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France, 1907 : Hotte de chiffonnier, argot populaire ; apocope de Berri. Se dit aussi pour calme, apocope de béard. Renvoyé bé ou béard, être acquitté.

Bê ! bê !

Boutmy, 1883 : Cri d’appel, imitant le bêlement du mouton, que poussent, dans quelques ateliers au coup de quatre heures, les imprimeurs et conducteurs altérés.

Bé, béard

La Rue, 1894 : Calme, tranquille. Renvoyé bé, acquitté.

Bé, berri

Rigaud, 1881 : Hotte de chiffonnier. C’est le terme générique dont se servent les chiffonniers pour désigner leur hotte.

La Rue, 1894 : Hotte du chiffonnier.

Be, ble

d’Hautel, 1808 : Le peuple altère la prononciation de ces deux syllabes dans les mots qui en sont terminés ; par exemple dans Arabe, Ambe, il prononce Arable, Amble ; et au contraire dans Agréable, Probable, Sensible, il prononce Agréabe, Probabe, Sensibe.

Béard (rester)

France, 1907 : Rester calme. Roupiller béard, dormir tranquille ; laisser quelqu’un béard, le laisser dans l’embarras ; n’être pas béard, être agité, inquiet.

Beati pauperes

d’Hautel, 1808 : Mots ironiques et injurieux qui se disent des gens simples et bornés, par allusion avec un passage de l’Écriture Sainte ainsi conçu : Bien heureux les pauvres d’esprit, etc.

Beau

d’Hautel, 1808 : Aux derniers les beaux, et plus communément les bons. Se dit par plaisanterie à ceux qui sont appelés les derniers dans une affaire ou à une distribution quelconque, pour leur faire accroire qu’ils seront mieux servis que les premiers. On entend aussi par cette locution, que les choses les moins difficultueuses sont ordinairement gardées pour la fin.
Beau comme le jour qu’il pleuvoit tant. Propos goguenard pour dire que quelqu’un n’est rien moins que beau, ou qu’il est paré ridiculement.
La belle plume fait le bel oiseau. Signifie que la parure et les beaux ajustemens donnent plus d’éclat à la beauté, et rendent supportable la laideur même.
Il fera beau temps, quand on m’y reverra. Pout dire qu’on ne retournera plus dans un endroit où l’on a été trompé, où l’on a essuyé quelque déplaisir.
Il a recommencé comme de plus belle. Pour il s’est remis à faire ce qu’on lui avoit expressément défendu.
Voilà une belle échauffourée, une belle équipée. Pour une étourderie, une inconséquence des plus grandes.
C’est un beau venez-y voir. Se dit d’une chose dont on fait peu de cas, et pour en diminuer la valeur.
À beau jeu, beau retour. Espèce de menace que l’on fait à celui dont on a reçu quelqu’offence, pour lui faire entendre qu’on trouvera tôt ou tard l’occasion de s’en venger.
Être dans de beaux draps. S’être attiré les bras une mauvaise affaire.
Il l’a échappé belle. Pour il a couru un grand danger.
Tout cela est bel et bien, mais je n’en ferai rien. Pour dire que l’on est fermement résolu de ne pas condescendre aux demandes, aux désirs de quelqu’un : qu’on ne veut pas se laisser aller à ses conseils.
Le voilà beau garçon. Se dit ironiquement d’un homme qui s’est laissé prendre de vin, ou qui s’est mis dans un grand embarras.

Larchey, 1865 : Homme à la mode.

Le beau de l’Empire est toujours un homme long et mince, qui porte un corset et qui a la croix de la Légion d’honneur.

(Balzac)

Il y a les ex-beaux et les beaux du jour.

Delvau, 1866 : s. m. Le gandin du premier Empire, avec cette différence que, s’il portait un corset, au moins avait-il quelque courage dessous. Ex-beau. Élégant en ruines, — d’âge et de fortune.

France, 1907 : Gandin du premier Empire, die Alfred Delvau, avec cette différence que s’il portait un corset, au moins avait-il quelque courage dessous.

Le beau de l’Empire est toujours un homme long et mince, qui porte un corset et qui a la croix de la Légion d’honneur.

(Balzac)

Beau (ex-)

France, 1907 : Ancien dandy qui conserve dans l’âge mûr les prétentions de la jeunesse.

Beau blond

Delvau, 1866 : s. m. Le soleil, — dans l’argot des voleurs, qui ne se doutent pas qu’ils font là de la mythologie grecque.

France, 1907 : Soleil ; argot des voleurs.

Beau corps (elle a un)

Delvau, 1864 : Se dit de toute femme laide de visage, quand on veut s’excuser d’avoir couché avec elle une fois ou d’y coucher tous les jours.

Beau du jour

France, 1907 : « Élégant, homme à la mode. Le beau du jour reçoit d’autres nom qui varient avec le temps. Depuis Louis XVI, on l’a successivement appelé petit-maître, incroyable, merveilleux, fashionable, dandy, mirliflor, gant jaune, lion, gandin, petit crevé, gommeux, etc. » (Lorédan Larchey.)

Beau fils

France, 1907 : Jeune beau.

Beau temps tombe par morceaux (le)

Rigaud, 1881 : Il pleut, — dans le jargon des troupiers.

Beauce (plume de)

France, 1907 : Paille ; argot des voleurs.

Beauce, beauceresse

France, 1907 : Revendeur, revendeuse du Marché du Temple.

Beauge

France, 1907 : Ventre ; argot des voleurs.

Beause

France, 1907 : Même signification [ventre ; argot des voleurs] que le précédent [Beauge].

Beauté

d’Hautel, 1808 : Elle a la beauté du diable. C. à. d. la jeunesse ; se dit quelquefois par dénigrement d’une femme qui, sans être belle, ne laisse pas néanmoins par la fraîcheur de son teint, les grâces et l’amabilité de sa personne, de s’attirer les regards et les suffrages des hommes, en dépit de ces beautés froides et inanimées qui semblent rejeter dédaigneusement toute espèce d’hommage.

Beauté du diable

France, 1907 : Fraicheur et jeunesse, en parlant d’une jeune fille qui n’est ni laide ni jolie.

Beauté vénale

Delvau, 1864 : Femme qui fait métier et marchandise de ce qu’elle devrait donner pour rien, — l’homme, après tout, ne faisant pas payer les services de sa pine, qui valent bien ceux du con.

O vous, vénales beautés
À l’humeur aventurière,
Vainement vous présentez
Le devant ou le derrière
À l’abbé
La Bédollière,
L’abbé
Qui sera flambé.

Émile De La Bédollière.

Beautés occidentales

Delvau, 1864 : Les fesses d’une femme, dont les tétons sont les beautés orientales.

Beautés postérieures

Delvau, 1864 : Les fesses.

Le grand camarade, tourmenté de ses désirs, se mettait préalablement au fait des beautés postérieures de la soubrette… et cherchait à s’établir en levrette, mais de petits coups de cul le dénichaient comme sans dessein.

(Mon noviciat.)

Bébé

Delvau, 1864 : Nom d’amitié que les filles donnent depuis quelques années aux hommes avec qui elles baisent, — maquereaux ou michés.

Théodore, c’est mon bébé ; M. Martin, c’est mon monsieur.

Lemercier de Neuville.

Un mot dont on nous favorise,
Mot aux nourrices dérobé,
C’est, aurait-on la barbe grise :
— Comment ça va ? Bonjour, bébé.

Fr De Courcy.

Larchey, 1865 : Poupard. — De l’anglais baby.

Emma arriva le lendemain, au sortir du bal de la Porte Saint-Martin, en costume de bébé.

Ces Dames, 1860.

Bébé sert aussi de mot d’amitié. — Tu sais, mon petit homme, que je n’ai plus un sou, et que ton petit bébé ne doit pas rester sans espèces. — Id.

Delvau, 1866 : s. m. Costume d’enfant (baby) que les habituées des bals publics ont adopté depuis quelques années.

France, 1907 : Petit enfant, garçon ou fille ; de l’anglais baby.

Depuis quelque temps, la lorette se donne des airs de mère de famille ; on la voit tenant par la main une blonde et gentille enfant, dont l’âge varie de quatre à huit ans. Quelquefois, les petites dames se font accompagner par un collégien ; cela leur donne un air respectable.
Ces babys sont nés d’ordinaire dans la loge du concierge ou dans l’échoppe du savetier ; le prix de la location est en raison de la gentillesse du sujet. La leçon est bientôt faite et apprise, les enfants s’en acquittent pour le mieux, ils appellent leur petite mère des plus doux noms, surtout quand les beaux messieurs s’arrêtent devant elles.

(Physionomies parisiennes)

Mon bébé, terme de tendresse que les dames, petites et grandes, adressent à leur amant.

Avec l’âge, un instinct s’éveille, violent, fougueux, comme une force sans emploi : le désir de la maternité. Moralement, les prostituées sont indignes d’être mères ; physiquement, elles en sont incapables. De la maternité, elles ne peuvent connaître — pour leur châtiment — que les joies amères du sacrifice. Il leur faut un être qui profite de leur dégoût, à qui elles procurent les joies matérielles de l’oisiveté, du vêtement chaud, du vin, de la bonne nourriture. Elles ne sont jamais lasses de satisfaire aux exigences de cet enfant qu’elles se donnent ; elles ont entre elles d’étranges rivalités dans la concurrence du sacrifice. Il faut que cet élu soit plus élégant que les autres, qu’il ait plus d’argent dans ses poches que tous ses camarades, afin qu’il juge par là à quel point il est aimé ! Pour désigner cette catégorie d’élus, les malheureuses stériles ont trouvé un mot ignoble et doux : les bébés.

(Hugues Le Roux, Les Larrons)

On dit se costumer en bébé, s’habiller en petite fille pour exciter les vieux messieurs aux doux ébats de l’amour.
Bébé se dit aussi pour avorton, en souvenir d’un nain célèbre attaché à la cour du roi Stanislas, duc de Lorraine et de Bar, qui s’appelait Bébé.

Bébé (mon)

Delvau, 1866 : Petit terme de tendresse employé depuis quelques années par les petites dames envers leurs amants, qui en sont tout fiers, — comme s’il y avait de quoi !

Bébète

Delvau, 1866 : s. f. Bête quelconque, — dans l’argot des enfants.

France, 1907 : Niais, puéril, enfantin.

Bébête

d’Hautel, 1808 : Pour dire Bête. Nom que les petits enfans donnent aux animaux.

Bebose

Rossignol, 1901 : Femme.

Bec

d’Hautel, 1808 : Pour bouche.
Un oiseau à gros bec, Sobriquet bas et trivial que l’on donne à un goinfre, à un gourmand ; à un homme grossièrement ignorant.
Se refaire le bec. Prendre un bon repas ; s’en mettre jusqu’au nœud de le gorge.
Donner un coup de bec. Et plus souvent Un coup de patte. Censurer, satiriser quelqu’un ou quelque chose, quand on en trouve l’occasion.
Tenir quelqu’un le bec dans l’eau. L’entretenir de promesses trompeuses ; le tenir dans l’attente l’alternative.
Avoir bon bec. Parler avec trop d’abondance, babiller, caqueter ; en dégoiser.
Avoir bec et ongles. Savoir repousser à propos une injure, soit par paroles, soit par les voies de faits.
Faire le bec à quelqu’un. Lui faire sa leçon ; lui apprendre ce qu’il doit dire ou répondre. Cette manière de parler signifie aussi corrompre quelqu’un ; le soudoyer pour l’engager au secret.
Mener quelqu’un par le bec. En disposer à volonté ; gouverner son esprit, se rendre maître de toutes ses actions.
Passer la plume par le bec à quelqu’un. Le fourber, le tromper, le friponner.

Larchey, 1865 : Bouche. — Casser, chelinguer du bec : Avoir mauvaise haleine. — Rincer le bec : Faire boire. — Faire le bec : Donner des instructions. — Avoir du bec : Être éloquent. — Tortiller du bec : Manger. — River le bec : Faire taire. — Fin bec : Gourmand.

