poindra,
Poignez vilain, il vous oindra.

en voici d’autres exprimant la même pensée :

Graissez les bottes d’un vilain, il dira qu’on les lui brûle.
Ôtez un vilain du gibet, il vous y mettra.
Dépends le pendart, il te pendra.
  En obligeant un vilain,
  On ne recueille que chagrin

car, oncques vilain n’aima noble homme, c’est-à-dire les natures basses haïssent les nobles et les généreuses.
Citons un dicton anglais qui fait pendant aux nôtres :

Save a thief from the gallows, and he will be the first to cut your throat.
(Sauve un voleur de la potence at il sera le premier à te couper la gorge.)

Vilain merle

Virmaître, 1894 : Homme laid.
— Tu vas te marier avec ce vilain merle-là ; tu pourras chanter au roi des oiseaux : tu auras un beau merle au cul.
Vilain merle :
méchant homme, bilieux, fielleux, qui veut du mal à tout le monde (Argot du peuple).

Vilainement

d’Hautel, 1808 : Pour beaucoup, en quantité. Le peuple se sert fréquemment de cet adverbe par exagération, pour donner plus de poids à son discours.

Vilains de Beauvaisis

France, 1907 : C’est le nom que l’on donna d’abord aux jacques, car c’est en Beauvaisis que commença la Jacquerie, après la bataille de Poitiers. Tous les châteaux des rives de l’Oise furent mis au pillage, puis incendiés. Ce fut un des plus effroyables drames de l’histoire de France. Les Jacques n’épargnaient ni l’âge ni le sexe, torturant les prisonniers avant de les mettre à mort, violant les filles et les femmes, brûlant jusqu’aux petits enfants, ne laissant sur leur passage que cendres et ruines. Dans la Champagne et la Picardie, ils étaient plus de cent mille. Les nobles, un instant surpris, s’assemblèrent et, usant de représailles, commencèrent une guerre atroce, sans merci. En quelques semaines, les Jacques, traqués, furent tous massacrés. Le lugubre souvenir de ces abominations a traversé les siècles, et le nom de vilains de Beauvaisis fut longtemps une grave injure. Un poète du XIVe siècle, Eustache Deschamps, bailli de Senlis, a conservé le souvenir de cette guerre dans ses poésies historiques.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique