Delvau, 1864 : Le mariage, dans l’argot du populaire qui voit, dans ce mot une équivoque réjouissante (jungo, je joins, con, le con), au lieu d’y voir la première phrase du prêtre qui lie deux époux pour la vie.
La fruitièr’ dit, r’luquant ma mine :
Comment t’trouv’s-tu du conjungo ?
Tostain.
Delvau, 1866 : s. m. Mariage, — dans l’argot du peuple, qui a voulu faire allusion au premier mot du discours du prêtre aux mariés : Conjungo (je joins).
Rigaud, 1881 : Mariage.
À cela près, hâtez le conjungo.
(Poisson.)
France, 1907 : Mariage : du latin conjungure, épouser. Le prêtre dit en unissant le couple : Conjungo, je joins.
— Il est comme les autres, vous savez ! Des amourettes, oui, tant qu’on voudra ; mais du conjungo, serviteur, plus personne !
(Albert Cim, Demoiselles à marier)
L’institution du conjungo n’est plus qu’une vieille masure, menaçant ruine de toutes parts. L’édifice est si vermoulu que beaucoup de gens s’en méfient, refusant d’y pénétrer, craignant que le toit ne dégringole sur leur tête. D’ailleurs, le plus rude coup a été porté à l’antique bâtisse par le rétablissement du divorce. Du moment qu’il ne s’agit plus de baux à vie, mais de locations à temps, du moment qu’une fois établi dans la demeure matrimoniale, on à la faculté d’en sortir, non sans quelques cérémonies, d’aucuns jugent qu’il est plus simple et plus économique de n’y pas entrer, et s’installent à leur guise, à la bonne franquette, en des domiciles qui non rien d’officiel et où ils n’ont à rendre compte à personne de leurs allées et de leurs venues.
(Louis de Grammont, L’Éclair)