Delvau, 1866 : s. m. Bouche, — dans l’argot des petites dames.

Rigaud, 1881 : Bouche, langue, langage, visage.

Quand ma muse est échauffée, elle n’a pas tant mauvais bec.

(St-Amant.)

Passer devant le bec, ne pas participer à. Les bons morceaux lui passent devant le bec. — Trouilloter du bec, sentir mauvais de la bouche. Et les variantes : Schlinguer, puer repousser du bec, — avoir la rue du bec mal pavée, manquer de dents. — Se rincer le bec, boire. River le bec, imposer silence. Taire son bec, ne plus parler.

Voyons M’me Rabat-Joie, tais ton bec !… et qu’on vienne baiser son vainqueur !

(Gavarni.)

France, 1907 : Bouche. Rincer le bec à quelqu’un, lui payer à boire ; se rincer le bec, boire ; tortiller du bec, manger ; chelinguer du bec, avoir mauvaise haleine ; avoir la rue du bec mal pavée, avoir les dents mal rangées ; se calfater le bec, manger ou boire, dans l’argot des voleurs ; ourler son bec, finir son travail, argot des matelots ; claquer du bec, n’avoir rien à manger, allusion aux cigognes qui font claquer leur bec lorsque la faim se fait sentir. Bec fin, gourmet ; river le bec, faire taire par des menaces ; taire son bec, cesser de parler ; avoir bon bec, avoir la langue bien pendue.

Prince, aux Dames parisiennes
De bien parler donnez le prix.
Quoi qu’on dise d’Italiennes,
Il n’est bon bec que de Paris.

(François Villon.)

Bec (le)

Rossignol, 1901 : La bouche.

Bec de gaz

La Rue, 1894 : Agent de police.

Virmaître, 1894 : Sergent de ville. Il éclaire les malfaiteurs quand il n’est pas chez le marchand de vins en train d’étouffer un glacis (Argot des souteneurs). N.

Virmaître, 1894 : À la manille aux enchères, quand le joueur auquel le point est adjugé rencontre un jeu sur lequel il ne comptait pas dans les mains d’un de ses adversaires, il dit : J’ai rencontré un bec de gaz (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Agent de police.

Il éclaire les malfaiteurs quand il n’est pas chez le marchand de vins, en train d’étouffer un glacis.

(Ch. Virmaître.)

Bec, bécot

Hayard, 1907 : Bouche.

Bec, beq

Rigaud, 1881 : Bois à graver, — dans le jargon des graveurs sur bois. — Ourler le bec, finir un travail.

Bécane

Rigaud, 1881 : Machine à vapeur. Locomotive, — dans le jargon des ouvriers du fer.

La Rue, 1894 : Machine. Locomotive. Bicycle.

Virmaître, 1894 : Mauvaise machine à vapeur rafistolée par les Auvergnats de la rue de Lappe, qui marche comme une montre réparée par un charron (Argot du peuple). V. Seringue.

Rossignol, 1901 : Bicyclette.

Hayard, 1907 : Machine.

France, 1907 : Machine à vapeur.

Bécarre

Fustier, 1889 : Cet adjectif qui, il y a trois ans, fit florès dans le monde boulevardier comme synonyme d’élégant, n’est plus guère usité aujourd’hui.

Le parisien, en tant que langue vient de s’enrichir d’un nouveau mot… Le pschuk qui succédait au chic a fait son temps. C’est le bécarre qui gouverne. On est ou on n’est pas bécarre, comme on était jadis ou l’on n’était pas élégant. Il est bécarre de faire telle chose et non bécarre d’en faire telle autre… Bécarre, à tout prendre, ne veut rien dire, à moins que le bécarre qui, en musique, remet la note dans son ton naturel, ne signifie que le ton naturel de Paris est ce qui est élégant, agréable, distingué.

(Illustration, novembre 1885.)

France, 1907 : Synonyme de dandy.

En 1885, on était bécarre, comme on avait été raffiné sous Charles IX, libertin sous Louis XV, talon rouge sous la Régence et plus tard incroyable. Le parfait bécarre devait porter des bottes pointues, un pantalon étriqué, le gilet blanc très ouvert, n’avoir qu’un seul gant à la main gauche et surtout paraître très gourmé, très Anglais et très sanglé.

(Frédéric Loliée.)

Bécarre, bécarreux

France, 1907 : Synonyme de gandin, dandy, mais plus inepte, car il est tout à fait anglicisé. Il doit être grave, raide, gourmé, porter un faux col de vingt centimètres, saluer d’un geste automatique, paraître n’avoir que trente ans, ne pas danser et n’affecter aucune frivolité de manières ou de luxe. Bécarre n’est pas un nouveau mot, Molière a dit plaisamment à propos de musique : Hors du bécarre, point de salut.

Former des jeunes filles suffisamment instruites, mais moins savantes que sensées, de goûts simples et de mœurs irréprochables : ne recruter ces enfants que dans des familles honnêtes, bourgeoises, si l’on veut, d’antiques préjugés, ignorant le pschut !, le v’lan, la gomme, la poisse, le bécarre…

(Albert Cim, Institution de Demoiselles)

Bécasse

d’Hautel, 1808 : C’est une bécasse, ou bécassine. Pour dire une fille sotte, ignorante, imbécile.
La bécasse est bridée. Se dit de quelqu’un à qui l’on a tendu quelque piège, et qui s’y est laissé prendre.

Delvau, 1866 : s. f. Femme ridicule, — dans le même argot [des petites dames].

Rigaud, 1881 : Femme sotte.

France, 1907 : Femme maigre et ridicule. (La plupart des vieilles vierges anglaises ont des allures de bécasse.) « Taisez-vous, sainte bécasse ! »

Becfigue de cordonnier

Rigaud, 1881 : Oie, dinde.

France, 1907 : Oie ; argot populaire.

Bêchage

France, 1907 : Critique acerbe.

Dans le monde des journalistes, sitôt qu’un confrère a le dos tourné, on se livre sur lui à un effréné bêchage.

(Hector France.)

Béché

M.D., 1844 : Mépriser quelqu’un.

Bêche

France, 1907 : Outil de journaliste, dont il se sert pour tomber sur les camarades. On dit aussi faire de la bêche.

— Mais n’ayons pas l’air de faire de la bêche… on est susceptible chez Moule-à-Singe… Regardons, écoutons, et ne nous faisons pas trop remarquer…

(E. Lepelletier.)

Bécher

M.D., 1844 : Faire des cancans.

La Rue, 1894 : Médire.

Bêcher

Clémens, 1840 : Médire, accuser.

un détenu, 1846 : Charger, accabler de paroles, de sottises, etc.

Larchey, 1865 : Battre, dire du mal. Vient du vieux mot béchier : frapper du bec (Du Cange).

Je suis comme je suis, c’est pas une raison pour me bêcher.

Monselet.

Avocat bécheur : Magistrat chargé du ministère public. Il bêche le prévenu.

Delvau, 1866 : v. a. Médire et même calomnier, dans l’argot des faubouriens, qui ne craignent pas de donner des coups de bec à la réputation du prochain.

Rigaud, 1881 : Dire du mal. On bêche surtout ses amis. — Mot à mot : travailler quelqu’un ou quelque chose comme on travaille la terre, à coups de bêche.

Boutmy, 1883 : v. a. Dire du mal de quelqu’un ; faire des cancans sur son compte. Ce mot, dont le sens est à peu près le même que celui de « casser du sucre », n’est pas particulier au langage des typographes, non plus que cette dernière expression.

Merlin, 1888 : Critiquer, médire.

Rossignol, 1901 : Abimer, vilipender quelqu’un.

Hayard, 1907 : Blaguer, débiner.

France, 1907 : Médire ; du vieux mot béchier, frapper du bec.

Dans un salon.
Cette excellente comtesse de B… est en train de s’en donner à cœur joie sur le compte de ses « bonnes amies ».
Taupin, l’interrompant de la façon la plus respectueuse :
— Après vous la bêche, s’il vous plaît ?

Bécher en douce

Virmaître, 1894 : Blaguer un ami doucettement mais lui dire de dures vérités sous des apparences de bonhomie (Argot du peuple).

Bêcher en douce

La Rue, 1894 : Être ironique. On dit aussi blaguer en douceur.

Becheur

Halbert, 1849 : Moqueur.

Bécheur

Virmaître, 1894 : Avocat général. Il bêche le prévenu pour le faire condamner quand même. Pour l’avocat bêcheur il n’y a pas d’innocents (Argot des voleurs).

Ou le bêcheur commence à jaspiner.

Bêcheur

un détenu, 1846 : Le procureur du roi, le ministère public, l’avocat du roi.

Delvau, 1866 : s. m. Le Ministère public, l’Avocat général. Argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Avocat chargé de soutenir l’accusation, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Le ministère public. Gascon.

Rossignol, 1901 : Celui qui bêche, Voir bêcher.

France, 1907 : Juge d’instruction ou magistrat chargé du ministère public, dans l’argot des voleurs. On dit aussi avocat bêcheur.

Bêcheur (avocat)

Hayard, 1907 : L’avocat général.

Bêcheur, bêcheuse

Rigaud, 1881 : Excellent petit camarade, bonne petite camarade, qui ne perd pas une occasion de dire du mal des amis et connaissances.

Bêcheuse

France, 1907 : Voleuse.

Bécot

Larchey, 1865 : Petit baiser pris du bout des lèvres avec la prestesse de l’oiseau qui donne son coup de bec.

Encore un bécot.

Champfleury.

Bécoter : Donner des bécots.

Tiens, j’effarouche les tourtereaux… On se bécotait ici.

Cormon.

Delvau, 1866 : s. m. Bouche, — dans l’argot des mères et des amoureux. Signifie aussi Baiser.

Virmaître, 1894 : Bouche, baiser.
— Mon petit homme, donne-moi un bécot.
Embrasse-moi (Argot des filles).

Rossignol, 1901 : Embrasser.

Donnez-moi un bécot.

France, 1907 : Baiser.

Bécot (donner un)

Delvau, 1864 : Baiser la tête d’un vit comme on baise le bec d’une clarinette. Cette aimable action ne faisant aucun bruit, on peut aller longtemps : d’abord moderato, puis allegretto, vivace… chaque pause vaut un soupir.

Et quand je lui donne un bécot,
Comme il lève la tête,
Jacquot !

Al. Dalès.

Bécoter

Delvau, 1866 : v. a. Donner des baisers. Se bécoter. S’embrasser à chaque instant.

France, 1907 : Embrasser à petit coups comme font les amoureux.

Becotter

Virmaître, 1894 : Embrasser.
— C’est dégoûtant ! Ces jeunes mariés se bécottent toute la journée (Argot du peuple).

Bécotter

Delvau, 1864 : Donner des bécots.

Petit bossu
Noir et tortu,
Qui me bécottes
Et fripes mes cottes ;
Petit bossu, noir et tortu,
De me baiser, finiras-tu ?

Béranger.

Rossignol, 1901 : Embrasser.

Ils sont jeunes, ils passent leur temps à se bécotter.

Becquant

Rigaud, 1881 : Poulet, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : Poulet ; argot des voleurs.

Petit bossu
Noir et tortu
Qui me bécottes…
De me baiser finiras-tu ?

(Béranger.)

Becquants

La Rue, 1894 : Oiseaux.

Becquée

d’Hautel, 1808 : Il n’en a que pour une becquée. Se dit d’un goulu, d’un glouton qui avale tout d’une bouchée, et dont on a fait la part trop petite.

Becquetance

France, 1907 : Vivres, nourriture.

Becqueter

un détenu, 1846 : Manger avec faim.

Larchey, 1865 : Manger. De bec.

J’ai vendu ce que j’avais pour becqueter.

Lynol.

Boutmy, 1883 : v. a. Manger ; synonyme de boulotter.

