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Ficher

Ficher

d’Hautel, 1808 : Met bas et trivial qui est d’un fréquent usage parmi les Parisiens, et qui a un grand nombre d’acceptions.
Fichez le camp d’ici. Manière impérative et malhonnête de renvoyer quelqu’un ; et qui équivaut à, sortez d’ici ; retirez-vous.
Va te faire fiche. Pour, va te promener ; laisse moi tranquille.
Se ficher. Pour, se moquer de quelqu’un ; ne pas craindre ses menaces ; s’embarrasser peu de quelque chose.
Je m’en fiche. Pour, je me moque bien de lui ; je m’embarrasse peu de cette chose.
Je ťen fiche. Expression dubitative, pour cette chose n’est pas vraie ; tu te trompes assurément.
Je m’en fiche comme de Colin-Tampon. C’est-à-dire, comme de rien du tout ; je ne fais aucun cas de sa personne.
C’est bien fichant de n’avoir pas pu parvenir à conclure cette affaire.
C’est fichant d’avoir sacrifié son bien pour un ingrat.
C’est fichant de faire le gros seigneur et de n’avoir pas le sou.
Ces locutions, comme on voit, expriment alternativement le regret, la plainte, le déplaisir, l’ironie.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Donner.

Bras-de-Fer, 1829 : Donner.

Larchey, 1865 : Fourrer.

Ne vas pas te ficher cela dans la cervelle.

Le Rapatriage, parade du dix-huitième siècle.

Larchey, 1865 : Faire. — Il est à remarquer que la finale de cet infinitif s’élide presque toujours.

Mais voyons, Limousin, avec un méchant budget d’une cinquantaine de millions, qu’est-ce que tu peux fiche ?

Gavarni.

Larchey, 1865 : Donner, flanquer.

Je l’ai fichue à l’eau.

E. Sue.

J’lui fiche un soufflet.

1750, Cailleau.

Fiche-moi la paix.

Jaime.

Dès la fin du quatorzième siècle, ficher se trouve souvent dans le livre des faicts du mareschal de boucicaut (édit. michaud). — à une déroute de sarrasins, il est dit que les jardins favorisèrent beaucoup leur retraite, car s’y fichèrent ceulx qui eschapper peurent (p. 276). — la même année (1399), on nous représente les vénitiens après un combat maritime s’en allant ficher en leur ville de modon (p. 283). — enfin,

quand chateaumorant, avec la compaignée des autres prisonniers feurent arrivez à venise, adonc on les ficha en forte prison.

(édit. petitot, t. II, p. 83).

Delvau, 1866 : v. n. Faire, convenir, importer. Une remarque en passant : On écrit Ficher, mais on prononce Fiche, à l’infinitif.

Delvau, 1866 : v. a. Donner. Signifie aussi : Appliquer, envoyer, jeter.

France, 1907 : Donner, envoyer. C’est une corruption du bas latin ficham facere, faire la fine, se moquer de quelqu’un.
Voir Faire fi. Les Italiens disent : Far le fiche. « Fichez-moi la paix. »

Ficher (se)

Larchey, 1865 : Se moquer.

Vous vous fichez du monde.

Vadé, 1755.

Ah bah ! je t’en fiche, il m’embrassait toujours.

L. Beauvallet.

Larchey, 1865 : S’habiller.

Faut-y que ça soit chiche de ne pas se fiche en sauvage.

Gavarni.

Delvau, 1866 : v. réfl. Se moquer. Se ficher du monde. N’avoir aucune retenue, aucune pudeur. Je t’en fiche ! Se dit comme pour défier quelqu’un de faire telle ou telle chose.

Delvau, 1866 : v. réfl. Se mettre dans l’esprit.

Delvau, 1866 : v. réfl. S’habiller de telle ou telle façon. Se ficher en débardeur. Se costumer en débardeur.

France, 1907 : Se moquer, ne faire aucun cas d’une personne ou d’une chose, ce que les naturalistes traduisent par se foutre.

