Avaler
Avaler
d’Hautel, 1808 : Avaler la pilule ; avaler le goujon ; avaler le morceau. Ces trois locutions ont le même sens, et signifient supporter avec patience et résignation les injures et les mauvais traitemens.
Faire avaler la pilule, ou le goujon à quelqu’un. Le duper ; surprendre sa bonne foi ; le contraindre à passer par où l’on désire.
Avaler signifie aussi vouloir tout faire ; tout envahir.
On diroit qu’il va tout avaler. Se dit par mépris, d’un homme qui fait le grand travailleur.
Il ne fait que tordre et avaler. Pour il est très-expéditif à table ; il mange en goinfre, en glouton.
Avaler du vin dans la cave. Expression dont se servent les tonneliers pour dire descendre du vin dans une cave.
Avaler (avoir l’air de tout vouloir)
France, 1907 : Prendre une mine menaçante.
Avaler des couleuvres
Delvau, 1866 : v. a. Éprouver des déceptions ; essuyer des mortifications. Argot du peuple.
France, 1907 : Avoir du chagrin sans oser se plaindre, être gêné, contraint et embarrassé. Souffrir patiemment les injures sans répliquer.
Avaler la douleur
Rigaud, 1881 : Boire un petit verre d’eau de vie.
Allons, dégourdi, avale la douleur !
(A. de Liancourt, le Rideau levé sur les mystères de Paris, 1814.)
Avaler la pilule
Delvau, 1864 : Avaler le sperme qui s’échappe du membre de l’homme que l’on suce.
Avaler le disque
Rossignol, 1901 : Communier.
Avaler le goujon
Rigaud, 1881 : Mourir ; expression populaire, plus usitée au commencement du siècle que de nos jours.
Mais si j’tenions sur mon bord
Monsieur Pitt, par la ventredienne !
Oui j’li frais faire un plongeon,
Oui j’li frais avaler le goujon.
(Pus, Chans., 1806.)
Avaler le goujon, sa cuiller, sa fourchette, sa langue, sa gaffe
Avaler le luron
Delvau, 1866 : v. a. Communier, — dans l’argot des voleurs, qui appellent la sainte hostie le luron, sans doute après l’avoir appelée le Rond.
Virmaître, 1894 : Communier. On dit aussi : avaler l’Auvergnat, parce que sans doute, comme lui, Dieu n’est ni homme ni femme (Argot des voleurs).
France, 1907 : Communier ; argot des voleurs. Le luron, c’est le bon Dieu. Dans l’argot populaire, on dit : Avaler l’Auvergnat.
Avaler le pepin
Virmaître, 1894 : Être enceinte.
— Elle en a une de bedaine la frangine. Qu’a-t-elle donc mangé ?
— Elle a avalé le pépin (Argot du peuple).
Avaler le pépin
France, 1907 : Argot populaire, être enceinte : La nièce du curé a avalé le pépin, allusion à la pomme d’Ève.
Avaler le poisson sans sauce
Delvau, 1864 : Être baisée par un homme qui ne décharge point, ou que l’on empêche de décharger.
Ah ! combien l’apparence est fausse !
Au chaponneau point de cresson,
Et mon amphitryon sans sauce,
Me fit avaler le poisson.
Marcillac.
Avaler les enfants des autres
Delvau, 1864 : Gamahucher (V. ce mot) une femme qui vient d’être baisée par un autre homme et qui n’a pas eu le temps de se laver.
Au lavabo, tout de suite ! je ne tiens pas à avaler les enfants des autres.
J. Le Vallois.
Avaler sa chique
Virmaître, 1894 : Mourir. Allusion au chiqueur qui s’étoufferait en avalant son pruneau (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Mourir, se taire, s’abstenir.
Hayard, 1907 : Mourir.
Avaler sa cuiller
Delvau, 1866 : v. a. Mourir, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Avaler sa fourchette, avaler sa gaffe et avaler sa langue.
Virmaître, 1894 : Mourir. Être moins heureux que le commis des Magasins du Printemps ; il est vrai qu’il n’avait avalé qu’une fourchette (Argot du peuple).
Avaler sa cuillère
France, 1907 : sa fourchette, sa gaffe, sa langue, ses baguettes, se disent pour mourir. On dit aussi : Casser sa pipe, son vélocipède, claquer, dévisser son billard, descendre la garde, passer l’arme à gauche, etc.
Avaler sa gaffe
Rigaud, 1881 : Mourir, dans le jargon des marins.
D’un jour à l’autre on peut avaler sa gaffe.
(E. Sue. Atar-Gull, 1832.)
Avaler son absinthe
Rigaud, 1881 : Faire contre mauvaise fortune bon visage, endurer avec résignation quelque désagrément.
France, 1907 : Faire contre fortune bon cœur.
Avaler son poussin
Delvau, 1866 : v. a. Recevoir une réprimande, être congédié. Argot des peintres en bâtiment.
Rigaud, 1881 : Être renvoyé, — dans le jargon des peintres en bâtiments.
France, 1907 : Être renvoyé, recevoir son sac ; argot populaire.
Avaler un crapaud
France, 1907 : Subir quelque chose de très pénible, de très répugnant.
Pour pouvoir supporter sans dégoût les sottises que l’on dit et que l’on fait chaque jour, il faut avaler un crapaud le matin.
(Chamfort.)
On dit dans le même sens : avaler des couleuvres.
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