La Rue, 1894 : Manger. Becquetance, nourriture.

Virmaître, 1894 : Manger.
— J’ai encore cent ronds à becqueter. Viens-tu manger une friture à Auteuil (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Manger.

France, 1907 : Manger.

Les yeux éraillés et rougis, la lèvre molle, un plat sourire collé sur la face, voûtés, rachitiques, puant l’ylang-ylang, des bagues aux doigts, des diamants à la chemise. Rassemblés pour becqueter finement ensemble, et tâchant, par le vin et la boustifaille, de combler le creux, le vide, le trou de leur existence bêtement gâchée. Pas de femmes. Les femmes, c’est gênant.

Becqueter, béquiller

Rigaud, 1881 : Manger. — Mot à mot : jouer du bec.

Bedaine

d’Hautel, 1808 : Mot du bas comique. Pour ventre rebondi ; panse à la maître d’hôtel.
Remplir sa bedaine. Faire ripaille ; se gorger de bonne-chère.

Bedon

Delvau, 1866 : s. m. Ventre, — dans l’argot du peuple qui sait son Rabelais par cœur sans l’avoir lu.

Virmaître, 1894 : Gros ventre. En Normandie on dit bedolle pour bedon (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Le ventre.

Allume (regarde) lago (là) le gonce (l’homme) ; ce bedon, on dirait une vessie à saindoux.

France, 1907 : Ventre.

Comme ma maîtresse Zoé
— Une brune donzelle —
Me trompait avec un curé
De trente ans plus vieux qu’elle,
Alors, dans son petit bedon,
La faridondaine, la faridondon !
J’ai planté mon couteau, jeudi.

(Georges Prud’homme, Rouge et Noir)

Bedonner

Rossignol, 1901 : Prendre du ventre.

Bédouin

Delvau, 1866 : s. m. Homme dur, brutal, — dans le même argot [du peuple].

Delvau, 1866 : s. m. Garde national de la banlieue autrefois, — dans l’argot des voyous irrespectueux. Ils disaient aussi Gadouan, Mal-ficelé, Museau, Offarmé, Sauvage.

France, 1907 : Homme dur, impitoyable. Les Anglais disent dans le même sens : Tartar.

Bée

Rossignol, 1901 : Hotte de chiffonnier.

Beefsteack à corbeau

Virmaître, 1894 : Vieille fille publique qui a servi de litière à tout un régiment de cuirassiers (Argot du peuple). N.

Beefsteack à Macquart

Virmaître, 1894 : Macquart est l’équarrisseur qui a la spécialité d’abattre les vieux chevaux, les carnes hors de service (Argot du peuple).

Beefsteak de la Chamareuse

Delvau, 1866 : s. m. Saucisse plate, — dans l’argot des faubouriens, qui savent de quelles charcuteries insuffisantes se compose souvent le déjeuner des ouvrières.

Béer aux mouches

France, 1907 : S’amuser à des puérilités. Cette expression viendrait du plaisir féroce et niais que, suivant Suétone, l’empereur Domitien prenait à tuer les mouches avec une longue aiguille.

Beffeur (c’est un)

Virmaître, 1894 : Homme qui fait des dupes. Homme d’affaires marron. Ses clients le sont plus souvent que lui (Argot des voleurs).

Beffeur, beffeuse

France, 1907 : Trompeur, trompeuse.

Bègne ou beigne

France, 1907 : Coup.

Puisqu’il fallait que l’on cognât,
Pour administrer une bègne,
Rien ne vaut un poing d’Auvergnat.

(Louis Legendre.)

Bègue

Delvau, 1866 : s. f. Avoine, — dans l’argot des voleurs, qui savent à ce qu’il paraît l’italien (bavia, biada). Ils disent aussi Grenuche.

Rigaud, 1881 : Avoine, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Avoine. Bézigue.

France, 1907 : Avoine ; se dit aussi pour bezigue, dont il est l’abréviation.

Bègue, bèze

Rigaud, 1881 : Bezigue, jeu de cartes. — Jouer au bègue, quarante de bègue, jouer au bezigue, quarante de bezigue.

Bégueule

d’Hautel, 1808 : Sobriquet injurieux que l’on donne aux femmes du filles qui font les précieuses, les hautaines, les pimbêches.

Bégueulerie

d’Hautel, 1808 : Minauderie, grimace, air hautain et méprisant ; petites façons fort étudiées, très-familières aux petites maîtresses, et surtout aux petits maîtres de Paris.

Bégueulisme

Fustier, 1889 : Le mot est de F. Sarcey qui l’a employé pour la première fois dans un de ses feuilletons, en 1869.

C’est, dit-il, dans la vie ordinaire, l’art de s’offenser pour le compte des vertus qu’on n’a pas ; en littérature, l’art de jouir avec des goûts qu’on ne sent point ; en politique, en religion et en morale, l’art d’affecter des opinions dont on ne croit pas un mot.

France, 1907 :

Le mot est de Francisque Sarcey, qui l’a employé pour la première fois dans un de ses feuilletons, en 1869 ; C’est, dit-il, dans la vie ordinaire, l’art de s’offenser pour le compte des vertus qu’on n’a pas ; en littérature, l’art de jouir avec des goûts qu’on ne sent point ; en politique, en religion et en morale, l’art d’affecter des opinions dont on ne croit pas un mot.

(Gustave Fustier.)

Béguin

Larchey, 1865 : Passion. — Vient du mot béguin : chaperon, coiffure. Allusion semblable à celle qui fait appeler coiffée une personne éprise.

Il y a bel âge que je ne pense plus à mon premier béguin.

Monselet.

Béguin :Tête.

Tu y as donc tapé sur le béguin.

Robert Macaire, 1836.

Delvau, 1866 : s. m. Tête, — dans l’argot des faubouriens.

Delvau, 1866 : s. m. Caprice, chose dont on se coiffe volontiers l’esprit. Argot de Breda-Street. Avoir un béguin pour une femme. En être très amoureux. Avoir un béguin pour un homme. Le souhaiter pour amant quand on est femme — légère.
On disait autrefois S’embéguiner.

Rigaud, 1881 : Tête. C’est la tête prise pour le bonnet. Caprice amoureux. — Avoir un béguin, être épris de.

Moi, monsieur, j’ai un béguin pour les hommes rassis et pas trop spirituels… Aussi vous me plaisez.

(Almanach du Charivari, 1880.)

La Rue, 1894 : Tête. Caprice amoureux.

Virmaître, 1894 : Petit serre-tête en toile que l’on met sur la tête des enfants nouveau-nés (Argot des nourrices). V. Avoir un béguin.

Rossignol, 1901 : Être amoureux d’une femme ou d’une chose.

J’ai un béguin pour cette femme. — Allons en ce café, j’ai un béguin pour cet établissement.

Béguin veut aussi dire aimer à… l’œil, sans que ça coûte.

France, 1907 : Caprice.

— J’ai toujours eu un béguin pour toi, tu sais bien, j’aime les grosses femmes, on ne se refait pas !

(Oscar Méténier.)

C’est pas un’ plaisanterie,
Faut que j’passe mon béguin ;
J’suis pas jolie, jolie,
Mais j’suis cochonne tout plein.

(Louis Barron.)

Frère Laurent. — Alors, vous voulez vous marier ?
Juliette. — Oui, j’ai le béguin pour lui.
Roméo. — Et moi, je l’idole.
Frère Laurent. — Une bonne niche à faire à vos raseurs de pères, ça me va… Une, deux, trois, ça y est… vous l’êtes !

(Le Théâtre libre)

— J’sais bien qu’i’ n’est pas beau, va, il a une taille de hareng, i’ louche même !
Mais quoi ! elle l’aimait ! Cette asperge montée et défraichie, elle en était toquée ! « C’est bête, va, d’avoir des béguins »

(Aug. Germain.)

Béguin veut dire aussi tête, dans l’argot populaire : Se mettre quelque chose dans le béguin.

Beguin (avoir le)

Halbert, 1849 : Aimer quelqu’un.

Béguin (avoir un)

Delvau, 1864 : Avoir envie de coucher avec un homme lorsqu’on est femme, avec une femme lorsqu’on est homme.

Ah ! je ne sais pas quand il se passera, mais j’ai un fier béguin pour toi, va !

Lemercier de Neuville.

Béguin carabiné

Virmaître, 1894 : Avoir un amour de première force auquel il est impossible de résister (Argot du peuple). N.

Beigne

Delvau, 1866 : s. f. Soufflet ou coup de poing, — dans l’argot du peuple, qui emploie ce mot depuis des siècles. On dit aussi Beugne.

Rigaud, 1881 : Soufflet, contusion. — Donner, flanquer, recevoir, encaisser une beigne.

À une lettre près, c’est ainsi qu’on écrivait ce mot au XVIe siècle, et il avait la même signification. On disait mieux : bigne.

(Ch. Nisard, de l’Étymologie française.)

Se me dévoyé au iront faire une beigne.

(Anciennes poésies françaises, Eglogue sur le retour de Bacchus.)

La Rue, 1894 : Coup. Soufflet.

France, 1907 : Coup ; argot populaire. Recevoir une beigne, être battu.

Et pis, mon p’tit loup, bois pas trop,
Tu sais que t’es teigne
Et qu’quand t’as un p’tit coup de sirop
Tu me fous la beigne.

(Aristide Bruant, Dans la rue)

Béjaune

d’Hautel, 1808 : Ignorance, sottise, stupidité.
Montrer à quelqu’un son béjaune. Lui donner à connoître son ignorance, son incapacité, son ineptie.

Bélant

M.D., 1844 : Un mouton.

Bèlant

Delvau, 1866 : s. m. Mouton, — dans l’argot des voleurs, qui ne se sont pas mis en frais d’imagination pour ce mot.

Bêlant

France, 1907 : Mouton.

Bêler

d’Hautel, 1808 : Brebis qui bêle, perd sa goulée. Signifie qu’il ne faut pas trop s’amuser lorsqu’on dîne à table d’hôte, ou qu’une occasion favorable est bientôt échappée, si l’on ne se hâte de mettre le temps à profit.
La brebis bêle toujours d’une même manière. Pour dire qu’on ne change guères les impressions qu’on a reçues de la nature.

Belêt

Rigaud, 1881 : Cheval destiné à l’équarisseur, — dans le jargon des maquignons.

Belette

Virmaître, 1894 : V. Blanchisseuse.

France, 1907 : Pièce de 50 centimes ; argot populaire.

Belge

Rigaud, 1881 : Pipe en terre fabriquée en Belgique.

C’était le long des murs de la chambre, le plus beau musée de belges et de marseillaises culottées.

(Ed. et J. de Concourt, Une Voiture de masques.)

France, 1907 : Pipe en terre de Belgique.

Belgique (la fuite en)

Rigaud, 1881 : Départ précipité à l’étranger pour cause de soustraction. La plupart des caissiers infidèles, les banqueroutiers, s’en vont à tire-d’aile vers des climats hospitaliers. La Belgique, pays limitrophe, a été choisie de préférence.

Bélier

Larchey, 1865 : Cocu (Vidocq). — Allusion aux cornes symboliques du cocuage.

Delvau, 1866 : s. m. Cocu, — dans l’argot des voyous, pour qui les infortunes domestiques n’ont rien de sacré.

Rigaud, 1881 : Mari trompé. Délicate allusion aux cornes du bélier.

France, 1907 : Cocu. Le roi des cocus.

Beliner

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien, l’acte bestial par excellence, — belluinus.

Bellander

France, 1907 : Mendier.

Bellauder

Halbert, 1849 : Mendier.

Belle

Delvau, 1866 : s. f. Occasion favorable ; revanche. Argot du peuple. Attendre sa belle. Guetter une occasion. Être servi de belle. Être arrêté à faux.
Cette dernière expression est plus spécialement de l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : s. f. Dernière partie, — dans l’argot des joueurs.