Combien en voilà-t-il qui meurent ainsi, le rire aux dents, comme un couteau de pirate montant à l’abordage ?
Ils s’en fichent parce que votre guillotine honteuse, secrète, a perdu toute signification. Ou l’exécution à huis clos, dans la prison, loin des yeux des enfants, si la suppression des coupables est nécessaire — ou l’échafaud d’antan, si haut qu’on le distinguait, en plein midi, des remparts de la ville !
Ils s’en fichent aussi parce que la lassitude d’exister emplit les cœurs et exaspère les courages — que les temps sont venus, peut-être, de rire à la mort.

(Séverine)

Se ficher du tiers comme du quart, se moquer de tout, ne rien craindre.

Si bien que me voilà, moi, Séverine, qui tends la main pour les petits du sergot ! Je ne m’attendais pas à celle-là ; ni le public non plus. Mais c’est que c’est des petits, tout de même — et qu’ils auront faim et qu’ils auront froid, ces innocents, tout comme les enfants de mes compagnons d’idée ! Je suis une maman ; après tout… et je me fiche du tiers et du quart !

(Séverine)

— Aussi je leur rends bien la monnaie de leur pièce, je vous le jure ! À rosse, rosse et demie ! Et puis je prends tout ça gaiement, moi, me fichant du tiers comme du quart ! C’est le bon moyen.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Ficher comme de coller un tampon (s’en)

Rigaud, 1881 : S’en moquer complètement ; c’est la variante de « s’en ficher comme de colin tampon. »

Ficher dans la douane (s’en)

Fustier, 1889 : S’ennuyer énormément. Argot de ces messieurs de la douane.

Ficher dedans

Larchey, 1865 : Tromper. V. Dedans.

France, 1907 : Tromper. Les politiciens, quels qu’ils soient, ficheront toujours dedans le populo.

Enfin, la politique ramassait, plus particulièrement, pour Barsac, en une synthèse, le monde et les hommes ; il y voyait l’éternel caméléon qui change de couleurs selon ses intérêts, tout en couvrant lesdits intérêts des grands mots de patrie, république, morale, bien du peuple, — La Marseillaise ! zim ! boum ! boum ! — Il était, avec une façon plus délicate et plus intelligente de s’exprimer, de l’opinion de l’ouvrier qui criait :
— La politique, c’est l’art de ficher tout le monde dedans et de se réserver à soi et aux siens l’assiette au beurre.

(Félicien Champsaur, Le Mandarin)

Ficher la colle

Halbert, 1849 : Mentir adroitement.

Ficher la colle gourdement

Halbert, 1849 : Être bon trucheur en perfection.

Ficher la misère par quartiers

Larchey, 1865 : Être pauvre.

Ficher le camp

Larchey, 1865 : Décamper.

Mon enfant, fiche moi le camp.

Rétif, 1778 Contemporaine, 1783.

Delvau, 1866 : v. a. S’en aller, s’enfuir. Le peuple dit : Foutre le camp.

France, 1907 : S’en aller, fuir.

L’heure de retourner au gîte
Venant pour eux un peu trop vite,
Il fallut payer sur-le-champ,
Et, comme on dit, ficher le camp.

(J.J. Vadé)

Ficher ou deficher

Halbert, 1849 : Bailler.

Ficher ou déficher

anon., 1827 : Bailler.

Ficher son billet (en)

Delvau, 1866 : Donner mieux que sa parole, faire croire qu’on y engagerait même sa signature. Le peuple dit En foutre son billet.

France, 1907 : Affirmer.

Ficher une colle

Larchey, 1865 : Conter un mensonge. — V. Colle.

Pour mieux duper les innocents, Être adroit à ficher la colle.

1651, la Juliade.

Rigaud, 1881 : Débiter un mensonge. — Ficher s’emploie honnêtement à la place du verbe qui commence par la même lettre et dont a tant abusé le père Duchêne.


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