La Rue, 1894 : Occasion. Revanche. Servi de belle, arrêté à faux. Être de belle, n’avoir pas de charge à redouter en justice.

Belle (être de la)

France, 1907 : N’avoir rien à redouter en justice. Jouer la belle, jouer la partie décisive ; être servi de belle, être victime d’une fausse accusation ; attendre sa belle, attendre une occasion.

Belle (faire la)

Virmaître, 1894 : Jouer une troisième partie qui décidera quel sera le vainqueur des deux adversaires ayant perdu chacun une manche (Argot du peuple).

Belle (jouer la)

Larchey, 1865 : Tout risquer d’un seul coup. — On sait que deux joueurs jouent la belle (partie), lorsque après avoir gagné chacun une partie, ils conviennent d’en jouer une décisive.

Belle (la)

Rigaud, 1881 : Troisième partie, partie décisive aux cartes, au billard, à un jeu quelconque, lorsque chacun des adversaires est manche à manche. — Faire la belle.

Il est essentiel qu’il (le commis-voyageur) laisse gagner la belle à son antagoniste.

(Code du commis voyageur, 1830)

Belle à la chandelle

Delvau, 1866 : s. f. Femme laide, qui n’a d’éclat qu’aux lumières. Argot du peuple.

France, 1907 : Laide.

Belle de nuit

Delvau, 1866 : s. f. Fille oui hante les brasseries et les bals. Même argot [du peuple].

Rigaud, 1881 : Rôdeuse de pavé, coureuse de bastringues.

Virmaître, 1894 : Fille publique déjà vieille qui raccroche la nuit parce que la nuit tous les chats sont gris. Cette expression est ancienne. Vers 1850, on chantait dans une revue intitulée : Vive la Joie et les Pommes de terre représentée aux Folies-Dramatiques, à l’ancien boulevard du Temple.

Tous les soirs l’amateur contemple
Les belles de nuit qui s’font voir,
Sur le boulevard du Temple.

(Argot du peuple).

Belle en cuisses

Delvau, 1864 : Galanterie que les gens du peuple adressent volontiers à une femme — dont ils n’ont pas encore relevé la robe.

J’ prendrais bien quéque chose, moi… Et toi, la belle en cuisses ?

Lemercier de Neuville.

Belle enfant

Delvau, 1864 : Nom que l’on donne à une jolie fille, tant qu’elle est en âge de faire l’enfant, ou de faire un enfant.

Ma belle enfant !

Cette expression se trouve dans tous les drames possibles et impossibles, depuis la Pie voleuse, jusqu’à la Grâce de Dieu, etc., etc. Dans cette dernière pièce, elle s’adresse à mademoiselle Clarisse Miroy, qui a 46 ans et est grosse comme mademoiselle Georges : — La belle enfant !

Belle lurette (il y a)

France, 1907 : C’est-à-dire, il y a longtemps. Cette expression, telle qu’on l’orthographie, n’aurait aucune signification si l’on ne savait que lurette est une corruption de heurette, diminutif de heure, mot encore en usage en Flandre. C’est donc : il y a belle heurette, qu’il faudrait dire.

Belle minette

France, 1907 : Surnom donné aux petites dames.

Filles aimables, prêtresses de Vénus, vierges folles, horizontales de grande marque, apéritives et belles minettes, écoutez l’histoire suivante :
La doyenne des femmes galantes de Paris, celle qui s’était appelée Du Harlay, l’amie de la Guimard, la maîtresse de Barras, du beau Barras, vient de mourir à l’hôpital de Pontarlier.
Elle était née en 1780. Le vice et la misère en avaient fait un être repoussant.

(Gil Blas)

Belle petite

France, 1907 : Même sens que ci-dessus.

Pour la circonstance, elle avait pris ce que les femmes de cette catégorie appellent une tenue de femme honnête. Elle portait un petit chapeau fermé, très simple, recouvert d’une épaisse voilette, et sous la fourrure entr’ouverte on voyait une robe de soie noire d’une parfaite sévérité. Néanmoins, il s’exhalait de toute sa personne ce léger parfum de la femme galante, ce je ne sais quoi provocant qui fait qu’un Parisien expérimenté reconnait aussitôt ce que nos pères appelaient une cocotte, et que l’argot du jour appelle une belle petite.

(Édouard Ducret, Paris-Canaille)

Belle sous le linge (être)

Delvau, 1864 : Ne rien perdre de ses séductions en se mettant nue devant un homme qui vous a trouvée belle habillée.

Il y avait à côté de son nom : bonne créature, assez belle sous le linge, mais gauche et sans mouvement.

La Popelinière.

Belle-de-nuit

France, 1907 : Coureuse de bals, de gueulants et de cafés.

Quant aux filles publiques, les hommes les désignent par un grand nombre d’appellations. Les messieurs qui ont des prétentions à la distinction disent : fille de joie, courtisane, belle-de-nuit. Comme désignation insultante, on dit : putain, catin. Les autres termes employés avec le plus de grossièreté sont les suivants : garce, gothon, salope, gueuse, toupie, vache, bagasse, calèche, doffière, chameau, grenouille, tortue, volaille, rouscailleuse, couillère, omnibus, giberne, vessie, vezon. Les souteneurs, dans leur argot, disent : gaupe, marmite, dabe, largue, ouvrière, guénippe, ponante, ponisse, panturne, panuche, bourre-de-soie. On se sert aussi des mots poupée et gourgandine.

(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)

Belle-petite

Rigaud, 1881 : « On ne dit plus : cocotte, en parlant des impures, on dit : belle-petite : c’est le vocable récemment adopté. »

(Figaro du 25 août 1878.)

Bellemeresque

France, 1907 : Qui a rapport à la belle-mère. Cet adjectif, mis en circulation par Edmond Lepelletier, mérite de faire son chemin.

Ce gendre, qui pousse peut-être trop loin l’amour de sa belle-maman, vient d’enseigner à ses collègues la manière de traiter la terrible gent bellemeresque.

Voir Caisson.

Bellot, bellotte

d’Hautel, 1808 : Diminutif de beau, belle.
Mon bellot, ma bellotte. Nom d’amitié que l’on donne aux petits enfans, garçons et filles.

Beluter

Delvau, 1864 : Faire l’acte copulatif, pendant lequel on remue beaucoup, — volutare.

Belzigues

un détenu, 1846 : Lunettes.

Bénard

Rigaud, 1881 : Pantalon, — dans le jargon des Desgrieux de barrière, du nom du tailleur.

— J’aurai besoin d’un bénard neuf dimanche pour aller guincher à Idalie.

Rossignol, 1901 : Pantalon dit à pieds d’éléphant ou bénard, étroit des genoux et large des pieds, dont le tailleur Bénard, rue du Faubourg-Saint-Antoine, avait le renom pour la fabrication. À une époque, tous les mauvais sujets portaient la cotte à la Bénard.

Hayard, 1907 : Pantalon.

France, 1907 : Culotte.

Benedicamus

Fustier, 1889 : Enfant de chœur. Terme populaire :

Il s’imaginait naïvement que les vainqueurs ramenaient avec eux M. le curé, les vicaires, l’organiste, les petits benedicamus.

(Figaro, nov. 1885.)

Bénédiction

d’Hautel, 1808 : Donner la bénédiction. Pour dire congédier, éconduire.
Donner la bénédiction des pieds et des mains. Signifie en style bas et comique, remuer les pieds et les mains comme le fait un pendu.

Bénédiction de parade

Rigaud, 1881 : Coup de pied au derrière. Allusion aux coups de pied dont se gratifient MM. les saltimbanques, au moment de la parade.

Bénef

Larchey, 1865 : Bénéfice.

Un billet, mon maître, moins cher qu’au bureau ! Deux francs cinquante de bénef !

Second.

Delvau, 1866 : s. m. Apocope de Bénéfice, — dans l’argot des bohèmes et du peuple.

Rigaud, 1881 : Bénéfice. — Se retirer du jeu avec du bénef. — Avoir un petit bénef dans une affaire.

France, 1907 : Apocope de bénéfice.

Bénéfice

d’Hautel, 1808 : Les chevaux courent les bénéfices, et les ânes les attrapent. Signifie que les bons emplois ne tombent pas toujours aux gens de mérite qui les recherchent ; mais bien à des personnes sans capacité, à qui la faveur seule les fait accorder.

Benêt

d’Hautel, 1808 : Un grand benêt. Un sot, un niais, un innocent ; un homme d’une grande simplicité d’esprit.

Beni-coco (être de la tribu des)

Merlin, 1888 : Être un imbécile, un niais.

France, 1907 : Être simple, facile à duper ; argot militaire. Beni, pluriel de l’arabe ben, fils.

Beni-Mouffetard

Delvau, 1866 : s. m. Habitant du faubourg Saint-Marceau, — dans l’argot des ouvriers qui ont été troupiers en Algérie.

France, 1907 : Sobriquet donné par les troupiers aux faubouriens de Paris.

Bénir

d’Hautel, 1808 : Que le bon Dieu te bénisse ! Phrase interjective, qui marque la surprise, l’improbation, le mécontentement.
Dieu vous bénisse ! Salut, souhait que l’on fait à quelqu’un qui éternue. On se sert aussi de cette locution pour se débarrasser honnêtement d’un pauvre qui demande l’aumône, et auquel on ne veut rien donner.
Il dépenseroit autant de bien qu’un évêque en béniroit. Voyez Autant.
Eau bénite de cour. Fausses carresses, vaines protestations d’amitié.
C’est pain bénit que d’attraper un rusé, un avare. Pour dire que c’est un mal dont chacun rit.
Ventre bénit. Nom que l’on donne aux bedeaux de paroisses, parce qu’ils vivent le plus souvent du pain bénit qu’on les charge de distribuer aux fidèles.
Changement de corbillon, appétit de pain bénit. Vieux proverbe qui signifie que la diversité et la variété plaisent en toutes choses. Voyez Appétit.
Il est réduit à la chandelle bénite. Se dit d’un moribond qui approche de sa dernière heure.

Bénir bas

Delvau, 1866 : v. a. Donner un ou des coups de pied au derrière de quelqu’un, — comme ferait par exemple un père brutal à qui son fils aurait précédemment demandé, avec sa bénédiction, quelques billets de mille francs pour courir le monde.

France, 1907 : Donner un coup de pied au derrière.

Bénir des pieds

Delvau, 1864 : Se dit des spasmes amoureux, pendant lesquels l’homme et la femme gigotent des jambes, comme s’ils voulaient envoyer leur bénédiction urbi et orbi.

France, 1907 : Être pendu ; allusion aux saccades des pendus.

Bénir ses pieds

Delvau, 1866 : v. a. Être pendu, — dans l’argot impitoyable du peuple, qui fait allusion aux derniers gigottements d’un homme accroché volontairement à un arbre ou involontairement à une potence.

Bénissage

La Rue, 1894 : Louange banale distribuée aux mauvais et aux médiocres comme aux bons.

Bénisseur

Delvau, 1866 : s. m. Père noble, dans l’argot des coulisses, où « le vertueux Moëssard » passe pour l’acteur qui savait le mieux bénir.

Rigaud, 1881 : Père de comédie, père noble. Ce n’est pas un homme, c’est un ruisseau.

Rigaud, 1881 : Faux-bonhomme à qui les promesses et les éloges ne coûtent rien, mais incapable de rendre jamais le moindre service à personne. Les bénisseurs forment une nombreuse classe dans la société, et quiconque a eu besoin sérieusement d’un service, s’est heurté neuf fois sur dix à des bénisseurs.

La Rue, 1894 : Critique qui abuse du bénissage.

Virmaître, 1894 : Homme qui trouve toujours tout très bien et n’a jamais une parole amère pour personne. Le critique H. de Lapommeraye fut et restera le plus illustre bénisseur du siècle (Argot du peuple).

France, 1907 : Donneur de paroles flatteuses et banales, homme politique qui s’efforce de croire et cherche à faire croire aux autres que tout est pour le mieux.

Bénitier

Delvau, 1864 : La nature de la femme, que nous emplissons de sperme bénit — par elle.

Je crois bien que notre gros vicaire
Aura mis le doigt au bénitier.

Béranger.

… Aussi, ma foi,
Laissez-moi mettre un doigt
Au bénitier de ma belle Lise.

Emm. Delorme.

Benoit

Virmaître, 1894 : Maquereau. Benoit, dans le langage populaire, est synonyme d’imbécile, de niais, n’en déplaise à ceux qui portent ce nom. Il veut dire aussi maquereau, dans le monde des filles (Argot des souteneurs). N.

France, 1907 : Souteneur.

… La vrai vérité
C’est que les Benoits toujours lichent
Et s’graissent les balots.
Vive eul bataillon d’la guiche !
C’est nous qu’est les dos.

(Jean Richepin, Chanson des Gueux)

France, 1907 : Imbécile, benêt ; argot des canuts.

Benoît

Hayard, 1907 : Souteneur.

Benoiton

Delvau, 1866 : s. m. Jeune homme du monde qui parle argot comme on fait dans La famille Benoiton, pièce de M. Sardou.

Benoiton (Mme)

Delvau, 1866 : Se dit d’une femme sans cesse absente de sa maison.

Benoiton, benoitonne

France, 1907 : Bourgeois excentriques dans leur langage et dans leur tenue, d’une pièce de Victorien Sardon : La Famille Benoiton. On en a fait le verbe benoitonner et le substantif benoitonnerie.

Et le soir, les gandins, sur vos pas s’étouffant,
Croiront tous, à vous voir aussi benoitonnée,
Que dans la bicherie une autre biche est née.

(Vie Parisienne)

Benoitonne

Delvau, 1866 : s. f. Jeune fille bien élevée qui parle la langue des filles.

Béotien

France, 1907 : Inintelligent, illettré, ignorant dans les choses de l’art, bourgeois enfin. Dans l’ancienne Grèce, les habitants de la Béotie passaient pour être lourds et grossiers. C’est Louis Desnoyers, auteur des Béotiens de Paris, qui a popularisé ce mot.

Beq

Delvau, 1866 : s. m. Ouvrage, — dans l’argot des graveurs sur bois, qui se partagent souvent à quatre ou cinq un dessin fait sur quatre ou cinq morceaux de bois assemblés.

France, 1907 : Ouvrage, argot des graveurs sur bois ; abréviation de bequet, qui a le même sens.

Béquet

Delvau, 1866 : s. m. Petite pièce de cuir mise à un soulier, — dans l’argot des cordonniers ; petit morceau de bois à graver, — dans l’argot des graveurs ; petit ajouté de copie, — dans l’argot des typographes.

Rigaud, 1881 : Retouche faite à une pièce ou à un acte, raccord, — dans le jargon des acteurs.

Rigaud, 1881 : Petite planche à graver, ouvrage de peu d’importance, — dans le jargon des graveurs sur bois.

Boutmy, 1883 : s. m. Hausse en papier que l’imprimeur ajoute à la mise en train ou place sous un cliché. Composition de quelques lignes. Ce mot est emprunté au langage des cordonniers pour lesquels il signifie Petit morceau de cuir joint à la semelle.

Virmaître, 1894 : Terme d’imprimerie. Petits paquets de composition pour ajouter ou compléter un grand paquet. En corrigeant un article, on ajoute des petits béquets à droite et à gauche pour le corser (Argot d’imprimerie).

Virmaître, 1894 : Le passifleur met des béquets, des pièces, aux vieux souliers ; il en existe qui arrivent à une perfection si grande qu’il est impossible de découvrir la pièce (Argot du peuple).

Béqueter

Delvau, 1866 : v. a. et n. Manger, — dans l’argot du peuple, qui n’oublie jamais son bec.

Bèqueter

Rossignol, 1901 : Manger.

Il ne me reste qu’une thune pour bèqueter cette semaine.

Béquillard

Delvau, 1866 : s. m. Vieillard, — dans l’argot des faubouriens, qui n’ont pas précisément pour la vieillesse le même respect que les Grecs.

Rigaud, 1881 : Vieillard. — Boiteux.

Rigaud, 1881 : Bourreau. Béquillarde, guillotine.

France, 1907 : Vieillard, boiteux.

Paris est une ville où rien ne manque.
En cherchant bien, on y trouverait aisément de tout : des béquillards qui, la nuit venue, courent comme des lapins ; de faux culs-de-jatte qui fourrent leurs jambes on ne sait où et des aveugles qui n’ont pas perdu la vue.
Le monde des mendiants est un abime insondable. Il défie toute analyse.

(Charles Mérouvel, Dent pour dent)

Béquillarde

France, 1907 : Guillotine ; de béquille, vieux mot pour potence. Boiteuse.

Béquillards (les)

Virmaître, 1894 : Vieillards infirmes et mendiants que la police arrête quotidiennement et qu’elle est forcée de relâcher faute de délit. Ainsi nommés parce qu’ils ont des béquilles ou qu’ils boitent s’appuyant sur une canne (Argot des voleurs). N.

Béquille

d’Hautel, 1808 : C’est une vieille béquille. Terme de mépris ; pour dire un vieux radotteur, un vieillard infirme qui a peine à se trainer.

Halbert, 1849 : Potence.

Larchey, 1865 : Potence (Vidocq). — La potence ressemble à une béquille. — Béquiller : Pendre. V. Farre.

Delvau, 1866 : s. f. Potence. — dans l’argot des voleurs, dont les pères ont eu l’occasion de remarquer de près l’analogie qui existe entre ces deux choses.

Béquille du père Banaba (la)

Delvau, 1864 : Le membre viril de tous les hommes, sur lequel s’appuient si volontiers toutes les femmes. Expression employée dès l’époque de la régence dans de nombreuses chansons.

J’ai perdu ma béquille,
S’écriait Barnaba ;
Quelle est l’honnête fille
Qui la rapportera ?

Collé.

Marc une béquille avoit
Faite en fourche, et de manière
Qu’à la fois elle trouvoit
L’œillet et la boutonnière.

Grécourt.

Béquiller

Clémens, 1840 : Manger.

un détenu, 1846 : Manger sans besoin.

Halbert, 1849 : Manger.

Larchey, 1865 : Manger. Même étymologie que Becqueter.

C’est égal, je lui ai envoyé un coup de tampon sur le mufle qu’il ne pourra ni béquiller, ni licher de quinze jours.

Th. Gautier.

Delvau, 1866 : v. a. et n. Manger, — dans l’argot des faubouriens.

La Rue, 1894 : Pendre. Manger. Béquillard, bourreau. Béquillarde, potence, guillotine.

Virmaître, 1894 : Manger (Argot des voleurs). V. Becqueter.

Rossignol, 1901 : Voir bèqueter.

France, 1907 : Pendre.

Crompe, crompe, mercandière,
Car nous serions béquillés ;
Sur la placarde de vergne,
Lonfa malura dondaine !
Il nous faudrait gambiller,
Lonfa malu a dondé !

(Vidocq.)

France, 1907 : Boiter.

Béquilleur

Halbert, 1849 : Bourreau.

Delvau, 1866 : s. m. Bourreau, — probablement parce qu’il est le représentant de la Mort, qui va pede claudo comme la Justice.

France, 1907 : Bourreau.

Berbis

Delvau, 1866 : s. f. Brebis, — dans l’argot du peuple, fidèle à l’étymologie (vervex, vervecis) et à la tradition :

Ne remist buef ne vac, ne chapuns, ne geline,
Cheval, porc, ne berbiz, ne de ble plaine mine,

dit un poème du XIIIe siècle.

Berbuante

Halbert, 1849 : Une bague.

Berceau

Delvau, 1866 : s. m. Entourage de tombe, — dans l’argot des marbriers de cimetière, qui croient que les morts ont besoin d’être abrités du soleil.

Bercer

d’Hautel, 1808 : Bercer quelqu’un. Le cajoler, le nourrir de belles paroles, d’espérances vaines et chimériques.

La Rue, 1894 : Chloroformiser pour voler.

France, 1907 : Chloroformiser pour voler.

Bercycotier

Rigaud, 1881 : Marchand de vin à Bercy, trafiquant de vins à Bercy, courtier en vins.

Berdouillard

Rigaud, 1881 : Ventru. Berdouille, ventre.

Berdouille

Halbert, 1849 : Ventre.

Delvau, 1866 : s. f. Ventre, — dans l’argot des faubouriens.

Virmaître, 1894 : Ventre.
— Que boulottes-tu donc, mon vieux, pour avoir une sacrée berdouille comme ça ?
On dit aussi bedaine (Argot du peuple).

France, 1907 : Ventre.

— T’as bouffé des haricots que t’en as la berdouille gonflée.

(Jean Richepin, Le Pavé)

Bérengerisme

France, 1907 : Maladie particulière aux protestants qui se manifeste par des accès de rage vertueuse, comme en ont été atteints les sénateurs Bérenger. Jules Simon et autres bibassons refroidis par l’âge. La récente aventure du sénateur-pasteur évangélique Dide, ardent apôtre du Bérengerisme, démontre suffisamment que la morale publique et officielle de ces bibards n’a rien de commun avec leur morale privée.
Dans son Dictionnaire fin de siècle, Charles Virmaître a donné place à ce mot nouveau :

Le Père la Pudeur qui fonctionne au bal de l’Elysée-Montmartre, bérengérise les danseuses qui lèvent la jambe à hauteur de l’œil sans pantalon :
— Veux-tu cacher ton prospectus ? dit le vieil empêcheur de danser en rond.
— Ça m’est recommandé par mon médecin de lui faire prendre l’air, répond la « Môme Cervelas ».

Bérengérisme

Virmaître, 1894 : En être atteint, c’est une maladie bien désagréable. Le Père la Pudeur qui fonctionne au bal de l’Elysée-Montmartre, bérengérise les danseuses qui lèvent la jambe à hauteur de l’œil sans pantalon :
— Veux-tu cacher ton prospectus ? dit le vieil empêcheur de danser en rond.
— Ça m’est recommandé par mon médecin de lui faire prendre l’air, répond la Môme Cervelas (Argot du peuple). N.

Berge

Delvau, 1866 : s. f. Année, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Année, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Année.

Virmaître, 1894 : Brigadier. Pour distinguer un sous-ordre, on ne dit pas un sous-brigadier mais par abréviation un S. B. (Argot des agents de police). N.

Virmaître, 1894 : Année.
— Je tire cinq berges à la Centrousse de Melun (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Année.

J’ai été sapé à cinq berges pour un vague qui ne m’a rapporté que peau.

Hayard, 1907 : Année.

France, 1907 : Brigadier de police. Sous-berge, sous-brigadier.

France, 1907 : Année ; argot des voleurs.

C’était un malheureux paillasse, sorti de prison, où il avait tiré trois berges pour attentat à la pudeur. À part cela, le meilleur zig du monde, affirmait-il.

(Jean Richepin)

I’s apprirent à biffiner ;
Mais i’s n’aimaient pas chiner.
C’qui fait qu’à leur quinzièm’ berge
I’s plaquèr’nt tous deux l’boulot
Afin d’faire l’rigolo
Aux fortifs et l’long d’la berge.

(Blédort.)

anon., 1907 : Année.

Bergère

Delvau, 1866 : s. f. Maîtresse, — dans l’argot des troupiers.

Boutmy, 1883 : s. f. Dans la langue typographique, comme dans les autres argots ce mot désigne une femme.

France, 1907 : Maîtresse ; dernière carte d’un paquet.

Bergerie

d’Hautel, 1808 : Enfermer le loup dans la bergerie. C’est enfermer le mal avec la cause qui le produit ; fermer une plaie avant que d’en avoir fast sortir toute la matière nuisible.

Bergeronnette

La Rue, 1894 : Maîtresse. V. Biche.

Virmaître, 1894 : Année. Diminutif de berge (Argot des voleurs).

France, 1907 : Maîtresse.

Bérgosse

Rossignol, 1901 : Mouton.

Béri

Merlin, 1888 : Genre de tunique.

Beribono

France, 1907 : Nigaud.

Berlauder

Delvau, 1866 : v. n. Flâner, aller de cabaret en cabaret. Argot des faubouriens. Cette expression est certainement le résultat d’une métathèse : on a dit, on dit encore, berlan pour brelan, berlandier pour brelandier, — et berlauder pour brelander.

France, 1907 : Corruption de brelander, courir de cabaret en cabaret ; argot populaire.

Berline

Virmaître, 1894 : Couverture (Argot des voleurs). N.

Hayard, 1907 : Couverture.

France, 1907 : Couverture.

Berline de commerce

Delvau, 1866 : s. f. Commis marchand, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Petit commis de magasin. Berline de comme, par abréviation.

Virmaître, 1894 : Commis-voyageur (Argot des voleurs).

France, 1907 : Commis marchand ; argot des voleurs.

Berlingot

Delvau, 1864 : Le membre viril.

Berlo

Rossignol, 1901 : Celui qui louche est berlo. Se dit aussi de celui qui a la vue basse.

Berlu

Halbert, 1849 : Aveugle.

Delvau, 1866 : s. m. Aveugle, homme qui a naturellement la berlue. Même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Aveugle.

La Rue, 1894 : Aveugle.

France, 1907 : Aveugle.

Berlue

d’Hautel, 1808 : Avoir la berlue. Au propre avoir la vue trouble, être ébloui ; au figuré, raisonner mal de quelque chose, en parler tout de travers ; faire des propositions ou tenir des discours ridicules.

Larchey, 1865 : Couverture (Vidocq).

Delvau, 1866 : s. f. Couverture, — dans le même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Couverture.

France, 1907 : Couverture, dans l’argot des voleurs.

Berlue, berline

La Rue, 1894 : Couverture.

Berlus

Clémens, 1840 : Couvertures.

Bernard

La Rue, 1894 : Postérieur.

France, 1907 : Postérieur, le derrière. Aller voir Bernard ou aller voir comment se porte Madame Bernard, aller aux cabinets d’aisances ; allusion, die Rigaud, à saint Bernard représenté, d’ordinaire, ayant en mains des tablettes qui passent pour le papier de rigueur. Les Anglais disent : aller voir Mistress Jones.

Bernard (aller voir)

Rigaud, 1881 : Aller aux lieux d’aisance. Allusion irrévérencieuse à saint Bernard, représenté ordinairement avec des tablettes à la main. Parti du séminaires le mot s’est répandu dans le monde de la bourgeoisie. Par altération, les personnes du sexe faible disent volontiers : « Aller voir madame Bernard, aller voir comment se porte madame Bernard. »

Bernatier

France, 1907 : Vidangeur.

Bernement

d’Hautel, 1808 : Dérision, moquerie, raillerie piquante que l’on exerce sur quelqu’un.

Berner

d’Hautel, 1808 : Berner quelqu’un. Au propre le faire sauter dans une couverture ; au figuré, ridiculiser une personne, la faire servir de jouet et de passe-temps à la société.

Bernicle

France, 1907 : C’est fini, attrapé ; plus rien ni personne : Bernicle sansonnet !

Bernique

d’Hautel, 1808 : Expression adverbiale et badine, qui se dit lorsqu’on est trompé dans ses espérances, dans son attente ; que l’on croyoit tenir quelque chose et que l’on ne tient rien.
Vous comptiez là-dessus ? bernique.

Virmaître, 1894 : Non. Je ne veux pas. On dit aussi Bernique Sansonnet (Argot du peuple). V. Brenicle.

Bernique-sansonnet !

Delvau, 1866 : C’est fini ; il n’y a plus rien ni personne. Littré dit « Berniquet pour Sansonnet : tu n’en auras pas. » C’est une variante dans l’argot populaire.

Berniquer

France, 1907 : S’en aller d’un lieu avec l’intention de n’y pas revenir ; argot populaire.

Berniquet ou breniquet

d’Hautel, 1808 : Espèce de huche, de bahut.
Envoyer quelqu’un au berniquet. Le réduire à la mendicité ; le ruiner.

Berri

Delvau, 1866 : s. m. Hotte, — dans l’argot des chiffonniers.

France, 1907 : Hotte de chiffonnier. Berri, en langue d’oc, signifie s’accoupler en parlant du verrat et de la truie : le chiffonnier est accouplé à sa hotte.

Berribono

Delvau, 1866 : s. m. Homme facile à duper, — dans l’argot des voleurs. Ils disent aussi Béricain.

Rigaud, 1881 : Naïf, — dans le jargon des voleurs.

Berry

d’Hautel, 1808 : Il est marqué au nez comma les moutons de Berry. Se dit par raillerie de quelqu’un qui a une contusion ou une écorchure au nez ou au visage.

Larchey, 1865 : Capote d’études à l’École polytechnique.

Toujours plus ou moins culottée, veuve d’un certain nombre de boutons.

La Bédollière.

Delvau, 1866 : s. m. Capote d’études, — dans l’argot des polytechniciens.

Rigaud, 1881 : Capote d’étude des élèves de l’école polytechnique.

France, 1907 : Capote d’études ; argot des polytechniciens.

Bertelo

Halbert, 1849 : Vingt sous.

Delvau, 1866 : s. m. Pièce d’un franc, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Pièce d’un franc.

La Rue, 1894 : Pièce d’un franc.

Virmaître, 1894 : Un franc (Argot des voleurs).

France, 1907 : Pièce d’un franc ; argot des voleurs.

Bertrand

Larchey, 1865 : Fripon dupé par son complice. — La fable connue de Bertrand et Raton, et le drame de l’Auberge des Adrets, ont mis ce terme à la mode.

Il s’était posé à mon endroit en Robert Macaire, me laissant le rôle désobligeant de Gogo ou de Bertrand.

E. Sue.

Delvau, 1866 : s. m. Compère de filou ou de faiseur, — dans l’argot du peuple, qui a gardé les souvenir de la légende de Robert-Macaire.

France, 1907 : Fripon, complice et victime d’un filou. Souvenir du drame populaire de l’Auberge des Adrets.

Il s’était posé à mon endroit en Robert-Macaire, me laissant le rôle désobligeant de gogo ou de Bertrand.

(Eugène Sue.)

Berzélius

Rigaud, 1881 : Montre, — dans le jargon des élèves du cours de mathématiques spéciales.

France, 1907 : Montre ; argot des collèges.

Besace

d’Hautel, 1808 : Au gueux la besace. Signifie que de tout temps des indigens et les malheureux ont été chargés des travaux les plus pénibles.
Être à la besace. Être réduit à la mendicité.
Il en est jaloux comme un gueux de sa besace. Pour dire qu’un homme est fort ombrageux, et que son amitié pour quelqu’un va jusqu’à la jalousie.
Besace bien promenée nourrit son maître. C’est-à-dire que quelque pauvre que l’on soit, on parvient toujours à gagner sa subsistance en se donnant du mouvement et en cherchant à travailler.

Delvau, 1864 : Tétons flasques et pendants, comme une besace dont les toiles se touchent ; ou bien le ventre d’une fille enceinte.

Finalement, v’la Boniface
Qui s’ présente et veut m’épouser :
Comme il faut qu’ chacun port’ sa b’sace,
Je m’ promets bien d’ l’utiliser.
Un mal de cœur, suit’ d’un’ scène amoureuse,
Rendit bientôt ma position chanceuse…

Ph. Vionet.

Besaigre

d’Hautel, 1808 : Tourner au besaigre. Se dit du vin qui s’aigrit, qui tourne à la graisse. Cette locution toute fautive qu’elle paroisse aux yeux des critiques a reçu la sanction de l’usage, et est fort en vogue parmi le peuple.

Besef

La Rue, 1894 : Beaucoup.

Besicles

d’Hautel, 1808 : Mettez donc vos besicles, ou vos lunettes. Manière caustique de reprendre quelqu’un qui voit des erreurs où il n’y en a pas.
On dit aussi de celui qui a porté un faux jugement sur quelque chose, sans l’avoir examiné, qu’Il n’a pas mis ses besicles.

Besogne

d’Hautel, 1808 : Il est né un samedi, il aime bien la besogne faite. Se dit d’un paresseux, d’un homme indolent et oisif qui a une sainte horreur pour le travail.
Faire plus de bruit que de besogne. Voyez Bahutier.
Faire de belle besogne. Signifie ironiquement, ne faire rien qui vaille ; travailler en pure perte.

Delvau, 1864 : L’acte vénérien, que nous accomplissons sans douleur — mais non sans fatigue. C’est ce que Fourier appelle le travail attrayant.

Quand ils ont bien travaillé et qu’ils sont saouls de la besogne.

Tabarin.

De le faire cent coups, voire à beau cul levé,
Avec votre Brillant, qui besogne en crevé.

Trotterel.

La belle en train de bien apprendre,
Serrait Lucas, qui, las de besogner,
Par un air abattu lui fit assez comprendre
Qu’on ne peut toujours enseigner.

VIDA.

Besogner

d’Hautel, 1808 : Expédier de l’ouvrage, travailler rapidement et avec ardeur.

Besoigner

France, 1907 : Faire la besogne conjugale ; du vieux français besoingner, « Avec gentille épousée le drôle besoignait. »

Quand Thibault, se voulant coucher
Avecques sa femme nouvelle,
S’en vint tout bellement cacher
Un gros maillet en la ruêlle.
« O ! mon doulx ami, ce dict-elle,
Quel maillet vous voi-je empoigner ?
— C’est, dit-il, pour mieux vous coingner.
— Maillet ? dist-elle, il n’en faut nul :
Quand gros Jean me vient besoingner,
Il ne me coingne que le cul. »

(Rabelais.)

Besoin (hôtel de)

France, 1907 : Maison de prostitution que certains hypocrites affectant le puritanisme prétendent supprimer. Les bordels sont, en quelque sorte, des exutoires qui sauvegardent les honnêtes femmes et leurs filles des tentatives audacieuses de gens trop amoureux.

Besouille

Delvau, 1866 : s. f. Ceinture, — dans l’argot des voleurs, qui y serrent leurs bezzi, nom italien des deniers.

Rigaud, 1881 : Ceinture, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Ceinture.

France, 1907 : Ceinture ; argot des voleurs.

Bessons

Delvau, 1866 : s. m. pl. Les deux seins, — des jumeaux en effet. Argot du peuple.

Virmaître, 1894 : Les deux seins (Argot des voleurs).

France, 1907 : Les seins ; le même mot signifie jumeaux.

Bestialité

Delvau, 1864 : Crime honteux que l’on commet avec une bête.

Rien ne fut plus commun au moyen-âge que ce crime que l’on punissait de mort quand il était patent et confirmé par le tribunal. — Les registres du Parlement sont remplis de ces malheureux qu’on brûlait avec leur chien, avec leur chèvre, avec leur vache, avec leur pourceau, avec leur oie ! — On aurait volontiers pardonné à la bête plutôt qu’à l’homme ; mais on la tuait de peur qu’elle ne vint à engendrer un monstrueux assemblage de la bête et de l’homme.

Pierre Dufour.

La lutte s’engage, les coups se portent, la bête devient l’égale de l’homme, Sainte est embestialisée… ensinginée.

Alfred de Musset. (Gamiani.)

Bestiasse

d’Hautel, 1808 : Terme injurieux qui équivaut à bégueule, sotte pécore, femme dépourvue de sens et d’esprit.

Delvau, 1866 : s. m. Imbécile, plus que bête, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Triple sot ; argot du peuple.

Bestiole

d’Hautel, 1808 : Diminutif badin, Nigaude, petite fille simple et crédule.

Delvau, 1866 : s. f. Petite bête, au propre et au figuré, — dans l’argot du peuple, qui a parfois des qualificatifs caressants.

France, 1907 : Petite bête.

Béta

d’Hautel, 1808 : Un gros béta. Épithète grossière et choquante qu’on applique ordinairement à un homme ignorant, épais, sot et borné ; à un ouvrier gauche et maladroit.

Virmaître, 1894 : Niais, crétin, superlatif d’imbécile (Argot du peuple).

Bêta

Delvau, 1866 : s. et adj. Innocent et même niais, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Niais.

Bétanie

d’Hautel, 1808 : Idiote, petite sotte qui prête facilement l’oreille aux propos galans.

Bêtasse

Virmaître, 1894 : Mou, flasque (Argot du peuple).

Bête

d’Hautel, 1808 : Plus fin que lui n’est pas bête. Locution badine et dérisoire, qui signifie que quelqu’un n’est rien moins que malicieux.
Bête à Pain. Dénomination basse et satirique, que l’on donne communément à un homme peu intelligent, emprunté et inhabile dans tout ce qu’il entreprend.
Bête comme un pot, comme une cruche, comme un oie. Sot et stupide au suprême degré.
Remonter sur sa bête. Rétablir ses affaires ; réparer ses pertes ; reprendre son premier état ; rentrer en faveur après avoir été disgracié.
La bonne bête. Expression piquante qui se dit d’un hypocrite, d’une personne qui affiche des sentimens qu’elle ne ressent pas.
Prendre du poil de la bête. Reprendre ses travaux accoutumés, après un long divertissement ; et dans un sens opposé, se mettre de nouveau en ribotte.
C’est une méchante bête ; une fausse bête. Se dit grossièrement et par dénigrement, d’un homme qui sous des dehors mielleux cache une ame noire et perfide.
Morte la bête, mort le venin. Signifie qu’une fois mort, un méchant n’est plus à craindre.
Quand Jean-Bête est mort, il a laissé bien des héritiers. Pour dire qu’en ce monde, il y a plus de sots que de gens d’esprit.
C’est comme l’arche de Noé, il y a toutes sortes de bêtes. Voyez Arche.
On n’y voit ni bête ni gens. Se dit d’un lieu obscur, où l’on ne peut rien distinguer.
C’est la bête du bon Dieu. Manière ironique de dire que quelqu’un est bon jusqu’à la foiblesse ; qu’on le mène comme on veut.
Faire la bête, faire l’enfant. Jouer l’ingénu ; minauder, avoir l’air de ne pas comprendre une chose dont on a une parfaite connoissance.
Bête épaulée. Fille qui se réfugie sous les lois de l’hymen, pour réparer les désordres de l’amour.
Pas si bête ! Espèce, d’exclamation, pour exprimer que l’on n’a pas donné dans un piège ; que l’on n’a pas voulu consentir à des propositions artificieuses.

Larchey, 1865 : Voir bachotteur.

Delvau, 1866 : s. f. Filou chargé de jouer le troisième rôle dans la partie de billard proposée au provincial par l’emporteur.

Rigaud, 1881 : Vache, — dans le jargon des bouchers.

Un boucher ne dit jamais : j’ai acheté une vache, mais bien : j’ai acheté une bête.

(É. de la Bédollière.)

Rigaud, 1881 : Floueur qui, dans une partie de cartes ou de billard, allèche la dupe, en perdant quelques coups. Il fait la bête.

La Rue, 1894 : Compère qui allèche la dupe en perdant quelques coups au jeu.

France, 1907 : Compère d’un escroc au jeu qui allèche le dupe en perdant, en faisant la bête.

Bête (la)

Delvau, 1864 : La femme, — après l’homme.

Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme.

Boileau.

Si je veux croire les railleurs,
Elle a fort peu de cheveux à la tête ;
Les sujets qu’on en dit ne sont pas les meilleurs ;
Ce n’est pas bien l’endroit par où j’ai vu la bête,
Mais elle en a beaucoup ailleurs
Où elle est souvent arrosée
Par la plus douce des liqueurs.

(Le Zombi du grand Pérou.)

Ciel ! poursuit-il, quand est-ce qu’on
Pourra désabuser le monde
De foutre ces bêtes à con
Des animaux le plus immonde.

Collé.

Bête à bon dieu

Virmaître, 1894 : V. Bête à pain.

France, 1907 : Personne bonne et inoffensive.

Bête à chagrin

Virmaître, 1894 : Une femme légitime. Quand elle est acariâtre, et elle l’est souvent par les nécessités de la vie, on lui donne ce nom peu aimable (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Femme.

Bête à concours

France, 1907 : Élève d’un lycée ou d’une pension que l’on prépare exclusivement pour remporter des prix aux concours généraux, afin de faire honneur à l’établissement.

Durant toute l’année, nous avons tous vu le professeur s’adonner aux élèves de choix, aux bêtes à concours, pour le plus grand dommage du reste de la classe. J’ai passé toute une année en rhétorique latine, sans que le cuistre solennel et assommant qui menait la classe m’ait une seule fois adressé la parole.

(Henri Bauer, La Ville et le Théâtre)

Bête à cornes

Rigaud, 1881 : Fourchette, — dans le jargon des voleurs.

Virmaître, 1894 : Fourchette (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : Fourchette qui n’avait primitivement que deux dents ; homme marié cocu, archi-cocu.

Bête à deux dos (faire la)

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien, pendant lequel les deux fouteurs, cellés ensemble par le ventre, ont l’air de n’avoir que des dos. — L’expression a de l’usage. Coquillart s’en est servi, Rabelais après lui, et, après Rabelais, Shakespeare — dans la première scène d’Othello :

Your daughter and the Moor are now making the beast with two backs…

On s’en sert toujours avec avantage dans la conservation.

France, 1907 : Faire l’amour ; accomplir l’acte qui perpétue l’espèce humaine. L’expression est de vieille date.

Il est difficile à un auteur dramatique de s’échapper des sujets reconnus d’utilité théâtrale et de pratiquer une conception supérieure au mensonge sempiternel de l’amour et aux variations écœurantes de la bête à deux dos. En vain, nous réclamons, pour l’art dramatique avili, un champ plus vaste et plus haut d’expérience : il semble condamné au bagne de la pornographie macabre, sinistre ou farceuse, aux truculences de la pièce rosse, poncif du Théâtre-Libre, ou aux éjaculations idiotes du Vaudeville.

(Henri Bauer, Les grands Guignols.)

… Les rideaux
Sont tirés. L’homme, sur la femme à la renverse,
Lui bave entre les dents, lui met le ventre en perce,
Leurs corps, de par la loi, font la bête à deux dos.

(Jean Richepin, Les Blasphèmes.)

Bête à deux fins

France, 1907 : Trique ou canne ; ce que les Arabes appellent Sidi Matraque, Monseigneur le Bâton, Privat d’Aiglemont explique cette dénomination : « Cet aimable époux prenait sa bête à deux fins (c’est ainsi qu’il nommait sa canne, parce qu’elle lui servait à faire taire et à faire crier sa femme). »

Bête à pain

Virmaître, 1894 : Homme bon et simple. Mot à mot : bon comme du bon pain (Argot du peuple).

France, 1907 : L’homme qui pourvoit au pain du ménage ; bête comme ses pieds, imbécile absolu ; bête comme chou, même sens ; bête épaulée, fille qui a perdu son pucelage ; bête noire, personne qu’on déteste.

Bête comme ses pieds

Delvau, 1866 : Se dit, — dans l’argot populaire, — de tout individu extrêmement bête.

Bête comme un chou

Delvau, 1866 : Extrêmement bête, — dans l’argot des bourgeois qui calomnient cette crucifère.

Bête épaulée

Delvau, 1866 : s. f. Fille qui, le jour de ses noces, n’a pas le droit de porter le bouquet de fleurs d’oranger, — dans l’argot du peuple, cruel quand il n’est pas grossier.

Bête noire

Delvau, 1866 : s. f. Chose ou personne qui déplaît, que l’on craint ou que l’on méprise. Argot des bourgeois. Être la bête noire de quelqu’un. Être pour quelqu’un un objet d’ennui ou d’effroi.

Bête rouge

Rigaud, 1881 : Républicain avancé, l’ancien démoc-soc, le radical de nos jours, ainsi désigné par ceux qu’il appelle des réac.

Le correspondant de l’Univers, que l’on n’accusera pas d’être une « bête rouge », écrit à son journal, etc.

(Petit Parisien, du 22 août 1877.)

Bête-à-cornes

Delvau, 1866 : s. f. Fourchette, — dans l’argot des voyous.

La Rue, 1894 : Fourchette.

Bête-à-pain

Delvau, 1866 : s. f. L’homme, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Bête au superlatif. On dit encore : bête comme un chou, bête comme ses pieds, bête comme les pieds de cet homme, bête à manger du foin, bête à payer patente.

La Rue, 1894 : Homme. Entreteneur.

Betinet

Virmaître, 1894 : Queue rouge. Le peuple donne ce nom aux paillasses qui font le boniment sur les places publiques ou devant les baraques de saltimbanques pour amasser la foule. L’un d’eux fut célèbre sous le nom de Bétinet, de 1840 à 1850, sur la place de la Bastille. Il était renommé pour ses bêtises stupéfiantes (Argot du peuple).

Bêtises

Delvau, 1866 : s. f. pl. Grivoiseries, — dans l’argot des bourgeoises, qui trouvent très spirituels les gens mal élevés qui en disent devant elles.

Bêtises (dire des)

Larchey, 1865 : Tenir des propos grivois. — Passer des paroles à l’action, c’est faire des bêtises.

France, 1907 : Dire des grivoiseries. Faire des bêtises, passer des paroles à l’action.

Bêtises (dire)

Delvau, 1864 : Tenir des propos gaillards, qui font rougir — et godiller — les dames.

Bêtises (faire des)

Delvau, 1864 : Patiner une femme, peloter un homme : baiser ; sodomiser.

Sois bien sage et bien raisonnable, mais pas trop cochon ; si nous voulons, nous ferons des bêtises.

Henry Monnier.

Lors le prélat, relevant son étole,
Après m’avoir caressé le menton,
M’ fit des bétis’s au pied du Capitole :
J’ai, mes amis, toujours été cochon.

(Parnasse satyrique.)

Bettander

Delvau, 1866 : v. n. Mendier, — dans l’argot des filous.

Rigaud, 1881 : Mendier.

France, 1907 : Mendier.

Betterave

d’Hautel, 1808 : Rouge comme une betterave. Très-haut en couleur : celui dont le teint est d’un rouge pourpre.
Un nez de betterave. Un nez rubicond et enluminé ; un nez d’ivrogne.

Delvau, 1866 : s. f. Nez d’ivrogne, — dans l’argot des faubouriens, par allusion à la ressemblance de forme et de couleur qu’il a avec la beta vulgaris.

Rigaud, 1881 : Nez gros et rouge, nez d’ivrogne.

Betterave (avoir une)

France, 1907 : Avoir un gros nez rouge et enluminé.

Betterave (ordre de la)

France, 1907 : Palme d’officier d’académie.

Il y a dans les Miettes de l’année, une revue qui se jouait au Palais-Royal, une scène tout à fait « nature ».
Le compère (Dailly), voyant le ciel s’obscurcir, s’écrie plaisamment : « Garde à vous ! Sauve qui peut ! Il va tomber des palmes académiques… » et il ouvre son parapluie.
Quelques instants après, un exprès lui apporte un pli cacheté : il est nommé officier d’académie, et voilà notre rieur qui, devenu soudain très sérieux, arbore avec orgueil le ruban violet dont il se moquait cinq minutes auparavant.

(Fernand Lefranc, La Nation)

Beuglant

Larchey, 1865 : Café chantant.

Nous allâmes au beuglant, c’est-à-dire au café chantant… Vous devez juger par le nom donné à cet établissement que les chants des artistes sont fort peu mélodieux.

Les Étudiants, 1860.

Rigaud, 1881 : Café-concert. Le premier café-concert auquel on a infligé ce surnom fut le café des Folies-Dauphine, fréquenté par les étudiants.

Nous voici au café beuglant, ainsi nommé dans le quartier parce que, dans le principe, les artistes beuglaient leurs chansons.

(Marc Constantin, Hist. des cafés-concerts.)

La Rue, 1894 : Café-concert de dernier ordre. Beuglante, chanteuse de café-concert.

Virmaître, 1894 : Café chantant où les spectateurs chantent en chœur avec les artistes. Les deux plus célèbres furent le Beuglant de la rue Contrescarpe et le Divan japonais de Jehan Sarrazin (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Concert où il y a de mauvais artistes et où les spectateurs chantent avec eux.

Hayard, 1907 : Café-concert.

France, 1907 : Café chantant du dernier ordre.

Une place lui fut offerte dans l’orchestre d’un café chantant du Gros-Caillou, un de ces Alcazars de dernier ordre que l’ouvrier parisien qualifie de beuglants ou de bouibouis.

(Albert Cim, La Petite Fée.)

Jadis l’homme seul travaillait. N’ayant ni le café, ni l’assommoir, ni les « beuglants », ni l’hôtel garni, ni le restaurant à faux bon marché, il était forcé de se constituer un intérieur, et se mariait. La femme le soignait, l’habillait, le nourrissait, élevait les enfants. Ceci n’existe presque plus. L’ouvrier agricole a toujours besoin d’une ménagère. Mais l’ouvrier des villes s’en passe, vit au jour le jour, et l’isolement où, de son côté, la femme est tenue, lui livre des filles en assez grand nombre pour tromper au moins son besoin d’aimer.

(Colombine, Gil Blas)

Bullier, les beuglants, les soupers de la rôtisseuse ne les tentaient pas. Ils aimaient bien mieux rester chez Malmus, parler patois, boulotter entre le café, l’école et la table d’hôte.

(A. Daudet, Numa Roumestan.)

Certes, il y a loin de nos beuglants à ces Music-halls anglais où, au hasard de l’actualité, on sert tout chaud au public le couplet du jour.

(Séverine)

anon., 1907 : Café-concert.

Beuglant (le)

Delvau, 1866 : Café-concert.

Beuglante

France, 1907 : Chanteuse de café-concert.

Beugler

Delvau, 1866 : v. n. Pleurer, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Pleurer.

Virmaître, 1894 : Enfant qui crie à en perdre haleine.
— As-tu fini de beugler, horrible crapaud (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Crier.

Il ne parle pas, il beugle comme un veau.

France, 1907 : Pleurer ; argot populaire.

Beugne

France, 1907 : Coup ; du vieux mot beigne.

Beurloquin

France, 1907 : Marchand de chaussures de pacotille.

Beurlot

Rigaud, 1881 : Maître cordonnier, d’une petite maison. — Beurloquin, patron d’une maison de chaussures de dernier ordre.

France, 1907 : Petit maître cordonnier.

Beurre

d’Hautel, 1808 : C’est entré là-dedans comme dans du beurre. Pour dire tout de go, librement, sans aucun effort.
Il est gros comme deux liards de beurre, et on n’entend que lui. Se dit par mépris d’un marmouset, d’un fort petit homme, qui se mêle dans toutes les affaires et dont la voix se fait entendre par-dessus celle des autres.
Promettre plus de beurre que de pain. Abuser de la crédulité, de la bonne-foi de quelqu’un ; lui promettre des avantages qu’on ne peut tenir.
Des yeux pochés au beurre noir. Yeux meurtris par l’effet d’une chute, d’un coup, ou d’une contusion quelconque.
C’est bien son beurre. Pour, cela fait bien son affaire ; c’est réellement ce qui lui convient.

Larchey, 1865 : Argent. — V. Graisse.

Nous v’là dans le cabaret
À boire du vin clairet,
À ct’heure
Que j’ons du beurre.

Chansons, Avignon, 1813.

Mettre du beurre dans ses épinards : Voir augmenter son bien-être. — On sait que les épinards sont la mort au beurre.
Avoir du beurre sur la tête : Être couvert de crimes. — Allusion à un proverbe hébraïque. V. Vidocq. Beurrier : Banquier (Vidocq).

Delvau, 1866 : s. m. Argent monnayé ; profit plus ou moins licite. Argot des faubouriens. Faire son beurre. Gagner beaucoup d’argent, retirer beaucoup de profit dans une affaire quelconque. Y aller de son beurre. Ne pas craindre de faire des frais, des avances, dans une entreprise.

Rigaud, 1881 : Argent.

La Rue, 1894 : Argent (monnaie). Synonymes : braise, carme, nerf, blé, monarque, galette, carle, pognon, michon, cercle, pilon, douille, sauvette, billes, blanc, mitraille, face, philippe, métal, dalles, pèze, pimpions, picaillon, noyaux, quibus, quantum, cuivre, vaisselle de poche, zozotte, sonnettes, auber, etc. Milled, 1.000 fr. Demi-sac, 500 fr. Pile, mètre, tas, livre, 100 fr. Demi-jetée, 50 fr. Signe, cigale, brillard, œil-de-perdrix, nap, 20 fr. Demi-signe, 10 fr. Tune, palet, dringue, gourdoche, 5 fr. Escole, escaletta, 3 fr. Lévanqué, arantequé, larante, 2 fr. Linvé, bertelo, 1 fr. Grain, blanchisseuse, crotte de pie, lisdré, 50 cent. Lincé, 25 cent. Lasqué, 20 cent. Loité, 15 cent. Lédé, 10 cent. (Voir largonji). Fléchard, rotin, dirling, broque, rond, pétard, 5 cent. Bidoche, 1 cent.

Rossignol, 1901 : Bénéfice. Une bonne qui fait danser l’anse du panier fait son beurre. Un commerçant qui fait ses affaires fait son beurre. Un domestique qui vole ses maîtres sur le prix des achats fait son beurre. Le domestique, né à Lisieux, qui n’est pas arrive après vingt ans de Service à se faire des rentes parce que son maître, né à Falaise, est plus Normand que lui, n’a pas fait son beurre.

France, 1907 : Argent monnayé, profit de quelque façon qu’il vienne ; argot des faubouriens. Les synonymes sont : braise, carme, nerf, blé, monarque, galette, carte, pognon, michon, cercle, pilon, douille, sauvette, billes, blanc, mitraille, face, philippe, métal, dalles, pèze, pimpions, picaillon, noyaux, quibus, quantum, cuivre, vaisselle de poche, zozotte, sonnettes, etc.
Faire son beurre, prélever des bénéfices plus ou moins considérables, honnêtes ou non ; y aller de son beurre, ne pas hésiter à faire des frais dans une entreprise ; c’est un beurre, c’est excellent ; au prix où est le beurre, aux prix élevés où sont toutes les denrées, argot des portières.

Il faut entendre un restaurateur crier : « L’addition de M. le comte ! » pour s’apercevoir que la noblesse, de nos jours, pas plus que du temps de Dangeau, n’est une chimère. Pour une jeune fille dont le père s’appelle Chanteaud, pouvoir signer « comtesse » les billets aux bonnes amies qui ont épousé des Dupont et des Durand, c’est tout ! Remplacer le pilon ou le mortier, armes dérisoires de la rue des Lombards, par un tortil élégant surmontant des pals, des fasces, des croix ou des écus semés sur des champs de sinople, quel charmant conte de fées ! Et ça ne coûte que trois cent mille francs ; c’est pour rien, au prix où est le beurre.

(Edmond Lepelletier, Écho de Paris.)

Avoir du beurre sur la tête, être fautif, avoir commis quelque méfait qui vous oblige à vous cacher. Cette expression vient évidemment d’un proverbe juif : « Si vous avez du beurre sur la tête, n’allez pas au soleil ; il fond et tache. »
Mettre du beurre dans ses épinards, se bien traiter, car, suivant les ménagères, les épinards sont la mort au beurre. Les politiciens ne visent qu’à une chose : à mettre du beurre dans leurs épinards.

Je pense que c’est à la politique des groupes que l’on doit la médiocrité presque universelle qui a éclaté dans la crise actuelle. Le député entre à la Chambre par son groupe, vote avec son groupe, a l’assiette au beurre avec lui, la perd de même. Il s’habitue à je ne sais quelle discipline qui satisfait, à la fois, sa paresse et son ambition. Il vit par une ou deux individualités qui le remorquent.

(Germinal.)

Beurre (au prix où est le)

Rigaud, 1881 : Dans un moment où tout est si cher. D’abord employée pour désigner la cherté de certains vivres dont la préparation culinaire exige beaucoup de beurre, l’expression s’est étendue à tout objet d’un prix trop élevé pour la bourse de l’acheteur.

Beurre (C’est un)

Delvau, 1866 : C’est excellent, en parlant des choses, quelles qu’elles soient. Même argot [du peuple].

Beurre (comme un, c’est un)

Rigaud, 1881 : Parfait, très bon, très bien.

Beurre (faire son)

Rigaud, 1881 : Tirer profit de ; gagner. — Pour l’employé, c’est une bonne place qui lui permet de prélever un bénéfice plus ou moins licite ; pour l’administrateur d’une grande compagnie, ce sont « les tours de bâton », c’est le « pot de vin » ; pour la cuisinière, c’est le résultat de la danse du panier ; pour la fille entretenue, c’est le fruit de la générosité de « Monsieur ».

Beurre (gros comme deux liards de)

Rigaud, 1881 : Tout petit, avorton. — C’est gros comme deux liards de beurre et ça pense déjà aux femmes.

Beurre d’oreilles

Rigaud, 1881 : Sécrétion des oreilles.

Beurre dans les épinards (en avoir ou en mettre)

Virmaître, 1894 : Bourgeois qui augmente sa fortune par tous les moyens possibles. On sait que les cuisiniers appellent les épinards la mort au beurre, parce qu’ils en absorbent considérablement. L’allusion est facile à comprendre (Argot du peuple).

Beurre demi-sel

Delvau, 1866 : s. m. Fille ou femme qui n’est plus honnête, mais qui n’est pas encore complètement perdu. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Demoiselle qui n’a eu encore que deux ou trois amants.

France, 1907 : Fille ou femme qui a jeté son bonnet par-dessus les moulins, mais qui n’est pas encore tombée dans le domaine public.

Une fille perdue s’appelait autrefois une dessalée.

(Alfred Delvau.)

Beurre noir (œil au)

Rigaud, 1881 : Œil poché. Allusion à la couleur d’un œuf au beurre noir.

Beurre sur la tête (avoir du)

Rigaud, 1881 : Avoir la conscience chargée de crimes. — Les voleurs juifs disent en hébreu :

Si vous avez du beurre sur la tête, n’allez pas au soleil ; il fond et tache.

(Vidocq.)

La Rue, 1894 : Avoir la conscience chargée de méfaits.

Beurrer

d’Hautel, 1808 : Enduire quelque chose de beurre.
On dit figurément en terme d’imprimerie, qu’Un ouvrage est beurré, quand l’impression en est pochée, trop chargée d’encre.

Beurrier

Delvau, 1866 : s. m. Banquier, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Banquier, financier.

La Rue, 1894 : Banquier.

France, 1907 : Banquier, l’homme qui fait du beurre.

Beuvailler

d’Hautel, 1808 : Boire tout le long de la journée, ivrogner, courir de cabaret en cabaret.

Beuvasser

d’Hautel, 1808 : Boire à petits coups et sans soif.

Bezef

Rigaud, 1881 : Beaucoup, — dans le jargon des troupiers retour d’Afrique.

Bézef

Delvau, 1866 : adv. Beaucoup, — dans l’argot des faubouriens qui ont servi en Afrique et en ont rapporté quelques mots de la langue sabir.

Merlin, 1888 : Beaucoup, — de l’arabe.

France, 1907 : Beaucoup ; mot arabe rapporté par les soldats d’Afrique.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique